Si l’enjeu sportif est faible, hormis un certain ascendant psychologique, on peut légitimement penser que les deux équipes vont avoir à cœur de s’imposer ce soir et donc que l’on va assister à une rencontre d’un certain calibre devant une très forte affluence.
La soirée commence avec une émouvante minute de silence à la mémoire de Nicolas Reig, supporter grenoblois historique qui nous a quitté cette semaine. La rédaction de Hockey-Hebdo présentant par ailleurs ses plus sincères condoléances à sa famille et lui dédie modestement cet article.
|
photo: Jean-Christophe Salomé |
|
Allez Hardi (petit)!
Les deux équipes se livrent d’entrée. Grenoble pousse et bouge le goal rouennais. C'est Papillon aligné ce soir en lieu et place de l’habituel titulaire Pintaric qui va s'employer et réaliser une superbe performance.
Un premier jeu de puissance à 2’54 dans une soirée assez riche en pénalités va voir Grenoble lancer deux fois mais sans parvenir véritablement à perturber une défensive normande qui fait bonne garde.
Et c’est au contraire les visiteurs avec Aleardi bien servi qui fait la valise à 5’25 dans une défensive un peu tendre, va fixer Horak et ouvre le score. (0_1)
Rouen qui semble plus réaliste récupère pas mal de palets hauts dans les minutes qui suivent et fait peur à Grenoble comme sur une superbe reprise one-time de Bedin qui échoue sur le gardien à 7’40.
Tandis que Fleury trop discret ce soir trouve le gardien sur un contre en angle à 8’18, on a l’impression que le salut de Grenoble pourrait venir du jeu rapide en transition, le seul qui puisse prendre de vitesse une machine rouennaise mieux en place que son adversaire mais susceptible d’être prise de vitesse.
Une première pénalité de Grenoble à 11’41 voit Rouen faire bien circuler le palet mais peiner sur la dernière passe, les frappes étant par ailleurs peu précises sur la séquence.
On va alors avoir une double supériorité numérique grenobloise à 17’06 sur des fautes évitables de Roy et Koivisto, les dragons se montrant tout comme leurs adversaires beaucoup trop prolixes en pénalités inutiles (12 mineures contre 10 à Grenoble pour un total de 51 minutes contre 65 à Grenoble), de quoi largement passer à la trappe des deux côtés contre une formation plus réaliste et surtout moins pénalisée.
Pourtant Grenoble joue assez mal le coup avec des tirs excentrés et une absence de présence devant le gardien, l’offensive des brûleurs se montrant assez prévisible et en manque d’inspiration collective.
Un brassage Bisaillon Aleardi envoi les deux au mitard à 19’50, dans une rencontre assez intense mais qui manque tout de même clairement de réalisme des deux côtés.
Tirs 13/10 Rouen
Engagements 15/7 Grenoble
« Un type qui s’appelle Papillon ne peut pas être un mauvais gardien de but de hockey ! »
Entendu au bar de la patinoire ce soir.
Après un retour gentillet sur la glace, les pénalités s’enchainent, proposant diverses situations de 4x4 ou même de 3x4.
On est donc en 4x4 lorsqu’Aleardi à nouveau détourne du corps un palet lancé par Brodeur pour un doublé opportuniste synonyme de score plus confortable à 28’47, l’attaquant des champions de France étant dans de nombreux bons coups lorsqu’il ne les distribue pas lui-même avec à la clef seulement six minutes de pénalités, bien peu diront certains observateurs en fin de rencontre. (0-2)
Tandis qu’un nouveau brassage assez petit calibre à 32’10 envoi Kara et Brodeur sur le banc, Baylacq fauché en contre à 34’19 provoque un tir de pénalité que Champagne ne parvient pas à transformer en échouant sur le corps du gardien.
|
photo: Jean-Christophe Salomé |
|
Grenoble, davantage dans la rencontre, pousse et lance assez souvent sur Papillon qui tel un roc fort s’évade avec efficacité et parvient à préserver le double avantage acquis en monarque absolu devant sa cage.
Une nouvelle pénalité double en fin de période ne change rien, les statistiques soulignant la domination grenobloise stérile.
Tirs : 16/4 Grenoble
Engagements : 14/4 Grenoble
Jusqu'au bout l'effet Papillon!
Une nouvelle pénalité rouennaise à 43’23 ne donne rien, avant que Rouen à son tour ne bénéficie pas d’un jeu de puissance. Un brassage un peu plus sérieux que les précédents voit Horak contesté au sol avec un piquage assez grossier de Roy qui lui vaut logiquement une pénalité de match, accompagné par Trabichet et Legault qui se sont expliqués assez vivement avec leurs adversaires.
Le jeu n’a pas repris depuis une minute que Grenoble réduit enfin le score grâce à un lancer de McEachen à 48’59 qui semble surprendre Papillon masqué ? (1-2)
Les normands vont bénéficier d’une nouvelle supériorité numérique et se créent de grosses occasions mais échouent par manque de précision, les visiteurs semblent un peu plus fatigués sur les dernières minutes que des grenoblois qui se ruent à l’offensive.
Tandis que Deschamps manque un duel face à Horak qui dit non de justesse à 56’20, Grenoble pousse mais Rouen va conserver le résultat malgré une ultime pénalité et sortie du gardien grenoblois, suivie d’une mélée devant la cage de Papillon qui ménage ses effets jusqu’au bout.
Tirs 12/5 Grenoble
Engagements 16/7 Grenoble
|
photo: Jean-Christophe Salomé |
|
Réalités collectives et quelques surprises statistiques
Dans une rencontre qui a proposé une qualité de jeu assez moyenne, Rouen s’impose une nouvelle fois à Grenoble, mais sans cette fois disposer de la moindre marge et en laissant de solides interrogations. Principal constat positif, Papillon est autre chose qu’un simple remplaçant et vaut mieux que les 4 rencontres disputées seulement cette saison en Magnus. Lorsqu’on se dit que Grenoble va devoir composer avec Pintaric, pour nous le meilleur gardien de la ligue, c’est clairement un plus pour les dragons sans que l’on puisse pointer du doigt le travail de Horak ce soir, élu homme du match coté grenoblois malgré deux buts encaissés mais de multiples sauvetages de qualité. Seconde qualité rouennaise, pas franchement une nouveauté, le placement et jeu collectif clairement meilleur que celui des grenoblois, avec des sorties de zone propres et des circulations de palet parfois ponctués de one-times spectaculaires. Après ces deux aspects où l’on peut dire « avantage Rouen », le reste nous rend plus circonspect. Plus physiques que les grenoblois derrière, la défensive est parfois un peu lente et avec un système en face qui pourrait compter sur des accélérations aux ailes et pourquoi pas un meneur de jeu (Leclerc pouvant être tout désigné pour cette fonction par exemple) de talent à la passe, les affaires pourraient être beaucoup plus compliquées. Ce soir il y a eu trop de pénalités évitables et trop de fautes volontaires avec des tirages de maillot et autres obstructions bien visibles et du reste souvent logiquement sanctionnées. Offensivement par ailleurs, la marge est fort étroite, avec un but de qualité d’Aleardi et un second pas malheureux, Rouen ayant été dominé clairement en nombre de tirs avec un total cumulé de 33 à 23, et de manière plus surprenante surclassé aux engagements avec une statistique HockeyHebdo étonnante à savoir un cinglant 47/18 en faveur de Grenoble. Physiquement, les dragons ont semblé terminer plus fatigués que les grenoblois et sur une série cela peut vraiment faire la différence. Ajoutez à cela un jeu de puissance moyen malgré les trop nombreuses pénalités en face et vous avez un bilan pas franchement positif. S’il n’y a pas péril en la demeure, et que l’on voit mal Rouen céder cette saison avant la finale à l’image de cette victoire à l’extérieur, il faudra être plus discipliné et réaliste sous peine de concéder des rencontres à des adversaires qui pourraient bien avoir plus de gaz dans le moteur en fin de rencontre. Si Rouen reste bien le favori à sa propre succession, certaines impressions et statistiques laissent penser qu’il peut y avoir de la place pour qu’un adversaire puisse exister, tout particulièrement en finale. On pourra répondre que Rouen n'a pas joué à fond ce soir, cela voudrait dire vu les visages des joueurs rentrant au banc en troisième période que nous avons la de merveilleux comédiens. Non reconnaissons à Rouen son sérieux ce soir mais aussi certaines limites qui vont rendre la fin de saison plus intéressante.
Grenoble a perdu avec une prestation très moyenne pour ne pas dire fort médiocre sur le plan offensif. Si l’on n’a pas moins de 33 tirs à l’arrivée et même avec un excellent Papillon, l’addition devrait tout de même être plus élevée qu’une seule unité. Au-delà d’un premier trio bien peu visible ce soir, c’est toute l’attaque grenobloise qui est à la peine et avec 51 minutes de prison concédées en face et plusieurs doubles supériorités à jouer, on ne trouve qu’un seul but inscrit par un arrière. Physiquement présents, capables d’accélérations intéressantes, Grenoble est présent individuellement mais le fond de jeu collectif reste approximatif. Cela passe contre du milieu de tableau mais plus difficilement contre les champions de France même si l’écart ce soir était minime et l’explication pouvait tourner en faveur de Grenoble avec un peu plus de réussite. Défensivement, Grenoble s’est montré plus réaliste mais doit clairement à Horak de ne pas avoir pris l’eau à plusieurs moments clefs. Ceci étant, la défensive des brûleurs était ce soir à un meilleur niveau que lors de certaines rencontres à Pôle-Sud ces dernières semaines.
|
photo: Jean-Christophe Salomé |
|
Pour aller au bout, toute autre prestation serait clairement considérée comme un échec, Grenoble doit travailler collectivement, particulièrement sur les équipes spéciales offensives, clarifier les temps de jeu en fonction de l’état de forme de chacun et des nouveaux arrivants, et réduire à tout prix les pénalités concédées (65 minutes ce soir avec deux exclusions qui donnent derrière des rencontres de suspension préjudiciables en série). Ajoutez à cela deux potentiels sous-exploités à savoir la présence devant la cage de gros joueurs comme les Treille et Manavian qui savent masquer un gardien, et le jeu rapide sur engagement avec des frappes combinées que l’on ne voit pratiquement jamais à Grenoble mais qui vu les statistiques très intéressantes dans l’exercice mériteraient certainement une mise en place par le staff au profit d'un Bisaillon par exemple. Grenoble peut-il aller au bout cette année ? La réponse est oui mais à la condition de combler certains déficits de jeu collectif et d’exploiter également les forces d’un effectif qui est clairement avec Rouen le meilleur de la ligue et d'assez loin.