Les deux équipes se présentent sur la glace avec une tension palpable, dans une patinoire qui n’a pas totalement fait le plein, principalement à cause du rugby. Quoi qu’il en soit le rideau se lève sur le duel digne d'un bon western.
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Photographe Laurent Lardière |
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On l’appelle Trinita Dame-Malka
La potentielle tension entre les deux camps paraît dès le premier engagement, et se traduit rapidement par des petits coups, mots doux et délicates attentions. Première victime de la patrouille, Barlock qui va en prison à 1’10 tandis que son adversaire direct, pourtant auteur d’un coup de crosse, parvient à rester en liberté.
Après avoir résisté au jeu de puissance adverse tant bien que mal, Grenoble va inscrire un superbe but sur ce qui est pratiquement sa première occasion.
Bouchard temporise bien en contre, à mi-glace, pour décaler Labrecque qui sonne à la porte de la cage de Sabourin et transmet à Kalus qui n’a plus qu’à pousser dedans à 3’42.
Les minutes suivantes voient la poursuite des amabilités avant que les Normands ne s’offrent trois tentatives consécutives que repousse tant bien que mal un Mustukovs aux inspirations très variables ce soir.
A 9’50, Dame-Malka, conspué par le public à chacune de ses interventions, y va d’une charge très violente sur Tartari qui reste au sol après un écrasement contre la bande. Monsieur Barbez, après avoir consulté ses collègues, inflige alors une 5’+20’ en estimant que l’intégrité physique du Grenoblois était menacée. Un nouvel épisode malheureux pour un joueur, hélas, déjà remarqué pour de tels comportements par le passé.
Ce début de rencontre, idéal pour Grenoble, va, hélas pour les Brûleurs, se terminer, les joueurs de coach Terglav ne se créant ensuite qu’une seule occasion significative lors des cinq minutes de jeu de puissance.
Mieux en place, plus constants, et proposant un fond de jeu intéressant, les Dragons vont alors logiquement égaliser.
A 14’13, Krog, très en vue, lance mollement à 45° sur Mustukovs, le gardien grenoblois paraissant tomber tout seul en avant tandis que le palet entre gentiment dans le but. (1-1) Une égalisation qui interroge sur les appuis du gardien grenoblois qui paraît très largement pris en faute.
La fin de période voit Grenoble tenter de défendre et généralement y parvenir, mais la rencontre semble de plus en plus à sens unique.
A 17’47, Lamperier, servi dans l’axe, bénéficie d’un changement de ligne trop lent des Isérois pour ajuster tranquillement et claquer une lucarne qui permet aux visiteurs de regagner le vestiaire avec un avantage malgré dix premières minutes difficiles.
Une superbe passe à l’adversaire de Mustukovs manque de creuser la marque juste avant la sirène, Colotti, plus que surpris par l’offrande, manquant la cage bien ouverte, épisode qui ne rassure pas sur la concentration du gardien local.
Tirs 15/10 Rouen
Engagements 16/11 Grenoble
Pat Garrett Labelle et Harty Billy the Kid
Visiblement surpris par la boulette de Mustukovs en fin de première période, Sabourin l’imite d’entrée, ce qui procure une belle occasion à des Brûleurs à la peine offensivement.
Les attaques défenses de Rouen sont difficiles à enrayer et le navire grenoblois tangue sans toutefois céder, quelques contres venant même donner quelques trop rares lancers sans grand danger pour Sabourin.
A 24’, Labelle reste au sol après un coup de coude, et va s’employer dans les minutes qui suivent à rendre ce qu’il a reçu. Grenoble résiste et va même bénéficier d’un jeu de puissance à 28’43, sans rien proposer de concluant. Il faut dire que certains joueurs paraissent totalement hors du coup ce soir à l’image d’un Chouinard souvent intercepté et inexistant dans la construction, ou encore d’un Thinel bien loin du niveau de son frère en face. Avec de pareilles absences dans l’alignement, surtout lorsque vous les avez sur vos trois premiers trios, cela devient difficile.
A 31’57, Harty y va de sa faute sur Labelle, avant de se battre avec Guillemain qui est venu le chercher à 35’18, les deux joueurs prenant 2+2+10’. Rouen paraît s’endormir quelque peu tandis que Grenoble est parvenu sur cette période à colmater les fuites d’une défensive qui souffre clairement de la prestation de certains cadres de l’équipe, particulièrement en terme d'échec arrière.
Tirs 7/6 Rouen
Engagements 10/7 Grenoble
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Photographe Laurent Lardière |
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L’homme au colt à la crosse d’or
La dernière période, plus molle, voit la cage rouennaise bouger quatre fois avec à la clef une pénalité pour le gardien.
Les grands gabarits rouennais semblent bouger un peu moins, sauf que le palet continue de bien tourner et que les replacements approximatifs de certains attaquants grenoblois se voient de plus en plus.
A
47’56, Sacha Treille est servi à l’aile et y va d’une superbe frappe croisée qui bat Mustukovs pourtant assez loin et pas spécialement masqué. (1-3) Il faut dire que le cadet de la famille Treille possède une qualité de lancer et une détermination dans le geste à montrer dans les écoles de hockey.
Rouen va alors temporiser quelque peu, Grenoble se montrant incapable d’accélérer malgré quelques bons mouvements à mettre au crédit de Kalus ou Perret. Un tour de cage inutile de Labrecque, qui pouvait et devait avant ou après servir un partenaire démarqué à 55’, symbolisait l'approximation de la partition offensive grenobloise sur la période.
Un temps mort pris logiquement à 57’40 ne donnait rien
sinon un but marqué à cage vide par Chakiachvili à 59’11 (4-1).
Tirs 14/6 Rouen
Engagements 14/13 Grenoble
L’homme Les hommes des vallées rencontres perdues
Rouen possède cette année une belle équipe, complète et très physique. Si sa limite paraît être la vitesse et sans doute une certaine capacité d’accélération en fin de rencontre, il ne semble pas évident qu’un tel handicap puisse se voir bien souvent en Magnus cette saison. Avec un positionnement de qualité, un fond de jeu très travaillé, les joueurs de coach Lhenry sont clairement armés pour tous les titres à disputer cette saison. Gardien solide qui donne peu de retour, défense physique et présente à l’image d’un Manavian très sobre et impliqué ce soir, offensive dangereuse avec Krog et les frères Treille capables de peser sur n’importe quelle défense, le principal adversaire du grand Dragon devrait être lui-même cette saison... qui a dit comme souvent ces dix dernières années ?
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Photographe Laurent Lardière |
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Au risque de surprendre certains lecteurs, osons dire que Grenoble pouvait ce soir rivaliser avec Rouen, pouvait, mais à la condition de voir la totalité de son effectif se présenter ce soir sur la glace, comme on dit dans la Belle Province. A Rouen, tous les cadres étaient à un niveau minimum, pas toujours le meilleur possible, mais suffisant pour répondre collectivement aux exigences de la soirée. Le Dragon était, ce soir, homogène, sérieux, concentré. A Grenoble, on a retrouvé plusieurs contre-performances de joueurs cadres qui pénalisent l’équipe, et on ne peut pas parler d’une soirée « sans » puisque ce problème est épisodique depuis le début de la saison, et bien connu du staff grenoblois qui l’évoque sans réserve lors des conférences de presse. On n'a, c’est vrai, pas souvent vu une équipe de potentiel haut de tableau Magnus avec des prestations aussi faibles de certains cadres, et derrière les questions de management qui vont avec. Non il n’est pas déshonorant de perdre face à Rouen, oui on peut avoir une mauvaise soirée collectivement, oui un joueur peut passer à côté, avoir des problèmes physiques et mentaux qui jouent sur son rendement, mais avoir 3-4 cadres hors du coup et sans explication rationnelle sinon le professionnalisme des intéressés est un handicap insurmontable à ce niveau et un frein pour le reste de l’effectif qui fait le métier.
Alors que dire, entre un Chouinard méconnaissable depuis le début de la saison, à l’exception de sa seule prestation contre Amiens, un Thinel qui patine aussi peu qu’il défend une nouvelle fois ce soir, et un Bouchard qui travaille davantage que les deux autres mais qui n’a pas inscrit le moindre but en cinq rencontres de Magnus ? Si Grenoble est bien candidat au titre et veut exiger de ces joueurs ce qu’ils doivent normalement apporter, un recadrage individuel avec la direction du club paraît nécessaire pour ne pas gâcher le potentiel d’un groupe capable de finir en très bonne place à la fin de la saison régulière mais qui paraît aux prises avec ses propres démons.