Les Jokers abordent le match avec envie et détermination. Très rapidement ils prennent le contrôle du palet et se procurent les premières occasions. Sur un beau lancement de jeu en diagonale de Alex Barber, Gage Torrel part sur la gauche dans le dos des défenseurs avant de remettre à l’opposé à Aleksi Hämäläinen, mais Tom Aubrun le gardien chamoniard lui ferme la porte.

Lors des 10 premières minutes, la domination est clairement francilienne sans pourtant être le théâtre d’une avalanche d’occasions franches pour les Jokers. Si Raphaël Faure, de loin, sur des tirs sur réception ou si Tristan Crozier et Hämäläinen notamment trouvent quelques fenêtres de tir, Aubrun est impeccable. En face, la plus grosse opportunité pour les haut-savoyards est à l’actif de leur top scorer, Gabriel Chabot qui, du haut du slot, oblige Sebastian Ylönen à jouer du bouclier.

Petit à petit les Pionniers montrent le bout du nez et leurs rares banderilles sont, par contre, souvent incisives. La seconde moitié du tiers reste donc certes à la main des Jokers mais la défense blanche ne bronche pas et Aubrun est dans un grand soir.

Photographe : © Bruno Gouvazé

Les pensionnaires de l’Aren’ice pensent néanmoins avoir trouvé la faille après 13 minutes et 30 secondes de jeu quand Crozier et Philéas Perrenoud bataillent avec la défense chamoniarde et son gardien et que le palet, qui ressortait libre de la mêlée, est propulsé au fond par Sayam Limtong. Malheureusement pour eux le quatuor zébré invalide le but.

Les Jokers continuent cependant à pousser et Faure continue à bombarder de loin mais Aubrun voit tout venir et ne laisse pas de rebond.

Dominer n’est pas gagner et ce sont finalement les visiteurs qui brisent l’égalité. Sur une attaque où Malo Ville au premier poteau bute conjointement sur Aurélien Dorey et Ylönen, le puck ressort à droite et Jonathan Walker remise instantanément sur Valterri Suni lequel au second poteau dévie dans le but sans laisser le temps au gardien de refermer la cage (0-1, 15.08).

Les haut-savoyards ont su faire le dos rond sans d’affoler et, même s’ils ont été dominés dans le jeu, ils n’ont finalement laissé que peu de franches occasions dans la zone de vérité à leurs hôtes, en témoigne l’égalité parfaite entre le nombre des arrêts des gardiens : 10 partout.

Dès le retour sur la glace, les cergypontains repartent à l’abordage. Faure puis Barber ne tardent pas à allumer de loin un Aubrun qui aimante toujours autant le disque. Les pionniers se dégagent de la pression des « roses » quand Dorey va en taule pour une crosse haute lors d’une bataille pour le gain du puck contre la bande en zone neutre. Les 2 minutes de supériorité numérique leur permettent de s’installer dans la défensive des Jokers mais sans pour autant y trouver la moindre opportunité hormis un tir sur réception de Chabot, bien lu par Ylönen.

Une fois au complet les cergypontains repartent de l’avant et Limtong oblige Aubrun à une nouvelle déviation avant que les siens ne se retrouvent en infériorité numérique sur une faute largement évitable de Hämäläinen. Averti une première fois pour une nette anticipation sur un engagement, il récidive lors de la seconde remise en jeu. La faute parait moins flagrante mais elle est sifflée et il doit aller méditer 2 minutes sur le banc des punis.

Photographe : © Bruno Gouvazé

Heureusement pour lui, les Jokers se défendent plutôt correctement en jeu de penalty killing en ce début de saison et le jeu de puissance des Pionniers est complètement muselé. Une combinaison en contre entre Torrel et Robert Baillargeon oblige même Aubrun à un arrêt décisif.

Une fois la pénalité tuée, on prend les mêmes et on recommence. Sur un nouveau débordement de Baillargeon sur la gauche Matthias Terrier n’a d’autre solution que de le faire trébucher. Daniels Gorsanovs, Vincent Melin ou Baillargeon endossent alors les costumes de canonniers en chef pendant le jeu de puissance mais rien n’y fait. Le jeu en box play de Chamonix et la prestation de son gardien contiennent le powerplay cergypontain.

Les franciliens frôlent la correctionnelle peu après sur un rush volontaire de Clément Masson, l’inoxydable capitaine chamoniard, qui parvient à s’arracher du marquage et à tirer obligeant Ylönen à l’arrêt. Les Jokers sur l’action suivante voient Melin monté aux avant-postes, bien servi en retrait, ne pas parvenir à tromper la vigilance de Aubrun. Les franciliens poussent mais, comme au tiers précédent, se font piquer à 5 minutes de la pause. Sur un momentum haut-savoyard, le palet tourne autour de la défense cergypontaine et ressort sur la gauche pour John-Claude Brassard lequel, sans se poser de question, tire de loin. Gabriel Chabot qui assure le voile dévie légèrement la trajectoire ce qui complique l’arrêt pour Ylönen qui ne peut que repousser dans l’axe où rode Julius Persson qui, en pivotant, convertit le rebond (0-2, 35.11).

Les visiteurs font le break et les Jokers vont devoir encore absolument réussir une remontada s’ils veulent gagner le match. Leurs efforts sont enfin assez rapidement récompensés moins de 2 minutes plus tard. Sur une entrée de zone en possession, Hämäläinen sur la droite sert Gage Torrel dans l’axe qui lance fort vers la cage et surtout vers Barber lequel dévie en lucarne (1-2, 36.46).

Ce but est sensé libérer complétement les cergypontains, Tom Aubrun n’est pas invincible, mais le grain de folie et le supplément d’âme attendus en cette fin de tiers sont contrariés quand Faure doit aller purger une pénalité sur un cinglage peu évident sur Ville. Les 2 hommes se sont certes télescopés devant le banc des Jokers puis se sont toisés ensuite mais, vu de la tribune de presse, ce slashing reste un mystère.

Quand la pause intervient, les Pionniers virent en tête mais leur gardien n’a pas chômé et a continué à les maintenir à flot (14 tirs cadrés contre 8).

Pas très original, le dernier vingt débute comme les précédents. Les roses partent à l’attaque mais les blancs défendent intelligemment. Pourtant après une minute et 30 secondes de jeu le palet ressort sur Dorey lequel, excentré à la bleue, oblige Aubrun qui n’avait pas eu le temps de refermer la cage à effectuer un plongeon de gardien de football pour préserver son but. La pression est grande sur la cage chamoniarde mais les angles de tir sont globalement bien bouchés. Patrick Coulombe a beau essayer de montrer l’exemple et faire le tour de la cage il ne peut tromper Aubrun.

Le tiers avance dans la même veine avant d’être ensuite émaillé de fautes chamoniardes dont Cergy ne peut profiter. En 3 minutes les franciliens vont obtenir 2 powerplays coup-sur-coup sur une obstruction de Camil Durand sur Barber puis sur un « faire trébucher » de Terrier mais rien n’y fait. Chamonix a sorti les barbelés et tient le coup. La nouvelle supériorité numérique pour les franciliens qui interviendra à 4 minutes du terme sera immédiatement gâchée quand sur la remise en jeu Hämäläimen y est encore sanctionné pour une faute plutôt grossière. Sur l’engagement il se retrouve au sol empêchant son opposant de le jouer et pousse le palet de la main. Le 4 contre 4 ne donnera rien de part et d’autre mais soulage cependant Chamonix.

Photographe : © Bruno Gouvazé

Dès le retour au jeu des 2 fautifs c’est Masson qui accroche Barber et offre aux siens une fin de match sous pression. Pendant 1 minute 45 secondes ils vont néanmoins écœurer les franciliens qui jouent pourtant sans gardien à 6 contre 4 et les priver de l’égalisation. Les Jokers vont en effet inlassablement se casser le nez sur le roc chamoniard.

Cette séquence de jeu résume finalement assez bien une rencontre où les Jokers, plein d’envie et de bonne volonté, ont plutôt largement dominé le match en termes de possession de palet. En revanche, quelques scories dans le dernier geste (une passe mal ajustée, un contrôle raté, un tir non cadré…) ont ralenti ou gâché certaines phases de jeu pour eux. Pour couronner le tout, une présence parfois insuffisante devant le gardien adverse a permis à celui-ci de presque tout anticiper. Même si les tirs cadrés sont encore largement à l’avantage des franciliens pour cette période, 18 contre 5, un peu à l’image de tout le match, la défense des haut-savoyards fut très intelligente. Elle a globalement nettoyé le slot et repoussé les attaquants adverses sur les extérieurs ne leur laissant le plus souvent que des angles de tir compliqués. Aubrun étant par ailleurs particulièrement inspiré ce soir, le tour était joué.
 
Avec ce résultat, les Pionniers réalisent une bonne opération et consolident leur 3^ème place au classement général avant de recevoir vendredi les Aigles de Nice pour une confrontation qui promet d’être intéressante.

Les Jokers, quant à eux, débutent comptablement mal une semaine qui s’annonçait délicate et redescendent à la 6^ème place. Ils doivent absolument digérer la frustration d’un match où la victoire semblait largement accessible et se remobiliser pour un gros déplacement chez les Ducs d’Angers, actuels dauphins des rouennais.