« Le début des années 1990 ». C’est la date à laquelle remonte leur dernière rencontre selon Daniel Bourdages ! Après une semaine de trêve et deux matchs à l’extérieur, les hostilités reprennent à l’Iceberg pour l’Etoile Noire avec la réception des Albatros de Brest. Les deux formations comptent, avant le coup d’envoi, le même nombre de points, six. Elles ne peuvent donc ni l’une ni l’autre se permettre de rater ce rendez-vous, vital au classement. Qui se donnera un peu d’air et qui restera dans les tréfonds ?
Arbitres : M. Bliek assisté de MM. Caillot et Furet
Buts : Strasbourg : 05.12 Jan Cibula (ass Jakub Suchanek) ; 06.30 Jan Pardavy (ass Michal Cesnek) ; 10.52 Edouard Dufournet (ass Michal Cesnek et Jan Pardavy) ; 22.28 Matt Lyall (ass Julien Correia et Yan Turcotte) ; 26.56 Jan Pardavy (ass Jakub Suchanek et Edouard Dufournet) ; 37.43 Jan Pardavy (ass Jakub Suchanek et Vladimir Hiadlovsky) Brest : ; 15.39 Graham Avenel (ass Michal Dian et Jaroslav Prosvic) ; 21.42 Jaroslav Prosvic (ass David Croteau) ; 36.26 Jaroslav Prosvic (ass Vladimir Holik et Nicolas Motreff)
Pénalités
8 mn contre Strasbourg
20 mn (dont 10 mn à Prosvic) contre Brest
Lignes Strasbourg
1ère ligne : Trudeau/Dufournet/Pardavy [Cesnek-Suchanek]
2ème ligne : Cibula/Lyall/Correia [Turcotte- Carlson]
3ème ligne : Michel/Marcos/Bourgaut [Cruchandeau-Stritz]
4ème ligne : Burgert/Schmitt/Bourguignon
Les visiteurs doivent se passer des services de leur joueur star Nicolas Pard (119 points en deux saisons de Division 1, 12 points sur celle de Magnus en cours) qui purge son second match de suspension.
Strasbourg prend les Albatros à la gorge...
Les premières minutes de la rencontre se déroulent sur un rythme plutôt prudent. David Stritz introduit les débats avec un lancer du poignet de la bleue (38’’). Erwan Pain réplique dans le plastron de Hiadlovsky (1’02). Turcotte, bien décalé dans l’axe, a le champ libre pour shooter (3’05).
Strasbourg semble au-dessus et ne va pas se priver pour le traduire au tableau d’affichage. Cibula rentre en zone adverse avec ses compères de ligne, choisit l’option individuelle et lance à ras de glace sur le poteau opposé, qui résonne favorablement (1-0 à 5’12, assisté de Jakub Suchanek).
Michal Dian a l’occasion de niveler la marque dans la foulée lorsqu’il se présente face à Hiadlovsky, qui parvient à repousser in extremis de la botte (6’15). C’est néanmoins Strasbourg qui va doubler son avance quinze secondes plus tard. Pardavy, dans le slot, dévie une frappe du coin de la bleue de Michal Cesnek (2-0 à 6’30).
L’Etoile Noire est ce soir particulièrement réaliste en attaque mais laisse des trous en défense, donnant à Brest quelques opportunités en contre. A la suite d’un engagement remporté par Jaroslav Prosvic en zone locale, le portier alsacien attrape du gant une tentative rasante de Vladimir Holik (8’17).
Photographe : Christophe Moreau (archives)
Michal Dian écope ensuite de deux minutes pour accrocher (8’55). Le troisième meilleur power play de la ligue (23,26% derrière Rouen et Briançon) peine à s’installer dans la première minute mais, après des essais de Correia dans le plastron (9’38), de Trudeau sur l’épaule (10’04) puis de Cesnek par deux fois à la pointe, les jaunes et noirs finissent par trouver la faille. Le défenseur slovaque, presque du même endroit que pour le but précédant, envoie dans le trafic et trouve la déviation d’Edouard Dufournet en embuscade devant Dupont (3-0 à 10’52 assisté de Michal Cesnek et Jan Pardavy, en sup. num.).
Strasbourg a pris la rencontre par le bon bout avec trois réalisations en onze minutes et on pourrait s’attendre à ce stade à une soirée pénible pour les Albatros. La seconde partie du premier tiers leur sera toutefois plus favorable. Alors qu’Erwan Pain partait au but, Cody Carlson le « charge incorrectement » (12’17). Sébastien Oprandi en profite pour changer de gardien et faire rentrer Arnaud Goetz. Les Albatros se montrent assez à l’aise en supériorité numérique sous l’impulsion notamment de Thomas Evans, Graham Avenel et Michal Dian.
Revenu à égalité, David Poulin touche le poteau (14’40), Aina Rambelo oblige Hiadlovsky à exécuter un arrêt couché (15’06)... Strasbourg marque le pas, et cela se traduit par un accrocher de Yan Turcotte (15’17). Le gardien local est presque battu par Graham Avenel dans l’enclave (15’23) avant de céder face à ce même joueur. Dian commence le tour de la cage mais, une fois derrière elle, passe du revers au premier poteau à l’avant français qui peut conclure le power play (3-1 à 15’39 assisté de Jaroslav Prosvic, en sup. num.).
Ce but replace les néo-magnusiens dans le droit chemin, ceux-ci patinent avec davantage d’intensité et de vitesse.
C’est à présent au tour de l’Etoile Noire de jouer en contre. Cesnek coupe une passe en défense et donne à Trudeau qui s’échappe avec lui. Mais une fois à destination, le défenseur ne réussit pas à reprendre au second poteau (17’37). Goetz, d’un bon puck-check, vole ensuite un one-timer à Pardavy et Dufournet (18’24). Correia clôt le premier vingt en filant sur l’aile et en repiquant au centre. Goetz fait barrage de son corps mais Holik est sanctionné d’un accrocher (19’59).
Tirs : 10/9 Brest
Engagements : 14/13 Brest
...accroît son avance...
Strasbourg, en supériorité, débute bien le second tiers-temps. Trudeau rentre esseulé en zone brestoise et se confronte au grand écart de Goetz (20’35). Cesnek tâte le poteau (20’58) puis la jambière (21’14) depuis la ligne du hors-jeu.
Mais contre toute attente, ce sont les visiteurs qui vont, en infériorité, modifier leur score. La défense se laisse déborder par David Croteau qui, du fond de la glace, remet en arrière pour Prosvic. Celui-ci envoie un boulet au ras des pâquerettes qui trompe Hiadlovsky (3-2 à 21’42).
Lyall ne laisse pas longtemps les promus à une unité d’écart.
Photographe : Fernando de Abreu (archives)
Il s’approche et temporise au milieu de la ligne rouge. David Poulin se jette à plat ventre devant lui. Le centre canadien le contourne et atteint le haut de la lucarne à angle fermé (4-2 à 22’38 assisté de Julien Correia et Yan Turcotte).
Si Strasbourg gère son avance, les Albatros restent cependant menaçants en se glissant dans le dos des défenseurs adverses comme sur ce deux contre zéro que Cesnek, d’un plongeon héroïque, neutralise au dernier moment (24’19). Deux minutes après, Carlson, de la bleue, adresse une remarquable transversale à Pardavy sur le point d’engagement qui reprend instantanément (5-2 à 26’56 assisté d’Edouard Dufournet).
Le milieu de la période se résume à une possession strasbourgeoise et à des contres brestois. Goetz signe un arrêt de grande qualité devant Lyall (30’12) avant que Dian ne parte en break (31’22). L’impact du premier bloc local est très significatif mais les arrières peinent toujours à s’adapter au système de jeu breton, et Hiadlovsky ne manque pas de les informer de leur placement approximatif par voie orale...
Le recadrage n’est pas très efficace dans la mesure où Strasbourg encaisse un troisième but. Prosvic dévie à mi-glace un centre-tir de Vladimir Holik (5-3 à 36’26 assisté de Nicolas Motreff).
Joie relative de courte durée pour les hommes de Sébastien Oprandi. Pardavy, mis en orbite par Suchanek, part en break et redonne trois longueurs d’avance à son équipe d’un revers entre les jambes (6-3 à 37’43, assisté de Vladimir Hiadlovsky).
Après sa mention d’assistance sur le but précédant, le portier slovaque achève la période en beauté avec un joli arrêt face à David Hennebert (38’41).
Tirs : 16/9 Brest
Engagements : 13/7 Strasbourg
...et gère la fin de rencontre
Photographe : Christophe Moreau (archives)
Si les deux premières périodes furent riches en buts, la troisième en sera totalement dépourvue. Strasbourg blinde la défense et contient les séries d’attaques-défenses et de revirements quelque peu désordonnés qui émailleront ce tiers-temps.
David Hennebert est pénalisé pour faire trébucher (43’38) mais Stritz ne transforme pas, malgré une percée au travers des défenseurs brestois (44’11). Le gardien du Finistère sort une belle mitaine face à Cesnek (45’33).
Les Albatros jouent à nouveau à quatre lorsque Prosvic sort deux minutes pour dureté (47’11). Cesnek mitraille en vain de la pointe du power play. Suchanek et Evans sont envoyés simultanément en prison pour cinglage et obstruction sans que cela ne change la configuration du jeu (48’). Bien des minutes un peu brouillonnes plus tard, Correia lance dans les bras de Goetz après une combinaison avec Lyall (55’11).
Cruchandeau visite le banc des pénalités pour accrocher (55’19) mais Brest n’exploite pas la situation. Le match se termine par un shift de la quatrième ligne locale. Le public se réveille au coup de buzzer final, se rappelant subitement que son équipe a gagné.
Strasbourg a débuté sérieusement la rencontre et a su conserver son avance tout du long. L’attaque, d’un grand réalisme, a donné satisfaction mais la défense a trop longtemps subi le jeu spécifique des Brestois (voir interview). Les Albatros ont payé leur entame de match ratée, et malgré de belles individualités, n’ont pas trouvé les ressources pour rattraper le déficit de trois buts. C’est donc Strasbourg qui réalise la bonne opération au classement puisque l’équipe pointe désormais à la 8e place, alors que Brest atterrit à l’inconfortable 13e rang...
Etoiles Hockey Hebdo :
*** : Jan Pardavy
** : Michal Cesnek
* : Jaroslav Prosvic
Hommes du match
Michal Dian et Jan Pardavy
Fait assez inhabituel à l’Etoile Noire pour être précisé, Jan Pardavy a rejoint, après ce match, François-Pierre Guenette et Anze Kuralt au rang des troisièmes meilleurs pointeurs de la ligue avec 17 points (9 buts + 8 assistances), juste derrière Marc-André Thinel (18 pts) et Danick Bouchard (20 pts).
HH : Strasbourg a été particulièrement réaliste en attaque, peut-être quelques réglages encore à faire en défense, quel est votre point de vue sur le match ?
« J’ai l’impression qu’ils ont eu au moins autant d’occasions que nous, ça c’est clair. Ensuite c’est un style quand même assez atypique. On ne voit pas souvent ce genre de jeu. C’est des ailiers qui jouent très près des défenseurs. Ils ont beaucoup tiré le palet en zone neutre et c’est pour ça que ça a créé beaucoup de surnombres : deux contre un, trois contre deux, trois contre un... Heureusement il y a eu des hors-jeu. On a eu beaucoup de difficultés à s’adapter à ce style de jeu. »
HH : Donc vous avez ajusté les consignes entre les périodes ?
« Les consignes, c’est plutôt qu’elles ont été longues à être suivies. Mes défenseurs participent beaucoup au jeu en attaque et dès qu’il y avait un contre, dès qu’il y avait un revirement, eux balançaient le palet en zone neutre et c’était complexe, très complexe. Donc on s’en sort plutôt bien. »
HH : Ca fait très longtemps que vous n’avez pas joué contre Brest. Comment préparer un match contre une équipe qu’on ne connaît pas vraiment ?
« On était au courant qu’ils jouaient le contre mais je ne savais pas qu’ils le jouaient soixante minutes comme ça. C’est très très rare, il y a trois équipes qui jouent comme ça, Epinal et Morzine l’année passée qui jouaient beaucoup comme ça. C’est des ailiers qui jouent très près des défenseurs et qui croisent. L’ailier gauche va aller derrière le défenseur gauche de l’adversaire en zone neutre. Donc si tu veux le suivre, tu te retrouves avec deux défenseurs du même côté donc il ne faut pas perdre le palet, il faut rapidement se repositionner et être très fort sur la rondelle pour pas la perdre. C’est ça qui nous a donné beaucoup de difficultés en fait. »
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