Acte 1 : Jokers bonifient la seule supériorité numérique de la période
Pas de round d’observation entre les deux protagonistes. Les Gothiques sont les premiers à se mettre en évidence par Baptiste Bruche qui tente une déviation face à Sebastian Ylönen. Le portier qui est vigilant repousse mais doit à nouveau détourner une nouvelle déviation dans le prolongement de l’action. Les amiénois sont d’emblée très présents devant la cage francilienne en ce début de partie. Les Jokers parviennent enfin à sortir de leur zone mais Norbert Abramov en angle fermé ne peut prendre à défaut Henri Corentin Buysse. Le ton est donné. Les Jokers sont eux aussi percutant et sollicitent 3 fois Buysse qui joue dans un fauteuil sur ces tentatives trop excentrées.

Les deux équipes pressent haut pour empêcher l’adversaire de s’installer et la première situation très chaude est à l’actif des cergypontains quand Pierre Charles Hordelalay, bien servi par une belle diagonale de Dennis Kearney en zone neutre, s’échappe sur la gauche dans le dos de la défense. Hélas pour lui, Buysse gagne le duel bien aidé par le repli défensif de Klemen Pretnar qui vient contrarier l’attaquant vert dans sa tentative.
Si les Jokers contrôlaient un peu plus le puck en première moitié de tiers les Gothiques imperceptiblement reprennent le dessus. Ylönen doit repousser plusieurs tentatives et les palets libres devant sa cage ne trouvent pas preneurs. A 9 minutes de la pause, Hordelalay oublié devant Buysse hérite de la rondelle qu’il ne peut cadrer. Les Gothiques ont frisé la correctionnelle. Mais ils se créent une nouvelle occasion par Stanislav Lopachuk qui trouve le plastron du portier vert. Cela galvanise les franciliens qui reprennent le dessus dans cette partie de bras de fer.

Antti Kauppila oblige Buysse à un double arrêt puis c’est Nicolas Leclerc et Jérémie Romand qui allument Ylönen. Les occasions s’alternent et se partagent entre les deux équipes. Le premier tournant du match intervient à 2 minutes de la pause sur la première pénalité du match, un accrochage contre la balustrade de Romand. Les unités spéciales cergypontaines s’installent autour de la boite amiénoise et la triplette finlandaise des verts finit par trouver la brèche. Aku Kestilä à droite ressort le puck pour Kauppila qui décale au centre Tuukka Rajamäki lequel trouve la lucarne de Buysse masqué au départ du shoot par le voile de Timothée Franck (1-0, 19.39). L’égalité est brisée dans ce combat des chefs et les Jokers virent en tête.

Le premier vingt se résuma à un véritable bras de fer où les deux équipes eurent successivement leurs temps forts et leurs occasions respectives. Les gestes défensifs s’enchainèrent et surtout les interventions pleines d’autorité des 2 gardiens internationaux. A l’instar des matchs précédents, l’indiscipline fut la clé. Une seule sanction dans le tiers, à l’encontre des Gothiques, qui se concrétisa par un but des Jokers.

Crédit photo Bruno Gouvazé

 
Acte 2 : Les Jokers répondent au retour des Gothiques
Le tiers repart sur les mêmes bases avec beaucoup d’intensité de part et d’autre. Les Gothiques par l’intermédiaire de Pretnar se créent une belle opportunité de lancer à la cage bien lue par Ylönen puis peu après les Jokers livrent une furieuse bataille devant la cage de Buysse sans pouvoir pousser la rondelle au fond. Plus tard, le salut des amiénois est scandinave. Jesper Ôhrvall, leur attaquant suédois, s’infiltre pour défier le portier vert et échoue dans sa tentative mais provoque tout de même un faire trébucher de Vincent Melin. Les unités spéciales Gothiques s’installent et Lopachuk est tout près d’égaliser. C’était sans compter sur un Ylönen en feu qui réalise un double arrêt exceptionnel devant le biélorusse. Qu’à cela ne tienne pour les amiénois, ce n’est que reculer pour mieux sauter. Le powerplay tourne bien et finalement les Gothiques, sur un but quasi copie carbone de celui de Rajamäki, égalisent. Sur le même côté, Florian Sabatier et Aziz Baazzi sortent la rondelle pour Ôhrvall qui trouve la même lucarne que précédemment son adversaire finlandais (1-1, 25.03). Tout est à refaire pour les cergypontains.

Le bras de fer reprend de plus belle mais les Gothiques appuient sur le champignon et multiplient les occasions. Les Jokers sont au bord de la rupture. Après avoir plié les franciliens sortent de la tête de l’eau.

Sur une attaque placée où Abramov tourne derrière la cage, il sert Kestilä qui ressort la rondelle et croise Brien Difley auquel il la laisse à la bleue. Le défenseur américain ne se fait pas prier et allume Buysse masqué par Abramov (2-1, 2.46). Les Jokers reprennent le score et profitent de ce momentum pour confisquer le palet. Ils peuvent néanmoins remercier leur gardien qui gagne son duel face à Spencer Naas parti en break away sur un palet perdu à la bleue.
Mis à part cette grosse frayeur ils terminent fort la période en obtenant une nouvelle supériorité numérique bien contenue cette fois par Amiens.

Ce tiers médian fut déterminant car après l’égalisation des Gothiques et leur mainmise sur le palet les Jokers trouvèrent l’énergie et la solidarité autour de leur portier pour résister à la tempête puis reprendre le score. Une fois devant les franciliens rééquilibrèrent le contrôle du jeu.

Crédit photo Bruno Gouvazé

Acte 3 : Les Jokers tiennent jusqu’au bout face à la remontada des Gothiques
Démarrage en trombe des Jokers. Repliés sur leur but lors de la première action du tiers, ils lancent Hordelalay dans le dos de la défense adverse et cette fois, non pressé par un défenseur, l’attaquant réussit son drible sur Buysse (3-1, 40.32). Un but dans la première minute difficile de rêver meilleur départ pour l’ultime tiers.

Ils ne laissent pas les Gothiques souffler et, sur un gros pressing, Steven Owre travaille derrière la cage et ressort pour trouver Kearney devant l’enclave lequel décale Hordelalay d’une petite passe dont il a le secret pour lui permettre d’inscrire son doublé (4-1, 43.31). Les Jokers s’envolent et Anthony Mortas le coach amiénois prend un temps mort pour remobiliser ses troupes.
Bien lui en a pris car les Gothiques repartent de l’avant et Pretnar, deux minutes plus tard, manque de réduire le score, son tir touchant poteau et barre sans franchir la ligne.

La pression des amiénois est intense et les Jokers sont sanctionnés pour retard de jeu mais tiennent bien les 2 minutes en jeu en piquets. Les Gothiques donnent tout et s’exposent au contre mais leur stratégie finit par être payante puisque, à 8 minutes de la fin de la rencontre, ils marquent 2 buts en 30 secondes. C’est d’abord sur une action de Ôhrvall et de Baazi que Antonin Plagnat récupère le rebond et oblige Ylönen à un second arrêt de la jambière mais, non pressé par la défense, l’attaquant peut pousser la rondelle au fond sur la troisième tentative (4-2, 52.11). Les Gothiques réduisent l’écart et sont complètement galvanisés.

Ils surfent donc sur cette dynamique pour s’installer à nouveau et Yohan Coulaud fait tourner le puck pour Lopachuk qui sert Dan Gibb plein axe à la bleue lequel expédie un missile qui trompe Ylönen (4-3, 52.42). Jonathan Paredes, le coach francilien, prend immédiatement un temps mort pour calmer le jeu et remettre les têtes à l’endroit.

La défense des verts est héroïque et la tension monte un peu plus sur le glaçon. Owre et Baazzi sont appelés au banc des pénalités à 3 minutes de la sirène. A 4 contre 4 les Gothiques poussent et sortent rapidement Buysse pour finir cage vide. La pression est énorme sur le but de Ylönen qui multiplie les exploits mais les Jokers manquent le chaos, Pretnar arrêtant la tentative de Ryan Tait. A 20 secondes de la fin, les Gothiques sont sanctionnés pour une charge avec la crosse de Lopachuk et cela dégénère un peu, des gourdes étant lancées sur la glace. Les sanctions tombent en chapelet pour les amiénois.
A 3 contre 5 c’est la fin pour les Gothiques qui étaient à deux doigts de recoller au score.

Le 3^ème vingt fut riche en émotion et tendu sur sa toute fin. Les deux équipes y livrèrent une farouche bataille. En prenant 3 buts d’avance les Jokers pensèrent avoir tué le match mais les Gothiques, admirables de volonté et de combativité, faillirent réunir leur remontada.

Crédit photo Bruno Gouvazé

Avec cette victoire, les Jokers empochent leur billet pour la première demi-finale de ligue Magnus de leur histoire. Qu’un promu parvienne à ce niveau de la compétition au bout de sa seconde saison est tout simplement inédit et incroyable. Le prochain tour face aux Brûleurs de loups de Grenoble sera une belle fête pour le hockey francilien. Quelle que soit l’issue face aux terreurs grenobloises qui ont écrasé la concurrence cette année, la saison des Jokers pourra être qualifiée d’exceptionnelle. S’agissant des Gothiques, leur parcourt s’arrête en quart, mais ils n’ont rien à se reprocher, ils ont tout donné et ont livré un fantastique mano a mano aux cergypontains tout au long de la série. Ils y sont tombés la tête haute, leur talent et leur expérience de l’exercuice ont été tout près de faire la différence lors de cette série indécise et ultra serrée.

Les meilleurs joueurs du match :
Dan Gibb pour les Gothiques d’Amiens
Sebastian Ylönen pour les Jokers de Cergy-Pontoise