La patinoire Pôle-Sud avait fait le pein pour la venue d'Epinal, autre club mal classé (8ème) juste devant Grenoble (9ème). En cette semaine souvent synonyme de fêtes et de vacances, les deux équipes jouaient assez gros avec des Dauphins qui pouvaient, en cas de victoire, recoller aux six premiers, tandis que Grenoble en cas de défaite, restait scotché à 11-12 points et se retrouvait donc distancé des équipes placées autour de la septième place.
| Photographe Laurent Lardière | But de C.Lacasse | Une soirée marquée par les cadeaux !
Le début de rencontre voyait les deux équipes, visiblement encore au pied du sapin, multiplier les trous d'air en défense et permettre aux deux gardiens de sauver alternativement la baraque. Derosiers, le meilleur joueur de Grenoble ce soir, file au but mais échoue sur Lacasse, avant que Plch, pourtant peu connu pour sa vitesse, en fasse de même avec Quemener. Le ping pong va ainsi continuer plusieurs minutes et, après un nouveau numéro assez semblable d'Avenel, Grenoble va bénéficier d'un premier jeu de puissance à 4".
Malgré plusieurs oublis défensifs des Spinaliens qui rendent ainsi la politesse aux Grenoblois, les Brûleurs ne vont pas trouver la faille et se feront ensuite prendre par la patrouille à leur tour avec Amar, très en difficulté ce soir, qui va rejoindre le banc à son tour à 6"18. Sueurs froides pour le public avec, à nouveau, plusieurs boulettes défensives, mais rien ne sera marqué.
Alors que les deux équipes sont au coude à coude et rivalisent de talents pour mettre mutuellement en valeur les attaquants adverses (nos fidèles lecteurs auront compris que la distribution de cadeaux continue), c'est Grenoble qui va inscrire le premier but de manière assez symbolique.
A 8", Rouleau, qui va comme souvent cette saison alterner le pire et le meilleur, se retrouve à monter le palet plein centre. Pas attaqué, sans échec arrière, il arrive en zone neutre et poursuit sa route sans accélérer particulièrement, avant de franchir la bleue adverse puis viser gentiment et lancer un palet avec une puissance moyenne, qui termine au fond des filets de Lacasse dont on espère, pour sa crédibilité sur ce coup, qu'il a été masqué par un joueur devant lui ? Epinal paye cash un laisser-aller défensif coupable mais symbolisant parfaitement la soirée des deux équipes. (1-0)
Sans que le rythme soit bien terrible et avec de multiples interruptions causées par des hors-jeux, dégagements interdits et autres palets injouables, la rencontre va prendre progressivement un tour plus physique avec certains coups vicieux qui resteront globalement impunis des deux côtés.
A 9"52, Papelier est victime d'un slap grenoblois qui le touche à la joue (arcade selon les versions !) et il doit quitter la glace définitivement. Un coup dur pour Epinal qui va devoir évoluer à 5 défenseurs seulement, situation qui aura des conséquences en fin de match avec les arrières qui termineront carbonisés, mais sans que le coaching grenoblois ne paraisse s'en inspirer ?
A 10"33, Scarlato met une charge avec coup de coude à Elie Raibon qui peine à se relever et sort difficilement de la glace, un geste qui devait valoir à l'intéressé une sanction pouvant aller au-delà des deux minutes classiques, mais rien ne sera sifflé.
Epinal prend ensuite deux pénalités en moins d'une minute, avec une faute de Petrak puis Plch qui sort à la suite d'une altercation avec Desrosiers également pénalisé. Grenoble va même avoir 20 secondes de 5-3 mais les deux gardiens répondront présents et les Isérois conserveront leur avantage malgré des problèmes défensifs persistants jusqu'à la pause.
Tirs: 12/6 Grenoble
Engagements: 9/8 Grenoble
Père Noël spinalien en seconde période !
Après une première période passée à digérer marrons et dindes, Epinal revient sur la glace avec d'autres intentions et va d'entrée mettre la pression sur la cage de Quemener.
Après des occasions de Plch, puis Boisclair, les visiteurs insistent et commencent à montrer un hockey plus séduisant avec une circulation de palet intéressante et des automatismes que l'on aimerait voir chez des Brûleurs à la peine au fil des minutes.
Une pénalité vient sanctionner Epinal, mais les Grenoblois vont confirmer qu'ils n'y sont pas du tout en encaissant pas moins de trois buts en dix minutes, que l'on pourra considérer comme autant de cadeaux faits aux sympatiques Dauphins.
Pourtant, en supériorité numérique, les joueurs de Dufour oublient de se replier après une passe directe à l'adversaire en jeu de puissance et Plch passe à Mantyla qui s'en va égaliser comme dans un rêve à 28"55. (1-1)
Grenoble, en mode panique, va ensuite oublier Boisclair qui, moins de deux minutes plus tard, y va d'une superbe lucarne sur un service de Chad Lacasse pour un 1-2 à 30"37.
Plus à l'aise, tentant des passes aveugles souvent réussies et des tours de cage ponctués de centres, Epinal voit Quemener repousser plusieurs tentatives dangereuses et on en vient à espérer que l'écart dure jusqu'à la pause tant les Grenoblois semblent en perte de vitesse dans la rencontre.
A 37"39, Gervais lance depuis la bleue et son palet est ensuite repris par Petrak avant que Plch ne pousse au fond, face à une défensive grenobloise physiquement absente devant la cage d'un Quemener bien seul et qui surtout n'a vu aucun de ses partenaires faire le ménage devant lui. (1-3)
Visiblement fatiguées, les deux équipes vont faire jeu égal les dernières minutes d'une période clairement dominée par Epinal. Touché au bras dans un contact le long de la bande, Baylacq sortira et devra quitter la rencontre, au contraire de Tartari, autre victime du soir qui, malgré un choc sur une jambe, pourra, lui, la terminer.
Tirs 11/10 Epinal
Engagements 14/8 Epinal.
| Photographe Laurent Lardière | F.Desrosiers pour le doublé | Le suspense de l'ouverture du paquet.....
Le début de période voit Offret prendre 2+10 après avoir dit à l'arbitre qu'il n'avait pas touché son adversaire, sanction aussitôt suivie d'une pénalité de banc contre ces mêmes Spinaliens qui nous a semblé un peu sévère vu le contexte et qui va du coup remettre Grenoble dans le coup.
Conséquence immédiate avec un 5x3 grenoblois et c'est Sivic, sur un centre d'Aquino, qui permet aux Isérois d'y croire à nouveau à 43"32. (2-3)
Accusant un coup de bambou, Epinal va à son tour faire un cadeau aux Grenoblois avec un palet joué en contre par le même Aquino laissé seul à 44"13 et qui trouve Desrosiers tout aussi seul, lequel ne se fait pas prier pour égaliser et relancer une rencontre que l'on voyait vraiment mal barrée pour les locaux. (3-3)
Plus prudent que son homologue grenoblois en seconde période, Pellegrino prend alors un temps mort pour remettre de l'ordre dans sa maison.
Les minutes suivantes dont à chaque équipe un jeu de puissance, mais les gardiens font bonne garde.
Pourtant, la distribution des paquets n'est pas finie.
A 54"32, Epinal, en jeu de puissance, laisse ses deux arrières, qui commencent à accuser la fatigue, tricoter à la bleue et offrir à Grenoble un superbe contre qui voit Sivic filer pour servir Desrosiers qui met au fond. (4-3)
On suppose alors que Grenoble va mettre le cadenas sur la porte d'autant que Dufour dispose d'un temps mort, mais plusieurs passes mal assurées et renvois trop faibles font trembler la maison iséroise. De manière étonnante, les Brûleurs ne ferment pas totalement la porte et permettent du jeu de mouvement, un cadeau bienvenu qu'Epinal ne va pas laisser passer.
A 59"19, Plch hérite d'un palet en contre à l'aile et va, d'une petite passe bien ajustée, trouver Boisclair qui arrive seul plein centre et va tromper Quemener. (4-4)
Plus rien ne sera marqué et les deux équipes se retrouvent en prolongation.
Engagements: 13-6 Epinal
Tirs 11-15 Grenoble
"Pourquoi je suis un joueur qui inscrit des buts en fusillade ? Je suis pas rapide et je ne fais pas de feintes, mais quand j'ai démarré au hockey, mon coach scolaire m'avait dit : tu n'es pas rapide, tu ne sais pas feinter, alors tu arrive et tu slappes à fond sur la lucarne de ton choix... c'est ce que j'ai toujours fait et avec un minimum d'entraînement cela marche, je ne sais pas pourquoi plus de joueurs ne font pas cela et tentent des feintes ridicules en particulier quand ils sont fatigués."
Brian Leetch
New York rangers
La prolongation va voir deux équipes très émoussées physiquement se neutraliser, avec quand même le regret de ne pas avoir vu certains jeunes joueurs de Grenoble qui ont très peu joué et qui auraient pu mettre le feu comme un Bedin dont on se demande pourquoi, vu sa vitesse et fraîcheur, il n'est pas sur la glace plus souvent ce soir ? Quand on voyait la fatigue des arrières spinaliens comme Leroy qui a dû brancher l'oxygène une fois au vestiaire vu ses dernières minutes, pourquoi ne pas tenter de tels coups avec deux arrières de métier et au moins un jeune susceptible de jouer la carte de la vitesse avec beaucoup plus de fraîcheur qu'un Desrosiers pour citer le meilleur ce soir dans l'exercice, mais qui a aussi terminé très marqué ?
Engagements 4-1 Epinal
Tirs 5-2 Grenoble
Quoi qu'il en soit, les tirs au but s'en venaient au bout de dix minutes...
Desrosiers y allait le premier mais voyait son tir repoussé par la jambière de Lacasse.
Boisclair, redoutable dans l'exercice, trompait ensuite Quemener avec un lancer très rapide pris juste avant la période de déclenchement classique.
Ouimet ne patinait pas et semblait résigné avant même son duel pour un résultat conforme à ce que l'on pouvait supposer....
Plch, visiblement très émoussé, y va d'une feinte trop lente et Quemener dit non.
Sivic voit son lancer repoussé par le gardien.
Epinal l'emporte donc.
| Photographe Laurent Lardière | F.Leroy prend le dessus sur F.Ouimet | l'avis du Père Noël
Epinal a produit ce soir un hockey contrasté car, comme Grenoble, l'équipe a multiplié les cadeaux défensifs parfois énormes et, sur les 4 buts encaissés, trois au minimum résultent de telles largesses. Avec un Lacasse solide et qui a clairement évité le bouillon à son équipe, les joueurs de Pellegrino disposent de bons défenseurs mais en nombre réduit. Que se passe-t'il en cas d'une nouvelle, nous disons bien une seule nouvelle blessure ? On se retrouve avec deux paires d'arrières seulement, clairement insuffisant. Pour nous, le gros point faible des Dauphins provient de leur profondeur de banc dans ce secteur de jeu.
En attaque, en revanche, et malgré des boulettes que l'on pourra voir consécutives à la reprise et à la fatigue d'un déplacement initié ce matin à 10 heures, le portrait est plus séduisant avec un Plch toujours redoutable et des lieutenants bien en forme à l'image d'un Boisclair vraiment à son avantage ce soir en compagnie de Chassard et Lacasse, sans oublier les autres Lafrance et Petrak. Epinal compte deux bons premiers trios qui se trouvent facilement et qui proposent un hockey classique avec du collectif et des arguments techniques certains. Si leurs trous d'air sont aussi fréquents que ce que l'on a vu ce soir, on comprend leur classement, sinon, ils méritent clairement mieux car le fond de jeu est présent et les intentions certaines. Reste à améliorer le jeu de puissance et à éviter certaines fautes stupides. Une équipe qui, au fond, possède certains défauts que l'on retrouve à Grenoble. Notons tout de même le caractère étriqué de la victoire qui est passée par un but à l'ultime minute ou presque et deux buts concédés coup sur coup alors que l'dversaire semblait avoir été mis à distance. Cependant, le succès n'est pas volé, bien au contraire, Epinal ayant justement dominé, avant de se faire rejoindre, trouvé la force de revenir et proposé des tirs au but plus sérieux que l'adversaire du soir.
Grenoble a fait globalement ce soir les mêmes erreurs qu'Epinal avec, en particulier, un festival d'erreurs défensives et de cadeaux. On pourra dès lors considérer que, malgré cela, ils ont pris un point ce qui n'est pas si mal. On peut aussi considérer, et c'est plutôt l'option de l'auteur de ces lignes, que quand on joue contre l'équipe classée juste devant vous, c'est-à-dire soyons clairs, avec tout le respect que l'on doit à Epinal, pas une des premières de la Magnus et qui
s'est payée huit heures de bus sans souffler à l'arrivée, on doit faire mieux surtout avec son effectif au complet.
Plus encore qu'Epinal, l'impression laissée pour cette reprise est celle d'un réel manque de fond de jeu et d'automatisme ce qui, après plus de six mois de pratique, étonne tout de même. Ce n'est pas tant l'attaque avec 4 réalisations ce soir, même sur largesses de l'adversaire, qui pose problème mais bien une défensive trop souvent mise à mal. Passons sur le positionnement des arrières souvent douteux, à l'image d'un Rouleau dont il faudra tout de même déterminer s'il est utilisé en défense ou attaque, pour souligner la très mauvaise qualité de l'aide défensive proposée. Pas spécialement rapides, les Spinaliens n'ont pas vu l'échec arrière grenoblois de la soirée, ni de contestations de couloirs de passes pourtant bien visibles sur l'attaque défense, tâches qui incombent normalement aux attaquants... De même, la place des jeunes dans cette équipe n'est pas toujours claire, avec ce soir des limites évidentes de ce côté. Quand vous avez en face seulement cinq arrières dont plusieurs (Leroy, Scarlato et même Slovak) ne brillent pas par leur vitesse, pourquoi ne pas tenter un coup avec un trio incluant plusieurs dragsters que sont les Bedin et autres Benoit que vous collez sur la glace face à une paire d'arrières fatiguée et lente en fin de match ? Pourquoi ne pas non plus tenter une pointe en prolongation de la sorte ? Certes, Grenoble compte plusieurs joueurs titulaires très rapides mais, au bout de trois périodes, ils étaient logiquement fatigués eux aussi. Même chose défensivement avec Suzzarini qui est bien LE joueur à coller en aide défensive quand il reste 2 minutes à jouer pour contrer Boisclair et les autres joueurs très physiques de cette équipe visiteuse alors en recherche de position devant Quemener.
En terme d'enseignement, Grenoble est bien une équipe située autour de la dixième place (actuellement 9ème) avec une marge de progression qui interroge. Au classement, l'équipe est actuellement à 3 points du huitième (Strasbourg) et à 6 du quatrième (Angers à 18 points) ce qui compromet sérieusement les chances de recoller au top 6 pour ne pas évoquer un top 4 qui semble hors de portée. Comptant un effectif désormais complet (prestation sérieuse d'Aquino avec deux assistances, mais qui ne semble pas avoir un profil de compteur régulier), les Brûleurs restent fragiles défensivement et seront à la peine contre tout adversaire bien organisé et sérieux dans ce domaine. Il est clair que le mois à venir s'annonce décisif pour cette équipe qui va soit remonter vers le haut du classement, soit stagner dans des eaux qui ne correspondent ni à son ambition, ni à son potentiel joueur.
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