Le vice-champion de France de l’année dernière rencontre ce soir le dauphin actuel du classement. L’Iceberg, plein à craquer en cette période de fête, bien qu’amputé d’un mégaphone, entend bien accueillir un match hors du commun. La 13ème semaine est synonyme de dernier match de la série “aller” ; les deux équipes se rencontreront donc à nouveau la semaine prochaine, à Chamonix. La rencontre de ce soir représente ainsi la première manche d’une série à deux matchs.
Arbitres : Mr Bliek assisté de Mrs Courgeon et Geoffroy
Buts : Strasbourg : ; 39.00 David Brissette Cayer (ass Julien Correia et Elie Marcos) ; 45.51 Lionel Tarantino (ass Edouard Dufournet et Blake Gallagher) Chamonix : 12.27 Francis Charland (ass Kai Öhberg et Laurent Gras) ; 26.40 Vincent Kara (ass Brent Patry et Richard Aimonetto) ; 65.47 Carl Lauzon (ass Simon Lambert)
Pénalités
30 minutes dont 10 à Cibula contre Strasbourg
22 minutes dont 10 à Veydarier contre Chamonix
Gardiens en jeu :
Strasbourg : Vladimir Hiadlovsky
Chamonix : Tom Charton
La rencontre démarre sur les chapeaux de roue. La première minute est enflammée : les Chamoniards entament le match de belle manière et se montrent dangereux dès les premières secondes. Strasbourg répond activement, et le jeu se développe très rapidement, à l’image du tir de Kuuluvainen, qui fait pousser des cris au public en liesse. L’offensive de l’Étoile Noire a décidé de mettre Charton, le gardien remplaçant des Chamois, à rude épreuve. Après les premières minutes de folie, les Chamois s’effondrent et le palet est strasbourgeois la grande majorité du temps.
L’Étoile Noire, habituellement tétanisée à domicile, abandonne rapidement sa crispation et offre un jeu libéré et spectaculaire. Les tirs se succèdent, les attaques sont construites et le public de l’Iceberg s’enflamme, à juste titre. Les Chamois excellent en revanche sur les quelques contres qu’ils s’octroient. Si la réussite ne vient pas récompenser les actions pourtant remarquables des Strasbourgeois, les hommes de Stéphane Gros ne se retiendront pas pour ouvrir le score si l’occasion se présente.
Les deux pénalités sifflées coup sur coup pour Devin et Franck viennent offrir cette occasion : à 5 contre 3, les Chamoniards s’installent dangereusement dans la zone. Sur une passe de Ohberg, Guerette décoche un tir éclair entre les jambes de Hiadlovsky. Le palet est ralenti mais se faufile pour ressortir derrière le gardien, dans les filets (0-1, 12’27).
Le but chamoniard relance les efforts des hommes de l’Étoile, mais ils ne trouvent jamais la réussite escomptée. La frustration aidant, la tension grimpe dès le premier tiers-temps et une petite escarmouche éclate devant les buts de Chamonix. La première période s’achève et, en dépit de la domination de la formation strasbourgeoise, les Chamois sortent de la glace en menant au score, plus réalistes dans leurs attaques.
Face-offs : 10 - 17
Tirs : 12 - 13
Photographe : Christophe Moreau
Le break est fait
La seconde période est baptisée en grandes pompes par Cibula, qui envoie une flèche après avoir battu la défense, mais le tir vient s’échouer dans la mitaine du gardien. Derrière lui, c’est toute l’attaque de Strasbourg qui vient presser et éprouver la défense adverse, avide d’égalisation. Du côté des Chamois, toutes les forces sont jetées dans la défense, ne parvenant à arracher que quelques contres pour toute attaque. Néanmoins, dans cette configuration, les plus dangereux sont réellement les visiteurs : les attaques strasbourgeoises restent stériles face à Charton, alors que les contre-attaques des Chamois sont ravageuses contre une défense qui se découvre. À nouveau en supériorité, les Chamois trouvent une fois encore les chemins du but : Patry tire et Kara dévie le palet, signant par là un heureux poteau rentrant (0-2, 26’40). La coupe est pleine pour l’Étoile Noire : les attaques redoublent de rapidité et de finesse mais le gardien de Chamonix sauve le match prodigieusement. Dans sa précipitation, le jeu strasbourgeois voit poindre des erreurs et des maladresses. Profitant de ces erreurs, les Chamois signent des retournements à un contre un, deux contre un, trois contre deux, et menacent régulièrement d’alourdir encore leur avance.
La tension est palpable entre les deux équipes et des frictions apparaissent régulièrement. Le jeu est très physique ; les pénalités sont sans cesse appelées à l’encontre des Strasbourgeois, moins souvent contre les Chamoniards, en dépit de leurs gestes musclés. Ces gestes, ainsi que le choix de l’arbitre de laisser jouer, enveniment la situation qui finit par exploser, après un but refusé pour Chamonix, en une échauffourée vigoureuse. En quittant le banc des pénalités, Cayer vole le palet aux Chamois bien campés en attaque. Il l’envoie à Correia, qui remonte la patinoire sous les clameurs de la foule. Ce dernier redonne alors le palet au Canadien qui envoie une fusée dans les filets des visiteurs pour ramener l’écart à une seule longueur, une minute avant la deuxième pause (1-2, 39’00). Le jeu, comme lors du premier tiers-temps, est unilatéralement en faveur des Strasbourgeois lorsque les deux équipes sont à forces égales. En revanche, la balance penche largement du côté des Alpins lorsqu’ils sont en supériorité, c’est-à-dire pendant la moitié de la période.
Face-offs : 8 - 11
Tirs : 9 - 13
Photographe : Christophe Moreau
Egalisation de L.Tarantino
Les périodes se suivent et se répètent, ce dernier vingt n’y fait pas exception : la formation strasbourgeoise développe un hockey incisif. Il y a de l’envie, de la colère aussi un peu, dans le jeu des Strasbourgeois. Cependant, les montées offensives à répétition tendent à découvrir les arrières, le gardien strasbourgeois doit faire des arrêts périlleux face à des contre-attaques chamoniardes percutantes.
Chez les jaunes et noirs, la construction est présente, il ne leur manque pas grand chose pour rétablir l’égalité. Les Chamoniards, pris à la gorge, défendent néanmoins avec ardeur et entendent bien maintenir leur longueur d’avance. Leurs espoirs défensifs ne durent pas car, sur une passe décisive de Dufournet, Tarantino vient enfoncer un pion en plein dans la lucarne, d’un geste du poignet, qui fait bondir la gourde du gardien sur le toit du but (2-2, 45’51).
Les compteurs sont remis à zéro, tout est à refaire. Les Chamoniards en sont bien conscients puisque, les minutes qui suivent, ils reprennent les rênes du match, montrant par là qu’ils ne sont pas deuxièmes du classement par hasard. La saveur du match, déjà relevée, prend une toute nouvelle dimension, à seulement 12 minutes de la fin, dans une situation proche de celle du but en or.
De part et d’autre, les attaques sont belles, mais ô combien dangereuses, à ce niveau du match où tout retournement peut être synonyme de défaite. La tension, déjà omniprésente, n’est pas calmée par l’enjeu aussi élevé dans une rencontre qui prend des allures de match de playoffs. Une charge contre la tête de Gallagher entraîne des explications nerveuses et résulte en un jeu à 4 contre 4. L’électricité est dans l’air. Les joueurs, prudents, patinent sur des oeufs, car personne ne veut faire l’erreur fatale, alors que chacun veut apporter le tir de la victoire à son équipe. Comme des requins affamés, les crosses se jettent sur chaque palet perdu pour s’en emparer.
Les dernières secondes s’écoulent sans action démesurée et chaque équipe assure au moins un point au classement. 60 minutes n’ayant pas suffi à départager les deux équipes, la victoire sera disputée en prolongation.
Face-offs : 12 - 11
Tirs : 13 - 5
Photographe : Christophe Moreau
Victoire sur le fil des chamois
Le temps supplémentaire commence sous les meilleurs auspices pour Chamonix car une pénalité est appelée dès la 14ème seconde contre Cesnek. Lors de la saison dernière, la même rencontre, au même endroit, avec le même arbitre, s’était conclue en prolongation sur un but de Lauzon au bout de 16 secondes de jeu.
Les Chamois harcèlent l’Étoile Noire, imposant leur présence quasi-ininterrompue dans la zone strasbourgeoise. Par un travail impressionnant, les locaux tiennent bon pendant les minutes d’infériorité. Le powerplay strasbourgeois suit immédiatement celui de Chamonix, mais il peine à se mettre en place : le premier tir n’arrive qu’au bout de 80 secondes. Les attaquants de Strasbourg ne parviennent pas à trouver la faille dans l’épaisse fourrure des Chamois. En attaque, Lambert fait un gros travail contre la bande pour la possession du palet. Il centre alors à Lauzon, dans le slot. Ce dernier contrôle le palet dans un temps qui semble infini, mais il finit par décocher un tir ras de glace qui bluffe la défense et le gardien (2-3, 65’47). Il laisse exploser sa joie comme celle de tous les Chamois, célébrant la conclusion d’un match épique.
Face-offs : 4 - 2
Tirs : 3 - 6
Fait relativement rare cette saison, l’Étoile Noire engrange un point à la maison. Mais la perte du match en prolongation laisse le goût amer d’un match haché par les pénalités. Les systèmes de jeu déployés à 5 contre 5 par la formation jaune et noire fonctionnent parfaitement pour imposer une présence offensive lourde, mais il manque toujours le dernier geste, le soupçon de réussite qui fait toute la différence.
Les Chamoniards remportent un match difficile, en concrétisant lors des nombreuses supériorités numériques. Un grand nombre de powerplay ne suffit pas pour gagner, il faut un grand talent et surtout, être réaliste. Les Chamois ont su l’être ce soir.
Le match était serré jusqu’au bout, pour le plus grand plaisir des spectateurs. La balance aurait pu pencher d’un côté comme de l’autre, elle l’a fait pour Chamonix ce soir, mais rendez-vous est pris vendredi prochain pour le match retour !