Après la brillante reprise de saison grenobloise, le cru  2012 semblant plus goulayant qu'un 2011 bien terne au palet, le public avait répondu présent sur un nouvel horaire assez inhabituel pour un face à face paraissant clairement à la portée de ses protégés, à savoir des Rapaces de Gap, douzièmes du classement et auteurs d'une saison décevante. Outre la troisième titularisation successive de Raibon, qui semble bien avoir endossé un costume de titulaire au détriment d'un Quemener dont il faudra s'interroger sur la progression depuis son arrivée à Grenoble, on relevait la présence d'un arbitrage à 4 avec messieurs Barbez et Mendlowictz qui succédaient au zèbre suisse de la précédente journée (notez que nous ne prétendons pas qu'1 suisse = 2 français en la circonstance).

 

Photographe Jean Christophe Salomé

Zacharias fait le métier

  Ouimet Sivic, c'est si bien !

Le bal débutait avec plusieurs incursions de part et d'autre et un jeu assez enlevé, ponctué de multiples démarrages intéressants et tentatives souvent bloquées par la défense. Pourtant, après cinq bonnes premières minutes qui voyaient les Haut-Alpins produire plusieurs séquences d'attaque-défense de bonne facture, en particulier  grâce à un premier jeu de puissance, Gap avait un coup de moins bien et les incursions grenobloises produites, la plupart du temps, par les patineurs rapides que l'on connaît se faisaient plus insistantes.

A 8'06, une pénalité différée pour Grenoble, alors que les Brûleurs poussaient à leur tour en zone adverse, paraissait affecter Gap qui se relâchait quelque peu, permettant à Ouimet, meilleur joueur isérois ce soir, de déborder son défenseur depuis l'aile pour adresser un centre limpide à Sivic qui reprenait facilement en cage vide pour l'ouverture du score. (1-0)

On pouvait alors penser voir Grenoble s'affirmer quelque peu dans la rencontre mais le débat s'équilibrait et les Rapaces se créaient même plusieurs occasions, dont une par Rambousek qui voyait son palet dévié péniblement par Raibon une minute plus tard .

Paraissant tout de même plus actifs car bénéficiant d'une plus grande profondeur de banc et d'éléments rapides en nombre, les Brûleurs trouvaient pourtant Zacharias sur leur route et ne parvenaient donc pas à conclure malgré quelques centres et décalages significatifs. En face, Gap répondait bien et sollicitait Raibon à plusieurs reprises, avec en particulier des slaps lointains.

La fin de cette période, enlevée et agréable à suivre, laissait un goût d'inachevé aux spectateurs qui ne pouvaient que constater que Grenoble avait bien gâché bon nombre d'occasions en menant d'une seule longueur.

 

La Carapace de Zacharias passe un Gap difficile

La seconde période, beaucoup moins enlevée et inspirée que la première, laisse entrevoir deux équipes assez fatiguées (de quoi me direz-vous ?) qui vont collectionner approximations défensives et offensives, avec de nombreux dégagements interdits, hors-jeux, et revirements à rythme continu, bref tout ce qu'il faut pour commencer à s'ennuyer ferme, surtout après 20 premières minutes de qualité.

Une absence d'intensité évidente (une seule pénalité sifflée sur tout la période sans que l'on puisse dire que les deux arbitres aient laissé passer grand-chose), va conduire à plusieurs occasions peu significatives de part et d'autre en début de période, avant que l'absence de replacements défensifs et des changements approximatifs accouchent même  de breaks plein centre (oui, en général c'est l'ailier opposé, pour vous dire la vitesse des deux bancs lors de certains changements!). Gap paraît ici payer un effectif un peu limité devant comme derrière, tandis que Grenoble utilise à outrance plusieurs joueurs dont l'efficacité ne saute pas aux yeux ce soir, sans doute au détriment de quelques jeunes qui cirent le banc et qui pourraient dynamiser certains temps de jeu franchement médiocres ce soir.

C'est pourtant Gap qui va trouver le moyen d'égaliser avec à 25'38 un nouveau temps fort des visiteurs sous forme d'attaque défense, avec Cornaire qui sert depuis l'arrière de la cage son compère Suchanek qui, totalement seul, a le temps d'ajuster pour envoyer un lancer croisé juste sous la barre, le genre de but qui généralement laisse le responsable  sur le banc pour un moment. (1-1)

L'absence de réveil des Grenoblois et l'impression que les deux équipes temporisent rend le reste de la période propice à la mastication vespérale, avec un seul jeu de puissance grenoblois qui trouve Zacharias sur sa route. Le sentiment que les Grenoblois pouvaient et devaient enfoncer le clou avec un peu plus de réalisme et d'envie reste dominant à la seconde pause.

Photographe Jean Christophe Salomé

Gap prend l'avantage

Rapace-moi le palet, Tekel, on est pas mal Palotie !

Alors que l'on espère voir une troisième période plus proche de la première que de la seconde, l'impression du public est que Grenoble va scorer à nouveau pour décrocher définitivement une vaillante équipe gapençaise, mais qui est tout de même assez largement dominée au nombre de lancers (50 contre 28 au final pour Grenoble).

Impression confirmée avec Rambousek, pris par la patrouille, et un jeu de puissance qui va permettre aux Brûleurs de repasser devant. A 47"43, Amar slappe à la bleue et son palet repoussé est repris par l'opportuniste Ouimet qui inscrit son doublé de belle manière. (2-1)

A ce moment de la rencontre, on peut penser que Grenoble a repris l'initiative, pardon le momentum, et va finir plus fort en jouant sur la rapidité et sa profondeur de banc. Pourtant, comme trop souvent cette saison, les Brûleurs vont se mettre en danger seuls après avoir étés inGapables de se mettre à l'abri.

Une première pénalité à Rouleau pour retard de jeu voit Gap peiner à trouver des solutions, sinon par des slaps des arrières que semblent délaisser quelque peu l'équipe spéciale de box play des Brûleurs qui se concentrent davantage sur les intervalles devant la cage. Choix défendable sauf que l'on a, à Gap, deux blueliners avec Tekel et Kudrna qui ont mis quelques cartouches significatives à cette distance.

Pourtant Grenoble s'en sort jusqu'à une crosse levée devant la cage adverse par Raibon et qui touche un adversaire en plein visage à la volée, involontaire mais lourd de conséquence avec un 2+2 à 55'14 justifié par l'ampleur du coup et un saignement au visage.

Gap va alors pousser avec énergie et trouver une première fois la faille par Palotie à 56'26 avec un modèle de lancer en angle totalement fermé sur le gardien, le palet qui rebondit sur le flanc de Raibon pour entrer ensuite dans la cage, un but qui sera le seul ce soir à engager quelque peu la responsabilité du gardien grenoblois. (2-2)

Toujours en infériorité numérique, Grenoble va alors voir sa soirée virer au cauchemar avec une nouvelle réalisation gapençaise de fort belle facture. Moins d'une minute après, Tekel va être servi une nouvelle fois par Paradis, et il va avoir le temps de décocher un missile qui trouve la lucarne grenobloise et provoque la consternation dans Pôle-Sud à 56'59. (2-3)

Malgré la sortie de Raibon, l'affaire en reste là et les visiteurs peuvent sauter de joie à la sirène en signant une victoire inattendue mais pas du tout scandaleuse en suivant l'adage que dominer aux tirs n'est pas Gapgner.

 

Photographe Jean Christophe Salomé

Avant les aGapes!

  Les détails qui font la différence !

Avec un banc sans doute moins riche que celui des Isérois, Gap n'a pas volé sa victoire et a su profiter de certaines faiblesses grenobloises pour arracher un succès important pour respirer hors de la zone dangereuse du playdown avec 4 points sur Villard-de-Lans. Ballotés lors de la première période, Gap a pu compter sur un solide gardien, Zacharias, sans doute quelque peu sous-évalué en Magnus actuellement, ainsi qu'une défensive correcte. Offensivement, l'impression laissée est sans doute plus mitigée avec de très bons joueurs comme André, Paradis, Campbell ou encore Charette, mais sans doute un peu juste avec un Rambousek que l'on a vu plus présent par le passé.

Cependant, la force de Gap est de n'avoir jamais laissé tomber, et d'avoir su prendre sa chance au bon moment. Une équipe qui semble toutefois gérer ses rencontres avec pas mal d'amplitude entre ses temps forts (qui le sont vraiment) et temps faibles (parfois vraiment proches du coup de bambou) plus marqués que bien d'autres équipes. Avec une saison difficile et des déplacements à Marseille en attendant la nouvelle glace, Gap a sans doute ce soir écarté durablement le playdown, et réalise vraiment une superbe opération comptable, avec en plus le scénario à suspense qui marque les acteurs qui le gagnent.

Grenoble a perdu, coup d'arrêt dans un retour aux affaires 2012 très intéressant, et il ne faut pas non plus exagérer l'importance d'un tels revers à domicile, cependant, plusieurs points négatifs sont à considérer.

Le premier est qu'avec tout le respect que l'on doit à l'adversaire, il s'est présenté en étant 12ème de Magnus, avec un nombre de buts contre assez conséquent (80), et qu'il pouvait logiquement faire partie du tableau de chasse des Grenoblois.

Le second est que même si Zacharias a été bon, il n'a pas été grand, nous voulons dire par la que ne pas inscrire plus de deux buts avec 50 lancers questionne quelque peu sur l'efficacité grenobloise, surtout quand on voit une seconde période bien difficile et une troisième guère meilleure.

Le troisième enfin, pour nous le plus grave tourne autour d'interrogations qui concernent à la fois la répartition de temps de glace et le suivi de certaines données tactiques de l'autre. Expliquons-nous.

On a vu ce soir une équipe grenobloise qui semblait par moment fatiguée, essoufflée, particulièrement en seconde période. Dès lors que l'on considère qu'il ne s'agit pas de problèmes de récupération, ce qui à deux matchs par semaine serait un comble, on doit bien considérer l'utilisation des joueurs. Le principe en hockey est pour le coach de comprendre, généralement dès la première période, quels sont les éléments en forme, les plus efficaces, et de les utiliser au mieux, au détriment d'autres moins à l'aise, ce qui peut changer d'une rencontre à l'autre bien naturellement. Le problème est quand on va trop utiliser les meilleurs, mais également envoyer trop souvent des joueurs dont l'apport du moment est contestable. Enfin, si certains couvent le banc alors qu'ils mériteraient davantage de temps de glace, le déséquilibre devient plus important.

Le problème est que Grenoble paraît pécher dans les trois catégories.

Des joueurs comme Aquino (qui manque encore de souffle après sa blessure, c'est lui qui le dit, pas nous), Ouimet, sont de bons exemples de très bons éléments dont il faudrait quelque peu doser les efforts. Mieux choisir les apparitions, en particulier en fin de tiers quand l'adversaire est fatigué...

D'autres, comme Arrossamena et Tartari (qui ont eu plus de temps de glace qu'Avenel et Le Blond d'où le choix de les citer en priorité par rapport aux deux autres), n'en ont-ils pas trop vu leurs rendements ce soir?

Enfin, les Colotti et Benoît ne peuvent-ils pas soulager l'échec-avant grenoblois et effectuer des passages pour dynamiser un trio au moment opportun ? Etaient-ils ce soir vraiment très inférieurs aux noms de la catégorie précédente ? Chacun aura sa réponse, nous avons la nôtre...

Dans le même sens, tactiquement, Grenoble perd sur des détails qui n'en sont plus à ce niveau avec un premier but concédé sur le placement d'un arrière totalement absent et, un troisième, sur le fait de laisser Tekel dégainer à la bleue alors qu'on a eu toute la rencontre pour repérer le danger qu'il représente, si tant est que l'on ait jamais joué contre lui et que, sans forcément aller plonger devant surtout en infériorité numérique, on peut au moins contrarier l'exécution en patinant vers lui et en bloquant une partie des trajectoires.

Il convient donc pour conclure de souligner que les progrès incontestables des Brûleurs depuis la reprise doivent s'accompagner également d'une plus grande vigilance tactique et, sans doute, d'une stratégie en peu plus aboutie en matière de présences sur la glace, sous peine de voir s'accumuler des temps faibles et approximations qui peuvent se payer cash comme ce soir.