L’Iceberg, une fois encore rempli à capacité, est le théâtre de la rencontre très attendue entre l’Étoile Noire de Strasbourg et les Dragons de Rouen. Ce match fait écho à la finale de l’année dernière, remportée en 3 manches par les Dragons. Confirmant une fois encore leur forme, ils caracolent en tête du classement, alors que les Strasbourgeois peinent à émerger du milieu de classement, où la compétition est rude. Lors de leur dernière rencontre, en octobre dernier, l’Étoile s’était imposée, en prolongations, pour la première fois de l’histoire du club. Peu importe l’issue de ce match, il promet d’être savoureux, entre deux équipes qui ne se feront aucune concession.
Arbitres : Mr Bliek assisté de Melle Boniface et de Mr Courgeon
Buts : Strasbourg : 25.50 David Brissette Cayer (ass Timo Kuuluvainen et David Striz) ; 48.09 Michal Cesnek (ass Timo Kuuluvainen) ; 48.31 Blake Gallagher (ass Edouard Dufournet) ; 49.34 Blake Gallagher ; 59.27 Blake Gallagher (ass Edouard Dufournet et Hugues Cruchandeau) Rouen : ; 49.14 Jean-Philippe Paré (ass Anthony Rech et Antonin Manavian)
Pénalités
8 minutes contre Strasbourg
34 minutes dont 10 à Thinel et Desrosiers contre Rouen
Photographe : Christophe Moreau
Déception Rouennaise
Gardiens en jeu :
Strasbourg : Vladimir Hiadlovsky
Rouen : Fabrice Lhenry
La formation strasbourgeoise monte sur la glace alors qu’elle est encore privée de Pasi Petrilainen et de Pierre Bougé. Le Finlandais ne rejouera plus cette saison, alors que le Français reviendra mi-février, ou en tout cas à temps pour les playoffs. Côté Rouennais, aucun blessé n’est à déplorer, mais un gros match les attend dimanche, en finale de coupe de France, et le stratège, Rodolphe Garnier, souhaite emmener une équipe sans blessé à Bercy.
Desrosiers signe la première escarmouche de la rencontre, d’une feinte rondement menée devant le portier adverse, mais il ne parvient pas à convertir ce geste. Il est rapidement imité par Dufournet, qui, en réponse à cette fronde, signe un lancer remarquable depuis le slot, servi par Tarantino. Le ton est donné : le match sera joué à la rapidité, à la finesse et au talent, sans aucun cadeau. Comme souvent lorsque ces deux équipes se rencontrent, le jeu offert aux yeux avides du public est délicieux, tant les actions sont bien ficelées. Les tribunes ne s’y trompent pas, et l’ambiance est enflammée. L’Étoile Noire fait partie de ces équipes qui se révèlent lors des grosses rencontres : la défaite cuisante de samedi, face à la lanterne rouge, fait place à un match enlevé, face au leader du classement.
Desrosiers récidive lorsqu’il reçoit le palet droit devant le but, sans aucun défenseur devant lui. Hiadlovsky sauve ce palet in extremis, rachetant sa défense battue. À la 13ème minute, alors que le score est encore vierge en dépit du match enjoué et rapide, les Dragons changent de gardien. Lhenry laisse les filets à la charge d’Ylonen, vraisemblablement à la suite d’une blessure musculaire de bien mauvais augure.
La première pénalité est rouennaise, ce qui implique que la première supériorité revient à l’équipe locale. Néanmoins, l’élaboration du jeu est très laborieuse : l’Étoile ne parvient pas à s’installer en attaque, perd les palets trop régulièrement et la défense rouennaise fait le reste. En conséquence, aucun tir n’est décoché pendant cette supériorité.
Les remontées rouennaises sont assassines. Alors que l’attaque strasbourgeoise parvient à construire offensivement, les attaques rouennaises prennent racine au fond de leur zone pour remonter la longueur de la patinoire en quelques secondes, avec une rapidité surprenante. Dans un style similaire, Dufournet fait encore des siennes. Il remonte la patinoire à pleine vitesse pour venir buter 2 fois contre le gardien. Ylonen, au sol, parvient néanmoins à arrêter un troisième tir de Gallagher, venu récupérer le palet. Les deux compères signent ici la meilleure occasion de Strasbourg, mais le portier tient son but avec ardeur et le score reste nul à première pause.
Face-offs : 3 - 12
Tirs : 9 - 13
Photographe : Christophe Moreau
Une confrontation musclée
Le tiers médian commence moins brillamment pour Rouen, qui subit visiblement un coup de moins bien. Leurs présences sont moins appuyées, leur jeu est moins rapide. Même dans ces conditions, ils parviennent tout de même à inscrire plusieurs tirs, que Hiadlovsky dévie à chaque fois. Le gardien laisse parfois des rebonds dangereux mais sa défense couvre ses arrières et récupère les palets vagabonds.
À la 5ème minute, c’est le réveil de l’Étoile. Dufournet, décidément dans un grand jour, fait un gros lancer, rapidement suivi par plusieurs occasions de ses collègues, mais chaque fois Ylonen est sur le coup. L’Étoile Noire est alors aidée par une supériorité numérique. Ce domaine avait connu quelques ratés dans les derniers matchs, mais ce soir, les Strasbourgeois ne sont font pas prier : seulement 14 secondes d’avantage suffisent à Cayer pour envoyer une patate en direction des filets. Kuuluvainen, bien campé devant le gardien, masque la vue à ce dernier et dévie le palet qui file au fond de la cage (1-0, 25’50). Après 25 minutes de jeu égal à flux tendu, l’explosion de joie strasbourgeoise est à la hauteur du soulagement que cela représente.
Mais rien n’est encore joué, car ce but secoue les Dragons. Ils passent la vitesse supérieure, tant techniquement que physiquement, déclenchant de ce fait quelques conversations musclées. Une faute strasbourgeoise leur donne en plus l’avantage numérique, qu’ils savent habituellement manier avec génie, sans pourtant trouver le succès escompté cette fois-ci. Desrosiers (encore lui) inscrit pourtant un tir ravageur, alors que le gardien est battu, mais Cruchandeau bondit et stoppe le tir, sauvant son équipe de l’égalisation. À son image, c’est toute la défense strasbourgeoise qui se met en branle, acharnée, et qui réduit à néant l’avantage numérique des Rouennais.
Au-delà d’une défense solide, l’équipe locale se distingue en répondant coup pour coup à chaque occasion et chaque tir adverse. Loin d’être débordés, les Strasbourgeois viennent s’installer durablement autours des cages des Dragons, menaçant d’alourdir le score à plusieurs reprises.
Lors d’un changement, la formation du coach Garnier monte à 6 sur la glace et récolte logiquement une pénalité. La confusion est totale lorsque, avec un joueur sur le banc, les Rouennais sont encore 6 à l’engagement. L’équipe des Dragons n’a pourtant pas pour habitude de s’emmêler les pinceaux. Peut-être est-ce un signe de fébrilité dans les rangs des visiteurs.
Face-offs : 7 - 10
Tirs : 9 - 9
Photographe : Christophe Moreau
Gallagher signe un hat-trick
C’est Strasbourg qui ouvre la dernière période en grandes pompes, s’installant rapidement et longuement devant les filets des Dragons. C’est par la crosse de Gallagher, deux fois, que le gardien adverse est mis à l’épreuve. Les Rouennais étouffent ! Dans les cinq premières minutes, le palet ne quitte presque pas la zone des Dragons. Et lorsqu’ils arrivent à l’en faire sortir, une interception strasbourgeoise le ramène illico presto en direction des buts.
À la 6ème minute, le duo canado-slovaque Cayer/Cibula, qui a tellement brillé lors des playoffs l’an passé, s’empare du palet en zone neutre pour bluffer le seul défenseur restant. Ylonen fait bien son travail et bloque le tir, mais l’occasion est belle. Elle est d’ailleurs suivie d’une autre occasion, de Gallagher cette fois, puis d’un tir de la bleue, de Mallette. Décidément, le fait de rencontrer des grosses équipes sublime le talent de la formation alsacienne. La preuve en est faite par Cibula, à nouveau. En remontant le long de la bande, à droite, il fait un travail remarquable dans son entrée de zone lorsqu’il traverse deux défenseurs. Il n’a plus qu’à servir un Cesnek esseulé qui transforme l’essai (2-0, 48’09).
Directement derrière, l’Étoile Noire profite une fois encore de l’abattement rouennais. Une action similaire mais avec d’autres acteurs : sur un centre de Dufournet, c’est cette fois Gallagher qui met le palet au fond. (3-0, 48’31).
Loin de laisser filer le match, et avec la rage au ventre, les Rouennais se réveillent. Sur une remontée fulgurante de Rech, le palet parvient à Paré. Ce dernier, seul face au gardien, envoie un missile pour refaire une partie du retard (3-1, 49’14).
Les buts pleuvent, tout peut arriver, les Dragons ne baissent pas les armes et tout va très vite. Alors que l’avance strasbourgeoise a baissé d’une unité, Gallagher y remédie dans la minute : le Canadien décoche un tir de loin, le gardien a pleine visibilité et l’arrête, mais perd l’équilibre. Le palet trouve un moyen de se faufiler et vient lentement passer la ligne de but (4-1, 49’34). Si le but est un peu chanceux, le placement de Gallagher est bien le résultat de son slalom acrobatique à travers la défense rouennaise, qui semble aux abois.
À ce moment du match, une ambiance de folie règne dans la patinoire. Jamais Rouen n’avait été vaincu à l’Iceberg, et seulement 10 minutes séparent l’Étoile Noire de cet exploit. Au-delà de défendre et d’assurer la victoire, la formation strasbourgeoise monte régulièrement titiller la défense adverse. Ils vont même se procurer quelques occasions incisives, comme ce palet qui vient longer la ligne de but sur toute sa longueur, sans toutefois se décider à rentrer.
En supériorité des Dragons, la défense bétonne et ne prend pas de risque, en dégageant le palet à plusieurs reprises. La nervosité et la tension gagnent les rangs des Dragons. Thinel s'énerve et se met à la boxe avec Young. Cumulé avec un trébucher de Werenka, Rouen finit son match à 3 contre 5. En double supériorité, Gallagher vient inscrire un petit dernier, servi avec précision par Dufournet. Le Canadien signe par là un hat-trick spectaculaire (5-1, 59’27). La patinoire est en délire, le moment est historique.
Dans les dernières secondes, les Dragons laissent éclater leur frustration. Desrosiers est chassé pour attitude anti-sportive après avoir pesté contre un arbitre lors d’un engagement.
Les joueurs de l’Étoile Noire exultent et célèbrent cette victoire comme s’il s’agissait d’une finale !
Face-Offs : 12 - 10
Tirs : 14 - 8 L’équipe de Strasbourg remporte donc la série "aller-retour" face aux Dragons et empoche 4 points dans la saison, là où elle n’avait jamais engrangé le moindre point auparavant. Il est probable que les têtes draconiques étaient déjà à Bercy, mais l’Étoile Noire a fourni ce soir un des plus beaux matchs (ou peut-être le plus beau) de la saison. La défense a été calme et posée, et elle a su déjouer les assauts, pourtant foudroyants, des Rouennais. À 5 matchs et moins d’un mois des playoffs, la formation strasbourgeoise semble être passée un cran au-dessus, et elle fait surtout oublier les tristes prestations des semaines passées.
Pour les Rouennais, la défaite est cuisante. Même s’ils doivent rester concentrés pour la finale qui les attend dimanche, ils ont beaucoup donné dans cette bataille, en particulier dans les deux premiers tiers-temps, avant de s’écrouler dans le dernier.
Pour Strasbourg, cette victoire donne une bouffée d’air frais, dans la bataille à égalité du milieu du tableau. Mais bien au-delà du calcul de points et de place au classement, c’est avec une réelle fierté que les Strasbourgeois remportent ces deux matchs clés, comme une preuve du talent qu’ils sont capables de déployer.
Réactions de Lionel Tarantino :
«On n’est pas surpris, on fait notre match. On donne une réponse par rapport à samedi dernier où on était un peu ridicule. On peut prendre ça comme un match référence. On a bien conscience qu’il faut de toute façon gagner contre n’importe quelle équipe.»
Réactions de Daniel Bourdages :
«On est lent à démarrer, mais on fait un bon match, c’est certain. Rouen avait surement la tête dans la finale de coupe de France de dimanche, mais ce sont eux qui demandent à jouer jeudi, donc on suppose qu’ils étaient prêts. (...) Rouen a voulu faire trop vite pour revenir, ils ont laissé des brèches. Je ne sais pas si c’est le déclic, j’espère que oui. On engrange 4 points contre Rouen alors qu’on ne les avait jamais battus avant.»