L'affiche de la soirée s'annonçait délicate pour des Grenoblois qui restaient sur plusieurs revers consécutifs et allaient devoir se passer des services de 5 joueurs car, outre les deux blessés habituels à savoir Aquino et Amar, le second pouvant revenir très prochainement selon le staff, les Isérois devaient ajouter Suzzarini (cheville, retour la semaine prochaine), Baylacq (virus, retour la semaine prochaine), et enfin Desrosiers dont nous avions pu voir la blessure à la main lors de la rencontre du mardi précédent face à Gap (opération de la main et repos forcé d'environ trois semaines-un mois normalement).
A noter également l'apparition pour la première fois à Pôle-Sud de Monsieur Garbay, l'arbitre en charge de la rencontre.
| Photographe Laurent Lardière | Troisième but de Chamonix | Un spectacle enlevé et deux équipes proches l'une de l'autre.
Le début de rencontre va montrer les deux équipes à l'attaque, avec des Chamoniards qui justifient pleinement leur actuel classement. Vifs, rapides, jouant au hockey et visiblement en pleine confiance, les Chamois vont proposer un hockey de mouvement très agréable à suivre. Disons-le clairement, c'est depuis le début de la saison la formation qui nous aura laissé le meilleur souvenir en terme de qualité de jeu. Et Grenoble me direz-vous ? Les Brûleurs vont tenir la dragée haute aux Hauts-Savoyards, avec un réel souci de bien faire et des enchaînements mieux conduits que lors des rencontres précédentes. Certes, tout n'est pas parfait, mais on va voir des sorties de zone propres et des lancers aussi nombreux que ceux de l'adversaire du soir. Mieux encore, cette qualité va se conserver après la dixième minute et ceci contrairement à la rencontre face à Gap.
Pourtant, deux pénalités de Ouimet et de Steiner vont offrir sucessivement deux jeux de puissance aux visiteurs qui vont, encore une fois, nous montrer qu'ils ne sont pas leaders de la Magnus pour rien avec une fort belle circulation de palet et des frappes dangereuses dont une sur la transversale d'un Quemener battu.
Mais Grenoble survit à ces épisodes et remet ça, Sivic et Ouimet se créant plusieurs occasions à la suite de déboulés spectaculaires mais pas vraiment efficaces. Plusieurs slaps violents à la bleue sont repoussés parfois avec difficulté par un Hardy qui relâche trop, ce qui manque de lui coûter un but à 6"25 sur une frappe de Rouleau dans l'axe.
La seconde partie de la période voit Grenoble insister avec des attaquants plus incisifs que sur les rencontres précédentes à l'image de Tartari ou encore d'Avenel et le Blond.
Pourtant, le signe indien va encore frapper car tandis qu'Arrossamena reprend face au gardien et manque la lucarne de bien peu à 14"25, Chamonix profite d'une erreur de replacement de la défense grenobloise pour ouvrir le score.
A 15"01, Patry orchestre un contre et trouve Charland qui frappe bas en angle pour tromper Quemener. (0-1)
Chamonix s'en sort bien sur cette période, car même si les Chamois avaient fait tinter une transversale en début de rencontre, on ne peut pas dire que les Isérois n'aient pas rendu coup pour coup, à l'image de cette dernière occasion de Sivic qui trouve l'équerre à 17"46.
Si l'on considère le niveau de jeu proposé par rapport aux précédentes prestations à Pôle-Sud, reconnaissons que Grenoble rend une copie moins mauvaise que les précédentes. Seul problème, Chamonix est devant et paraît dérouler sereinement son jeu.
| Photographe Jean-Christophe Salomé | Raibon dit non | Des buts et du spectacle
Le retour du vestiaire voit Grenoble bombarder Hardy, et l'on sent que les Brûleurs sont susceptibles de recoller au score. Pourtant, une erreur défensive va encore coûter cher.
Lambert, sans doute le meilleur attaquant ce soir sur la glace de Pôle-Sud, récupère un palet en zone neutre et accélère pour se débarasser du défenseur qui passe à travers. Le Chamoniard s'en va alors gentiment battre Quemener d'un petit droite gauche pour doubler la mise et enfoncer Grenoble à 22"36. (0-2)
Les minutes suivantes voient la machine haut-savoyarde s'employer à creuser l'affaire, et Quemener s'en sort bien en se couchant sur un palet repris juste devant sa cage après un beau service d'un attaquant chamoniard situé derrière lui à 24"17.
Grenoble tente de revenir et pousse, mais l'absence de repli défensif et les prises de risques trop importantes de certains arrières grenoblois vont se payer cher.
Après une remontée de palet de Ouimet ponctuée d'un énième tir sans danger sur la cage d'Hardy, deux Chamoniards contrent des Grenoblois et c'est Kara qui trompe Quemener à 25"44 avec plusieurs Grenoblois au sol devant leur cage. (0-3)
On décide alors à Grenoble de changer de gardien, ce qui va s'avérer payant pour la suite de la rencontre, sans que l'on puisse dire que Quemener ait été très mauvais sur les trois buts encaissés, mais sans qu'il ait su non plus limiter la casse.
Grenoble paraît alors vaciller tandis que Chamonix, virvoltant et précis, poursuit sa très belle prestation. On ne peut à ce moment de la rencontre donner cher des Grenoblois qui vont pourtant se réveiller dans des circonstances particulières.
A 28"51, Ouimet à l'attaque échoue sur le gardien sans avoir donné l'impression de toucher Hardy de sa crosse, ni d'avoir donné un coup aux adversaires. A genou au terme de son effort, il est alors victime d'une agression de Korenko qui lui saute dessus et tente de le frapper. Plusieurs Grenoblois volent alors à son secours et des coups sont échangés avec des Chamoniards qui protègent leur joueur en plein combat. Un sentiment d'injustice gagne les Grenoblois, réveillés par cet épisode, d'autant que Monsieur Garbay laisse ses deux juges de lignes s'impliquer logiquement dans les duels périphériques sans aller tenter lui-même de séparer les deux joueurs aux gabarits assez dissemblables.
Dans une rencontre que certains pourront juger trop peu engagée jusqu'ici avec assez peu de charges, les Grenoblois disposent clairement d'une équipe plus athlétique que Chamonix et peuvent utiliser cet argument sur les attaquants adverses souvent de petite taille (nous parlons de charges réglementaires et qui font partie du hockey).
Monsieur Garbay va donner 2 + 10 à Korenko alors que ce dernier méritait la pénalité de match car, outre l'agression elle-même, il a par la suite jeté ses gants, l'épisode ayant pour mérite de motiver les Grenoblois
En infériorité numérique après une faute de Tartari, c'est Ouimet qui va contourner la cage adverse pour tromper Hardy et réduire le score à 29"17. (1-3)
Toujours énervés par l'épisode précédent, les Grenoblois vont attaquer et pousser Chamonix à deux fautes évitables mais, malgré plusieurs phases très dangereuses devant la cage d'Hardy, ils ne parviendront pas à trouver la faille.
Cependant, à nouveau à égalité numérique, Grenoble va revenir une fois encore après un bon travail en vitesse de Le Blond à 36"40 qui voit son palet repoussé par Hardy sur la palette de Tartari qui marque. (2-3) Un but qui ne sera pas contesté par Chamonix mais sur lequel on peut avoir de sérieux doutes, les ralentis de nos amis de Télégrenoble montrant un palet qui arrive sur le poteau droit et reste comme scotché au ras de la ligne.
Grenoble finit donc plus fort, mais plus rien ne sera marqué durant cette période singulière, qui aura vu tout à la fois Grenoble commencer à couler avant de rebondir de belle manière.
Coup pour coup
La dernière période sera une nouvelle fois fort agréable à suivre, avec deux équipes engagées, ce qui n'échappe pas au public que l'on entendra davantage que lors des rencontres précédentes.
Grenoble va pousser et se montrer très dangereux lors d'un jeu de puissance, avant de concéder une pénalité évitable de Dusseau.
Et c'est Chamonix qui va trouver la faille en jeu de puissance à 45"17 avec un Lauzon qui lance et Lambert qui reprend pour compter, un but qui fait très mal à des Grenoblois que l'on sentait capables de recoller au score. (2-4)
Alors que l'on sent Chamonix un peu fatigué, Grenoble va commettre plusieurs fautes évitables à l'image d'une charge inutile de Rouleau qui le conduira logiquement 10 minutes en prison.
Plusieurs pénalités de part et d'autre vont multiplier des jeux de puissance dangereux, Grenoble manquant de réduire le score à plusieurs reprises après des luttes féroces devant Hardy.
Dusseau, repris à deux reprises par la patrouille, va pénaliser lourdement son équipe, sachant qu'à sa décharge l'une des deux fautes sifflées n'était clairement évidente pour personne. Dans cette rencontre, les joueurs présentant un gabarit au-dessus de la moyenne et produisant des charges tout à fait correctes se sont vu sanctionner à plusieurs reprises de manière discutable. Que l'on accuse Dusseau de commettre trop de fautes, on aura raison, mais quand le jeune Grenoblois envoie au sol à la régulière d'un coup d'épaule le possesseur du palet adverse, action anodine pour n'importe quelle ligue européenne sérieuse, et qu'il se voit pénalisé de deux minutes, nous ne sommes pas d'accord.
Toujours est-t'il que malgré ces pénalités, Grenoble va inscrire un nouveau but en infériorité numérique à 52"43 par Colotti qui pousse dedans au coeur d'une nouvelle mêlée devant le gardien chamoniard. (3-4)
Pourtant, sanctionné juste après son but de deux minutes, Colotti puis Dusseau dans les circonstances évoquées plus haut vont compliquer la tâche de Grenoble et la sortie de Raibon dans les dernières secondes ne donnera rien.
| Photographe Laurent Lardière | Joris Bedin à la lutte | Ce que l'on en pense
Chamonix a une bien belle équipe, qui a proposé à Pôle Sud un jeu de très belle qualité. Rapides, précis, les joueurs de Stéphane Gros possédent le jeu de puissance le plus efficace et construit que l'on ait vu jusqu'ici, avec également des qualités de finition qui justifient pleinement leur très bon classement. Une équipe que l'on devrait revoir en Coupe de France, ce qui avouons-le sera un plaisir même si les deux équipes pouvaient espérer un tirage au sort plus clément. Difficile dans ce contexte de mettre en avant tel ou tel joueur, sachant que c'est Lambert et Lauzon qui ont fait la plus forte impression en attaque ce soir. Si bémol il y a, on le verra dans la prestation d'un Hardy qui relâche un peu trop les palets, ainsi que dans l'énervement de certains joueurs comme Korenko qui a donné une source de motivation aux Grenoblois alors qu'ils semblaient incapables de répondre à la belle machine chamoniarde. Des Chamois dont on aurait envie de dire que leur principale faiblesse sur cette rencontre a bien été eux-mêmes, car ils avaient à 3-0 une route bien dégagée sur laquelle il était bien inutile de s'énerver. Chamonix pourrait-il être le Strasbourg de la saison dernière, c'est-à-dire aller loin, très loin en Magnus? Oui incontestablement, et c'est tout le mal que l'on peut souhaiter à Stéphane Gros, un entraîneur dont les équipes jouent au hockey avec un réel fond de jeu.
Grenoble a perdu, c'est vrai, mais il y a incontestablement du mieux, et les lecteurs qui auront encore en mémoire nos articles après Strasbourg et Gap devront bien reconnaître que nous n'avions pas ménagé les Brûleurs dans ces circonstances et que le spectacle proposé ce soir était différent. On peut en effet considérer que les Isérois ont montré davantage ce soir face à ce qui est sans doute la meilleure équipe vue à Pôle-Sud cette saison. Ajoutons également les 5 absents au tableau.
Volontaires, se créant de très nombreuses occasions, sachant mieux négocier leurs changements de ligne ainsi que les sorties de zone, les joueurs de coach Dufour paraissent sur la bonne voie, même s'il leur reste encore de nombreux points à améliorer avec en particulier cet individualisme toujours assez pénible chez certains attaquants à l'exemple d'un Ouimet qui marque certes, mais qui oublie de servir des partenaires totalement seuls à plus d'une occasion. Côté défensif, la propension aux fautes stupides coûte également très cher, tout comme les quelques replacements bien trop tardifs entrevus ce soir à l'image d'un Dufresne pas franchement dans son assiette ce soir.
Après un échange avec Jean-François Dufour, nous allons très rapidement proposer à la suite de cet article plusieurs interviews grenobloises qui devraient donner des éléments sur la situation de l'équipe.
Au final, il faut souligner que, même si le résultat n'était pas au rendez-vous ce soir, il y a du mieux et ceci devrait encourager le public grenoblois à supporter son équipe ces prochaines semaines.
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