Après avoir concédé une première défaite sur sa glace la veille, Grenoble retrouvait son meilleur ennemi ce soir pour une seconde confrontation plus importante encore que la première. Disons-le clairement, les amateurs de hockey étaient unanimes à la fin de la joute pour juger la prestation très médiocre de part et d’autre avec un rythme, vitesse et fond de jeu bien en deça de ce que l’on peut attendre de deux prétendants au titre et accessoirement plus gros budgets du hockey français. Si certains talents individuels ont éclairé la soirée, le suspense, lui, s’est trouvé maintenu par une incapacité conjointe à tuer la rencontre malgré de multiples occasions de chaque côté.
|
Photographe Laurent Lardière |
|
Action/ réaction déviation Bisaillon
Le début de rencontre voit S. Treille faire tinter le poteau de Mustukovs qui résonne à nouveau sur une nouvelle tentative des visiteurs une seconde plus tard.
Rouen, qui paraît un tantinet plus organisé que Grenoble, voit son élan stoppé par une première pénalité qui ne donne aucun travail à Sabourin.
En revanche, et comme la veille, ce sont les visiteurs qui ne vont pas laisser passer l’occasion sur leur premier jeu de puissance à 7’49. Un lancer assez anodin à la bleue est dévié par Labelle et trouve la lucarne de Mustukovs qui ouvre le score de manière chanceuse. (0-1)
Les Grenoblois, qui paraissent très en dedans, peinent à relancer correctement, et la défensive rouennaise parvient à compenser sa lenteur globale par un placement sérieux à mi-glace avec des trappes souvent efficaces.
De multiples pénalités de part et d’autre conduisent à une fin de période assez heurtée, avec les Normands qui semblent s’endormir offensivement.
Deux pénalités de Rouen coup sur coup à 14’01 et 15’15 voient Grenoble pousser et Sabourin bien s’en sortir sur une cage qui bouge au bon moment pour lui à 15’19, une spécialité de l’excellent gardien rouennais déjà entrevue cette saison à Grenoble mais dont il usera avec modération par la suite.
Cependant, alors que la pause approche, Grenoble, plus insistant que Rouen sur les dernières minutes, va être récompensé de ses efforts avec Bisaillon qui trompe la défense depuis la bleue avec un palet qui semble dévié à défaut d’être puissant à 17’08. (1-1)
Après une tentative d’Arnaud, bien lancé pour une fois, mais qui échoue sur Sabourin à 19’20, le score ne bouge plus et souligne logiquement un certain équilibre dans une rencontre assez brouillonne.
Tirs 12/5 Grenoble
Engagements : 15/11 Grenoble
Sabourin ne lâche rien malgré le vaurien bourrin
La reprise voit un faux rythme qui va bientôt s’accompagner de grosses approximations de part et d’autre, avec des changements volants parfois tardifs, des passes dans le vide car le coéquipier n’est pas arrivé ou est allé ailleurs, ou encore de multiples temporisations dans une rencontre qui se dispute déjà sur un rythme très en-dessous de la norme en play-offs.
Une nouvelle faute évitable de Harty à 22’ voit les Dragons s’endormir offensivement et se faire contrer par Arnaud qui est stoppé au dernier moment par Konttinen, sans doute le meilleur défenseur ce soir à Rouen.
Pourtant, Rouen va parvenir à inscrire un but par Matheson qui lance à la bleue à 24’28 et voit son palet artistiquement passer entre les jambes de Mustukovs dont la responsabilité est malheureusement clairement engagée sur l’affaire. (1-2) Le gardien grenoblois joue-t-il partiellement blessé ? Il ne paraît pas être à l’aise sur ses appuis et ses temps de réaction, lorsqu’il doit utiliser ses genoux, rapidement paraissent plus lents qu’à l’habitude.
Les deux équipes, qui semblent parfois en manque d’air et dont le rythme est à la baisse, peinent conjointement à la relance mais, comme en première période, Grenoble va recoller avec un joli but dont on est tenté de dire qu’il est le premier de la rencontre.
A 29’24, Bouchard transmet à Milovanovic en zone neutre et ce dernier va fixer un défenseur avant de remettre à ce même Bouchard qui place le palet au ras du poteau pour une égalisation de qualité. (2-2)
Une nouvelle faute rouennaise à 30’20 donne un jeu de puissance dont Grenoble ne fera rien, avant que Dame-Malka ne soit logiquement sorti par les arbitres à 30’20, après ce que la vidéo de France 3, que nous remercions, montre bien comme un attentat sur Arnaud, avec une charge au visage coude en avant. Le Grenoblois se relève péniblement et pourra poursuivre la rencontre, ce qui n’excuse en rien le geste très dangereux d’un joueur multirécidiviste dont on se demande encore combien de temps l’encadrement rouennais va accepter les débordements ?
Dans une rencontre équilibrée, les Brûleurs se retrouvent donc avec 5’ de pénalité, de quoi largement prendre l’avantage et neutraliser la fin de période. Pourtant, les minutes suivantes vont montrer des Isérois bien limités en jeu de puissance, avec toutefois un Sabourin impérial qui se transforme en contorsionniste pour venir bloquer un palet bas au ras du poteau botte tendue, ou encore qui se couche en arrière sur un palet ainsi stoppé juste avant la ligne. Du grand art qui renvoie les deux équipes pour la seconde pose dos à dos.
Tirs 12/10 Grenoble
Engagements 11/11
|
Photographe Laurent Lardière |
|
Grâce à Thinel, mais lequel, on sort du tunnel ?
Grenoble s’active davantage que Rouen à la reprise avec plusieurs tirs mais les débats restent équilibrés. Toujours disputée sur un rythme lent, la rencontre montre quelques belles phases avec un slalom de Guenette à 48’,
avant que Grenoble ne parvienne enfin à prendre l’avantage, avec un bel échange du premier trio en jeu de mouvement qui voit Bouchard, de l’aile, servir Gauthier qui reprend victorieusement en cage entrouverte. (3-2)
Pourtant, Rouen, qui ne manque pas de chance depuis le début des débats,
va parvenir à égaliser avec un centre de Lamperier depuis l’aile qui est dévié assez étrangement par Perret dans ses filets à 50’33. (3-3)
Alors que la fatigue paraît gagner les deux équipes qui n’avaient pas besoin d’elle pour rendre une copie bien approximative dans tous les compartiments du jeu, on commence à songer aux prolongations
lorsque Marc-André Thinel hérite d’un palet plein axe à une dizaine de mètres de la cage grenobloise et frappe pour tromper joliment Mustukovs qui nous a semblé une nouvelle fois assez court sur l’action. (4-3)
Malgré un temps mort de Grenoble et une ultime pénalité de S.Treille ponctuée de dix minutes pour des commentaires verbaux, plus rien ne sera marqué.
Tirs 14/9
Engagements 15/12 Grenoble
Ce qui est intermédiaire entre le bon et le mauvais, mais plus rapproché du mauvais ; Ce qui est médiocre (Dictionnaire Larousse)
Rouen l’a emporté ce soir avec un maximum de réussite (premier but très heureux, but contre son camp de Perret) mais n’aura pas convaincu grand-monde car les Normands ont proposé un hockey sans grande inspiration et lent. Offensivement, les éclairs de Guenette et Thinel, auxquels on peut ajouter des apparitions de Lamperier et Labelle, masquent mal les périodes de flottement avec, au final, 24 tirs dont très peu de dangereux. Les Normands peuvent, ce soir, remercier leur gardien et quelques défenseurs comme Konttinen qui sauvent la baraque et ont sans doute fait la différence. Nerveux et crispés, les visiteurs disputaient certes une rencontre à enjeu mais ont multiplié les fautes inutiles, pouvant avec plus de discipline et de réalisme en attaque se mettre à l’abri beaucoup plus tôt. Ajoutons que critiquer systématiquement les arbitres, y compris sur la pénalité de match de Dame-Malka qui est totalement inexcusable, est un piège à éviter pour un coaching professionnel dont la priorité reste bien de gérer ce qui est sans doute le plus bel effectif en terme de talent dans le hockey français cette saison. Autre point négatif, une inconstance déjà vue à Bercy par exemple contre ces mêmes Grenoblois, avec des minutes de flottement qui demeurent incompréhensibles et des prestations très inégales de certains cadres au fil des matchs, à l’image ce soir d’Arrossamena et de Yorick Treille transparents (aucun tir tenté). Alors, certes, Rouen va rentrer en Normandie avec deux victoires en banque et pourra attendre sereinement les Grenoblois avec de bonnes chances de remporter la série. Oui, sauf que, si les protégés de coach Lhenry ne parviennent pas à jouer un peu plus vite et de manière plus efficace, on peut considérer que leur parcours en playoffs pourrait s’arrêter dès le prochain tour.
|
Photographe Laurent Lardière |
|
Grenoble pouvait l’emporter ce soir car ce n’était pas du grand Rouen que l’on avait en face, mais si les joueurs de coach Terglav peuvent, c’est vrai, invoquer une part de malchance, il n’en reste pas moins que l’on était très loin de proposer une mise en place tactique cohérente et les options qui vont avec pour poser le plus de problèmes possible à l’adversaire. Fallait-il déjà faire revenir Mustukovs après un seul match amical face à Lyon ? Avec deux mois d’inactivité, le risque d’une rechute est réel, tout comme l’impression d’avoir vu jouer ce soir un gardien qui n’est pas en pleine possession de ses moyens sur le second but qui est pour lui et sur le dernier dans une moindre mesure ? Mustukovs est-il vraiment meilleur actuellement que le gardien tchèque vu à une reprise seulement ?
De même, doit-on continuer à faire confiance à Labrecque, transparent ce soir et dont la propension à porter le palet est un vrai problème. L’équipe ne tournait-elle pas mieux sans lui lorsqu’il était absent ? Gervais, surnuméraire, n’aurait-il pas fait mieux et proposé un peu plus de profondeur derrière ? Chacun jugera. Mais au-delà de ces choix et temps de glace, il faut également effectuer des ajustements entre les périodes pour améliorer certains rendements comme le jeu de puissance. Qui est le plus efficace à la bleue depuis le début de la saison ? Réponse Bisaillon, mais qui prend 80% des tickets ce soir ? Harty qui n’est pas précis ni une première option naturelle et Chouinard un peu lent pour bénéficier pleinement des décalages. Qui peut sur combinaison frapper très vite et très fort à 45°, réponse Bouchard pour lequel aucun système n’a jamais été mis en place. Dans le même sens, quel intérêt a eu l’apparition derrière de Montenoise en début de rencontre alors qu’il n’a pratiquement jamais été utilisé cette saison ? Tandis que Rouen est déjà allé chercher une Coupe de France, le spectre de la saison blanche se profile clairement pour Grenoble qui vient de griller deux cartouches à domicile. Si la rencontre de ce soir s’est jouée sur des détails, l’impression persistante est bien que Grenoble souffre tactiquement et collectivement dès que l’adversaire est bien en place, et exige des ajustements immédiats.