La rencontre Rouen-Grenoble figure certainement comme la plus attendue de la saison à Pôle-Sud. Côté grenoblois, on restait sur les bonnes impressions laissées par deux rendez-vous face à Villard de Lans, positif certes mais pas forcément significatif vu le calibre client attendu ce samedi. En face, les défaites à domicile face à Villard et Epinal interrogeaient sur la bonne santé défensive des normands.
Intensité grenobloise.
| Laurent Lardière | Barrage rouennais devant Sopko qui fait l'arrêt |
Le début de rencontre va voir les deux attaques profiter rapidement de quelques largesses concédées, et inscrire tour à tour un but dans une rencontre que l'on supposait voir plus défensive. A 2'06, Krayzel contourne la cage adverse en protégeant son palet et teste Sopko qui renvoi sur Masa qui glisse au fond (1-0).
A 3'31, Romand reprend un palet sur son aile après un superbe service de Desrosiers et bat ferhi en angle dans le mouvement (1-1).
Les minutes suivantes voient un duel à mi glace assez équilibré, les premières pénalités de la rencontre offrant tour à tour des jeux de puissances qui produiront quelques frappes violentes, les deux gardiens parvenant à repousser sans trop de dificulté. La rencontre est marquée par le grand nombre de frappes et centres-tirs assez instinctifs des attaquants, sans toutefois que les décalages créés soient de nature à perturber deux gardiens très sérieux.
La seconde partie de la période va voir Grenoble insister en attaque défense et dominer quelque peu des rouennais moins à l'aise en défense qu'en attaque en mouvement. La rencontre est très physique, avec de trop nombreux cinglages non sifflés ce qui rend parfois le jeu assez chaotique.
La fin de période verra Krayzel frapper le palet avec violence sur le masque d'un Sopko qui tardera à se relever, Tartari effectuant lui-même un voyage au sol pour sortir sans casse une minute plus tard.
Grenoble pousse et une double occasion du duo Krayzel Broz soulignera la performance de la ligne tchèque qui est alors la plus performante sur la glace. Grenoble laisse une meilleure impression avec un bombardement cohérent sur la cage adverse et un volume de jeu placé très supérieur à l'adversaire.
Tirs 19/9 Grenoble
Engagements 15/8 Grenoble
| Laurent Lardière | E.Doucet encore, décisif |
Le Dragon contre et marque
Moins à l'aise que Grenoble en jeu placé, Rouen va revenir avec la volonté d'accélérer le jeu, d'étirer les joueurs adverses pour bénéficier des espaces ainsi crées. L'intention de créer des ruptures est lmanifeste sur chaque changement de ligne, mais également avec un petit risque offensif pris dès lors que le palet se voit récupéré par un dragon et utilisé avec une passe souvent en profondeur.
Après un superbe cinglage de Virolainen sur Broz à 21'13 alors que le tchèque allait reprendre à cage ouverte, la sanction de 2 minutes paraissant fort clémente, Grenoble va s'offrir un killing play à 22'44 durant 49 secondes, Sopko étant sauvé une nouvelle fois par une frappe sur son masque. Les brûleurs s'enhardissent alors et partent (trop) gaillardement à l'assault.
A 28'47, tandis que son ailier file en débordement, Doucet va tranquillement se placer face à Ferhi, et l'angle où nous sommes ne nous permet pas de voir l'ailier mais de comprendre que si le capitaine rouennais est servi ainsi plein centre le danger sera grand. De fait, c'est ce qui se produit et Ferhi se prend une lucarne sur laquelle il ne peut pas grand chose (1-2).
A 29'10, Rouen manque de doubler la mise avec un nouveau contre assez semblable, tandis que le trio tchèque poursuit ses frappes et sa domination relative en jeu placé.
A 34'08, Broz prend un coup, s'énerve et le rend, pour un solide début de bagarre qui voit Stozynski aux affaires côté Rouennais. Pas très loin, Manavian et Glad jouent les boxeurs, mais le second après avoir enlevé lui aussi les gants préfère tenter de neutraliser l'arrière de Grenoble qui lui met quelques droites plutôt que de prendre part à une bagarre régulière.
Broz et Strozynski prennent deux minutes tandis que Manavian et Glad le non gladiateur vont méditer dix minutes...logique.
La rencontre va alors à nouveau basculer, les grenoblois poursuivant leurs prises de risques que vont exploiter les Champions de France. Peltola se procure un deux contre un et va fixer son défenseur à 35'05 avant pense t'on de passer, erreur, il croise et trouve une superbe lucarne pour creuser l'affaire (1-3).
Plusieurs pénalités ne donneront rien sinon une nouvelle rupture rouennaise manquée de peu par Desrosiers à 36'52.
Tirs 15/7 Grenoble
Engagements 10/16 Rouen
Les brûleurs pas loin de l'impossible retour.
Le retour sur la glace marque un nouveau but pour Rouen. Malette en jeu de mouvement trouve Desrosiers qui contourne Ferhi de droite à gauche pour placer le palet au fond à 41'43 (1-4).
Cette réalisation va conduire les dragons à reculer pour défendre, et à subir plus que nécessaire le jeu d'une équipe de Grenoble qui aura eu le mérite de ne pas céder et d'y croire jusqu'au bout.
Après un montant de Nilsson, pour nous le meilleur grenoblois ce soir, Forsander échouera sur Sopko, mais la folle remontée de grenoble est en route.
A 53'10, Lusth tente le tout pour le tout et sort Ferhi, Grenoble ayant hérité d'un killing play qui produit ainsi un 6-3. Krayzel va alors trouver Nilsson bien lancé qui arrive depuis l'aile et bat Sopko à 54'22 (2-4).
A 16'34, dans une belle mélée devant la cage de Sopko, Forsander inscrit un but qui nous a bien semblé non valable car marqué crosse haute, une réalisation semblable à celle de Briançon il y a quelques semaines, et qui s'était vue refusée par l'arbitre. Ici, il est validé sans que nous puissions vraiment confirmer l'impression visuelle faute de vidéo disponible. (3-4).
Vogin, qui comprend que la fin de rencontre va être chaude, et qui aura ce soir pris le dessus tactiquement sur son homologue en particulier lors de la seconde période va prendre un temps mort. Ferhi ne devant plus être sur la glace une fois le palet porté en zone offensive, Rouen peut tuer la rencontre avec un tir en cage vide.
Ferhi sorti, Rolland met à côté, avant qu'à 18'12, on assiste à un superbe empilage de joueurs dans un style très football américain devant la cage de Sopko. Krayzel tarde à se relever du dessous tandis que Custosse auteur d'une irrégularité manifeste n'est pas sanctionné.
A 18'40, Desrosiers qui veut aller glisser le palet à cage vide se fait surprendre et déposséder stupidement, une erreur qui pouvait vraiment coûter cher à Rouen.
A 19'26, la crosse de Masa touche au visage un rouennais et le tchèque hérite de 2+2 (blessure), décision qui provoque la colère des grenoblois car elle est synonyme d'un élan définitivement brisé. Avouons que le règlement paraît respecté depuis la tribune de presse. A 19'32, Mallette marque en cage vide et l'affaire est entendue, Forsander se voyant infliger 25 minutes après le sifflet final pour méconduite, le suédois ayant visiblement peu apprécié la pénalité infligée à Masa et en ayant fait part à Monsieur Colleoni.
Tirs 12/7 pour Grenoble
Engagements 15/14 Grenoble
| Laurent Lardière | Masa, Forsander et Krayzel bombardent Sopko |
Petite analyse tactique
Il n'a pas forcément manqué beaucoup ce soir pour que Grenoble inverse la vapeur et revienne dans la rencontre. A 4-1, l'affaire semblait entendu et pourtant les brûleurs s'inclinent par un écart minime avec le but en cage vide en prime. Le problème est que face à Rouen qui présente un style de jeu bien connu, on a pas vu ce soir de tactique spécifique ni de plan de match véritable. Quand vous avez face à vous les meilleurs scoreurs de la ligue et que vous pouvez compter sur des arrières de qualité, faut il céder à la tentation de ne rien changer et d'attaquer à tout va, ce qui est positif pour le spectacle mais nuit clairement au résultat? On se souviendra qu'en la matière, Gérald Guennelon avait apporté une réponse bien différente et avait conduit les grenoblois au titre avec une posture défensive beaucoup plus importante. Pourquoi partir la fleur au fusil en rupture et risquer le contre quand vous dominez clairement en attaque défense? Pourquoi ne pas laisser sur chaque bloc offensif un joueur à vocation clairement défensive qui propose une première interdiction et assure un repli réduisant la possibilité de surnombre? L'affaire est d'autant plus simple lorsque vous disposez d'arrières capable de frapper de loin et ainsi de compenser l'éloignement du but de la part de certains éléments. Bref, plus votre bloc s'étire et plus Rouen en profite, Grenoble devait le savoir et proposer une solution qui limite les contres des dragons qui ont inscrit ce soir tous leurs buts ainsi, avec un bémol sur l'avant dernier. Il est à souhaiter que la prochaine rencontre entre les deux équipes permette de proposer un plan de match différent, quitte à rendre le jeu moins fertile en buts.
Sur le plan individuel, on ne peut pas dire que Grenoble ait démérité, avec en particulier une domination en attaque défense qui a été peut être plus forte que prévu. Défensivement, la paire d'arrière ne peut pas toujours compenser les ruptures rouennaises, Ferhi ayant été sérieux. On parlera ainsi à nouveau d'aide défensive, laquelle doit être intégrée à un plan de jeu et non constituer un apport spontané. A cette condition, Grenoble devrait pouvoir rivaliser et même l'emporter.
Rouen a gagné peut être plus difficilement qu'il n'y paraît, ayant dû son salut à ses contres avec à la manoeuvre les fines gâchettes que l'on connaît depuis plusieurs années. Tactiquement, Vogin a fort bien géré son affaire,en particulier la seconde période qui a vu le dragon se détacher avec une prise de risque en milieu de glace pour mieux contrer les brûleurs, exercice désormais bien connu mais toujours spectaculaire. Notons cependant que le dragon a été dominé en jeu placé, et que face à un adversaire susceptible de proposer une option plus défensive, la marge de manoeuvre paraît moins importante.
Sortis du banc une fois la différence faite, les jeunes ont bien répondu présents avec un Romand désormais incontournable dès qu'il parvient à chasser sa nervosité, et un Custosse qui s'il continue à travailler pourrait bien être l'un des défensifs les plus en vue de ces prochaines années. Bref, les jeunes pousses rouennaises ont bien figuré dans une telle rencontre, ce qui constitue clairement un motif de satisfaction pour leur encadrement.
Les Champions de France apparaissent comme des candidats sérieux pour un nouveau titre, et ont répondu ce soir à ceux qui s'interrogeaient sur certaines contreperformances à domicile.
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