Avec une relative désaffection du public pour un match de playoffs (1800 spectateurs seulement), Pôle-Sud abritait, ce soir, la première explication entre Brûleurs et Rapaces.
| Photographe Laurent Lardière | | Concerto in dormito maggiore
La rencontre démarre péniblement pour Grenoble avec deux pénalités infligées à Charland et Treille, mais Gap ne profite pas de ses 1'37 de double supériorité numérique et donne le ton d'une première période soporifique.
Les deux équipes jouent sans grande intensité, peinant dans les sorties de zones, et avec de multiples pertes de palets, récupérations poussives, stabilisation derrière la cage avec relances peu énergiques. Vous ajoutez déjà à ce tableau des changements volants approximatifs et vous avez un ensemble qui voit une partie des deux équipes essayer de maîtriser le palet, tandis que certains éléments entrent et sortent du banc dans le même temps sans concertation apparente, tandis qu'une minorité visible paraît être ailleurs. Bref, vous l'aurez compris, nous sommes assez loin du niveau d'un match de playoff d'une ligue professionnelle dont l'équipe nationale évolue dans l'élite mondiale.
Ajoutez à cela d'interminables attaques-défenses, paradoxalement sans grand danger pour les gardiens, avec un bonus aux Grenoblois, plus actifs dans ce domaine, passant et repassant derrière la cage, bataillant dans les bandes, obtenant de temps en temps un lancer mal ajusté ou particulièrement faible, repassant par les arrières qui lancent au fond pour une nouvelle séquence que le monde entier nous envie... bref, vous l'aurez compris, une superbe période chloroforme à oublier.
Notons tout de même qu'à ce petit jeu, au sens premier du mot, les Grenoblois paraissaient un peu mieux que des Rapaces que l'on a vu tout de même meilleurs, et heureusement pour eux, cette saison.
A 16'37, Gervais lance plein axe et le palet se voit dévié par Le Blond pour terminer au fond des filets de Garman, une ouverture du score qui, on l'espère, va enfin faire décoller l'ensemble. (1-0)
Tirs 8/6 Grenoble
Pizzicato in somnolens
Les activités récréatives reprennent avec dix minutes parmi les plus mauvaises que l'on ait pu voir cette saison à Pôle-Sud, spectacle assez confus qui ressemblerait à une compilation de tout ce qu'il ne faut pas faire en hockey. Soucieux de ne pas choquer nos lecteurs encore mineurs et influençables, nous passerons sous silence ces éléments qui, fort heureusement, ne passaient sur aucun réseau de télévision.
Une offensive gapençaise faisant tinter un poteau à 27'40, Lafrance, parmi les plus actifs ce soir, répond mélodieusement en y allant également de son tintinabuli à 36'.
Pourtant, alors qu'on s'en allait gentiment vers une seconde pause synonyme de réveil buvette pour le public, au diapason de son équipe en terme de productivité, Grenoble allait remettre le couvert avec un joli but de Charland qui, bien servi par Petit, s'y reprenait à deux fois pour mettre le palet au fond à 3'58.
Tirs 3-8 Grenoble
| Photographe Laurent Lardière | | Opera in Gap ritornato
Après cinq premières minutes marquées par une très longue attaque-défense de Grenoble, et tandis que l'on pouvait considérer l'hypothèse de voir les visiteurs céder une troisième fois, ce sont bien les joueurs de coach Salo qui vont revenir dans la rencontre avec deux buts coup sur coup.
A 47'05, sur une mise en jeu en zone offensive, Valcar, dont nous avions écrit qu'il était clairement le meilleur attaquant de l'effectif haut-alpin avec Arrossamena, claque une lucarne de qualité et trompe un Bonvalot qui n'avait pas eu grand-chose à faire jusqu'alors. (2-1)
Moins d'une minute plus tard, un palet, lancé depuis l'aile par Arrossamena, touche Bonvalot et parait rouler au fond après un rebond sur le dos du gardien. Un but un peu étrange qui remet les deux équipes à égalité à 47'59. (2-2)
Le réveil de Gap semble bien réel et, après une attaque-défense grenobloise très molle à 56', les Rapaces vont prendre l'avantage, pour la première fois de la rencontre, au terme d'une triangulation lumineuse avec encore Valcar pour une belle finition croisée à 57'33. (2-3)
On pense alors l'affaire pliée, mais Grenoble va égaliser assez curieusement sur l'action suivante grâce à une nouvelle réalisation de Le Blond qui inscrit un but, à 58'04, après plusieurs secondes de confusion totale devant la cage adverse. Une égalisation contestée par Gap du fait de la présence de Baylacq qui aurait chuté sur le gardien. On remarquera sur notre photo que le Grenoblois, en perte d'équilibre, paraît bien rentrer dans Garman tandis que le palet arrive, ce qui normalement pouvait conduire à l'annulation du but.
Ce nouveau coup de théâtre, dans une rencontre enfin vivante après deux périodes sous Prozac, va conduire les deux équipes à la prolongation.
| Photographe Laurent Lardière | | Adagio Tardivo interrogativo
Après quelques tirs de part et d'autre, la prolongation va livrer son verdict avec, une nouvelle fois, de multiples mouvements devant la cage haut-alpine. Récupérant le palet, Tardif ajuste et inscrit le but d'une victoire grenobloise contestée par un coach gapençais qui a vu son gardien perdre sa crosse à la suite d'une bousculade avec un joueur grenoblois quelques secondes avant le tir décisif à 62'02. De la tribune de presse, en regardant Tardif et non pas la cage elle-même, bien difficile d'avoir un avis, mais le temps de préparation relativement long du Grenoblois et l'absence de crosse à la main du gardien lorsqu'il tente l'arrêt semble donner quelque crédit à la version des visiteurs. Etant beaucoup moins bien placés que le trio arbitral sur cette action, nous n'irons pas plus loin mais on peut avouer que la perte de la crosse de Garman nous laisse perplexe, d'autant que les photographes, en shoot sur l'action, validaient, après la rencontre, cette même version. On remarquera également que Ari Salo, peu connu en Magnus pour ses éclats de voix et outrances, a piqué une grosse colère en salle de presse après la rencontre, à ce sujet, tandis que l'encadrement des Rapaces échangeait des propos peu amènes dans les couloirs.
Mezzo Voce moderato
Grenoble a gagné ce soir, après plus de 40 minutes d'une rencontre soporifique qui a vu les deux équipes pratiquer un hockey de peine et de misère. Légèrement plus fort que son adversaire, Grenoble a inscrit deux buts qui ne doivent rien à personne mais, comme trop souvent cette saison, les Brûleurs n'ont pas réussi à mettre la main sur le résultat. Avec le réveil de Gap en troisième période, Grenoble a frisé la correctionnelle, et inscrit une égalisation miracle pour une prolongation victorieuse. Au-delà des contestations sur les deux derniers buts inscrits par Grenoble, le résultat est particulièrement étriqué et inquiétant face à des visiteurs qui n'ont pas joué à leur niveau durant les deux premières périodes.
Pour les deux équipes, le verdict est le même, si elles ne parviennent pas, dès demain, à mieux jouer, leurs survies dans cette série seront difficiles et, même en cas de victoire, on ne voit pas ce qu'elles peuvent espérer au tour prochain.
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