Nouveau jour, nouveau match à l’iceberg. Les Rapaces de Gap et l’Étoile Noire de Strasbourg se sont quittés 21h auparavant, sur le score renversant de 9-2 pour l’équipe locale, et se rencontrent une fois encore sous les yeux du public strasbourgeois (et d’une poignée de supporters gapençais courageux), encore au rendez-vous. L’enjeu est le même que la veille : les Rapaces ont la possibilité de se qualifier pour la demi-finale, alors que l’Étoile Noire se doit de gagner pour continuer l’aventure des playoffs. La différence majeure avec le match d’hier réside dans le fait que les Strasbourgeois montent plus confiants sur la glace, au lendemain d’une victoire écrasante sur leurs adversaires.
Buts : Strasbourg : 34"15 Lionel Tarantino (ass Elie Marcos et Maxime Mallette) ; 61"49 David Brissette Cayer (ass Jan Cibula) ; 9"53 Pasi Petriläinen (ass David Brissette Cayer et Jan Cibula) Gap : ; 55"34 Jiri Rambousek (ass Milan Tekel et Jakub Suchanek) ; 59"58 Jiri Rambousek (ass Jiri Jelen et Justin Vienneau)
Pénalités
10 minutes (5x2) contre Strasbourg
6 minutes (3x2) contre Gap
Photographe : Christophe MOREAU
Petrilaïnen vs Rambousek
Le match démarre sur les chapeaux de roue, et c’est normal, tout est encore à faire entre ces deux équipes. La patinoire est envahie par les cris des supporters des deux équipes et le parfum des playoffs est dans l’air tant la nervosité est palpable. La première grosse occasion est pour l’équipe locale, par la crosse de Cibula à la ligne bleue, servie par Cayer. Il attrape le palet et fait une roulette pour dégainer son tir mais Quemener ne s’y laisse pas prendre.
La formation des Rapaces, habituellement repliée en défense, joue aujourd’hui bien plus débridée, peut-être échaudée par l’issue du match de la veille, et le premier powerplay les y encourage d’autant plus. Leur avantage numérique ne leur sourit pourtant pas, et les Strasbourgeois se procurent plus d’occasions que les Gapençais lors de ces 2 minutes. La pression est tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, le palet est indécis et ne se laisse jamais dompter par une seule équipe. Les deux formations se connaissent maintenant bien et l’architecture des matchs précédents laisse à penser que celui qui ouvrira le score ce soir l’emportera. Les premières minutes se déroulent donc dans une ambiance tendue que l’on ne retrouve habituellement que lors de prolongations.
C’est finalement l’équipe locale qui fera trembler les premiers filets : une offensive de Cibula, contrée par un défenseur, envoie le palet derrière le but. Cayer s’y précipite et renvoie le palet loin en arrière, à la ligne bleue, où se trouve Petrilainen, qui arme un redoutable slapshot. Le palet fuse et traverse la défense ainsi que le gardien médusé (1-0, 9’53).
La marque est ouverte et le match est aussi enflammé que les tribunes, qui ne s’arrêtent plus d’acclamer les équipes, et les murs de la patinoire tremblent de leurs clameurs. Tarantino, magnifique, reçoit le palet juste avant d’entrer en zone offensive et zigzague entre deux défenseurs qu’il esquive pour finalement shooter dans la jambière du gardien. Il s’en est fallu de peu pour qu’il double l’avantage strasbourgeois. Malgré cette avance, ce sont tout de même les jaunes et noirs qui mettent la grosse pression et qui assaillent les cages gapençaises. Le gardien de ces cages, Quemener, n’a guère le temps de souffler.
Si cela est vrai à 5 contre 5, la première supériorité numérique des strasbourgeois rencontre en revanche un bouclier humain infranchissable de défenseurs gapençais, qui excellent dans l’exercice de la défense.
La période s’achève déjà, le rythme fût intense et le score en faveur des Strasbourgeois n’est pas assez lourd pour décourager des Rapaces, bien décidés à emballer la série ce soir.
Face-offs : 15 - 6
Tirs : 15 - 10
Le deuxième tiers-temps n’a certainement pas la vitesse et la classe de la première. La série s’étend en longueur et commence à peser dans les jambes et sur le moral. Le rythme est poussif et la saveur de cette période, insipide. Pas même des pénalités ou des escarmouches ne viennent troubler la platitude du jeu.
En revanche, les deux équipes font quelques erreurs. Strasbourg, en particulier, perd plusieurs palets particulièrement dangereux en zone défensive, y compris en relance plein axe, mais Gap ne parvient pas à les exploiter pleinement. Le score n’évolue pas en dépit des occasions de part et d’autre, en partie à cause des montées en attaque moins franches et moins construites.
Mais il faut se méfier de l’eau qui dort, et si aucune équipe ne domine réellement, il s’en faut souvent de peu pour que l’une ou l’autre action se transforme rapidement en but. Il faut néanmoins attendre la 14ème minute de la période pour qu’un Tarantino au sommet de son art récupère le palet en zone neutre, servi par son capitaine Marcos. Tarantino avance et envoie un tir de sniper en diagonale qui parvient à se faufiler à droite du gardien mais à gauche du poteau : en plein dans le mille ! (2-0, 34’15).
Les rapaces, qui hier ont commencé à perdre pied à 2-0, ne veulent plus faire cette erreur aujourd’hui. Ils sont de plus aidés par une pénalité appelée à l’encontre de Cruchandeau pour obstruction. Le powerplay des rapaces est redoutable : ils tirent à trois reprises, chaque fois à côté, mais ce sont chaque fois des tirs cinglants qui donnent froid dans le dos à la défense locale et qui font sursauter le public strasbourgeois. Leur offensive est néanmoins stoppée nette par Hiadlovsky, en grande forme ce soir, à l’image du dernier arrêt de la période sur un tir replié qui venait de l’arrière du but, bloqué magistralement.
Face-offs : 15 - 7
Tirs : 8 - 8
Photographe : Christophe MOREAU
Rambousek, à 2 secondes du Buzzer final !
Les équipes remontent sur la patinoire pour le dernier “vingt”. Le rythme a toujours du mal à se décanter, même si l’Étoile Noire prend légèrement le pas sur son adversaire. À la suite d’une double pénalité pour crosse haute, le jeu se lâche un peu à 4 contre 4 et les joueurs offrent de belles actions, notamment la remontée fulgurante du duo Franck/Cibula. Mais à effectifs complets, le rythme des deux équipes est moindre. Le match semble s’être éteint, et l’adrénaline du match-fleuve de la veille n’est plus présente.
Malgré tout, les tirs Strasbourgeois se multiplient. Tarantino, Franck, Cayer, Devin, chacun y va de sa tentative. Quemener réalise une excellente performance solo, car la défense des rapaces n’est pas aussi affûtée qu’à l’accoutumée : les gapençais sont obligés de se porter en avant pour tenter de revenir au score.
Si les jaunes et noirs multiplient les tirs, ils ne sont certainement pas exempts de gaffes : à plusieurs reprises le palet est offert à un attaquant gapençais en zone strasbourgeoise ! L’Étoile Noire mène le match, à 5 minutes de la fin, mais l’avance n’est que d’une paire de buts et il faut continuer d’attaquer. Néanmoins, la fatigue du 7ème match en 10 jours se fait cruellement sentir et les Rapaces se font de plus en plus pressants autour des filets de Hiadlovsky. Suchanek tire une première fois de loin, le palet est repoussé mais pas gelé, et Tekel l’intercepte pour tirer une seconde fois. Le gardien n’a que le temps de se relever pour bloquer ce tir, mais la troisième tentative, de Rambousek, parvient à prendre de court le portier strasbourgeois et ouvre la marque pour Gap (2-1, 55’34). Ce but relance l’enjeu et la motivation des Rapaces, qui sortent les serres. La fébrilité est palpable dans le coeur de tous les joueurs, ainsi que dans celui de tous les spectateurs présents, tout est encore possible à seulement 4 minutes de la fin.
Patrick Turcotte, le coach des bleu et blanc, réclame un temps-mort pour les 59 dernières secondes, probablement pour peaufiner les derniers détails de la sortie du gardien Gapençais.
Le jeu reprend à un rythme effréné, et la patinoire retient son souffle. Les 6 rapaces tournent autour des cages strasbourgeoises comme autour de leur proie, mais le palet est volé par Cayer et envoyé vers la cage vide mais un gapençais se jette en travers du tir pour le bloquer. Alors que les supporters strasbourgeois décomptent en coeur les dernières secondes, les Gapençais tentent une ultime action, par la crosse de Rambousek qui glisse le palet sous le gardien de l’Étoile Noire (2-2, 59’58). Un silence de mort s’abat sur l’iceberg, hormis la poignée de supporters gapençais qui exultent avec leurs joueurs. Les deux équipes n’ont pas eu assez des 60 minutes de ce match pour se départager.
Face-offs : 10 - 13
Tirs : 13 - 15
Photographe : Christophe MOREAU
But en prolongation de David Cayer !
Les prolongations commencent sous très haute tension. Un seul tir bien placé, un seul but des Rapaces les enverrait directement en demi-finale. Une seule erreur, un seul faux-pas de la défense strasbourgeoise les enverrait au contraire en vacances prématurées.
Un seul tir, que les rapaces ne savent pas se procurer : ils ne parviennent pas à se créer la moindre occasion lors de ces prolongations. En revanche, les Strasbourgeois viennent tester les réflexes de Quemener à trois reprises.
La quatrième tentative est signée par le duo Cibula/Cayer. Cibula reçoit le palet dans l’axe de la cage, mais il est bien entouré de défenseurs. Il prend alors la décision de ne pas tirer mais plutôt de décaler le palet à son coéquipier canadien, bien campé à gauche du but. L’action se passe en un éclair mais elle semble durer une éternité. La rondelle ne s’arrête qu’une fraction de seconde dans la palette de Cayer, qui l’envoie voler dans les filets des Rapaces (3-2, 61'49). L’explosion de joie est monumentale, les jaunes et noirs sautent sur la glace sous le coup de l’euphorie.
Face-offs : 1 - 3
Tirs : 4 - 0 L’Étoile Noire continue donc son périple dans les playoffs. Les deux équipes se rencontrent à nouveau mardi soir, à Gap, dans un match décisif : le vainqueur emporte la série et va rejoindre Angers en demi-finale, le perdant termine sa saison.
C’est un spectacle inouï que délivrent les Strasbourgeois. D’une saison régulière en demi-teinte et entachée d’une pénalité de 3 points, les hommes de Daniel Bourdages ont su se propulser en quart de finale ; puis d’un début de série au goût amer (2 défaites d’un seul but), ils ont su revenir à égalité avec les Rapaces, ce qui laisse penser que tout est encore possible.
Les rapaces sont parvenus à revenir in extremis dans le match, à 2 secondes de la fin, mais ils concèdent tout de même le 4ème match de la série et sont donc contraints de revenir jouer devant leur public.
“Le match de mardi s’annonce comme le plus grand match de l’histoire de l’Étoile Noire” confie le coach de l’équipe. Mais la perspective d’affronter Angers ou Rouen “met en appétit”.
Le rendez-vous est donc pris, mardi, pour savoir si les Strasbourgeois ont en effet faim de Rapaces à la broche ou si, au contraire, les gapençais vont éteindre la bonne Étoile de Strasbourg.
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