C’est enfin le premier match de playoffs à l’Iceberg, mais il risque d’être le dernier pour l’Étoile Noire, ce qui la met dans une situation particulièrement inconfortable. Les Gothiques d’Amiens peuvent terminer la série dès ce soir, car ils ont remporté les deux premières rencontres, au Coliséum. L’équipe strasbourgeoise doit absolument gagner le match pour en décrocher un 4ème demain soir et continuer l’aventure des playoffs. La patinoire affiche complet, le public s’étant déplacé en masse pour soutenir les Alsaciens menacés d’élimination. Les rencontres précédentes ont été âprement disputées, et c’est un euphémisme, mais à chaque fois, les Picards se sont imposés d’une courte longueur dans des matchs serrés et électriques.
Arbitres : Mr Hauchart assisté de Mrs Courgeon et Furet
Buts : Strasbourg : ; 24.02 Blake Gallagher (ass Lionel Tarantino) ; 29.53 Julien Correia (ass Hugues Cruchandeau et Elie Marcos) ; 57.08 Michal Cesnek (ass Elie Marcos et Julien Correia) ; 59.32 Timo Kuuluvainen (ass Michal Cesnek) Amiens : 07.08 Martin Tomasek (ass Luka Basic et Jarolaw Rzeszutko) ; 59.15 Luka Basic (ass Angel Nikolov)
Pénalités
22 minutes dont 10 à Cruchandeau contre Strasbourg
6 minutes contre Amiens
Photographe : Christophe Moreau
Parade de Hiadlovsky sur Morissette
Gardiens en jeu :
Strasbourg : Vladimir Hiadlovsky
Amiens : Billy Thompson
L’Étoile est toujours amputée de son défenseur-expert, le Finlandais Pasi Petrilainen, ainsi que de l’attaquant Jan Cibula, suspendu après les altercations de samedi.
Sur l’ensemble des rencontres de la saison entre ces deux équipes, Amiens mène largement au score : 6 victoires et 0 défaite (dont 4 à domicile et 2 à l’Iceberg). Cette équipe ne réussit décidément pas aux hommes de Daniel Bourdages, qui, chaque fois, laissent filer le match de peu. Les hommes d’Heikki Leime arrivent par ailleurs à l’Iceberg à la tête d’une série de 8 victoires d’affilée. En somme, tout est réuni pour une victoire d’Amiens, mais la formation alsacienne joue son va-tout, n’ayant plus rien à perdre.
La tension est à son comble avant même le lâcher de palet. Les Gothiques attaquent les premiers, et tirent deux palets sur le portier local dès les 20 premières secondes de la rencontre. Le ton est donné, le match ira très vite. Attendue sur la défensive, la formation de Leime met en réalité la pression dès les premiers instants et alarment le gardien dès le début. Les Strasbourgeois ont du répondant et Cayer vient offrir la première occasion en face à face avec Thompson, qui signe un arrêt périlleux mais remarquable.
Comme c’est souvent le cas dans les séries, les matchs précédents ont laissé des séquelles : les frictions du week-end ont encore des échos dans le match de ce soir. L’arbitre laisse jouer, en dépit des joueurs au sol.
Lorsque le jeu est arrêté, en revanche, il sanctionne au moindre contact. Bougé en fait les frais et va cirer le banc pendant 2 minutes. La supériorité amiénoise, bien affûtée, prend ses marques en attaque, et trouve rapidement une solution : le premier tir de Tomasek ne rentre pas mais il contraint le gardien à se découvrir, ce qui permet au Tchèque de prendre son propre rebond pour mettre le palet au fond (0-1, 7’08).
Puisqu’ils mènent, les Gothiques ne se découvrent plus du tout. L’attaque locale s’installe donc devant les filets et pousse. Un tir de Franck file au travers de la défense et du gardien, déjà au sol, mais le palet vient cogner contre sa jambière. L’égalisation est passée à deux doigts et l’offensive strasbourgeoise persiste. La tâche est rendue difficile par trois défenseurs qui montent le camp en permanence devant Thompson. Cela crée un mur humain difficilement franchissable contre lequel les tirs strasbourgeois viennent s’écraser les uns après les autres.
Le tiers s’étend sans bouleversement, les Gothiques contrôlent le palet pendant d’éternelles secondes derrière la cage, bien décidés à n’en bouger que s’ils y sont forcés. Même dans cette configuration, ils parviennent à décocher plusieurs tirs en contre-attaque à un ou deux, sans jamais découvrir leurs arrières. La fin de la période est marquée par un tir particulièrement dangereux de Franck (encore lui), mais l’angle est impossible et la rondelle longe la ligne de but derrière le gardien battu.
Tirs : 7 - 15
Face-offs : 14 - 10
Photographe : Christophe Moreau
Egalisation de Blake Gallagher
Le deuxième tiers s’ouvre plus en faveur des Strasbourgeois, en dépit de leur retard au score. Ils jouent plus libéré, plus ouvert et surtout plus osé. La pression de l’enjeu, palpable au premier tiers, est retombée.
Les jaunes et noirs ouvrent les hostilités avec un shoot puissant de Stritz depuis la bleue. Les échanges sont longs, le palet file d’un côté comme de l’autre, à en donner des torticolis aux spectateurs. Devant chaque but, la rondelle vient titiller les deux gardiens à tour de rôle, avant de venir se planter au fond des filets amiénois. Tarantino fait un gros travail derrière la cage pour ensuite remonter sur la gauche des filets et servir Gallagher, qui fait disparaître le palet derrière Thompson à une vitesse éclair (1-1, 24’02).
Les compteurs sont remis à zéro et l’Étoile sort la tête de l’eau. Ce but intervient comme une bouffée d’air frais et a pour conséquence de lancer le public de l’Iceberg, qui chante comme un seul homme. L’offensive ne s’arrête pas là, le momentum est dans les crosses strasbourgeoises. Les joueurs de l’Étoile Noire viennent éprouver le portier des Gothiques, auteur d’arrêts spectaculaires. La période est complètement dominée par les locaux. Les Amiénois ne font que de rares incursions - très rapides donc très dangereuses - mais qui retournent aussitôt dans leur zone défensive. Le jeu est en très grande majorité devant les filets des Gothiques, leur défense est aux abois. Le temps de présence en attaque finit par payer. Cruchandeau remonte le long de la bande, à gauche, pour envoyer le palet au centre. Marcos le laisse filer au deuxième poteau, dans la crosse de Correia, qui surprend le gardien et offre l’avantage à son équipe (2-1, 29’53)
Que le palet soit dans les crosses de l’une ou de l’autre équipe, le jeu demeure très physique. La stratégie amiénoise vise avec plus d’insistance le porteur du palet que le palet lui-même. Cela donne un rythme assez décousu, avec plus de joueurs au sol que sur leurs patins. Malgré tout, les occasions de l’Étoile Noire ont retrouvé du zeste. En face, les muses des gardiens se sont penchées sur les filets de Thompson : il signe des arrêts inexplicables, comme lorsqu’il se jette au sol pour stopper un premier tir, et qu’il parvient, au sol, à dévier du patin le second tir, pourtant lobé. Il rachète la défense amiénoise à plusieurs reprises et empêche le score d’être bien plus en faveur de l’équipe locale.
Quoi qu’il en soit, la barque picarde prend l’eau, à l’issue de ce tiers, alors que l’Étoile Noire brille au firmament, bien déterminée à ne pas s’arrêter là. La physionomie de la rencontre a changé du tout au tout : si les Gothiques menaient la danse dans le premier, décidant s’ils attaquaient ou s’ils défendaient, cette fois, ce sont les Strasbourgeois qui dominent, et qui poussent la défense adverse dans ses derniers retranchements.
Tirs : 16 - 8
Face-offs : 16 - 12
Photographe : Christophe Moreau
Le temps mort de Heikki Leime ne sera pas suffisant ...
La dernière période démarre sur un jeu de puissance amiénois. Comme avant, le powerplay est précis et menaçant, les Gothiques s’installent bien et décochent plusieurs tirs dangereux. Hiadlovsky sauve la mise plusieurs fois et la pénalité est tuée par les dégagements successifs de la défense strasbourgeoise.
Cette fois, les Gothiques n’ont plus le choix que de se porter à l’avant. C’est d’ailleurs ce qu’ils font, pour le plus grand régal des spectateurs, car deux attaques qui se rencontrent ne peuvent que donner un match délicieux. Les occasions fusent de part et d’autre, les défenses sont mises à rude épreuve des deux côtés. Néanmoins, les Amiénois insistent un peu plus et mettent la pression pour maintenir le palet devant les filets alsaciens.
Une faute inexpliquée, appelée à l’encontre de Kuuluvainen, offre d’ailleurs l’opportunité à Amiens de jouer une nouvelle fois en supériorité. Le sentiment d’injustice devant cette faute mystérieuse prend le public aux tripes et la patinoire s’enflamme. L’escouade gothique en supériorité ne parvient pas à trouver la faille face à une défense déterminée.
En face, l’Étoile Noire signe de belles constructions en attaque et résiste bien en défense. Les jaunes et noirs tiennent le match par le bon bout et sont bien décidés à ne rien lâcher avant d’avoir la certitude de rejouer demain soir. Les Gothiques semblent étouffer, courant après le score mais ne trouvant pas de solution. Néanmoins, leur petit retard d’un seul but les pousse à essayer encore et encore. Le match n’est certainement pas terminé et les assauts amiénois redoublent d’intensité pour égaliser, à défaut de gagner.
Les Strasbourgeois ne sont pas en reste, loin de là : les tirs, comme les occasions, sont nombreux. Celui de Cesnek fait mouche : servi par son capitaine Marcos, le Slovaque fait glisser tranquillement le palet qui file en direction des filets d’Amiens (3-1, 57’08).
À 1’30 de la fin du match, Amiens sort son gardien, profitant d’une pénalité pour jouer à 6 contre 4. Les secondes s’égrainent, mais pas assez vite pour l’équipe locale : Basic a le palet à droite du but et envoie un centre en direction de Rzeszutko, mais le palet cogne contre le patin d’un défenseur strasbourgeois. Hiadlovsky, le gardien, s’était déporté devant Rzeszutko pour parer un éventuel tir mais il est surpris par ce palet dévié qui file au fond des filets (3-2, 59’15).
Devant une possibilité d’égalisation, le stratège amiénois ressort son gardien immédiatement après l’engagement. Il ne faut que quelques instants à Kuuluvainen pour s’emparer du palet et l’envoyer valdinguer dans la cage vide (4-2, 59’32). Cette fois, les dernières secondes ne changent plus rien, la victoire est strasbourgeoise.
Tirs : 7 - 10
Face-offs : 8 - 8
Beaucoup plus calme que les rencontres du week-end au Coliséum, le match de ce soir s’est joué sur la qualité du hockey proposé par les deux équipes. À ce jeu-là, la domination strasbourgeoise est sans appel et le score est presque logique. Les Amiénois avaient pourtant bien géré le début de la rencontre, pressant dès les premiers instants pour prendre la tête dans le match, mais ils n’ont pas su résister au retour de l’Étoile Noire, aux 2ème puis 3ème tiers-temps.
La formation strasbourgeoise, même privée de deux de ses meilleurs joueurs, a su faire face à son élimination et sortir victorieuse. «Je remplis les postes du mieux que je peux. Heureusement, les gars qui viennent à la rescousse font un très, très gros match» souligne d’ailleurs Daniel Bourdages, avant d’ajouter : «C’était une équipe en confiance en face. (...) Demain, on joue encore. C’est ça que les gars voulaient entendre.»
En effet, le dénouement de cette série est repoussée à une date ultérieure. Demain, comme ce soir, l’Étoile risque à nouveau l’élimination alors que les Gothiques ont encore la possibilité de remporter la série pour aller en quart de finale. La pression a changé de camp désormais, car les Strasbourgeois ont montré qu’ils peuvent gagner, alors que l’équipe d’Amiens souhaite éviter de devoir jouer un 5ème match couperet.
Quoi qu’il en soit, les Strasbourgeois ne semblent pas pressés d’être en vacances...