Après avoir accueilli à l'automne l'inauguration du pôle national féminin, Chambéry restait plus que jamais la ville de référence pour l'équipe de France avec l'organisation du Championnat du Monde U18 de Division 1 qui va mettre aux prises cette semaine les équipes de France, Slovaquie, Norvège, Autriche, et Japon. Au bout de la compétition, un billet pour rejoindre l'élite mondiale.
Aller suivre cette première journée et plus particulièrement l'affiche France Slovaquie était l'occasion de découvrir cette jeune équipe nationale avec tout de même pas moins de 7 joueuses évoluant en France A. c'était également la possibilité de voir comment la FFHG et le club de Chambéry avait organisé cet événement qui constitue une première dans l'histoire du hockey sur glace tricolore.
| Laurent Lardière | Game over! |
Un bel événement
Force est de constater une fois la porte de la patinoire franchie que le choix de Chambéry pour l'accueil de ce pôle féminin et cette compétition paraît après coup fort judicieux. On y trouve en effet déjà une belle patinoire fort agréable, lumineuse, avec des gradins fonctionnels et une disposition des lieux cohérente, traduisez un restaurant bar sympatique, des toilettes propres pas loin, une température clémente vu le froid extérieur, et une sono intelligible sans être fracassante (toute allusion à une autre patinoire voisine n'est pas une coïncidence). Bref, le genre de lieu où l'on se sent bien ce qui est déjà un excellent début pour découvrir par exemple le hockey sur glace féminin.
Mais que serait cette patinoire sans le club de Chambéry et ses bénévoles qui assurent l'essentiel de l'organisation de cette compétition. Nombreux, courtois et disponibles, il est rare de voir un tel nombre de personnes mobilisées localement et la machine semble fonctionner au mieux. Du stand du club qui propose les écharpes et casquettes, en passant par une disponibilité pour les équipes visiteuses, Chambéry assure et trouve même le temps de cuisiner pour ses bénévoles qui se voient nourris sérieusement entre les deux rencontres. Oui, vous l'aurez compris, nous avons étés impressionnés par le niveau d'organisation.
Relevons ceci étant que la FFHG ne s'est pas contentée de donner des ordres lointains, avec la présence de très nombreux responsables dont Luc Tardiff (Président) et Gérald Guennelon (DTN), en phase avec les personnalités politiques locales qui s'étaient déplacées en nombre. Avouons que pour du Hockey féminin, qui peine comme nous l'avons dénoncé à maintes reprises à être pris au sérieux et à trouver des horaires de glace dans certaines villes, c'est assez réconfortant et mérite d'être souligné.
Sportivement, un plateau ouvert
Sur le plan sportif, il est difficile vous l'aurez compris de juger après une seule journée. Au départ, les équipes présentes semblent assez homogènes même si on pouvait donner un léger avantage à la Slovaquie vu ses références passées chez les masculins il est vrai et la popularité de ce sport susceptible de disposer d'un nombre important de pratiquantes. Derrière, le Japon composé de petits gabarits patine très rapidement et semble constituer une menace sérieuse pour des françaises que l'on verra au niveau des norvégiennes et autrichiennes.
Le match d'ouverture allait voir une courte victoire autrichienne 2-1 sur la Norvège, succès obtenu grâce à un premier trio offensif intéressant avec en particulier une Janine Weber affichant un niveau au dessus. Ces deux équipes, assez proches, présentant des gabarits respectables, mais une vitesse de patinage et un jeu collectif assez moyen. La rencontre s'étant déroulé dans un excellent esprit, avec un arbitrage qu'il nous faut bien situer comme très médiocre et brouillon de la part d'une arbitre suédoise peu inspirée dans cette affaire. Difficile de situer la France après l'avoir vue jouer par rapport aux deux autres, on aurait tendance à considérer ces trois équipes comme assez proches.
| Laurent Lardière | Lore Baudrit |
La hargne, une qualité française
Dans une patinoire bien pleine, les tricolores s'expliquaient avec des slovaques plus physiques mais dont la vitesse et la qualité de patinage étaient un tantinet inférieur. Dominant globalement les débats, mais sans parvenir à tromper une gardienne slovaque sérieuse mais ayant des difficultés à capter les palets, les françaises pouvaient compter sur une Caroline Baldin totalement dans le coup du début à la fin, avec en particulier des qualités de mitaine assez rares à cet age (la grenobloise est née en 1993!). Franchement, si elle poursuit sa progression, on risque d'avoir une très sérieuse cliente en tricolore sur la décennie à venir, et quand on connaît l'importance du gardien dans toute équipe de hockey...Côté défensif, secteur qui fait rarement partie des points forts dans le hockey français, avouons que nous avons étés également agréablement surpris. Outre la capitaine Athéna Locatelli au métier certain et à la vivacité largement au dessus de la moyenne, Gonçalves et Gendarme ont proposé un match sérieux avec souvent ce petit complément de hargne qui fait la différence en défense. A l'offensive, on a retrouvé certaines joueuses déjà vues en France A comme entre autre Berenguer et Obre qui disposent d'une belle marge de progression, ainsi que Lore Baudrit qui a fait très forte impression.
Avec un physique qui la destinait davantage en France au basket ball qu'au hockey sur glace (187cm pour environ 80kg), la joueuse de Neuilly attire l'oeil par sa taille, mais si sa précédente apparition en bleu à Chambéry face à la biélorussie avait plutôt montré un potentiel brut , le travail effectué depuis quelques mois à Chambery laisse entrevoir ce que les canadiens désigneraient sobrement par le vocable "toute une joueuse". Extrêmement active et fortement sollicitée en première ligne (peut être un peu trop dans une logique de 4 rencontres en une semaine?), Baudrit a vraiment pourri la vie de ses adversaires par son alonge, mais également par un patinage plus rapide et même des qualités de passe certaines. Ajoutez lui quelques kilos en plus, une protection de palet plus importante, et un slap qu'elle propose à l'échauffement du reste, et vous obtenez une cliente limite injouable au niveau championat de France. Si l'on regarde les statistiques en terme d'intervention, duels gagnés, et même efficacité offensive, c'est clairement la meilleure joueuse de la journée. on en fait trop en disant cela? Peut-être car la slovaquie moins de 18 n'est pas une solide sélection A, mais allez la voir et vous risquez de penser comme les trois auteurs de l'article, que la petite (humour) est le plus grand potentiel du hockey français actuel avec Sacha Treille.
Donc après de multiples tentatives françaises, ponctuées de supériorités numériques importantes du fait de fautes slovaques plus nombreuses, Baudrit parvenait à en claquer un après de nombreuses tentatives qui ne l'avaient pas découragée. (1-1).
Las, sur ce qui reste pratiquement la seule triangulation réussie par les Slovaques, Lucova fusillait Baldin et on allait alors vers une troisième période qui, malgré de nombreuses tentatives de part et d'autre ne donnait rien, pas plus que la prolongation du reste malgré plusieurs killing play français. Notons la dessus que tout n'est pas parfait dans cette équipe de France au delà des qualités de l'adversaire. une certaine absence de slap et une propention à trop tricoter devant le but sont autant de problèmes, tout comme quelques tendances à l'individualisme qui produisent des lancers à angle fermé plutôt que des centres passes qui pouvaient ce soir être décisifs.
On allait donc assister à une fusillade qui permettait à Baldin de dire non à toutes les tentatives slovaques, parfois bien timides il est vrai. Au delà des arrêts eux-mêmes, l'attitude de la gardienne française était à souligner. Combien de gardiens disent non lors de tels exercices, mais vont en plus pousser un coup de geule pour motiver leurs joueur(e)s sur le banc après un arrêt alors qu'elles vont aller effectuer leur tir? Franchement, on en voit pas souvent, et c'est un signe qui illustre à la fois la motivation mais également le mental qui est ici au dessus de la moyenne.
Les attaquantes françaises ne trouvant pas non plus la cible, Baudrit allait claquer son second but de la soirée avec un mouvement superbe pratiqué entre autre par quelques joueurs suédois de NHL, à savoir une feinte à droite suivie d'un basculement du corps pour le placer perpendiculaire face au gardien avec un revers en amplitude qui pousse le palet au fond, le genre de mouvement efficace quand vous êtes de grande taille (demandez à Sundin). Une réussite qui soulignait encore une fois que l'intéressée a bien quelque chose de spécial à faire valloir.
| Laurent Lardière | Baldin dit non! |
So what?
L'effort fait par la FFHG à Chambéry commence à porter ses fruits, et ils sont surtout du côté des jeunes joueuses de l'équipe de France, particulièrement celles de moins de 18 ans. Si tout n'est pas parfait, avouons que face à un adversaire solide, en provenance d'un pays de hockey, mais sans grandes individualités, les françaises ont démontré qu'elles pouvaient s'accrocher, lutter avec leurs moyens, et la hargne dont elles ont faites montre est clairement un vrai plus. Si la slovaquie est au dessus du duo Norvège Autriche, ce qui n'est pas évident, l'horizon s'est éclairci ce soir. Dans le cas contraire, il faudra batailler avec ceci dit de bonnes chances.
Le seul point qui fait question sera l'état de fraicheur au bout par exemple de trois rencontres, les prolongations ce soir n'ayant rien fait pour arranger cela.
Ceci étant, nous avons étés très agréablement surpris par la qualité du spectacle produit, et avec un peu plus de temps et de travail, il est clair que l'avenir s'annonce intéressant pour un groupe qui devrait avoir ses plus belles années devant lui.
|