Petit retour en arrière. Début septembre, plus précisément. Le Sport Business News et son journaliste Howard Bloom évoquaient une possible expansion de la Ligue d'ici 2017. L'année du centenaire de la Ligue. Les pistes évoquées : Las Vegas, Seattle, Québec et Toronto. Une rumeur aussitôt démentie par Monsieur NHL, Gary Bettman, lequel a balayé d'un revers d'un main un possible élargissement de la Ligue, voire de probables délocalisations, et a contredit le prix évoqué du ticket d'entrée pour les quatre franchises : 1,4 milliards de dollars. 350 millions par équipe. « Cela est beaucoup trop bas, ça sous-estime nos concessions » a-t-il confié lors d'une conférence de presse de TVA Sports.
On pourrait insister avec Gary Bettman, en lui demandant si ce n'est pas un moyen de faire monter les enchères. Car selon Bloom, l'arrivée de quatre nouvelles franchises impacterait grandement les revenus de la NHL. « L'ajout de nouvelles équipes augmenterait les revenus et serait bénéfique pour les propriétaires » a-t-il déclaré à TVA Sports. Mais bon, faisons confiance au Big Boss. Laissons tranquille l'extincteur Gary Bettman. Et demandons-nous plutôt pourquoi Seattle, Québec et Toronto et Las Vegas pourraient se frayer un chemin dans la Ligue nationale.
Le « Big four » qui intégrera (ou pas) la NHL
Seattle : la NHL suspendue à la NBA
Aujourd'hui, Seattle est surtout connu pour les Seahawks (NFL). Ne dispose pas d'aréna. Et ne se lancera dans la construction d'une enceinte qu'en cas de retour d'une franchise...NBA. Mais Seattle partirait avec un pas d'avance dans la tête des dirigeants de la Ligue en cas d'expansion : deux franchises de plus à l'Ouest permettraient de rééquilibrer les divisions. Le bras droit du commissaire Bettman, Bill Daly, l'a d'ailleurs confirmé au Star Tribune récemment : si expansion il y a, elle sera sûrement dans l'Association de l'Ouest.
Il y a deux ans, Marc-Antoine Godin, journaliste à La Presse, évoquait les efforts du promoteur Chris Hansen et du PDG de Microsoft, Steve Ballmer, pour attirer la NBA à Seattle. Il rajoutait que le premier était à la recherche d'un partenaire pour en faire de même avec la NHL, faisant part, au passage, de l'intérêt de Don Levin, propriétaire des Wolves de Chicago (AHL). Un autre nom circule aussi beaucoup pour implanter la NHL à Seattle : celui de Victor Coleman, un Canadien ayant fait fortune dans l'immobilier. Problème : le hockey n’atterrira à Seattle que si le marché laissé par le basket, le baseball et le football américain est assez large. Le futur du hockey à Seattle est également souvent évoqué comme étant lié à celui de Phoenix et de ses Coyotes, une franchise en difficulté.
Pour rappel, les Metropolitains de Seattle ont été l'une des premières franchises de NHL. Laquelle a notamment remporté le titre suprême en 1917. Plus d'un siècle plus tard, la NHL fera peut-être son grand retour à Seattle.
Las Vegas : le hockey au pays du vice
Pour Tony Gallagher, journaliste de The Province, c'est « déjà fait ». Les amateurs de jeu et de hockey s'y voient déjà : assister à un match de NHL entre deux parties de poker. Le rêve... C'est déjà à Vegas que la Ligue organise sa remise annuelle des trophées. Et c'est aussi à Vegas que la construction d'une aréna de 375 millions de dollars, disponible d'ici 2016 et d'une capacité de 20 000 places, alimente les rumeurs sur l'arrivée de l'élite du hockey nord-américain. Argument supplémentaire : une franchise dans la « ville du vice » permettrait également de grimper à seize équipes à l'Ouest. Et, "last, but not least" : une arrivée de la NHL à Las Vegas mettrait un coup de projecteur sur la Ligue, qui deviendrait la première des quatre sports US à s'implanter à Las Vegas.
Problème : le hockey n'attirerait probablement pas grand-monde à Vegas. En tout cas, moins que les casinos... Dans une analyse de 2013, Nate Silver indiquait que Las Vegas disposerait de moins de fans que n'importe quelle équipe actuelle de la Ligue, avançant un chiffre de 90 000 pour Vegas, et de 150 000 pour la dernière ville de NHL : Nashville. Le grand vide de supporters pourrait peser lourd dans l'avenir du hockey à Vegas. « Tu ne peux pas dépendre des touristes pour remplir ton amphithéâtre chaque soir, même les plus riches. Tu dois vraiment avoir une base locale de partisans », a averti le sous-commissaire Bill Daly dans Star Tribune.
Le futur complexe sportif de Las Vegas est construit par la compagnie MGM Resorts International, qui dispose d'un partenaire, AEG, déjà propriétaire d'une équipe de NHL. Cette dernière n'est d'autre que le champion en titre : les Kings de Los Angeles. MGM Resorts a indiqué au Las Vegas Review-Journal avoir eu des discussions avec un groupe d'investisseurs intéressés par l'implantation d'une franchise NHL. Et ces derniers jours, les rumeurs autour de l'arrivée d'investisseurs à Vegas augmentent : William Foley, président de Fidelity National Financial, spécialisé dans l'assurance de titres, est au cœur d'une rumeur qui le met à la tête d'un groupe d'investisseurs prêt à mettre de l'argent dans le hockey au Nevada, groupe d'investisseurs que le sous-commissaire Bill Daly a admis avoir rencontré à Vegas. La famille Maloof, propriétaire d’hôtels et ancien propriétaire des Kings de Sacramento (NBA), serait également dans le coup. A noter que « la ville du vice » joue déjà au hockey : les Wranglers évoluent en ECHL.
Il y a quelques années, le nom du producteur de film Jerry Bruckheimer avait été évoqué pour payer le ticket d'entrée dans la Ligue : « D'ailleurs, selon une source sûre, des négociations entre la Ligue et Bruckheimer ont commencé depuis quelques semaines et une équipe jouera dans cette ville d'ici deux ou trois ans » pouvait-on lire dans un article de RDS en 2007. Ce n'est donc pas la première fois que l'on annonce l'arrivée de la NHL à Las Vegas.
Québec : le retour rêvé d'une rivalité
Le retour des Nordiques de Québec, beaucoup y rêvent dans la Belle-Province. Même les simples amateurs de NHL imaginent déjà ce que pourrait donner le grand retour de la rivalité Québec-Montréal.
La rumeur envoyant la NHL à Québec se fonde notamment sur les difficultés rencontrées par les Panthers de Floride, même si Gary Bettman a tenu à affirmer qu' « ils n'iront nulle part ». Puis de (ré)affirmer « Nous n'avons pas de concessions en difficulté ». Son sous-commissaire est allé dans son sens dans ses déclarations à Star Tribune : « La franchise ne bougera pas. Elle a un bail à long terme et les propriétaires sont dévoués au marché. La Floride du Sud est un marché de sport féroce. Ça a toujours été le cas. Mais une équipe de hockey peut avoir du succès là-bas. Je le crois vraiment ». Et ce même si le copropriétaire des Panthers, Douglas Cifu, a affirmé que « le modèle d'affaires actuel n'était pas soutenable ». Rappelons que, depuis l'arrivée de Gary Bettman au poste de commissaire, les Thrashers d'Atlanta ont déménagé à Winnipeg.
Québec aura aussi, bientôt (en 2015), une aréna flambant neuve, d'une capacité de plus de 18 000 places. « Le commissaire de la LNH a reconnu que la candidature de la ville de Québec risquait de bénéficier de la présence de l'ex-Premier ministre du Canada au sein du conseil d'administration de Québecor (Brian Mulroney, ndlr) », a notamment écrit Julien Arsenault pour La Presse Canadienne. Québecor, le groupe télévisé, qui donne chaque année un pactole à la Ligue en termes de droits TV, pousserait à la renaissance des Nordiques.
Pour rappel, les Nordiques de Québec sont partis pour Denver en 1995 à cause de difficultés financières et de l'absence d'aréna moderne.
Toronto : de la concurrence pour les Maples Leafs
L'arrivée d'une nouvelle franchise dans une ville qui en regorge déjà : les Maple Leafs, mais aussi les équipes de MLS et de Ligue majeure de Toronto ne devraient pas voir cela d'un bon œil. Si la rumeur est plausible, c'est parce les Maple Leafs constituent la franchise la plus rentable de la NHL, estimée par Forbes à 1.15 milliards de dollars. Et ce malgré les mauvais résultats. Toronto et ses banlieues disposent tout simplement du plus grand marché de la Ligue.
Si une nouvelle franchise ne naît pas à Toronto, elle pourrait tout de même voir le jour dans l'Ontario : beaucoup de rumeurs évoquent ainsi l'arrivée de la NHL à Markham, ville au nord de Toronto. L'idée de construire une aréna "format NHL" y avait germé. Une entente avait été signée entre la ville et GTA Sports and Entertainment. Puis le projet a été abandonné, le conseil municipal refusant de financer la moitié de l'aréna. Mais le maire de la ville, Franck Scarpitti, continue de rêver à l'arrivée de la NHL à Markham.
L'oublié du « Big Four »
Kansas City : le retour des Scouts
Lorsque Howard Bloom a cité Las Vegas, Seattle, Québec et Toronto comme nouvelles futures villes de la Ligue d'ici 2017, le chroniqueur Tony Gallagher a remplacé la dernière par celle de Kansas City. La ville de Kansas City, elle, a déjà reçu sa nouvelle aréna, laquelle a déjà accueilli Elton John, et cherche toujours à attirer la NBA, mais aussi la NHL. La Ligue nationale a d'ailleurs déjà posé ses valises à Kansas City : entre 1974 et 1976, les Scouts de Kansas City ont évolué en NHL, avant que la franchise ne soit déménagée à Denver pour devenir les Rockies du Colorado. La banlieue de Kansas City abrite déjà une équipe de hockey : les Mavericks du Missouri, qui évoluent en ECHL.
Le changement, c'est dans longtemps
Pour clore ce dossier, citons Philippe Cantin, chroniqueur à La Presse, qui a récemment écrit que la Ligue « ne laissera pas filer cette extraordinaire occasion d'encaisser des centaines de millions. Voilà pourquoi le commissaire garde toujours la porte ouverte en évoquant ce sujet », prenant pour exemple la nouvelle entente à hauteur de 5.2 milliards de dollars avec Rogers et Québecor pour les droits de diffusion, et citant la phrase suivante du commissaire : « Et nos meilleures années sont devant nous ». Mais le chroniqueur s'est ensuite empressé de relativiser ses propos, avançant que « l'ajout de quatre nouvelles équipes dès 2017, (lui) semble farfelu ». « So do I », répondrait Gary Bettman.
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