Hockey sur glace - NHL : National Hockey League - AHL
NHL: Carolina dans l'oeil du cyclone
Vice-champions de Conférence Est l'an passé, après avoir écoeuré les Devils au premier tour puis battu les Bruins au second, les Carolina Hurricanes affichent un début de saison absolument catastrophique et restent sur une abyssale série de 9 défaites consécutives. Sans avoir la prétention d'apporter des solutions toutes faites, on peut tout de même tenter de disséquer les restes d'une équipe qui semble à l'agonie.
Tout d'abord, commençons par ce qui reste le seul point positif des Canes en ce début de saison: Cam Ward. Ses stats sont pourtant loin d'être impressionnantes: 2-7-3, 3.07 GAA, 89.8% d'arrêt. Aucun doute, on a vu des chiffres plus impressionnants Il n'empêche qu'il multiplie les gros arrêts et n'accorde qu'extrêmement peu de "mauvais" but. Dans la quasi-totalité des cas où il est battu, il ne peut franchement pas faire grand chose. Or, comme ses stats le démontrent, il est battu très régulièrement.
Cam Ward
Ce qui nous amène au début d'une longue liste de choses qui ne fonctionnent pas chez les Canes en ce début de saison.
Premier point: la défense. Les Canes sont avant-derniers de la ligue, avec pas moins de 3.69 buts alloués par rencontre. Seuls les Toronto Maple Leafs (3.92 GAA/G) réussissent l'exploit de faire pire. Et ce en grande partie "grâce à" Vesa Toskala, aussi infranchissable qu'une porte de saloon avec son bilan de 0-2-2, 5.13 GAA et 83.6%. Payé 4M$ la saison, ça fait vraiment cher de l'arrêt.
Mais revenons à la défense des Canes. Les acquisitions de Aaron Ward, Andrew Alberts, et Jay Harrison (placé au ballotage lundi puis ré-assigné au club ferme des Albany River Rats en AHL mardi) ont apporté un peu plus de physique. Pourtant, Carolina a du mal à remporter les batailles le long de la bande dans sa propre zone, ce qui les laisse régulièrement sous pression. La régularité n'a pas non plus été un grand point fort jusqu'à présent. La qualité de passe sur les sorties de zone est également à revoir, la défense accumulant les revirements. Même un Joni Pitkanen, pourtant censé être leur meilleur élément dans ce domaine, affiche déjà 6 revirements en seulement 8 rencontres disputés. Près d'un revirement par match! Au-delà de la stat, c'est surtout la localisation de ces revirements qui est grave: presque exclusivement en zone défensive, et souvent près de l'enclave, ce qui laisse de grosses opportunités de but à l'adversaire tout en laissant Ward complètement désemparé. Manque de concentration? Pas impossible. D'autant que les Canes ont encaissé des buts à moins de 2 minutes d'intervalle déjà une demi-douzaine de fois cette saison, en seulement 13 matchs. Le plus souvent, juste après avoir inscrit un but. Dernier exemple en date: pas plus tard que dimanche dernier, lors de la réception des Sharks. Les Canes ouvrent la marque par Brandon Sutter à 22:48, quelques minutes avant de prendre deux buts coup sur coup (Huskins à 24:05 puis Staubitz à 25:27), pour finalement se faire torpillé 5-1.
Eric Staal
Bien sûr, prendre 5 buts face aux Sharks n'est pas forcément honteux. Surtout lorsque l'on considère le fait qu'ils disposent de l'un des tous meilleurs fabriquant de jeu de la planète avec Joe Thornton, et un sniper hors-pair en la personne de Danny Heatley. Oui, mais lorsqu'on s'attarde sur les noms des buteurs face aux Canes, c'est de suite beaucoup moins impressionnant. Kent Huskins, défenseur physico-défensif, inscrit son premier but de la saison après s'être baladé tranquillement dans la défense, avoir contourné le filet, et marqué de près. Puis Brad Staubitz, dur à cuire de 4ème ligne, inscrit son second but de la saison. Suite à quoi Douglas Murray, encore un défenseur physico-défensif, inscrit lui aussi son premier but de la saison. C'est ensuite au tour de Marc-Edouard Vlasic, encore un défenseur, d'inscrire son deuxième but. Enfin, alors qu'il reste moins de 10 minutes à jouer et que les Sharks mènent 4-1, les "gros" vont un peu sortir de leur léthargie. Heatley passe à Thornton, qui relaye vers Marleau, et ce dernier lâche un missile sol-air qui fait mouche sur le jeu de puissance.
Le jeu de puissance des Sharks? En d'autres termes, l'infériorité numérique des Canes... Elle fonctionne assez bien, là n'est pas le problème. Avec 80.9% dans ce domaine, Carolina pointe à une honorable 13ème place. Et heureusement, sinon les Canes auraient sans doute déjà eu au moins un match où ils auraient pris une valise à deux chiffres au tableau d'affichage, au lieu de prendre cette valise en deux matchs (11 buts encaissés le weekend dernier, pour seulement 2 rendus). Le vrai problème avec le jeu d'infériorité des Canes, c'est qu'il est trop souvent au travail. Et ce pour une raison simple: l'équipe est trop pénalisée. Beaucoup trop. Équipe la moins pénalisée l'an passé avec seulement 9.8 minutes de pénalité par match (seule équipe en-dessous de la barre des 10 PIM/G), les Hurricanes sont devenus l'équipe la plus pénalisée de la ligue cette saison, avec pas moins de 21.5 minutes de pénalité par match (seule équipe au-delà des 20 minutes). Et ils "dominent" dans à peu près tous les domaines. Pénalités mineures: 29ème en ayant écopé 79 fois de 2 minutes (seul Montreal fait pire avec 80 pénalités mineures). Pénalités majeures: 13 fois, derniers ex-aequo avec Calgary. Méconduite: 3 fois, dernier ex-aequo avec Ottawa. Méconduite de match: 2 fois, derniers (tout seuls ce coup-ci, comme des grands). Il n'y a guère que pour les pénalités de banc qu'ils sont à peu près corrects, ayant reçu seulement 2 fois ce type de pénalité (14ème), tandis que New Jersey se traine en fond de classement avec 5 pénalités de banc. Si on classe les équipes par le total de minutes de pénalités reçues, on s'aperçoit qu'il n'y a jamais plus de 18 minutes d'écart entre deux équipes qui se suivent au classement. Sauf tout au fond de ce classement. Anaheim est 29ème avec 231 minutes. Carolina est 30ème avec 275 minutes, 44 de plus que les Ducks, soit plus du double du plus gros écart observé ailleurs dans le classement. Bref, la discipline semble n'être qu'une légende urbaine cette saison du côté de Raleigh.
Fans et mascottes
Il y a quand même de quoi s'interroger lorsqu'on retrouve Erik Staal au 8ème rang des joueurs les plus pénalisés de la ligue avec ses 34 minutes de pénalité. Surtout lorsqu'on voit qu'il devance des joueurs comme Georges Parros, Mike Komisarek, Zack Stortini, Brandon Prust, et autres grands habitués du banc de pénalité. La défense n'est pas en reste, vu que 4 défenseurs de Carolina (soit les deux tiers de l'escouade, rien de moins), affichent plus de 2 minutes de pénalité de moyenne par match. Peut-être qu'une soudaine envie leur prend de vouloir admirer les formes gracieuses des filles du Storm Squad. Peut-être surtout qu'ils devraient d'abord penser à faire leur travail correctement. Quoiqu'il en soit, ce temps passé en prison n'aide clairement pas à disposer d'une bonne défense. Et il n'aide pas non plus offensivement, vu qu'il reste assez compliqué d'aller inscrire des buts lorsque l'on dispose d'un homme de moins sur la glace.
L'attaque, justement... Elle pointe au 30ème et dernier rang de la ligue, avec une moyenne passablement médiocre de 2.08 buts inscrits par match. Le jeu cyclique de fond de zone ne fonctionne absolument pas, alors que c'était l'un des points forts de l'offensive de Carolina la saison passée. Et l'échec-avant, qui était également l'un de leurs atouts majeurs et leur permettait de provoquer bon nombre de pertes de palets aux défenses adverses afin de se créer de bonnes occasions, est lui aussi complètement inefficace. Voir même parfois inexistant, au point de laisser des boulevards dans la zone neutre, dans lesquels les attaquants adverses s'engouffrent avec grand plaisir. Et vu l'efficacité de la défense, ce n'est pas forcément la meilleure chose à faire.
Toujours dans le registre offensif, les Hurricanes souffrent également d'un jeu de puissance en manque d'efficacité. Tout juste 9 buts inscrits en avantage numérique (20ème) malgré 59 opportunités (10ème), le tout pour un bien maigre 15.4% de conversion (24ème). Même si ça reste mieux que la 27ème place occupée par les 17 buts buts inscrits à 5-contre-5, ce n'est cependant clairement pas suffisant. Depuis les départs de Dennis Seidenberg et Anton Babchuk, les Canes sont en difficulté pour trouver quelqu'un capable de faire tourner le jeu de puissance. Au point de n'avoir inscrit 2 buts et plus en avantage numérique que sur 2 de leurs 13 matchs. Quand on sait le rôle clé que jouent les unités spéciales, ce n'est clairement pas bon signe.
Il faut dire aussi que pour marquer, il faut pouvoir tirer. Et pour pouvoir tirer, il est généralement préférable d'être en possession du palet. C'est quand même plus pratique. Or entre un échec avant inefficace et une défense qui ne remporte pas les batailles le long de la bande, les Canes font un bien piètre travail lorsqu'il s'agit de récupérer la rondelle. Et ils sont loin de compenser en remportant le puck sur les mises en jeu, vu qu'ils ne se classent qu'à la 29ème place pour ce qui est du pourcentage de faceoffs remporté, avec tout juste 46.0% (Colorado se distinguant en fermant la marche avec 45.3%).
A leur décharge, les Canes n'ont pas été épargnés par les blessures et autres absences en tout genre en ce début de saison. Pitkanen et Gleason, deux joueurs importants dans la défense, ont tous deux manqués 5 des 13 matchs de l'équipe. L'ailier Tuomo Ruutu a purgé une suspension de 3 matchs. Erik Cole a manqué 10 matchs. Et maintenant, c'est Erik Staal qui est blessé, le jour-même où Cole est revenu. Staal va donc manquer un match de son équipe pour la première fois depuis sa saison rookie, après une impressionnante série de 349 matchs consécutifs sans blessure. Décidément, quand ça ne veut pas...
Mais tout mettre sur le dos des blessures serait un peu simple. Toutes les équipes sont touchées par les blessures. Et cette saison, ce sont souvent les joueurs-clé qui passent à l'infirmerie. Pour autant, ça n'empêche pas les Penguins d'aller s'imposer à Anaheim hier soir, malgré les absences de Malkin et Gonchar. Atlanta se débrouille fichtrement bien malgré les absences de Lethonen et de Kovalchuk. Boston doit se passer de Savard et Lucic. Colorado a 8 blessés et reste en tête de la Conférence Ouest. Dallas doit faire sans Modano et Lethinen. Philadelphia déplore les absences de Briere et Gagne. Vancouver doit composer sans Luongo, Demitra, et Daniel Sedin. Sans parler de toutes les équipes qui n'ont qu'un seul joueur important de blessé (Ovechkin à Washington, etc). Au final, les Canes ne sont pas plus mal lotis que leurs adversaires.
Paul Maurice, entraineur des Carolina Hurricanes (Getty Images)
La grande question demeure: que faire? Comment remettre ce groupe sur les bons rails? Comment corriger cette avalanche de problèmes qui font que rien ou presque ne fonctionne dans cette équipe? Comment enrayer cette infernale spirale de défaites? Ah ah, par une victoire, bien entendu! Mais concrètement, la réponse est sans nul doute bien plus complexe à trouver.
D'autant que cette situation désastreuse est pour le moins inattendue. En début de semaine, Jim Rutherford, le manager des Hurricanes, déclarait d'ailleurs: "Je suis totalement surpris. Je n'ai jamais vu ça venir." Bienvenue au club. Et je doute que beaucoup de monde se soit attendu à une pareille débâcle.
Bien souvent dans ces situations, c'est l'entraineur qui paye les pots cassés en se faisant licencier. Qu'il soit réellement responsable ou non ne fait aucune différence. Arrive un moment où le propriétaire de la franchise s'impatiente devant les mauvais résultats et met la pression sur le manager. Ce dernier utilise alors le coach comme fusible afin de sauver sa place temporairement, dans l'espoir que l'électrochoc créé au sein de l'équipe amènera des résultats et lui permettra de conserver son poste. Parfois, ça fonctionne à merveille. Il suffit de regarder le champion en titre. Mais dans la grande majorité des cas, ça ne change pas grand chose.
Quoiqu'il en soit, Paul Maurice, l'entraineur de Carolina, est dans une position de plus en plus précaire. Et s'il ne veut pas perdre son job, il serait sans doute bien inspiré d'obtenir une victoire dès ce soir, lors d'un déplacement chez les Florida Panthers. Ironie du calendrier, les Panthers restent la dernière équipe face à qui les Hurricanes sont parvenus à s'imposer. C'était le 9 Octobre dernier, à Raleigh, et les Canes avaient tronçonné les Panthers sur un cinglant 7-2. Ils n'auront peut-être pas besoin de scorer de nouveau un touchdown pour s'imposer, mais la victoire n'en reste pas moins un impératif de plus en plus urgent pour Paul Maurice...
A quand le même genre d'article sur les Canucks de Vancouver ??
Ducs49 a écrit
le 05/11/2009 à 03:39
pourquoi ne pas faire une fiche racontant l'historique d'un club, au moins une fois par semaine, ça pourrait être sympa.
Louis a écrit
le 04/11/2009 à 21:48
Très intéressant et remarquablement analysé
HH/LL a écrit
le 04/11/2009 à 18:21
Bonjour
merci de nous lire. J'avais mis la photo du jeune loustic car elle m'a fait vraiment rire, mais comme vous le soulignez, il s'agit d'un montage ce qui rompt quelque peu le charme.
Vous trouverez donc un autre cliché plus conventionnel en bas de l'article
stefanovski a écrit
le 04/11/2009 à 18:13
Il y a un gros gros fake sur l'image intitulé "jeune fan survolté". Il s'agit en réalité d'un montage. La photo originale est la même photo mais avec le logo du Feyenoord Rotterdam, équipe de football des Pays-Bas. Voici la photo "originale" : http://www.soren.be/wp-content/feyenoord.jpg
Dommage car vos articles sont de très bonnes qualité.
pantang a écrit
le 04/11/2009 à 17:49
un article intéressant, ce serait bien d'en faire de temps en temps sur la NHL ainsi
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