Les affiches des demi-finales des play-off de National League A verront s’opposer Bern et Kloten d’un côté, ainsi que Genève et Zug de l’autre. Hormis la sortie du champion en titre Davos par les Kloten Flyers, il n’y a donc pas eu de « surprise » par rapport au classement de la saison régulière, ce qui est assez rare pour être signalé. Mais les ZSC Lions et Lugano sont déjà éliminés, eux qui faisaient figure d’épouvantails au début de la saison…
Pour Bern, jouer une demi-finale de play-off est quelque chose de normal. D’obligatoire même, au vu de la puissance de cette équipe à tous les niveaux. Clubs à très grosse tradition, Kloten et Zug ne sont non plus pas des néophytes à ce niveau-là. Reste l’immense surprise de la saison, Genève-Servette, qui participera à une demi-finale pour la troisième fois de son histoire seulement. La victoire en quarts de finale contre Fribourg est d’ailleurs seulement la quatrième série de play-off remportée par le club genevois dans l’élite.
Tableau récapitulant le nombre de participations aux demi-finales des play-off, par club :
Kloten |
17 |
Lugano |
16 |
Bern |
13 |
Davos |
12 |
Zug |
11 |
Ambrì-Piotta |
9 |
Zürich |
8 |
Fribourg |
8 |
Genève |
3 |
Rapperswil |
1 |
Sierre |
1 |
Bienne |
1 |
Présentation des demi-finales avec notre pronostique.
BERN 60% - 40% KLOTEN
Cette fois-ci, le grand SCB a su maîtriser l’immense pression qui plane chaque printemps dans les travées de la PostFinance Arena, la patinoire le plus fréquentée d’Europe (à nouveau plus de 15'000 fans par match comme nous le reportions dans notre précédente flash info). Facile vainqueur de la saison régulière en 2006, 2008 et 2009, le SCB s’était à chaque fois fait éliminer dès les quarts de finale (par Kloten, Fribourg et Zug l’an dernier). Le mal était profond et touchait le mental des joueurs. Mais cette année, l’équipe de la capitale fédérale a été reprise par le fantasque Canadien Larry Huras, coach à succès par excellence, ce qui a permis aux Bernois - après une nouvelle saison régulière terminée au premier rang - de passer sans souci le grand rival historique Lugano en quarts de finale et ainsi retrouver au stade suivant les Kloten Flyers, finalistes malheureux des derniers play-off contre Davos. Durant sa carrière en Suisse, Larry Huras a très souvent connu le succès, amenant Ambrì-Piotta en finale des play-off en 1999 contre Lugano, remportant la Continental Cup avec ce même Ambrì par deux fois ainsi qu’une Super Coupe contre Magnitogorsk, remportant le titre de champion de Suisse avec Zürich puis Lugano, etc. Il est l’arme principale du SCB par rapport aux saisons dernières où l’équipe, sur le papier, était autant séduisante qu’aujourd’hui. En face, Kloten possède lui aussi un entraîneur exceptionnel en la personne du Suédois Anders Eldebrink, ancienne gloire du grand Kloten des années 1990. Un peu à l’image de ce qui s’était fait entre 1993 et 1996 lorsque Kloten écrasait tout sur son passage - sous la houlette, entre autres, du mythique Alpo Suhonen, aujourd’hui general manager du club zurichois -, Anders Eldebrink et son assistant Felix Hollenstein (encore une légende du club… ) ont réussi à monter une équipe exceptionnelle, équilibrée et, surtout, extrêmement rapide. Aujourd’hui, Kloten est simplement l’équipe la plus rapide de la ligue avec une qualité de patinage extraordinaire et un jeu de transition impressionnant. En saison régulière, le système de jeu spectaculaire des Flyers a d’ailleurs posé des problèmes à la surpuissante machine de la capitale fédérale, avec notamment une victoire dans l’antre bernoise (2-3 le 2 octobre). Mais au final, au niveau du coaching, il devrait y avoir un petit avantage tout de même au SCB pour la plus grande expérience globale de Larry Huras et les nombreux succès qu’il a obtenu dans notre championnat depuis de nombreuses années.
Devant la cage, les Bernois comptent toujours sur le routinier Marco Bührer, qui à défaut d’être transcendant, reste une valeur sûre capable de faire gagner une équipe en finale des play-off (il l’avait fait en 2004 avec le titre bernois contre Lugano). En face, c’est une véritable légende du championnat helvétique, Ronnie Rüeger (37 ans et 17 saisons en NLA). Encore sélectionné aux derniers Jeux Olympiques de Vancouver comme troisième gardien, il a déjà remporté le titre de champion de Suisse avec le EV Zug (en 1998) et avec le HC Lugano (en 2003 et 2006). Au niveau du gardien titulaire, Kloten a un léger avantage à notre sens, avec un dernier rempart plus expérimenté à ce niveau, plus calme et surtout plus en confiance que son vis-à-vis.
| | Christian Dubé (SCB) | En défense, il y aura vraiment du beau monde sur la glace. Le SCB possédait la deuxième meilleur défense de la ligue en saison régulière avec 117 buts encaissés contre 138 aux Flyers. Autant dire que les deux équipes sont assez proches à ce niveau. Côté bernois, les défenseurs à suivre seront bien sûr le Canadien Travis Roche qui avait joué 50 matchs de NHL lors de la saison 2006-2007 avec les Phoenix Coyotes, l’international suisse Philipp Furrer, le jeune prodige suisse Roman Josi qui a fêté lors des quarts de finale contre Lugano son retour au jeu après une longue blessure, mais aussi les routiniers suisses Dominic Meier, David Jobin, Andreas Hänni ou encore Beat Gerber, qui sont tous des très bons éléments de NLA. En face, on a aussi du solide avec l’Américain J.D. Forrest, le routinier Benny Winkler (très expérimenté en play-off) ainsi que les internationaux helvétiques Patrick Von Gunten et Félicien Du Bois. Petit avantage pour Bern quand même au niveau qualitatif sur les troisième et quatrième paires. Si la série s’éternise, la défense zurichoise risque d’être plus rapidement dans le dur.
La même chose en attaque, il va y avoir du très beau monde sur la glace ! Avec respectivement 163 et 154 buts marqués en saison régulière, Kloten et Bern sont restés assez loin des 185 buts du ZSC, meilleure attaque de la ligue. Mais les deux équipes proposent une pléthore de joueurs typiques pour les play-off, avec une très grosse expérience. On commence avec le SCB qui aligne une véritable armada offensive avec en première ligne un duo suisse hallucinant formé des routiniers Ivo Rüthemann et Martin Plüss, déjà compères en équipe nationale. Ces deux-là ont cumulé un total de 84 points en saison régulière et Ivo Rüthemann semble particulièrement en forme avec déjà 8 points en 4 matchs de play-off. Ensuite, les Canadiens Brett McLean, Lee Goren, Simon Gamache (surnuméraire, ne devrait pas entrer en jeu) et J.P. Vigier, travailleur infatigable, ainsi que les Suisses Thomas Ziegler, Marc Reichert ou encore Caryl Neuenschwander sont tous des joueurs clés parmi les meilleurs de la ligue dans leurs rôles repsectifs. On notera encore le vétéran canado-suisse Trevor Meier, toujours capable de tirer une ligne en play-off, et bien entendu le revenant Christian Dubé, artiste aux mains géniales et capable de décider d’une série de play-off à lui tout seul. Son retour surprise contre Lugano au tour précédent a apporté une profondeur supplémentaire à cette attaque bernoise déjà incroyable !
Et du côté de Kloten, c’est aussi très spectaculaire ! Le duo atomique de la première ligne est composé des Finlandais Tommi Santala et Kimmo Rintanen. Mythique en Finlande, le second nommé est une vraie légende de la NLA dans laquelle il évolue depuis 2001. Au fil des années, sa constance et son talent en ont fait un joueur culte du championnat qui a toujours terminé dans le top-10 des compteurs excepté en 2003-2004 (quinzième compteur). Malgré ses 36 ans, sa vista et son sens du jeu peuvent mettre la défense bernoise dans ses petits patins à chaque instant. Le puissant Mark Bell (454 matchs de NHL), les stars suisses Roman Wick et Marcel Jenni ainsi que les très nombreux routiniers comme Fredy Rothen, Michel Zeiter, Michael Liniger, Sven Lindemann etc. font de l’attaque des Flyers l’une des plus fortes de la ligue. A l’avant, les débats seront vraiment très équilibrés et ce sont bien les unités spéciales qui prendront une importance capitale. A ce petit jeu-là, il est intéressant de constater que le SCB possédait le deuxième meilleur penalty killing cette saison contre un power play banal (statistiquement parlant), alors que Kloten possédait le deuxième meilleur power play derrière Zug.
Notre avis :
De manière globale, Bern semble quand même un peu plus fort que Kloten qui sera néanmoins un adversaire de premier plan qui donnera bien du fil à retordre aux Bernois. En réalité, les deux équipes engagées dans cette série sont les deux meilleures équipes encore en lisse. Larry Huras devra tenter de faire baisser la pression sur l’équipe et essayer de maintenir les joueurs concentrés et en confiance. Le manque de rythme après une série expéditive pourrait être un handicap pour le premier acte, mais normalement, les Bernois devraient pouvoir se sortir de cette série. Nous voyons le SCB s’imposer 4-2 voire 4-1 dans la série, si il arrive à prendre rapidement le large dès les premiers affrontements.
GENEVE 45% - 55% ZUG
Pour la deuxième année consécutive, le EV Zug atteint les demi-finales des play-off. L’année passée, les joueurs de Suisse centrale avaient créé la surprise en éliminant le SC Bern en quarts de finale avant de trébucher en demi-finale face aux Kloten Flyers. Il y aura beauoup d’émotions dans le vétuste Herti de Zug puisque la vieille patinoire sera remplacée dès l’entame de la saison prochaine par une nouvelle arène flambant neuve, construite juste à côté de la désormais vieille patinoire historique. Le Herti vit donc ses dernières heures de gloire et nul doute que les joueurs du EVZ vont vouloir faire vibrer encore quelques fois le fervent kop du Herti dans ce lieu chargé d’histoire. Genève-Servette a donc de son côté atteint pour la troisième fois de son histoire seulement le dernier carré du championnat. Annoncé en difficultés pour une place en play-off par de nombreux spécialistes, l’aigle genevois a vécu une saison exceptionnelle avec une réussite qui n’est pas sans rappeler celle de 2008. Presque aucune blessure, un système de jeu hyper-défensif appliqué à la lettre et une euphorie évidente dans le vestiaire ont permis aux Genevois d’atteindre une inespérée seconde place en saison régulière (comme en 2008). La clé de la réussite genevoise reste bien entendu le coach Chris McSorley. Emblématique, pas toujours très académique, le Canadien fait la pluie et le beau temps à la patinoire des Vernets depuis 2001 (entraîneur, manager, co-propriétaire du club). La force de ce dernier est bien entendu de pouvoir obtenir des résultats avec des joueurs suisses moyens qu’aucune autre formation de l’élite ne voulait, encadrés par quelques ténors ainsi que des étrangers de premier plan. La situation est très différente en face, avec Doug Shedden qui est arrivé en 2008. Il s’est d’abord séparé de certains joueurs puis à reforger l’équipe à sa façon en engageant quelques pions précieux. Le EVZ est donc, comme le Genève-Servette, une équipe complètement à l’image de son entraîneur. Cette force a permis aux deux clubs de passer devant les grosses cylindrées Davos, ZSC et Lugano, rien que ça ! Cependant l’expérience globale de Doug Shedden, notamment avec sa médaille de bronze gagnée à la tête de l’équipe de Finlande, donne un avantage au EVZ pour le coaching.
| | Josh Holden (EVZ) | Devant les goals, les deux équipes possèdent un gardien exceptionnel. A Genève, Tobias Stephan a fait une saison incroyable pour son retour des Dallas Stars. Il a obtenu les meilleures statistiques de la ligue en saison régulière, avant de perdre un peu pied en play-off. A Zug, Jussi Markkanen a plus d’expérience. Ancien gardien de NHL également, il a joué au Jokerit Helsinki et en équipe de Finlande sous les ordres de Doug Shedden. Le coach canadien le voulait absolument dans son équipe et aujourd’hui, tout le monde comprend pourquoi. Véritable mur infranchissable, le Finlandais est le réel meilleur gardien de NLA.
Au niveau des défenses, Zug et Genève-Servette sont très proches. Statistiquement parlant, Genève-Servette avait la meilleure défense en saison régulière avec 113 buts encaissés contre 125 pour le EVZ. Cette très bonne assise défensive est, tant à Genève que Zug, plutôt dûe aux systèmes de jeux bien huilés qu’à une addition d’individualités de niveau international. Côté genevois, le géant tchèque Marek Malik commence à trouver ses marques en NLA. Les autres défenseurs majeurs sont l’international suisse Goran Bezina, le rugueux John Gobbi et Martin Höhener, l’ancien grand espoir du hockey suisse. En face, le EVZ possède quelques pointures comme le Canadien Micki DuPont qui est une arme redoutable en power play, le Suédois Josef Boumedienne, les routiniers Michael Kress et Patrick Fischer, le bad boy canado-suisse Wesley Snell ainsi que l’international suisse Rafael Diaz. Plus expérimentée, plus talentueuse, la défense zougoise est aussi moins lourde et peut plus facilement s’adapter à un changement de tactique. Il n’est donc pas forcément dit que l’avantage dans ce domaine revienne aux Romands. Ca sera très équlibré.
En attaque, les choses sont un peu différentes. Genève-Servette opère par contres meurtriers avec les rapides Tony Salmelainen et Juraj Kolnik, les stars de l’équipe. Très puissante et physique, l’attaque genevoise de cette saison est celle que Chris McSorley a toujours rêvé avoir. Thomas Deruns est devenu un leader et Jeff Toms apporte énormément de poids et d’expérience. Le reste est composé de jeunes joueurs ou de joueurs provenant de NLB et auxquels Chris McSorley a donné une chance. Ils appliquent le système à la lettre et ça fonctionne plutôt bien. En face, il y a tout de même plus de profondeur même si on est loin des bancs de Bern ou Kloten. Sur la première ligne, la révélation de la saison Damien Brunner forme un duo de folie avec le Canadien Josh Holden. Le sniper Björn Christen et le vétéran canado-suisse Paul DiPietro sont toujours aussi précieux notamment en power play, les routiniers Patrick Oppliger, Duri Camichel et Dale McTavish ainsi que Fabien Schnyder, autre révélation de la saison, complètent une attaque possédant clairement plus de profondeur de banc que celle de Genève-Servette. En saison régulière la production de but a été presque identique entre ces deux équipes, mais l’expérience et l’efficacité du power play sont nettement du côté de Zug, ce qui est évidemment très important en play-off.
D’ailleurs au niveau des unités spéciales, la série sera tout simplement l’opposition entre le meilleur power play (Zug) et le meilleur penalty killing (Genève) de la saison régulière. A noter tout de même que le EVZ possédait le quatrième penalty killing alors qu’en power play, Genève-Servette était aux fraises cette saison. A priori, l’avantage des situations spéciales devrait donc revenir au EVZ également, surtout si Tobias Stephan ne se montre pas aussi impeccable que durant la saison régulière.
Notre avis :
Pour l'instant, le seul affrontement entre ces deux clubs en play-off datait de la saison 2004-2005 et Zug avait expédié Genève-Servette en vacances dès les quarts de finale (4-0). Cette fois-ci la série risque d’être très serrée, peut-être plus que celle entre le SCB et Kloten. Les deux équipes qui s’affrontent ont des bancs relativement légers par rapport aux très grosses cylindrées et les deux ont dû jouer 7 matchs en quarts de finale. La fatigue sera un élément très important qui va probablement décider de l’issue de la série, avec les unités spéciales bien sûr. La récupération sera donc primordial dans cette série que nous voyons bien être remportée 3-4 par Zug.
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