Gagnons du temps ami(e) lecteur (trice) en vous disant qu'hormis le retour d'Arrossamena côté grenoblois, présent sur la feuille de match mais qui ne rentrera pas sur la glace, la seule nouveauté de l'avant match a été une marseillaise chantée à cappella par un artiste qui nous est inconnu mais qui a réalisé une prestation tout à fait correcte. Une tradiction nord américaine qui semble se faire une place dans le hockey français à l'occasion de cette finale nationale?
| Laurent Lardière | |
De vieilles connaissances...
Après une seconde manche qui restera comme l'un des plus beaux matchs de l'année, cette troisième mouture ne sera malheureusement pas du même niveau. Si la débauche d'énergie sera globalement identique, le niveau tactique et la finition laisseront davantage à désirer, la rencontre proposant de très nombreuses phases assez confuses ponctuées de récupérations de palets et de mauvaises relances, sans parler de luttes à mi-glace parfois naïves et ponctuées de gestes individuels évitables quand on a des partenaires démarqués.
La principale cause de cette baisse qualitative provient des réajustements défensifs opérés par deux équipes qui se connaissent de mieux en mieux. La vidéo a fonctionné des deux côtés et les positionnements ses sont faits plus efficaces afin de contrer assez systématiquement les relances et relais en zone neutre. Si Grenoble a conservé logiquement le même système qui avait produit du jeu lors de la seconde manche, Briançon a tenté de rivaliser en matière d'échec avant sans totalment y parvenir, mais en se montrant tout de même plus efficace en milieu de glace. Les Diables Rouges n'ont toutefois pas proposé un fond de jeu susceptible de produire collectivement des occasions franches, mais se sont à nouveau tourné vers leurs individualités qui ont vendangé à de multiples reprises malgré de longues minutes de domination physiques. Les Brûleurs ont vu leurs jeu de transition davantage perturbé par Briançon, et se sont créés assez peu d'occasion en jeu ouvert.
Comme souvent lors de ce genre de rencontre, ce sont donc les pénalités qui vont prendre beaucoup d'importance d'autant plus que Monsieur Barbez va davantage siffler que lors des deux premières rencontres de la série avec 20 minutes de mineures pour chaque formation. Ce qui frappe toutefois ce sont les très nombreux killing play (double supériorité numérique pour les intimes) qui vont clairement décider du sort de la rencontre.
Les réjouissances commencent ainsi par 1"13 de 3-5 à 1"50 de jeu, avec deux grenoblois qui rejoignent le banc des pénalités. Ferhi fera le métier et malgré un Roussin déjà très en vue, les Diables Rouges ne parviendront pas à frapper d'entrée.
Les minutes suivantes voient Grenoble et attaque défense, ce qui conduit les hauts alpins à produire trois dégagements interdits. Wallin trouve le bouclier de Satosaari à 5"57, avant que Forsander ne tire à côté à 6"11. Notons que sur la totalité de la rencontre, grenoble ne cadrera pas une douzaine de tirs dont plusieurs devaient terminer au fond, tandis que Briançon manquera de la même manière une vingtaine de frappes et reprises.
Les deux équipes vont ensuite se créer plusieurs occasions avec plusieurs minutes pour Briançon qui pousse sans trouver toutefois l'ouverture.
A 7"31, Terglav se relève péniblement à la suite d'un choc et paraît touché à la jambe.
Les deux équipes tentent alors d'accélérer mais le jeu de mouvement reste limité. Un premier jeu de puissance grenoblois à 12"09 se traduit par plusieurs frappes sur Satosaari, Grenoble semblant jouer assez moyennement l'affaire.
La fin de période voit Briançon pousser à nouveau. Une pénalité grenobloise conduit à plusieurs actions dangereuses sur le but de Ferhi qui gagnera un duel face à Dufour juste avant la pause.
Tirs 13/11 Briançon
Engagements 12/12
Un slappé pour un rendu
La seconde période reprend comme la première, mais c'est Briançon qui va se retrouver cette fois en double infériorité durant 21 secondes.
Cela suffit à Berström, sans doute le joueur de Magnus à la frappe la plus puissante et d'autant plus intéressante qu'elle est souvent cadrée, pour décrocher un missile au dessus du défenseur qui s'était couché face à lui, le projectile allant de bas en haut trouver le fond de la cage de Satosaari qui ne peut rien sur l'affaire à 23"22 (1-0).
Grenoble poursuit son bombardement avant que plusieurs pénalités ne conduisent les joueurs de Lusth en défense. La seconde va permettre aux Diables Rouges de revenir avec le plus beau but de la rencontre.
A 30"04, Ladanyi dont on vous dit qu'il est pour nous le meilleur joueur de son équipe sur la série s'offre une superbe lucarne depuis l'aile gauche et balazs une frappe croisée superbe (1-1).
La fin de période ponctuée de plusieurs pénalités voient les défenses s'imposer. Le combat physique est alors intense avec Nilsson qui se relève péniblement à 36"00, puis c'est une mélée derrière la cage de Satosaari qui voit le gardien plonger au milieu d'un groupe de joueur pour se coucher sur le palet, action assez risquée et qui se soldera par une pénalité mineure contre Briançon.
La période se termine par l'obtention de 36 secondes de killing play pour Briançon à effectuer lors du retour sur la glace. Ceci est consécutif à deux fautes grenobloises dont une de Rouleau sur Terglav, l'arrière grenoblois se voyant sanctionné de deux minutes pour un coup de genou qui pouvait selon certains (on suivait le palet et on a pas vu) valloir une sanction plus lourde.
| Jean christophe Salomé | |
Tirs 15/8 Grenoble
Engagements 12/15 Briançon
Une équipe de Ligue nationale qui ne parvient pas à faire 75% de réussite sur du killing play doit soit changer de coach, soit cesser de trop boire. La mienne fait plus de 75% car elle ne compte pas d'alcooliques
Hector "Toe" Blake coach des Canadiens de Montréal, 8 Coupes Stanley
La reprise voyait Grenoble avoir très chaud avec plusieurs occasions en killing pour les Diables Rouges dont une transversale.
C'est ensuite Briançon qui concédait deux pénalités à 44"22 avec cette fois 1"24 de 5-3, largement de quoi transformer l'essai.
Pourtant, les Brûleurs laissent passer l'occasion, et l'on se prend à penser qu'ils pourraient bien y repenser par la suite.
Briançon est à nouveau sanctionné par deux pénalités à 49"34, avec cette fois 55 secondes de killing. Satosaari fait bien le métier, mais une nouvelle pénalité de Lee à 50"34 redonne une minute de double supériorité à Grenoble. L'intéressé s'énerve, prend dix minutes pour contestation, le banc briançonnais est particulièrement mécontent de ces épisodes successifs qui voient les joueurs de coach Basile flirter avec les taux de criminalité les plus élevés de la planète. Satosaari n'est pas en reste et va protester à son tour, au risque de se déconcentrer.
Jamais deux sans trois, non car bien Calle à la bleue, ce bon Bergström envoi une patate cosmique ras du sol qui passe entre les jambes de Satosaari qui n'a rien vu, sans doute la frappe sol la plus rapide que l'on ait vue cette saison à Pôle-Sud à 50"54 (2-1).
C'est au tour de Grenoble de recevoir ensuite deux pénalités mais sans toutefois laisser de killing à l'adversaire, Briançon paraissant moins bien physiquement et surtout touché moralement. Malgré un temps mort à 56"47, et la sortie de Satosaari à 58"47, la fin de rencontre sera semblable à la précédente avec un but en cage vide signé Hammar à 59"57 qui récompense l'un des meilleurs grenoblois de la rencontre.
Dès la fin du match, Satosaari patine vers l'arbitre avec lequel il aura un échange qui restera verbal, certains partenaires du finlandais étant venu à ses côtés au cas ou. Ceci lui vaut 10 minutes et la bronca du public. Il fera ensuite un retour sur la glace car il avait été désigné (pas par nous) meilleur joueur de la rencontre côté Briançon, prendra la bouteille offerte dans une petite caisse en bois, puis s'en débarassera en la faisant glisser vers le trio arbitral. Le fait qu'il n'ait pas cassé la bouteille mais l'ait faite glisser lui conserve toute notre estime!
Dans la salle de presse après la rencontre, plusieurs informations impossibles à vérifier nous sont parvenues.
La première est que Luciano Basile qui souhaitait dire un mot à l'arbitre aurait eu affaire avec le service d'ordre et se serait vu écarter sans ménagement, ceci pouvant expliquer l'absence de l'entraineur des Diables Rouges en salle de presse ainsi que de ses joueurs. On nous a fait savoir qu'il n'y aurait aucune interview.
La seconde est que Terglav touché deux fois ce soir serait incertain pour la rencontre du lendemain.
Tirs 12/6 Grenoble
Engagements 9/8 Briançon
| Laurent Lardière | |
Analyse que le monde entier, pardon la galaxie entière nous envie...si...si
Grenoble a été moins bon ce soir que lors de la dernière rencontre, mais a assuré l'essentiel grâce à son équipe spéciale, Bergström soulignant l'importance de disposer d'un tel profil dans le hockey moderne. Mieux contrés par leurs adversaires à mi-glace, Grenoble a maintenu son niveau défensif antérieur, lequel réduit la prestation offensive des Diables Rouges à un seul but en deux rencontes. Alors que certains critiquaient la défense iséroise en cours de saison, il est clair que les joueurs de Lusth ont mis le bleu de chauffe derrière. Dans le même sens, sans se créer un nombre très important d'occasions, et en manquant plusieurs cages ouvertes, le système de jeu grenoblois paraît plus stable et surtout le collectif connaît moins de passages à vide que celui de Briançon. On voit mal Grenoble changer beaucoup de choses à ce stade.
Grenoble va pouvoir samedi soir en terminer, et s'éviter un ultime déplacement à Briançon mardi. Il faut pour cela que les Brûleurs ne se relâchent pas et jouent cette rencontre comme une finale unique, ce qu'ils savent parfaitement faire. il n'est pas certain qu'ils puissent pour cela bénéficier d'environ 6 minutes de 3-5 comme c'était le cas ce soir. Si l'on excepte les buts à cage vide, on se retrouve avec une seule réalisation d'un attaquant, Tartari, en deux rencontres. Il faut donc poursuivre les efforts collectifs entrevus lors de la seconde rencontre et soigner les relances, et pour cela trouver le joueur démarqué et non balancer devant comme ce fut un peu le cas hier soir. le système mis en place par Lusth s'il est exécuté correctement donne au porteur de palet des solutions constructives.
Briançon est mené, mais Briançon n'a pas perdu la série. Faisant jeu égal avec Grenoble, les hommes de Basile ont perdu hier à cause des killings plays concédés, mais aussi du fait d'un jeu de puissance assez peu efficace malgré 20 minutes à disposition ce qui est énorme.
On verra également la nécessité de voir Satosaari rester concentré et s'éviter les aventures dont il est habitué, sorties loin de ses bases, reprises, contestations. Certes c'est son style, oui il est expérimenté, mais un gardien ne peut se permettre la même attitude qu'un joueur car se reconcentrer en dix secondes n'est pas évident, et depuis deux rencontres, le scénario qui le voit s'énerver, contester, puis prendre un but derrière est une réalité. Plus sobre et dans sa bulle, le finlandais peut faire basculer une rencontre.
Enfin, Briançon a davantage manqué ses occasions que Grenoble. Il est difficile de gagner une série finale avec facilement douze frappes dangereuses manquées. Il faut absolument que les Diables Rouges améliorent leur finition.
On pourra conclure que quel que soit le gagnant de cette série, la Magnus aura un beau champion de France, car les deux équipes proposent clairement un hockey professionnel de qualité.
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