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Hockey sur glace - NHL : National Hockey League - AHL
Pourquoi les franchises canadiennes se retrouveront privées de séries en avril prochain ?
 
Le constat à quelques semaines du dénouement de la saison régulière fait pitié : zéro qualification pour la post-season en vue pour les équipes à la feuille d'érable. D'Est en Ouest. Pas même de wild card. Si on peut difficilement les rallier dans une même catégorie d'équipes défaillantes, les similitudes entre certaines de ces organisations peuvent être mises en lumière, pour notre plus grand déplaisir...
 
Média Sports Loisirs, Hockey Hebdo Franck Jeanneton le 03/04/2016 à 15:00


Article réalisé le 28/03/2016

Le mot "reconstruction" a souvent tendance à exercer un effet dissuasif dans la tête de n'importe quel fan. Synonyme de défaites à répétition, d'incertitudes liées au repêchage et, bien sûr, d'un appel constant à la patience de la part du front-office, on y voit indubitablement les germes d'une non-qualification en playoffs. A Edmonton, la reconstruction a pris des airs de mantra inlassable au fil des choix hasardeux, conduisant des Oilers gavés de premiers choix à développer de façon chaotique des espoirs offensifs délaissés à la ligne bleue. Certes, si en cette fin de saison les jeunes Griffin Reinhart et Jordan Oesterle semblent être sur la bonne voie, le Top 2 défensif des pensionnaires du Rexall Place, actuellement composé d'Andrej Sekera et Mark Fayne, est un véritable mont chauve balayé par les froids vents de l'Alberta. Si Eric Gryba, Brandon Davidson et Oscar Klefbom manquent à l'appel, aucun d'entre eux ne semble être en mesure de renforcer durablement la première paire. 

Très concrètement, le filet des Oilers paraît aussi vulnérable que Patrick Kane engageant une bagarre sur la glace avec John Scott. Sans véritable arrière référent au sein leur Top 4, les leaders offensifs de l'équipe se retrouvent dépourvus de pourvoyeurs de palets sur les phases de récupérations, mais également sans vrais partenaires capables de fusiller le goal adverse en jeu de puissance. Le ratio plus/minus des coéquipiers de Connor McDavid s'en ressent, notamment au niveau des deuxième et troisième trio, Ryan Nugent-Hopkins et Benoît Pouliot affichant respectivement un différentiel -8 et -6. La palme revient cependant à Nail Yakupov, et son affreux -16, lui qui devance le centre du Bottom 6 Mark Letestu et son -20.

Symptomatique d'une équipe déséquilibrée, cette déficience dans un secteur-clé du jeu était par ailleurs doublée l'an dernier de l'absence d'un gardien d'envergure suffisante pour être titularisé. Pensant être en mesure de boucher ce trou dans son alignement, Peter Chiarelli a cru bon d'engager un Cam Talbot dans les premiers temps un peu démuni par la surcharge de travail lui étant laissée par ses défenseurs, lui qui arrivait d'un plus sécurisant poste d'auxiliaire aux New York Rangers. Une vilaine blessure étant passée par là, l'organisation s'est donc à nouveau retrouvée ballottée entre Anders Nilsson et Ben Scrivens (puis Laurent Brossoit), renforçant encore le flou entourant l'assise arrière de la franchise. Ajoutez à cela la blessure du phénoménal Connor McDavid, et on voit assez rapidement les causes de l'absence des Oilers aux joutes printanières.
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Il est assez évident pour la plupart des observateurs qu'une bonne équipe de hockey se construit de l'arrière, l'ajout d'un défenseur de première paire pour Edmonton, lors de la free-agency cet été, sera donc probablement dans les tête des dirigeants, Peter Chiarelli et Kevin Lowe. La question du premier choix au repêchage sera également sur la table. Et ce ne sera probablement pas uniquement le cas du côté de l'Alberta. Car pour le trio diabolique des Maple Leafs (une direction sportive d'élite mêlant Brendan Shanahan, Lou Lamoriello et Mike Babcock), la possibilité de drafter dès l'année prochaine le joyau Auston Matthews, le robuste Jesse Puljujärvi ou le complet Patrik Laine est une occasion importante d'accélérer le renouveau au Air Canada Center. L'arrivée d'un nouveau coach et d'un nouveau GM l'an dernier, doublée des départs successifs de Phil Kessel et, plus récemment, de Dion Phaneuf, valide la théorie d'une refondation totale de l'organisation ontarienne. Dans ce contexte de dynamitage en règle (et ça sent d'ailleurs toujours la poudre pour Tyler Bozak et Nazem Kadri cet été), les séries ne sont évidemment pas dans les plans de la franchise, l'année apportant aux fans son lot de petites satisfactions compensatoires, des premiers pas de l’inattendu William Nylander à la résurrection de Jonathan Bernier devant le filet, lui qui fut un temps délaissé au profit de James Reimer. 

Très clairement, on peut parler de saison expérimentale pour l'encadrement des Maple Leafs, conséquence logique de l'enclenchement d'un processus agressif de reconstruction, armé d'un tank des plus menaçants, fonçant droit vers le premier choix de la Draft en juin prochain, dans l'antre des Sabres de Buffalo. Le destin des bleus et blancs ne devrait cependant pas changer radicalement dès l'année prochaine, sauf tour de force de Lou Lamoriello sur le front des échanges. Steven Stamkos a été annoncé comme potentielle recrue, mais celui-ci semble s'orienter vers un nouveau contrat, plus avantageux sportivement et fiscalement, avec le Lightning. Malgré cela, l'ancienne tête pensante des New Jersey Devils semble en passe de réaliser un tour de force, avec le possible retour en NHL d'Alexander Radulov. Un pari audacieux, probablement doublé de l'arrivée du jeune Nikita Zaïtsev, défenseur droitier et coéquipier de l'ex-ailier de Nashville au CSKA Moscou. Si tout cela se concrétise, restera à savoir comment s'adapteront Radulov et son partenaire dans la Ville-Reine, et si cette opération s'avérera le point de départ d'un renouveau que les Ontariens pourront atteindre plus rapidement que ce que certains analystes peuvent actuellement prédire.


La reconstruction ? On s'rappelle...

Évidemment, la réaction du passager n'est pas la même entre un dérapage contrôlé et une embardée qui mène droit au fossé. Aussi l'état d'esprit des partisans se trouve être radicalement différent si l'on compare Toronto et Montréal, où le CH boucle, en ce moment, une saison cauchemardesque. La déliquescence offensive des Habs est évidemment au centre de l'attention, et c'est Michel Therrien qui se retrouve en position de coupable idéal. Dans l'impossibilité de créer une alchimie efficace entre ses trios, le technicien québécois subit, bien évidemment, la blessure de son franchise player Carey Price. Mais le mal pourrait peut-être s'avérer plus profond que ce que laisse penser les partisans de l'éviction de Coach Therrien. Car non content de ne pas avoir su pallier les manquements de l'équipe devant le filet, les Canadiens doivent maintenant faire face à un autre questionnement : le groupe qui entoure le jeune talent Alex Galchenyuk pourra-t-il s'inscrire dans la durée ?

Les premiers signes tangibles d'essoufflement sont apparus dès la fin de la série victorieuse des pensionnaires du Centre Bell, alors qu'Andrei Markov se retrouvait en difficulté sur le plan défensif. Celui-ci accumulait les maladresses, aux conséquences dignes des plus beaux revirements de P.K Subban. Si le vétéran russe a réussi à redresser la barre, d'autres ont en revanche continué leur saison sans relief, à l'image de Tomas Plekanec ou, dans une moindre mesure, d'Alexei Emelin et Max Pacioretty. Si le CH n'a certes pas été épargné par les blessures, il s'est aussi avéré décevant dans le développement de ses jeunes pousses, ainsi Devante Smith-Pelly, prié de prendre la porte en février dernier, a connu des débuts retentissants sous les couleurs des New Jersey Devils. Toujours sur le front offensif, le plus expérimenté Lars Eller connaît lui aussi une saison en-deçà de ce qu'espéraient les partisans, figurant d'ailleurs dans les discussions d'échanges il y a quelques semaines.

Le problème d'alchimie offensive, qui déteint sur le rayonnement individuel de chaque attaquant montréalais pose donc la question des possibilités offertes aux jeunes joueurs désormais intégrés dans la rotation des Habs, Michael McCarron et Sven Andrighetto notamment, et de la place à leur accorder dans les trios concoctés par Therrien. Doit-on voir ces deux espoirs alignés aux côtés des étoiles locales, des vétérans chevronnés ? Sont-ils condamnés à faire leurs armes au fond de la rotation ? En clair, quelle importance donner à ses jeunes, lorsqu'on doute de ses cadres ?
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Ajoutons à cela que la véritable incertitude pour Marc Bergevin et l'encadrement du Canadien est lié non pas uniquement à la véritable valeur de l'effectif sans Price, mais à son potentiel lorsque celui-ci est sur la glace. Car, pour retrouver les sommets de la NHL, il faudra irrémédiablement sortir de la Price-dépendance, certes. Mais on ne peut décemment pas saborder son équipe dans une chasse aux prospects si l'on se trouve dans la certitude que le niveau de compétitivité requis est présent pour atteindre les séries lorsque le meilleur joueur est sur la glace. Voilà l'étonnant dilemme montréalais, on ne peut et on ne veut guère reconstruire, mais il faut dans ce cas sortir de la frilosité sur le plan des transactions. Et officiellement se pencher sur les problèmes d'équilibre de l'attaque et de la place faite aux espoirs, ou bien la baisse de niveau de la Sainte-Flanelle risque de se prolonger l'année prochaine, et ne sera plus uniquement liée aux blessures.

Aux prémices de la saison régulière, l'analyste de RDS Roger Leblond écrivait ceci au sujet des Canucks de Vancouver : « Il faudra que le gardien Ryan Miller, qui sera cette fois épaulé par Jacob Markstrom, puisse continuer à exceller et aussi que les frères Sedin produisent d’une manière constante pour permettre à cette formation de participer aux séries éliminatoires ». Si Miller a connu les affres des blessures cette saison, son pourcentage d'arrêt de .917 couplé à celui, identique, de son auxiliaire Jacob Markstrom semble indiquer que les problèmes des hommes de Willie Desjardins ne se situent pas devant le filet. Quant aux frères Sedin, ils ont tout deux atteint le plateau des 50 points, malgré une maigre récolte de 11 buts pour Henrik. Seulement les jumeaux suédois sont bien esseulés sur le front de l'attaque car, avec 171 buts inscrits, les Canucks se classent bons derniers de la ligue à ce chapitre, pour un écart monstre avec l'armada offensive des Dallas Stars et leurs 247 buts qui font actuellement référence au sein du circuit Bettman. Et pour cause, dans le top 5 pointeurs de Vancouver, seul Daniel a atteint les 20 buts, tandis que 4 membres de la crème offensive de l'organisation sont âgés de 30 ans ou plus. Les deux leaders offensifs de l'équipe ont 36 ans, et si les jeunes Bo Horvat et Sven Baertschi réalisent un exercice 2015/16 convaincant, la formation de Colombie-Britannique est définitivement trop vieillissante pour espérer la compétitivité sur le court terme. En soi, cela ne surprend guère, les Canucks étaient attendus en difficulté après les départs successifs de Kevin Bieksa, Zach Kassian, Nick Bonino et Adam Clendening. Les dirigeants, Jim Benning et Trevor Linden, ont souhaité faire de la place pour les jeunes pousses de l'équipe, et certains d'entre eux ont répondu présent. D'ailleurs, la lancée positive des joueurs de Vancouver les a maintenus dans la course au quatrième as bien plus longtemps que pour la plupart des autres franchises canadiennes, dans une Conférence Ouest vampirisée par la surpuissante Division Centrale. Mais les faits sont là, le noyau de l'équipe est bien trop âgé, et certains espoirs ou jeunes vétérans déçoivent comme Matt Bartkowski, Linden Vey ou encore Derek Dorsett.

Le souvenir de la finale de 2011 est encore vivace sur la côte Pacifique du Canada, mais c'était il y a 5 ans désormais. Entre une profondeur offensive qui ne semble pas tenir la cadence et un groupe de vétérans prenant de l'âge chaque année, les Canucks semblent se voiler la face. Le malaise est parfaitement illustré par les cas Dan Hamhuis et Radim Vrbata, tous deux proposés lors de la date limite des transactions sans pour autant retenir l'attention des autres GM de la grande ligue. Pour Hamhuis, on peut regretter que la haute direction de l'équipe n'ait pas pris cette initiative plus tôt, à l'image des Blackhawks qui, chaque saison, n'ont pas peur de pousser certains vétérans-clés du groupe vers la sortie pour mieux repartir avec un effectif renouvelé autour des cadres. Mais de cadres, aujourd'hui, on en compte plus que deux à Vancouver, et ils ont 36 ans.


Le potentiel ne fait pas tout

Senators, Flames, deux « équipes Cendrillon » en avril dernier, formations pleines d'avenir toutes deux emmenées par un top pointeur culminant à plus de 70 points (l'expérimenté Erik Karlsson pour Ottawa, le redoutable Johnny « Hockey » Gaudreau pour Calgary). Mais, en Ligue Nationale, la jeunesse est autant une bénédiction qu'une tare, notamment lorsqu'il s'agit de faire face à une crise sportive. 
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Lorsque Calgary s'apprête à entamer la saison régulière sous les ordres d'un Bob Hartley confiant, l'équipe peut résolument ambitionner de se joindre à la lutte pour le titre de la Division Pacifique avec les franchises californiennes. Cela s'annonce d'autant mieux que les Ducks d'Anaheim, pourtant favoris, débutent la saison avec des résultats horribles tandis que les San José Sharks, désormais dirigés par l'ancien coach des Devils Peter DeBoer, se lancent sur un rythme saccadé. Mais, rapidement, comme la majorité des équipes de la Division Pacifique, les Flames patinent. Dougie Hamilton, fraîchement débarqué des Boston Bruins, déçoit et l'équipe manque de leadership. Les joueurs de Calgary sont esseulés et ne parviennent pas à trouver leur tempo. De plus, le comportement et l'implication pâtissent de ce début décevant : en février, Bob Hartley décide de rayer de l'alignement Sean Monahan, Johnny Gaudreau et Lance Bouma pour raisons disciplinaires. Les blessures (notamment celle de T.J Brodie en pré-saison) n'ont pas aidé, mais le véritable flou entourant le poste de gardien de but est également à pointer du doigt. Avec Jonas Hiller comme gardien numéro 1 en début de saison, les Flames se sont d'emblée mis dans une position difficile, le Suisse de 29 ans n'étant clairement plus au niveau NHL. Il s'est vu supplanté par Ramo en cours de saison, puis par Ortio (notons que le premier avait d'ailleurs été soumis au ballottage fin 2015, signe de la confiance alors accordée à Hiller). Trois gardiens, mais aucun vrai portier d'élite pour seconder une brigade défensive en manque de confiance malgré les noms ronflants alignés sur la feuille de match jusqu'en février : Brodie, Russell (aujourd'hui à Dallas), Hamilton, Wideman et, bien sûr, Giordano. Composés d'une attaque jeune et d'une défense fragilisée par les errances des gardiens, les Flames n'ont pas pu compter sur les mêmes leaders all-stars que les Ducks pour se sortir de leur mauvais pas. Pas de Ryan Getzlaf, de Corey Perry mais aussi, pas de John Gibson et de Frederik Andersen devant la cage pour relancer la machine, Bob Hartley se retrouvant dans une position bien difficile à tenir, obligé de resserrer les boulons pour retrouver un semblant d'harmonie dans son équipe. Raté, Calgary a ainsi baissé pavillon à la date limite des transactions, laissant de la place pour accueillir de nouveaux agents libres l'été prochain, et alors que l'organisation se retrouve en course pour un Top 3 au repêchage.

A Ottawa également, la saison revêt des airs déprimants même si les Sénateurs auront réussi un exercice plus convaincant que la franchise albertaine. Si elle n'explique pas l'irrégularité de la troupe de Dave Cameron sur l'ensemble de la saison, la blessure de Kyle Turris semble tout de même avoir enterré les derniers espoirs de séries dans l'esprit des amateurs. Symptomatique d'un certain déséquilibre dans la capitale canadienne, cette avarie subie par le management local met à nouveau en lumière le manque de profondeur au centre des Sénateurs. Aujourd'hui obligés d'utiliser les polyvalents Curtis Lazar et Mika Zibanejad à ce poste, en plus de Jean-Gabriel Pageau, ils doivent donc faire face à l'absence d'un pur centre sur les deuxième et troisième trio, ce qui est d'autant plus dommageable que la responsabilité portée par leur jeune duo chargé de pivoter ces deux unités se trouve compliquée à soutenir, à un poste où l'expérience est souvent salvatrice.

Cependant, même avec un Kyle Turris opérationnel, le point d'ancrage des Sénateurs en attaque demeure peu impressionnant en comparaison des rivaux de la Division Atlantique (Bergeron/Krejci pour Boston, Stamkos/Johnson pour Tampa, Zetterbeg/Datsyuk pour Detroit...), une véritable tare, même à court terme. Néanmoins, le choix du renforcement défensif a été observé par le GM Brian Murray, celui-ci ayant décidé de transiger avec les Maple Leafs pour récupérer Dion Phaneuf, actuellement sur le flanc. La tâche devient alors d'autant plus ardue pour les jeunes ailiers locaux, qui peuvent cependant se reposer sur l'apport offensif mirifique d'Erik Karlsson, tout meilleur pointeur parmi les défenseurs de la NHL. 

Il est vrai qu'Ottawa possède en Karlsson un joueur parmi les plus « valuable » évoluant aujourd'hui au Canada. Seul Carey Price peut s'opposer au talentueux arrière suédois. Mais si l'apport de Karlsson au scoring est évident, il ne fait visiblement pas gagner les matchs. Meilleur assistant de la ligue, il n'est cependant pas leader au chapitre des défenseurs buteurs (les all-stars Shea Weber et Brent Burns ont, par exemple, marqué plus que lui). De plus, son style de jeu, certes plus maîtrisé que celui du feu-follet P.K Subban, provoque assez souvent des revirements et le pousse à pénétrer en zone offensive plus que n'importe quel autre défenseur. Défensivement, Erik Karlsson est donc un joueur plus perméable que son statut ne le laisse penser, ce qui amène à poser la question de sa place sur l'échiquier mondial des arrières : est-il le meilleur de tous ou le plus talentueux offensivement ? Le sujet est bien sûr abordé de façon différente suivant la définition que chacun se fait du défenseur idéal. En attendant, l'homme fort des Sénateurs est toujours favori pour le Norris, et si sa présence est parfois génératrice de déséquilibre à la ligne bleue, elle est aussi une vraie plus-value pour la franchise d'Ottawa.

Construire autour d'un défenseur offensif reste tout de même assez hasardeux, à l'instar des Predators qui ont longtemps dû se reposer sur les coups de canons de Shea Weber sans avoir de véritable centre de premier plan, avant l'arrivée de Ryan Johansen. La différence entre les deux formations tiens sur l'expérience des ailiers, plus aguerris à Nashville qu'à Ottawa, avec en plus un réservoir défensif à la fois sécurisant et propice à transiger, comme l'illustre donc cet échange avec Columbus, qui a vu partir Seth Jones. Attirer un « centreman » de premier plan est évidemment plus compliqué pour Bryan Murray qui ne dispose pas des mêmes monnaies d'échanges que son homologue David Poile. D'où sa volonté de renforcer son top 4 défensif avec l'embauche de Phaneuf, une transaction sensée mais insuffisante pour faire passer dans une autre dimension une équipe ayant dû sur-performer pour atteindre les séries l'an dernier. Là encore, la fraîcheur de l'effectif n'aura pas suffi pour combler les lacunes affichées au long de la saison, c'est au contraire l'une des raisons d'un manque de solidité qui se paye cash en Ligue Nationale.

Winnipeg, enfin, est un cas plus particulier. Les Jets ont, tout d'abord, eu la malchance de se retrouver dans une Division Centrale incroyablement relevée faisant face à une armada d'équipes particulièrement bien construites dont certaines possèdent un amas de talents tout simplement effrayant (Dallas, Chicago, Saint-Louis, Nashville, Minnesota et Colorado, toutes à plus de 80 points). Face à une opposition aussi relevée, il est difficile pour les hommes du Manitoba de se faire une place sur le podium de la division, mais aussi au quatrième as où, là encore, les autres écuries de la centrale demeurent intouchables. Mais si des équipes comme les Stars ou l'Avalanche se sont améliorées, force est de constater que les Jets stagnent. Il n'est cependant peut-être pas obligatoire de s'alarmer, car l'équipe dirigée par le GM Kevin Cheveldayoff cache habilement son jeu. Transigeant Andrew Ladd à la date limite des échanges, le 16ème choix du repêchage 1988 a ainsi acté l'arrivée dans le giron de Winnipeg d'un nouvel espoir fort intéressant, en la personne de Marko Dano. Considérée comme la seconde équipe la plus prometteuse par Hockey's Future (derrière les Coyotes de l'Arizona), la formation entraînée par Paul Maurice a par ailleurs su renouveler Dustin Byfuglien pour une somme juste, gardant un bon espace d'environ 11 M$ sous le plafond salarial. Une maîtrise d'autant plus impressionnante lorsqu'on se rappelle que Winnipeg demeure le plus petit marché de la NHL en terme de taille, malgré la passion affichée par des fans toujours aussi motivés matchs après matchs. Les revenus sont donc moindres et le cap hit de l'équipe plus minime en comparaison d'autres marchés de la Ligue, Toronto étant le plus imposant.

Cette projection rassurante est cependant contrebalancée par les problèmes de l'équipe sur le plan disciplinaire, dans un secteur où les Jets font partie des formations les moins solides en infériorité numérique. Le sang chaud d'un Byfuglien ou d'un Mark Scheifele aura placé Winnipeg dans le collimateur des officiels plusieurs fois cette saison, les fans ayant, par ailleurs, réservé des réactions colorées aux arbitres s'étant élevés face à leurs protégés lors des rencontres au MTS Centre. Les unités spéciales ont par ailleurs été désastreuses et la relève locale aura fort à faire pour contrebalancer cette gangrène dans la production offensive. En effet, les Jets figurent à la dernière position au classement du pourcentage de conversion en supériorité numérique (14,3%) une faiblesse rédhibitoire pour n'importe quelle équipe NHL. 

Malgré cela, Winnipeg est donc porteur d'espoir, car Marko Dano est loin d'être seul : le gardien Connor Hellebuyck a déjà convaincu les spécialistes du poste de son formidable potentiel, la profondeur des espoirs locaux au poste de centre est remarquable (Kyle Connor et Nicolas Petan en tête) et les jeunes ailiers des Jets ont déjà commencé à faire leurs armes avec succès dans la grande ligue (Joel Armia, Nikolaj Elhers). Défensivement, le réservoir est, là aussi, enthousiasmant avec Josh Morrissey, Jan Kostalek ou Sami Niku. De plus, la fin de saison laisse augurer un potentiel Top 5 au repêchage, où les Jets auront, en plus du leur, un choix conditionnel de premier tour transféré de Chicago. Avec les cadres Blake Wheeler et Dustin Byfuglien, l'avenir semble préservé malgré la rigueur budgétaire de mise dans la petite métropole du Manitoba. Et si, au fond, cette année était celle de la transition ? Quoi qu'il en soit, le plus grand obstacle des Jets, à court terme, résidera probablement dans la folle concurrence que leur opposera la méphistophélique Division Centrale.

A elle seule, cette formation de Winnipeg se trouve être plutôt représentative de la situation générale des franchises canadiennes. En jeu de puissance tout d'abord, on constate que ces équipes squattent les dernières positions du classement des pourcentages de conversion : Edmonton est 19ème puis Vancouver, Montréal, Calgary, Ottawa, Toronto et Winnipeg se suivent de la 25ème à la dernière position. Une défaillance marquante qui situe l'ampleur du malaise sportif entourant ces différentes franchises. Basée autours de cadres ayant déçu cette saison, la jeunesse de bon nombre de ces effectifs est une caractéristique importante de l'irrégularité chronique de leurs performances. Souvent dotées d'un alignement déséquilibré, les équipes canadiennes cuvée 2015/16 pâtissent souvent des problèmes de gestion antérieurs, forçant à un recours au tanking incontournable. A cela, il convient d'ajouter le problème de la redistribution des revenus entre franchises dans la NHL qui, allié au taux de change fatidique du dollar canadien, n'aide pas la situation financière des plus petits marchés de l'« Up North ». Une situation frustrante pour les dirigeants, qui payent les mauvais choix de Gary Bettman concernant les créations et les transferts de certaines franchises, mais aussi pour les partisans locaux obligés de payer à un tarif très élevé leurs places au moment où Florida, Arizona et Carolina offrent des promotions désespérées pour attirer des spectateurs dans leurs arénas glaciales. Une situation délicate qui permet au moins d'espérer dans l'épineux dossier des Nordiques de Québec.

L'annonce d'un retour des fleurdelisés, par voie de transfert (Peter Karmanos est ouvert à un départ des Hurricanes) ou d'expansion, aurait le mérite de captiver les foules alors que le printemps arrive, et que les équipes canadiennes sont, cette année, toutes destinées au repos forcé dès le mois d'avril. L'opinion locale a besoin de spectacle, et ce come-back tant attendu serait un moyen parfait de maintenir les partisans en fusion, dans l'attente d'un exercice 2016/17 qui sera, on l'espère, celui de la maturation et/ou du renouvellement de nos franchises canadiennes.

Nous profitons de ce premier article pour souhaiter la bienvenue à Franck Jeanneton qui rejoint notre rédaction.
 
 
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