Commencé début septembre, le championnat de D1 nous offre, en guise de finale, un derby du Sud-Ouest, inédit et très attendu. Bordeaux avait commencé la saison en affichant clairement ses ambitions, et les Boxers les ont assumées en se qualifiant pour la finale à l’issue d’un superbe parcours. Surfant sur une impressionnante série de 16 victoires consécutives, invaincus depuis début décembre, les joueurs de Martin Lacroix ne sont plus qu’à 3 victoires de la Ligue Magnus.
S’appuyant sur une solide défense et un gardien qui s’est affirmé comme un des meilleurs, si ce n’est le meilleur de la Ligue, les Boxers peuvent également compter sur leur expérience pour gérer une finale qui est un évènement particulier. La maîtrise des émotions sera une des clés de cette finale. Suite à l’indisponibilité de Mériadeck dimanche, le format de la finale sera un peu moins favorable aux Bordelais que ce que leur statut de leader aurait dû leur offrir. Mais avec des fers de lance offensifs comme Desrosiers, vu à son avantage en ½ finale, Fournier et sa vision du jeu, ou le dynamisme de Kuhla, ils sont prêts pour cet ultime combat malgré l’absence de Zeliska, suspendu pour les 2 premiers matches de la série.

Au vu de la saison régulière, la présence d’Anglet en finale constitue tout sauf une surprise. Depuis son retour sur le banc de l’Hormadi, Olivier Dimet a bâti, année après année, un groupe talentueux et ambitieux. "Groupe" est certainement le mot qui colle le mieux à ce collectif bien huilé. Accueillies par des cadres fidèles au club, les recrues, étrangères notamment, se sont fondues dans ce collectif avec facilité. C’est cet esprit qui leur a permis de surmonter des rotations défensives limitées par les absences de Rousselin et de Suzzarini qui doit encore purger 1 match de suspension. Tirés par une attaque de feu, les Basques peuvent aussi compter sur la grande forme de Sébastien Raibon, leur gardien, étincelant et décisif en ½ finale.

Derby, affrontement à distance entre 2 gardiens français de haut niveau, favori assumé contre outsider, cette finale ne manque pas d’attraits. Nous avons demandé aux coaches de leurs adversaires en ½ finale de nous donner leur analyse des forces en présence. Miikka Rousu, le coach des Phénix, et Stan Sutor, celui des Aigles, se sont volontiers prêtés au jeu.

« Bordeaux est la meilleure équipe de la Ligue. Pour moi, elle possède aussi, en Ylonen, le meilleur gardien de D1 et c’est un facteur très important, surtout en play-off. Défensivement, c’est très solide. Ils ont aussi de très bons attaquants.
L’important, l’obligation même, pour eux, ce sera de jouer ensemble, en équipe. Mais Martin Lacroix est un très bon coach et sait ces choses-là, il aura insisté dessus toute la semaine, à mon avis.
Anglet est une équipe qui patine un peu plus que Bordeaux. Bordeaux joue avec la pression, je l’ai senti contre mon équipe. Ils nous craignaient parce qu’on patinait plus qu’eux. Ils appréhendaient de nous affronter, ils nous l’ont avoué après la série. Sur cette série, on a manqué de réalisme, mais on a eu les occasions pour marquer.
L’appui du public bordelais sera important même si, à Anglet, ça pousse aussi très fort derrière son équipe. Les 2 équipes jouent physique, et c’est toujours bon pour une finale.
Ce que j’espère surtout, c’est que l’arbitrage sera bon, qu’il laissera le hockey s’exprimer. Bien sûr, il faut appeler les fautes, mais on sait l’importance de la discipline en finale. Les unités spéciales auront beaucoup d’importance, il faut donc uniquement appeler les vraies fautes et ne pas siffler les petits trucs qui émaillent un match, surtout en play-off et encore plus dans un derby. Le mieux, c’est quand on ne voit pas l’arbitre, ça veut dire qu’il n’a pas eu d’influence sur le match et donc qu’il a été bon. Pour conclure, c’est une série qui s’annonce très serrée. »
 

Stan Sutor (coach des Aigles de Nice) :

« Je pensais que la force d’Anglet c’était son attaque mais, après notre série, je dirais que leur atout n°1 c’est qu’ils sont très bien préparés physiquement. Je pense qu’il y a eu un gros travail là-dessus de la part du staff, j’ai appris qu’ils faisaient beaucoup de séances hors-glace et on en voit le résultat. Contre nous, ils n’ont pas connu de baisse de régime, ils ont été très constants.
Ce qui m’a impressionné aussi, c’est l’implication de tous les joueurs, y compris les cadres, dans les tâches défensives. Raibon a été le facteur déterminant dans la série. Il a été excellent, on n’était pas si loin que ça d’eux, et il a vraiment fait la différence. Les attaquants sont aussi très impliqués dans le jeu défensif. Au retour, il tournait à 5 derrière et je pensais que ça les pénaliserait mais les attaquants ont fait les efforts pour compenser.
Olivier Dimet a fait un très gros travail depuis 3 ans, il a su faire passer son message. Aujourd’hui, les joueurs respectent les systèmes et sont beaucoup plus disciplinés. On a vu la progression de cette équipe et c’est le travail du coach qui paie.
Bordeaux a un peu plus de profondeur mais, sur ce que j’ai vu, la condition physique d’Anglet peut compenser ce léger handicap. Les 2 équipes peuvent jouer sur 4 lignes. Bordeaux, leur atout n°1 c’est Ylonen, contre nous il a été énorme les 2 fois. Leurs défenseurs sont de qualité, ils ont des joueurs attachés au club.
Mais, sur une finale, il y a des éléments nouveaux qui rentrent en compte. Il faut savoir maîtriser ses émotions, ne pas se laisser dépasser par l’enjeu. Les coaches vont avoir un rôle important pour que leurs joueurs restent disciplinés, notamment dans les moments chauds. La pression d’être favoris peut peser sur les Bordelais, surtout quand tu restes sur une série de 16 victoires comme eux, la 1^ère défaite peut être préjudiciable.
Pour moi, même si Anglet m’a impressionné, il n’y a pas de favori et ça pourrait se jouer sur les petits détails dont je viens de parler. »