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Hockey sur glace - Hockey en Europe |
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| Reportage : Deux français en Tchéquie ! |
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| Reportage sur le derby Pardubice-Hradec Kralove et interview des deux tricolores Sacha Treille et Jordann Perret |
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| Pradubice, Hockey Hebdo |
Samuel Coeytaux le 01/12/2017 à 13:56 |
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Dans le cadre de la 25ème journée d’Extraliga tchèque, Sacha Treille et Jordann Perret découvraient l’ambiance d’un derby de feu : l’affrontement entre les deux villes voisines de Pardubice et Hradec Kralove.
Séparées par seulement 20km, ces métropoles régionales de 100 000 habitants que tout oppose se disputent depuis deux siècles le titre de capitale de la Bohème Orientale, dans le centre du pays.
 | | photo: Clément Pierre | |
Leur face-à-face du 26 novembre 2017, qui n’est que la 22ème rencontre officielle entre les deux équipes, est trop récent pour avoir le prestige du derby de Prague Sparta-Slavia par exemple. La rivalité n’en est pas moins féroce, et dans une Extraliga privée du Slavia Prague depuis sa relégation en deuxième division, il est le dernier véritable derby de l’élite du hockey tchèque.
Le Dynamo Pardubice, historiquement l’une des meilleures équipes tchèques qui joue dans la deuxième plus grande patinoire du pays, domine largement son voisin en termes de palmarès : Hradec Kralove n’a en effet découvert l’Extraliga qu’en 2013, année de son rachat par l’entreprise Mountfield qui lui a donné son nom. Depuis cette date, les courbes de performance des deux clubs se sont inversées : tandis que le Dynamo, empêtré dans une mauvaise gestion financière depuis son dernier titre en 2011, a glissé vers la queue du classement et joue son maintien chaque année, Hradec est en 2017 un sérieux candidat au titre. Les visiteurs ont d’ailleurs remporté leurs six derniers matchs face au rival honni, dont un cinglant 6-0 au mois d’octobre.
Situation intolérable pour les fervents supporters de Pardubice qui exigent de leur équipe de laver l’affront et la mettent sous une pression terrible pendant toute la semaine précédant le derby. C’est donc dans un contexte tendu que nos deux Français, arrivés cet été au Dynamo, allaient découvrir pour la première fois l’ambiance si particulière de ce derby devant plus de 10 000 supporters chauffés à blanc.
 | | photo: Clément Pierre | |
Avant cette 25e journée, le Dynamo Pardubice restait sur une bonne dynamique de trois succès sur ses quatre derniers matchs et se situait à la 10ème place du classement d’Extraliga, loin derrière son adversaire du soir qui pointait au 2ème rang. Nos deux internationaux ont brillé dans la semaine, et présentent un bilan statistique honorable compte tenu des difficultés rencontrées par leur équipe en début de saison : Treille émarge à 12 points dont 7 buts en 21 matchs, et Perret compte lui 8 points (2 buts) en 24 matchs mais avec un temps de jeu qui va en s’améliorant.
Résumé du match :
Dans une ambiance électrique où les invectives sont nombreuses entre les fans de Pardubice et leurs homologues de Hradec venus nombreux (au moins 2000 supporters visiteurs), l’agressivité est terrible dès les premières minutes de jeu. Comme de coutume depuis une dizaine de matchs, les deux Français jouent ensemble sur la deuxième ligne d’attaque, une formule qui semble convenir à l’entraîneur Miloš Holaň.
C’est Sacha Treille qui se procure la première grosse occasion, en se retrouvant seul face au gardien après trois minutes de jeu, mais il perd son duel. Alors que les premières bagarres ont lieu au bout de huit minutes et juste après le déploiement d’une banderole injurieuse par le kop local, Treille est de nouveau en action à la treizième minute lorsqu’il se retrouve protagoniste central d’un nouvel accrochage musclé, sous les applaudissements des fans du Dynamo qui semblent apprécier son jeu et sa présence physique.
C’est finalement assez logiquement et après une longue période de domination que les locaux ouvrent le score en fin de tiers et en supériorité numérique, d’un très beau tir en pleine lucarne.
 | | photo: Clément Pierre | |
Le match s’équilibre en deuxième période, et si Pardubice marque à 15 :19 pour prendre une avance de deux buts, Hradec revient rapidement dans la partie suite à un magnifique contre à deux joué en infériorité numérique. Les visiteurs domineront d’ailleurs la deuxième moitié de ce tiers-temps.
Le troisième tiers commence sur les mêmes bases que la fin du deuxième, avec une domination des joueurs de Hradec qui marquent au bout de cinq minutes de jeu avec beaucoup de chance, un tir peu puissant étant dévié entre les jambes du gardien du Dynamo, pourtant excellent jusque-là. Mais le match prendra une toute autre tournure en fin de rencontre lorsqu’une scandaleuse charge dans le dos d’un joueur de Hradec blesse gravement David Tomášek qui sort sur civière. Inexplicablement, les arbitres ne siffleront pas pénalité sur ce coup, mais sanctionneront juste après un violent coup à la tête d’une double pénalité contre les visiteurs. Les deux joueurs de Pardubice blessés sur ces actions partiront d’ailleurs à l’hôpital.
En powerplay, leurs coéquipiers du Dynamo parviendront à marquer après une superbe combinaison collective à moins de trois minutes de la fin du match. Dans une ambiance délirante, les locaux tiendront leur avantage jusqu’au bout et pourront enfin exulter avec leurs supporters : c’est une disette de plus d’un an qui a pris fin ce dimanche 26 novembre à Pardubice.
Du côté de nos deux Français, pas de point marqué ce soir mais on les sent appréciés des supporters, avec notamment un drapeau français clairement visible dans le kop.
Sacha Treille est présent sur les unités spéciales, sur les deuxièmes blocs de supériorité et d’infériorité numérique, et il semble être rapidement devenu un joueur-clef de cette équipe. Sa connaissance du championnat et de la langue tchèque suite à ses précédentes expériences dans le pays est certainement un atout également.
Jordann Perret a lui été beaucoup plus discret dans ce match, et on le sent encore en phase d’apprentissage dans une équipe et une ligue au niveau bien supérieur à ce qu’il avait connu à Grenoble et à Rouen. Sa technique peut cependant faire des ravages et il semble bénéficier de la confiance de son entraîneur malgré un physique qui paraît parfois un peu frêle par rapport aux grands gaillards de l’Extraliga.
Vidéo du match ici (à partir de 35 secondes) : http://www.ceskatelevize.cz/sport/hokej/364862-rolinek-slo-o-velky-zapas-o-to-lepsi-pocity-to-jsou/
 | | photo: Clément Pierre | |
Interview :
Samuel Coeytaux : Messieurs, merci d’avoir accepté cette interview pour Hockeyhebdo. Tout d’abord un grand bravo pour cette victoire acquise de haute lutte ce soir, comment avez-vous vécu le match et son ambiance ?
Sacha Treille : C’était super, rien qu’à l’échauffement on avait tous nos supporters qui avaient rempli la tribune, et là avec Jordann on s’est regardé et on s’est dit qu’il fallait qu’on en profite un max, parce que c’est tellement un derby historique et on n’est pas sûrs d’en rejouer ! On en aura encore au moins deux cette année mais là c’était vraiment beaucoup d’émotions.
SC : Sacha, toi qui as joué au Sparta Prague, est-ce le derby le plus chaud que tu aies eu l’occasion de jouer?
ST : oui, on avait le derby Sparta contre Slavia aussi, ce n’était pas mal mais j’ai l’impression que ce soir c’était encore plus intense. Rien que sur la glace on l’a vu, on a deux gars qui sont partis à l’hôpital et on gagne aussi pour ce genre de choses.
SC : Jordann c’est ta première expérience à l’étranger, comment se passe ton acclimatation ici ?
Jordann Perret : ça se passe très bien, je suis très content. En plus il y a Sacha avec moi dans l’équipe donc ça m’a beaucoup aidé à m’intégrer, et maintenant on profite tous les deux et on passe vraiment de bons moments. Des matchs comme ce soir on veut en jouer tout le temps, c’est super et j’espère que ça va continuer. On est bien ici en tout cas.
SC : qu’est-ce qui t’as le plus surpris à ton arrivée ici ?
JP : le niveau de jeu, et de voir à quel point le hockey compte beaucoup pour les gens ici. Le niveau est vraiment élevé et tous les gens sont à fond derrière nous et ça fait chaud au cœur.
SC : pouvez-vous nous raconter votre arrivée ici, comment deux Français se sont retrouvés dans la même équipe d’Extraliga ? Je pense que c’est une première…
ST : oui, c’était cet été, je savais que Jordann partait en essai ici, et j’ai parlé avec mon frère qui m’a dit « pourquoi tu n’essayes pas de retenter ta chance à l’étranger ? » Donc j’ai dit pourquoi pas, si quelqu’un veut bien de moi encore je suis prêt à retenter le défi ! Et puis avec beaucoup de chance on se retrouve tous les deux ici, et c’est juste super parce qu’on s’entraide beaucoup. Notamment récemment, avec la naissance de mon enfant ici, Jordann a beaucoup contribué, avec le grand pour le garder avant l’arrivée des grands-parents. C’est pour ce genre de choses que c’est bien d’être à deux, dans un nouvel environnement aussi loin de chez nous.
SC : comment qualifieriez-vous votre saison pour le moment ? Au niveau collectif l’équipe a été très irrégulière mais est sur une bonne série depuis quelques matchs.
JP : collectivement, je pense que l’équipe a mis un petit peu de temps à s’adapter, les joueurs à se connaître, pour mettre un système de jeu en place. Mais maintenant ça fait six matchs qu’on joue vraiment bien et j’espère que cela va continuer comme ça, parce qu’on prend tous du plaisir à mon avis. On prend des points à chaque match, donc pour l’instant tout va bien.
ST : oui c’est ça, le plus important c’est de sortir de la fameuse zone rouge, on n’a vraiment pas envie de jouer ce genre de matchs en fin de saison donc à chaque match on se donne à fond pour cet objectif.
SC : que peut jouer le Dynamo cette année ?
JP : nous on veut jouer les play-offs donc on va tout faire pour les jouer, et je suis sûr que si on continue comme ça on va dans le bon sens.
ST : je pense qu’on a un groupe capable d’atteindre cet objectif. On est capables du pire de temps en temps, on est capables d’être plus réguliers et de justement aller chercher les pré-play-offs d’abord et si ça continue comme ça, pourquoi pas aller chercher une place directe en play-offs.
SC : comment êtes-vous perçus dans le vestiaire, est-ce que l’image du joueur français a évolué ces dernières années maintenant qu’une quinzaine d’entre-vous joue dans les meilleures ligues du monde ?
ST : oui complètement, ça a beaucoup changé et tout ça c’est lié aux résultats qu’on a avec l’équipe de France. Nos grands noms du hockey, Bellemare, Roussel, Da Costa, Auvitu, font une très grosse pub. Et après derrière, nous les joueurs un peu en dessous, on essaie aussi de se montrer au top européen et on gagne en crédibilité. Tout ça on le montre chaque mois de mai au championnat du monde et on arrive à faire deux-trois résultats de temps en temps. Les gens savent à présent qu’on sait jouer au hockey.
JP : ils nous prennent au sérieux ! Avant ils disaient « France ? vous savez jouer au hockey en France ? » (rires)
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