Un championnat à 2 vitesses
Le niveau global de la D1 semble avoir franchi un palier cette saison. Nous avons assisté à des matchs de très bon niveau, à des oppositions souvent serrées. Mais il faut bien admettre que malgré ces progrès, la D1 regroupe encore des organisations aux moyens et aux ambitions trop disparates pour offrir un championnat complètement homogène.
Cette disparité est certainement la principale raison pour laquelle la saison s’est étirée sur une si longue période. Comment concilier les intérêts et les moyens d’équipes composées de professionnels prêts à jouer 2 matchs par semaine et ceux d’équipes dont les joueurs ont une activité parallèle (étude ou travail) et qui ne peuvent donc avoir la même disponibilité ? C’est le challenge auquel a du faire face la fédération quand elle a mis en place le calendrier et gageons que ce casse-tête se posera encore l’année prochaine.
Nous avons donc vécu un championnat à plusieurs vitesses. En haut de tableau, 5 équipes très proches les unes des autres et assez régulières tout au long de la saison. Un 2ème étage avec des équipes pas si éloignées du 1er groupe mais plus irrégulières pour diverses raisons (banc moins profond, début de saison raté…). Et enfin un 3ème étage d’équipes qui ont lutté toute la saison pour leur survie.
Au final, les 5 premiers de la saison régulière (Brest, Neuilly, Bordeaux, Reims et Anglet) semblaient avoir les moyens de s’imposer en play-off, même si Brest conservait les faveurs des pronostics. Montpellier aurait aussi pu se mêler à la lutte si les blessures n’avaient pas décimé son effectif au plus mauvais moment.
Un champion surprise ?
La lutte pour le titre semblait donc ouverte et cette impression s’est confirmée dès le premier tour de play-off. Reims et Bordeaux ont connu quelques frayeurs pour s’imposer, mais on a finalement retrouvé en ½ finale les 4 premiers de la saison régulière. Bien qu’évoluant dans des registres différents, ces équipes étaient toutes capables de s’imposer, surtout dans le format de série proposé pour ce championnat. Le premier match chez le moins bien classé et une série en 2 victoires sont autant d’éléments qui n’avantagent pas vraiment le mieux classé de la saison régulière. Neuilly a tremblé après sa défaite à Bordeaux en match 1 des ½ finales et la série n’avait toujours pas choisi son camp avant le dernier tiers du match 3. Dans l’autre ½ finale, Brest a du s’employer pour s’imposer à Reims et ainsi s’enlever la pression lors des matches à domicile.
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Photographe : Jakez Kerhom |
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On a donc retrouvé en finale les 2 premiers de la saison régulière. Opposition du style entre le talent individuel des brestois et la force collective des nocéens. La puissance offensive des bretons et la solidité défensive des franciliens. On l’a dit, répété, c’est souvent la défense qui fait la différence lors des séries finales. Les 2 matches de saison régulière avait été accrochés (victoires brestoises par un but d’écart puis aux tirs aux buts), les nombreux observateurs et acteurs du championnat n’étaient pas aussi tranché dans leurs pronostics que nos lecteurs ont pu l’être dans le sondage que nous avons organisé et qui donnait Brest favori à 75%.
A quoi a finalement tenu cette finale ? A la loterie des tirs aux buts qui a donné des ailes aux Bisons et coupé celles des Albatros ? A un poteau qui renvoie le lancer de Lemoine à la fin du 1er match ? Au manque de réussite des brestois lors du match 2 ? Certainement à un peu tout ça, mais surtout à un affrontement de style qui a tourné à l’avantage de Neuilly. Porté par une force collective hors du commun, Neuilly a eu raison du talent individuel des brestois. On laissera le soin a chacun, selon ses affinités, de s’en réjouir ou de s’en désoler. Brest avait connu des alertes dans le courant de la saison régulière, et beaucoup pensait qu’elles sonneraient comment autant d’alarmes salvatrices dans un contexte qui voyait les Albatros écraser le championnat avec un effectif all star. Mais quand les individualités brestoises ont été mises sous l’éteignoir par la défense nocéenne ou ont simplement été en mal de réussite, les Albatros n’ont pas su trouver les solutions collectives pour répondre aux Bisons. Le coup d’arrêt est brutal pour Brest. Répétons-le, Brest, Neuilly, Bordeaux et Reims ont le plus souvent évolué à un niveau qui leur aurait permis de figurer honorablement en Magnus. C’est à Neuilly que reviendra l’honneur de le prouver la saison prochaine. Mais le tour des Albatros, Boxers ou Phénix ne devrait pas tarder à arriver.
Les déceptions
Si Courbevoie, après une saison dernière difficile, a bien réagit et s’est longtemps mêlé à la lutte pour les play-offs, si Toulouse a connu une belle saison pour un promu malgré un passage à vide qui a pu inquiété, Mulhouse malgré sa qualification pour les play-offs constitue une des déceptions de la saison. Des débuts difficiles liés, entre autre, à des problèmes administratifs, ont plombé la saison des alsaciens. On pensait que la qualification pour les play-offs enlèverait toute pression aux mulhousiens et qu’ils pourraient inquiéter un peu l’ogre brestois. Il n’en fut rien et les dirigeants mulhousiens sont déjà tournés vers la saison prochaine.
Valence et Avignon ont assuré le minimum pour se maintenir. Les victoires qu’il fallait quand il le fallait, rien de plus. Ca a été plus que limite pour Avignon qui a tremblé jusqu’au bout. Le club de la Cité des Papes n’a pas réussi a remplacé Carl Lauzon qui brille maintenant en ligue Magnus.
Cergy affichait de grosses ambitions en début de saison. La décision d’implanter le futur Centre Fédéral dans le Val d’Oise devait servir de détonateur et booster le club cergypontain. Un début de saison difficile, avec là encore des problèmes administratifs, ont rapidement mis un frein aux ambitions des Jokers. Rien n’a semblé devoir tourner dans le bons sens par la suite et le club ne s’est jamais sorti du fonds du classement.
L’Entente Deuil-Garges a également vécu une saison difficile avec un effectif court en quantité. Les ajustements effectués fin octobre ont redonné espoir aux Chiefs, mais le handicap était trop difficile à combler.
Une formule à revoir ?
On l’a évoqué au début de cet article, c’est peut-être le point noir de cette saison. Difficile de faire accepter aux ténors un championnat qui traine en longueur et des séries finales limitées au meilleur des 3 matches, finale comprise.
Si la formule à 1 match par semaine semble pour l’instant difficile à revoir, de nombreux clubs continuant à se structurer en passant par un pallier « semi-professionnel » qui rend difficile les déplacements en semaine, d’autres pistes mériteraient d’être explorées.
Les entraineurs rencontrés sur les patinoires de D1 ont des visions différentes de ce qui devrait être mis en place, c’est dire la difficulté du chantier. 2 matches par weekend ? pour quoi pas, mais la prime aux équipes ayant les bancs les plus fournis seraient encore forte.
Par contre pour les séries finales, qui a priori regroupent les clubs les plus structurés et les plus ambitieux, l’unanimité semble se dégager pour revoir l’ordre des matches (1er match chez le mieux classé de la saison régulière), allonger la durée des séries (meilleur des 5 matchs) au moins pour la finale. Et la requête de mettre fin à la loterie des tirs aux buts lors des play-offs en laissant le jeu se dérouler jusqu’au 1er but semble elle aussi légitime.
Ils nous ont fait rêver
La fréquentation des patinoires sur la saison en est une illustration, le niveau de jeu proposé, l’intensité des matches ont été à la hauteur cette année. Alors nous n’avons pas résisté au plaisir de vous livrer quelques uns de nos coups de cœur. Liste non exhaustive bien sur, mais que nous espérons représentative.
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Photographe : Jakez Kerhom |
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L’attaque de feu des brestois, Gascon-Gauthier-Petricko-Dian-Prosvic-Vargas Dias, Lefebvre, Lemoine… impressionnant sur le papier et sur la glace
Francis Desrosiers, le catalyseur de l’attaque rémoise qui exercera ses talents à Pôle Sud l’année prochaine.
Juho-Tuomas Appel l’artiste finlandais venu de nulle part pour étudier à Paris et qui continuera d’illuminer le jeu d’attaque des Bisons en Magnus.
Le collectif nocéen qui a renversé des montagnes
Anglet, qui avec un effectif stable depuis de nombreuses années a réussi une saison magnifique.
L’ambiance à Mériadeck, notamment pour les play-offs. Près de 3 000 spectateurs ont suivi la ½ finale Bordeaux-Neuilly.
Les réussites de Bordeaux, Reims et Montpellier, qui gravissent année après année les palliés qui les mènent ou les ramènent vers l’élite.
Les joueurs français, jeunes (Yoann Chauvière, Valère Vrielynck, Jérémy et Florian Sabatier, Arnaud Bougaran, Stanislas Aubert…) et moins jeunes (Raphael Larrieu, Xavier Daramy, Maurice Rozenthal…) qui ont tous contribué au bon niveau du championnat.
Frank Spinozzi, André Peloffy, Stan Sutor, Stephan Tartari, Lionel Bilbao, Cedric Boucamus, Benoit Pourtanel… des coaches aux profils différent mais passionnés et disponibles pour nous livrer leurs analyses des matches.
La disponibilité de tous, coaches, joueurs, dirigeants pour répondre à nos questions et nous éclairer, vous éclairer, sur les subtilités du jeu.
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Si la saison nous a semblé longue, l’intersaison le sera certainement encore plus. Vivement septembre.
Et maintenant ?
Septembre se prépare aujourd’hui. On s’agite déjà en coulisse, dans les bureaux des dirigeants, des coaches pour monter dossiers et effectifs en vue de la prochaine saison.
Place maintenant à un autre match qui pourrait bien apporter quelques modifications quand à la composition du championnat telle que nous l’a livrée le verdict sportif.
Les bruits les plus divers circulent sur la défaillance de tel club, les budgets sans limite de tel autre. Laissons chacun faire son travail dans la sérénité pour monter le meilleur dossier possible.
L’arrivée de Lyon et Dunkerque va encore renforcer la compétitivité du championnat et ce ne peut être que bénéfique pour la qualité de jeu proposé. Lyon peut s’appuyer sur un gros engouement populaire pour réussir son retour dans l’antichambre de la Magnus. Avec Dunkerque, c’est un club « historique » qui retrouve la D1. Bordeaux, Montpellier, Reims, Mulhouse (qui anime déjà la rubrique transfert), Anglet, Mont-Blanc, Brest bien sur, sans oublier Nice ou Courbevoie, la lutte promet d’être belle la saison prochaine.
Et la réussite de Caen ou Neuilly ces 2 dernières saisons, qui nous ont prouvé qu’un effectif équilibré et bien géré pouvait aller jusqu’au bout, devrait donner de l’ambition à tous et surtout à ceux qui construisent leurs équipes sur le long terme, sous vouloir bruler les étapes.