Bonjour Daniel, peux-tu te présenter et nous expliquer ton parcours sportif ?
Mon parcours est en somme assez simple. J’ai commencé le hockey dans le Sud de la France avant de quitter le pays quelques années plus tard. Je suis ensuite revenu dans le Sud de la France endroit dans lequel j’ai vagabondé de clubs en clubs avant d’emménager en Ile de France en 2012. J’ai alors commencé à arbitrer au niveau club avant de passer mon niveau régional quelques années plus tard.
Quel est ton parcours personnel ?
Mon parcours est en somme tout assez classique pour quelqu'un né dans les années 80 ou peu de choses, pour ne pas dire rien, n'existait : Aucun dispositif de détection, d'accompagnement, d'instruction etc…
Il est vrai qu'en la matière la France pèche un peu sur le traitement des cas d'autisme et de précocité.
J'ai été détecté très tard, c'est à dire qu'on a posé le diagnostic quand j'avais 17 ans... et cela est apparu comme une révélation.
Tout est devenu limpide et la culpabilité s'est envolée.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton handicap ?
En premier lieu, j'ai toujours du mal avec le concept de handicap. De mon point de vue, je ne suis pas handicapé, c'est la société qui est lente. Quand on doit passer des heures à expliquer quelque chose qui est pour moi simple, j’estime que la personne est lente.
J'ai réellement du mal à me positionner sur ce point car toute ma construction psychologique durant mon enfance était basée sur le fait que le problème venait de moi et que je devais faire plus d'efforts pour m'intégrer, ralentir ma manière de penser, ou simplement pour faire l'effort de penser comme tout le monde.
A ce jour, je n'y arrive toujours pas... mais la grande différence entre avant et après c'est qu'à ce jour, je n'ai plus besoin de faire semblant.
Quel a été le rôle du hockey sur glace dans ta vie ? (Ouverture aux autres, etc.)
Le hockey pour moi a été rien de moins qu'une libération. Une sorte de « Salut ». Un moyen de communiquer avec les autres et de créer du lien social.
J'avais enfin trouvé un moyen où ma vitesse de traitement de l'information et ma vision "inhabituelle" de la résolution de problèmes n'était plus un problème, mais une plus-value. Le hockey étant le sport le plus rapide du monde, il m'est apparu comme une évidence que ce sport ne peut être que bénéfique aux Asperger. En une fraction de seconde je prenais le bon choix, en avance sur mes adversaire et j'impulsé une dynamique différente permettant à mon coach de mettre en place des tactiques non conventionnels auxquelles personnes ne s'attentait, sans parler de l'anticipation.
Concernant les relations sociales, là encore, ça a changé ma vie.
En 1h de temps je suis passé de l'extérieur du groupe, à un des éléments clefs de l'équipe. Je n'avais plus d'effort inhumain à faire pour m'intégrer et communiquer en allant vers les gens.
C'est les gens qui venaient à moi !!!
Cela a eu comme effet indésirable de devoir communiquer avec autrui sans que je cherche à initier la conversation... jusqu'à présent c'est moi qui m'imposait à eux. Là je découvrais le sentiment de devoir gérer des informations et du lien social qui vient à moi. Mais comme leur démarche était en ma faveur, j'ai réellement réussi à créer des liens d'amitié, maintenant vieux de 30 ans !
En résumé ce sport a changé ma vie et je suis convaincue qu'il peut changer plus de vies à défaut d'en sauver...
Pourquoi as-tu décidé de t’orienter vers l’arbitrage ? Qu’est-ce que l’arbitrage t’a apporté ?
Pourquoi l'arbitrage... Certainement la question la plus simple de toute. L'arbitrage, c'est binaire... Soit il y a but, soit il n'y a pas but. C'est l'un ou l'autre, blanc ou noir et en aucun cas ça ne peut se discuter. Outre le fait de rester sur la notion de rapidité au traitement de l'information, celle-ci permet de rester monofocal et d’éviter les conjectures énergivores et chronophages.
L'arbitrage permet d'éviter un schéma de pensées arborescentes et permet de rester les pieds sur terre (ou en l'occurrence sur glace) dans l'instant présent.
Arbitrer a une notion d'instantanéité irrévocable.
Cela m'a également permis deux choses essentielles. La première m'a permis de rester dans le monde du sport de compétition. La deuxième me permet de rester en contact avec des jeunes provenant d'horizons divers et de détecter/aider des enfants qui traversent ce que j'ai pu traverser à un moment donné de mon enfance, sauf qu'à mon époque, il n'y avait personne pour m'aider au franchissement de certaines étapes pour lesquelles j'ai perdu (et perds encore) beaucoup de temps et d'énergie.
Merci Daniel, d’avoir répondu à nos questions et à bientôt autour d’une patinoire !
Bonjour Nathalie, peux-tu te présenter ?
Je suis la maman d’un enfant TSA, TDAH et en cours de diagnostic de HPI.
Je suis une passionnée de hockey depuis mes 14ans. Du jour où je suis allée voir un match avec mon père et un ami d’enfance qui faisait du hockey. J’ai ensuite commencé à me rendre à des matchs. En grandissant j’ai commencé à faire des photos et à ne plus louper un match. Puis est arrivé mon fils dans ma vie, qui a partagé ma passion.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton fils et son handicap ?
Mon fils est passionné de hockey depuis qu’il est tout petit, peut-être un peu à cause de moi et de mon père. Depuis qu’il est petit il passe son temps avec une crosse dans les mains (mais rien de différent qu’un autre enfant passionné par un sport). A 2 ans il était sur des patins, avec une envie de rien lâcher (je tombe je me relève, je recommence, je tombe je me lève, je recommence). Hélas à cause de problèmes de santé le hockey a dû être mis en pause 2 ans. Puis est arrivé le COVID. Jusque-là tout allait bien.
En 2021 le diagnostic tombe il est TSA, TDAH (autiste asperger avec un trouble de l’attention et de l’hyperactivité).
Son handicap a-t ’il un impact sur sa pratique sportive ?
Nous ne rencontrions aucun problème avant son arrivée en U9. Et oui pas de vrai match, pas de contact etc. Mais le jour où je suis allé le voir en match, je me suis effondrée. Je voyais mon fils sur la glace oui, mais faire juste acte de présence. Il ne touchait pas un palet, ou allait juste le chercher du bout de la crosse. Ce fut très dur pour moi mais également pour lui…
J’ai voulu en parler avec les entraîneurs, mais pour eux il n’y avait pas de problème. Comme on le sait, l’autisme et le TDAH sont des handicaps invisibles ; mon fils ressemble à tous les autres enfants. Mais il faut savoir que la plupart des TSA ne supportent pas le contact, le bruit, la foule… où tout bêtement de ne pas finir un exercice, de ne pas arriver à effectuer son exercice ou qu’on ne lui explique pas les raisons de son échec.
Quelle a été ton expérience dans les différents clubs dans lesquels ton fils a été licencié ?
Mon fils est prêt à tout pour le hockey ; il prend d’ailleurs beaucoup sur lui. Il faut juste bien expliquer les choses, leur laisser le temps de décharger le trop plein. Ce sont des enfants qui détestent l’injustice et ne pas comprendre… Mon combat a été que les entraîneurs ne le laissent pas de côté, qu’ils puissent voir et repérer les moments où ça ne va pas avant qu’une crise arrive. Quand il se sent mal les tics, les tocs arrivent. Il va commencer à ne plus supporter son équipement etc. Mais si on ne fait pas attention à tous ces signaux hélas quand il va rentrer chez lui, il va décharger et se frapper, s’arracher les cheveux, crier etc. (C’est une souffrance pour eux. Et non une crise colère, ou un manque d’éducation comme j’ai pu déjà l’entendre.)
Mais tout ça personne ne le verra, car il attendra d’être avec une personne de confiance comme la maman, le papa, la mamie pour exploser. Ça a été un combat pour faire comprendre que non tout n’allait pas bien aux entraineurs. Il ne suffit pas de grand-chose pour qu’il soit bien. Mais hélas pour moi mais surtout pour mon fils ça a été un échec. Expliquer sensibiliser les entraîneurs mais aussi les enfants les parents et les encadrants et juste le petit plus qui peut tout changer. J’ai eu la chance
de rencontrer Laura qui travaille pour la ligue IDF et qui nous a apporté énormément et nous a aidé à comprendre trouver des solutions et avancer.
Avec le comportement de certains entraîneurs, hélas mon fils était en train d’être dégouté du hockey. J’ai donc pris la décision de le changer de club. Beaucoup diront qu’il a cas changer de sport. Mais non pourquoi lui enlever sa passion parce qu’il manque juste des entraîneurs formés ou sensibilisés à ça. C’est une pathologie neurologique, un handicap invisible. C’est comme dire à quelqu'un en fauteuil « lève-toi et marche ! ». Tous les handicaps doivent être pris en charge de la même manière. Ils ont tous le droit au bonheur et à l’épanouissement sportif. Leur vision n’est pas la même que la nôtre,
mais elle peut nous apporter beaucoup.
Aujourd’hui, il est heureux, épanoui, il a des copains. Les coachs, le club, les parents et enfants, tous ont pris en compte sa pathologie. Il y a de l’écoute, de l’échange, de l’accompagnement. Il est même surclassé maintenant. Autant vous dire que je ne pleure plus en tribune, loin de là. Bon ok il y a encore des ajustements à faire pour certains tics ou tocs, mais on y travaille tous ensemble. C’est un vrai plaisir de le voir jouer. La ligue met en place une aide au club pour les handicaps pourquoi s’en passer ?
La joie et l’épanouissement dans le sport collectif ne s’arrête pas à la victoire d’un match.
SI VOUS DESIREZ APPORTER VOTRE TERMOIGNAGE
VOUS POUVEZ NOUS CONTACTER
VIA
LES LIENS CI DESSOUS