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Hockey sur glace - Hockey dans le Monde |
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| Timothé Bozon : Champion tout terrain |
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| Il est de retour. Au travail comme jamais, Timothé Bozon veut prouver qu'il n'est jamais parti. Que si la maladie appartient désormais au passé, le hockey, lui, est à deux pas.
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| Média Sports loisirs, Hockey Hebdo |
Guillame Rantet le 27/07/2014 à 14:15 |
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 | | Photographe : Larry MacDougal pour lapresse.ca | |
Au hockey sur glace comme dans d'autres sports, il y a la grande histoire et la petite. La première est faite de performances sur les terrains, de titres, d'équipes, et s'écrit saison après saison. La seconde du parcours de chaque joueur, et du récit de la vie de chaque homme. De ce qui ne se passe pas uniquement sur la scène du théâtre du sport. Des coulisses, et de la vie privée de chaque acteur.
En remportant sa bataille face à une méningite, Timothé Bozon a écrit une histoire dont l'ennemi est l'abandon, le héros principal le combat sans relâche. Une fable qui se termine bien, et dont le héros écrit les dernières pages.
Être ou ne pas être
Ses vingt ans, il les a fêtés à l'hôpital de Saskatoon. A l'âge où la plupart fête la jeunesse, lui a fêté la vie. Comme quiconque ayant vaincu une grave maladie. Timothé Bozon est un héros au destin hollywoodien. Un début en fanfare : un repêchage par une grande équipe nord-américaine de hockey, les Canadiens de Montréal, en 2012, une statistique encourageante, 62 points en 50 matchs cette saison en WHL. | | Photographe : Agence QMI | |
Des péripéties qui l'ont conduit plus bas que terre : une méningite, un comas artificiel, un pronostic vital engagé. Des séquelles écorchant le mythe de l'invincibilité du héros : une perte de poids, une voix affaiblie. Puis une revanche qui sonne le début du retournement de l'histoire : des entraînements en nombre pour retrouver ce que la maladie lui a volé. Il ne lui reste plus qu'à réaliser le retour triomphal du héros : repatiner, et (re)devenir l'un des meilleurs.
Deux jours après sa victoire, il retrouvait la glace. Déjà. Direction un match de sa formation, Kootenay Ice, pour donner le coup d'envoi fictif. Et là, le public, conquis, se met à célébrer ce qui restera sûrement comme la plus belle victoire de Tim Bozon. Celle qu'il est allé chercher tout seul. Comme un guerrier de retour sur ses terres après avoir battu l'ennemi, Timothé Bozon comprend que son effort n'était pas vain. Mais si le plus dur est passé, ses efforts, eux, ne font que commencer.
(Re)deviens qui tu es
Certains diront que Tim Bozon, au fond, est l'un de ses personnages au destin œdipien. Œdipe a beau avoir été écarté de son père et de sa mère pour éviter l'inceste et le parricide, il les a retrouvés. Tim a beau avoir été écarté de la glace par une grave maladie, il y repatine désormais. Il accomplira le destin du fils du premier Français à avoir évolué en NHL. Coûte que coûte. Le destin... D'autres, louant le mental de l'homme, prétendront que c'est lui, par d'incessants efforts, qui a retrouvé la voie sur laquelle il s'était engagé depuis son plus jeune âge. Qu'au fond, il a montré et continue à démontrer qu'il est le maître de son destin, le capitaine de son âme (Invictus, William Ernest Henley).
Timothé Bozon, c'est un gamin qui nous a donné une leçon de vie à seulement vingt ans. La hargne dont il a fait preuve lors de cette épreuve lui sera forcément utile sur la glace. Ce genre de hargne qui fait qu'on n'abandonne jamais. Même quand plus personne n'y croit. La même dont est imprégné le joueur de football du Paris Saint-Germain et du Brésil, Thiago Silva, qui s'est relevé d'une tuberculose à l'autre bout de son pays : en Russie. Celle qui persuade que, une fois cette épreuve surmontée, on peut déplacer des montagnes. Le garçon l'a bien compris, lui qui a confié à nos confrères de RDS « Qui sait, c'est peut-être cette maladie qui me permettra d'atteindre mon rêve ».
Tim, son jardin et son jardinier
Après sa victoire, Tim Bozon n'a pas perdu de temps pour ouvrir la porte de sa maison principale : la patinoire. Toute une ville (Montréal) et un pays (la France) ont croisé les doigts pour lui.  | | Photographe : Global News | |
Alors il veut les remercier de la plus belle des manières. A sa manière : sur la glace. Il a commencé, malgré une voix tremblante, par encourager ses potes de l'équipe de France lors des championnats du monde à l'autre bout de l'Europe. Il s'était dit qu'il aurait pu être là, avec eux, pour réaliser un quart de finale historique. Mais bon, il était en vie. Cette expérience lui permettrait à coup sûr de relativiser. Puis il bataille actuellement pour participer au camp d'entraînement des Canadiens de Montréal, en septembre. Entre-temps, fin Juillet, il rejoindra les U23 des Bleus en République Tchèque.
« Notre corps est notre jardin, et notre volonté en est le jardinier », écrivait William Shakespeare (Othello). Alors Tim Bozon croit en la métamorphose. Nous aussi. Sur la glace comme en dehors, il s’entraîne. Encore et encore. Retrouve du poids, et de la voix. Si le début de sa jeune carrière était cosmopolite, entre l'Allemagne, la Suisse et le Canada, sa remise en forme se déroule principalement en France. Entre la patinoire de Nice et le Centre européen de rééducation du sportif, dans les Landes.
Qu'importe l'avenir du petit Bozon. Qu'il devienne l'un des plus grands joueurs de NHL, égale le parcours de son père, le dépasse, ou non. Car il a déjà laissé un indélébile souvenir de courage dans nos têtes. Timothé Bozon a remporté sa guerre contre la maladie, une terrible épreuve dans la petite histoire de l'homme. C'est fait. Il ne lui reste plus qu'à gagner une bataille, et rentrer dans la grande histoire : celle du hockey sur glace. S'il veut qu'on l'applaudisse. Encore. Vous avez dit champion ?
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