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Hockey sur glace - Ligue Magnus
UNE LIGUE PROFESSIONNELLE EST-ELLE VIABLE ?
 
Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 
Média Sports Loisirs, Hockey Hebdo Tristan Alric le 22/02/2020 à 17:00

UNE LIGUE PROFESSIONNELLE EST-ELLE VIABLE ?


Tribune N° 2

 
Depuis son arrivée dans l’élite mondiale en 1992 à Prague, le hockey sur glace français a toujours rêvé de rivaliser un jour avec les grandes nations de cette discipline qui trustent les podiums. C’est dans cet objectif - fort louable - que nos dirigeants ont voulu créer notamment un championnat de France senior digne de cette ambition.

Le lancement de la Ligue Magnus professionnelle, au début des années 2000, fut en soit une très bonne initiative pour essayer d’atteindre ce but. La Ligue Magnus a ainsi permis d’augmenter sensiblement le nombre de matches de nos joueurs chaque semaine, un rythme plus soutenu qui permet de faire progresser leur niveau.
Mais encore faut-il que le nombre de joueurs français utilisés dans les matches de la Ligue pro puisse être significatif. A contrario, ne faudrait-il pas encore réduire le nombre de renforts étrangers ? Quoi qu’il en soit, quand on est un passionné de hockey sur glace, on ne peut pas être contre une ligue professionnelle.
Malheureusement, le projet initié par le président Luc Tardif doit faire face dans notre pays à une dure réalité économique qui est incontournable. De ce fait, je dois avouer que depuis le début, je reste pour ma part très circonspect quant à la capacité de cette ligue dite « professionnelle » à gagner ce pari très audacieux pour plusieurs raisons, même si je souhaite bien sûr de tout mon cœur son succès sur du long terme.
Entendons-nous bien, je parle ici de la viabilité en France d’une véritable ligue professionnelle de hockey digne de ce nom ! C’est-à-dire avec des clubs bien dirigés, ayant des budgets conséquents et fiables, des salaires attractifs, un encadrement complet, une intendance efficace et des conditions de jeu à la hauteur du but recherché.

Or, le retrait du club de Lyon du championnat de France élite, juste avant le coup d’envoi de cette saison, à cause d’une gestion désastreuse, a été un nouveau coup de semonce. Il prouve une fois de plus que l’équilibre de la Ligue Magnus reste très fragile. Surtout que ce forfait fait suite à d’autres retraits survenus par le passé comme celui des clubs d’Epinal et de Dijon, pour ne citer que les précédents en date. Sans parler du retrait de points infligé à certains clubs comme Bordeaux, par exemple, pour ne pas avoir  respecté les conditions financières imposées provoquant un déficit.

Un ancien international me confiait récemment : « Finalement qu’est-ce qui a changé depuis les années 70 et 80 ? Ce sont les mêmes salaires sauf qu’au lieu d’avoir entre un et cinq joueurs qui touchaient une rémunération et des primes de matches, désormais tous les joueurs sont payés. Mais comment et combien ? Aujourd’hui, une dizaine de hockeyeurs gagnent à peu près bien leur vie, mais la plupart des joueurs sont en fait des smicards, et le tout, non pas sur une année complète, mais uniquement sur une saison sportive… »
Si je suis moins pessimiste et critique que cet international - car après tout je trouve super de pouvoir vivre même momentanément et modestement de sa passion - je reconnais également que ce n’est pas en jouant dans la Ligue Magnus qu’un hockeyeur fera fortune. Mais est-ce finalement le but recherché ?

L’autre problématique incontournable vient du fait que les capacités des patinoires françaises sont beaucoup trop réduites (au maximum 3500 places) pour pouvoir générer des revenus suffisants aux clubs. Tous les rapports qui ont été écrits sur ce sujet sont unanimes pour dire qu’il faudrait des patinoires d’une capacité minimale de 6000 places pour commencer à être rentables. De plus, il faudrait que ces pistes soient uniquement utilisées par le club de hockey ce qui n’est pas toujours le cas en France où le patinage artistique et les séances publiques phagocytent les heures de location. Pour boucler leurs budgets, les clubs de la Ligue Magnus doivent donc souvent jouer des coudes et compter par ailleurs sur des subventions aléatoires décidées selon le bon vouloir des élus locaux et une aide de divers sponsors qui sont difficile à trouver dans un contexte sportif très concurrentiel.

Bref, si le club de Rouen réussit à s’en sortir et donne un bel exemple de réussite depuis maintenant deux décennies, c’est grâce au travail de long de terme de son président Thierry Chaix, au demeurant chef d’une grande entreprise, et la qualité du travail de son manager général Guy Fournier. Même succès à Grenoble avec le président Jacques Reboh, ou encore avec un groupe d’entrepreneurs à Amiens ainsi qu’à Angers grâce à l’investissement personnel du Président Mickael Juret, pour ne citer que ces quelques exemples. Mais tous les clubs de la Ligue Magnus sans exception gardent une fragilité endémique. Si le championnat « Synerglace » a tangué une nouvelle fois en début de saison, souhaitons que l’élite du hockey français parviendra à tenir le cap malgré la tempête et que la stabilité de la Ligue Magnus se renforcera au fil des années. Sa pérennité prouvera ainsi que je n’étais qu’un pessimiste incorrigible. Mais j’ai bien peur que je sois tout simplement réaliste…
 
 



 
 
 
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Réactions sur l'article
 
Lionel a écritle 25/02/2020 à 16:07  
Quel triste constat pour les supporters des clubs de hockey en France peu importe le championnat !!
C'est la bonne période pour demander à tous les candidats à la fonction de maire si ils comptent investir dans leur commune pour une patinoire digne de ce nom avec 6 ou 7000 places assises ??? je vois d'ici la réponse malheureusement.
 
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