Chaotique, c'est bien l'adjectif qui convient pour décrire le mois de novembre des Grenoblois avec deux cuisantes défaites à l'extérieur (Chamonix et Mont-Blanc), une autre plus acceptable face à Morzine-Avoriaz, et enfin deux victoires face à Caen et Dijon qui n'ont pas spécialement rassuré les connaisseurs. C'était donc ce soir un retour très attendu depuis trois semaines sur leur glace pour des Isérois qui allaient devoir s'expliquer avec des diables noirs sixièmes du classements et susceptibles de contrarier efficacement certaines ambitions.

Tandis que PlanèteHockey s'expliquait avec le responsable de la sécurité de la patinoire Pôle-Sud qui ne semblait pas comprendre que la seule solution pour s'assoir en l'absence de chaises était bien de les porter de la salle voisine aux places prévues, ce qui se fait à chaque journée mais qui lui avait visiblement échappé jusqu'ici (nous avons eu gain de cause au bout de cinq minutes quand il mobilisa d'un seul coup ses trois neurones un bref instant), le reste de la tribune de presse prédisait une rencontre pas franchement simple pour les Brûleurs.ils avaient raison.

Démarrage diesel et test de la marche arrière!

Le début de rencontre assez prudent laissait rapidement l'impression d'avoir avancé l'horloge jusqu'à la première rencontre de 2008, celle qui voit les joueurs rechercher leurs marques après les fêtes. Rythme très lent, passes approximatives, le bon cocktail pour mal démarrer avec des locaux empruntés et pas franchement à l'aise. Après 5 minutes qui ne proposaient qu'un tir significatif de part et d'autre, Tours développait une belle attaque défense à 5'36, et montrait certaines dispositions a bien dérouler des passes à partir d'un travail intéressant dans les bandes.

Les minutes qui suivent voient certains Grenoblois tenter de réveiller un collectif bien mou, tandis que Tours joue crânement sa chance, mais sans parvenir à servir des joueurs en accélération, et donc susceptibles de menacer Ferhi.

Pourtant, à 8'17, Woods propose une belle passe à l'adversaire qui permet à Perna de contrer et de servir Noel qui dribble Ferhi de belle façon (0-1)

Les minutes suivantes voient Grenoble se procurer plusieurs occasions avec Pettersson (8'36), puis Broz qui reprend trop haut un centre intéressant de Valcak à 9'15. Grenoble accélère alors et provoque une première pénalité des diables noirs, produisant une belle mélée devant la cage d'un Hiadlowsky un tantinet moyen ce soir.

Un poteau de Masa à 12'20 avec un gardien visiteur largement battu, puis un tir de Lindsrom qui fera un match très sérieux à 12'59 viennent confirmer cette impression, sans que Grenoble ne parvienne  à conclure.

Le rythme est alors réduit par une blessure sans conséquence de Novosad, puis par un choc sur Broz qui conduit Vlacak à s'expliquer avec Stepan qui va en prison. Faute d'un jeu collectif réglé, les Grenoblois s'en remettent à leurs individualités qui ne manquent pas, et Pettersson, meilleur joueur des Brûleurs ce soir, manque sa conclusion après un superbe numéro qui élimine deux adversaires.

On se prend alors à considérer cette équipe de Tours qui joue plutôt bien et qui peut compter sur un superbe Pazak avec autour de lui des Filip, Perna, Amsellem, et Rodrigue pour ne citer qu'eux, et dérange fortement les relances iséroises avec un pressing haut ponctué de belles frappes à mi-glace. A 17", Ferhi s'interpose avec brio face à un bombardement assez dangereux. A 18", le gardien grenoblois bloque au sol et le sifflet de l'arbitre fige un véritable radeau de la méduse autour de lui avec pas moins de 8 joueurs dans un mouchoir de poche, image significative de la poussée tourangelle.

A 18'20, Pazak passe derrière le but grenoblois, retourne à la bleue en passant par l'aile, et prend le plein axe sans que la défense grenobloise ne s'interpose. La suite est une frappe superbe qui crucifie Ferhi et donne un net avantage aux diables noirs (0-2).

Alors que le spectre d'une bérézina à domicile hante quelque peu l'enceinte, Grenoble va pourtant revenir grâce à un tir excentré de Valcak servi par Masa à 18'36. Depuis l'aile, la rondelle ne quitte pas le sol et va au fond des filets d'un Hiadlowsky que l'on supposera masqué sur ce tir croisé (1-2).

Le diesel grenoblois commence lentement à ronronner.

Tirs 13/11 Tours

Engagements 13/10 Grenoble

Poussée engagée, les vitesses passent, Grenoble roule

Un tir de Sabol sur le bouclier de Ferhi marque un surnombre mal négocié par Tours, les pénalités concédées par les visiteurs devant fortement peser lors de cette seconde période.

Après un brassage sans gravité à 21'42, le feu follet Pettersson va déclencher son turbo et proposer la première d'une suite d'actions de grande classe. Il décale ainsi superbement Fleury à 22'35, lequel va aller buter sur le gardien ainsi que sur une crosse adverse, le palet revenant alors vers le suédois qui a suivi et qui met au fond (2-2). Notons au passage dans cette affaire le bon arbitrage proposé par Monsieur Velay, remarque pouvant s'appliquer à l'ensemble de son oeuvre ce soir.

Plus mobiles, plus actifs, plus inspirés, les Brûleurs se ruent alors à l'attaque et Lindstrom propose un beau revers sur Hiadlowsky à 23'13.

Pourtant, les grenoblois auront à déplorer une blessure de Forsander à 23'24 qui se déboite l'épaule après un choc, et devrait en conséquence rester éloigné de la glace durant quelques rencontres. Tandis que l'attaquant suédois sort pour ne plus revenir de la soirée, la pénalité générée va marquer le début de minutes difficiles pour Tours.

Malgré un joli contre orchestré par Rodrigue à 23'54, Grenoble va bientôt se retrouver en killing play moins d'une minute plus tard, et prend calmement un temps mort pour gérer l'aubaine à venir.

Après un premier but logiquement refusé à valcak pour une station prolongée dans l'enclave à 24'55, l'ailier grenoblois est ensuite crocheté alors qu'il file au but, ce qui prolonge le double surnombre des brûleurs. A 25'28, Masa est servi au centre et inscrit un but logique (3-2).

La rencontre est alors plus plaisante à suivre, et Grenoble domine un lutte à mi-glace avec des joueurs comme Tartari, Hecquefeuille, ou encore Lindstrom qui offrent un récital de qualité en alternance avec le bloc tchèque à son niveau ce soir.

A 35'40, Valcak percute un Hiadlowsky qui s'était éloigné de son but pour jouer un palet, le grenoblois jouant la crosse du gardien très correctement. Il faudra quelques minutes pour relever le portier visiteur visiblement sonné, sans qu'une pénalité n'en découle, ce qui semble logique.

La fin de période voit des occasions de part et d'autre qui échouent avec des dernières passes mal assurées, ou quelques tentatives un brin mal inspirées avec un partenaire mieux placé et non servi.

11 tirs à 7 pour Grenoble

16 engagements à 6 pour Grenoble

Pettersson passe l'overdrive!

La troisième période débute par un beau numéro de Rodrigue, et va être clairement la plus intéressante. En infériorité numérique à 41'31, Grenoble voit Tours trouver la transversale de Ferhi, dans une rencontre qui a su conserver son suspense. Après plusieurs pénalités sans conséquences de part et d'autre, les deux gardiens devant régulièrement s'employer face à des attaques plus rapides et plus inspirées collectivement qu'en début de rencontre, Tours va faire le plus difficile et revenir dans la rencontre.Pazak, encore lui, va reprendre une superbe passe de Perna dans le slot et tromper Ferhi qui peut s'en vouloir de ne pas avoir de défenseur devant lui (3-3).

Ce même Pazak, l'un des seuls joueurs de Magnus à pouvoir se créer seul des occasions sur des accélérations, et qui a clairement la capacité de rendre son bloc meilleur, fait alors passer quelques frissons dans le public, en multipliant les passes de qualité. Mais voila, le début de rencontre est loin et le diesel grenoblois commence à accoucher d'une sympatique formule 3000 capable d'accélérations remarquables (gardons la formule 1 si nécessaire pour les séries finales).

A 52'35, Rodrigue se retrouve au sol et semble avoir du mal à se relever. Seul à mi glace, il semble assez peu apprécier une remarque, sourire des joueurs du banc de Grenoble proches de lui, et joue les Dartagnan en engageant sa crosse avec celle d'un joueur du banc, geste plus amusant que méchant, mais qui lui vaut 10 minutes.

Tours a ce soir un Pazak de classe, mais Grenoble peut compter sur un Pettersson à la fois finisseur et passeur, et qui va tuer la rencontre de belle manière.

A 53'08, le suédois contrôle un palet en pleine vitesse et qui lui vient dans le dos, effectue un 360° sans freinage, et sert superbement Hecquefeuille qui lance masqué par une crosse défensive pour redonner l'avantage aux Brûleurs (4-3). L'action du match qui suppose une technique vraiment impeccable du passeur, et un joli métier du finisseur.

Moins de deux minutes plus tard, au terme d'une bataille devant la cage de Hiadlowsky, Pettersson surgit et remet dedans facilement à 45'01 (5-3).

Malgré une dernière pénalité contre Grenoble, les Brûleurs contrôleront la fin de la rencontre, Tours paraissant quelque peu marquer le pas physiquement malgré l'utilisation intelligente de 4 blocs.

Tirs 10/9 pour Tours

Engagements 15/12 pour Grenoble

Résultats du contrôle technique

Tours pouvait mesurer au terme de la rencontre ce qui sépare la tête de la Magnus des outsiders dont ils font clairement partie. Avec de beaux joueurs dont un Pazak vraiment inspiré et des Rodrigue, Filip, Sabol, Perna,  dans le coup, les diables noirs peuvent espérer couper quelques têtes lors des matchs à venir, et pourquoi pas des formations vouées à un podium. Reste un match moyen de Hiadlowsky qui ne nous a pas franchement convaincu ce soir (sentiment unanime des 4 représentants de PlanèteHockey), et la nécessité d'éviter certaines fautes stupides qui coûtent vraiment cher. Ceci dit, Tours figure clairement dans les huit meilleures équipes de Magnus, et pour un promu, c'est quand même pas mal !

On avait des craintes pour Grenoble, certaines subsistent mais face à un adversaire corriace et assez bien armé, avouons que le résultat est plutôt positif. Si l'on excepte un premier tiers plus proche de la sortie de la grotte après hibernation que d'un rythme de match, la machine grenobloise a plutôt bien fonctionné, le danger pouvant surgir de multiples joueurs. Tout les valides ont joué un temps significatif, hormis Montessinos, et dès que Grenoble peut accélérer, tout va mieux. C'est bien ici que l'on trouve une partie du problème de ces dernières semaines. Face à des adversaires proposant des défenses renforcées et une prise de risque minimale, difficile de pouvoir proposer un jeu de rapidité qui convient très bien à des dragsters comme Pettersson ou Fleury, ou un jeu physique intense qui permet au bloc tchèque de donner sa pleine mesure. La vitesse qui est également la meilleure réponse face à une pressing haut, la mode en magnus en ce moment, et qui permet d'exploiter au mieux les 4 blocs offensifs potentiels. Il faudra aussi gérer les blessures et celle de Forsander ce soir est une bien mauvaise affaire si elle devait se prolonger. Restent également quelques lacunes qu'il conviendra de travailler, comme la prise en charge systématique de l'adversaire directement devant la zone gardien, ou encore la transmission et passe en sortie de zone défensive, mais ceci ne doit pas masquer la bonne impression générale laissée, et la bonne utilisation de l'un des meilleurs effectifs de Magnus cette saison.