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Hockey sur glace - Ligue Magnus
VIRUS : GRAVES CONSEQUENCES POUR LE HOCKEY SUR GLACE FRANÇAIS ?
 
Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 
Média Sports Loisirs, Hockey Hebdo Tristan Alric le 22/04/2020 à 10:45
Tribune N° 4



La pandémie du Coronavirus qui paralyse l’activité économique de notre pays depuis de nombreuses semaines aura inévitablement de sérieuses conséquences pour le hockey sur glace français dans les prochains mois. L’arrêt, avant leur conclusion, de l’ensemble des championnats nationaux cette saison - depuis la Ligue Magnus jusqu’au Trophée Fédéral - a déjà provoqué un manque à gagner préoccupant pour certains clubs de l’hexagone.
 
C’est le cas notamment de ceux qui avaient déjà disputé certains matches aller des phases finales à l’extérieur et qui comptaient beaucoup sur les recettes des matches retour à domicile devant leur public pour compenser leurs frais de déplacement. Malheureusement, l’arrêt brutal de la compétition, dû au confinement généralisé du pays, a empêché de percevoir ces encaissements souvent vitaux. Sans oublier qu’il y a aussi une partie des aides financières des sponsors, prévues lors du mois d’avril, qui ont été reportées ou même parfois annulées.
 
Si l’absence de l’attribution du 98e titre national en Ligue Magnus ou du 80e titre en Division 1 ne représentent qu’un gel provisoire des palmarès, il n’en demeure pas moins que c’est l’ensemble de l’édifice, déjà fragile, du hockey sur glace français qui a été fortement ébranlé. Pour prendre un seul exemple, citons celui du club de Châlons-en-Champagne qui vient de demander officiellement d’être rétrogradé de la Division 2 en Division 3 car ses dirigeants ont estimé dans un communiqué officiel, je cite : « que le risque de se maintenir en Division 2 était trop ambitieux et qu’ils n’en avaient plus les moyens ».
 
Pour rester malgré tout optimiste, je ferais remarquer qu’à l’inverse, le club de Poitiers a demandé l’autorisation de quitter la D3 la saison prochaine pour rejoindre la D2. Mais le président Ronan Nedelec, qui espère obtenir l’accord fédéral, compte s’entendre avec certains autres clubs pour obtenir auprès d’eux des prêts de licences bleues qui concernent les joueurs de moins de 23 ans n’ayant pas assez d’heures de glace dans leurs équipes locales. Ces derniers pourront ainsi pouvoir venir renforcer l’effectif poitevin…
 
Je voudrais bien rester optimiste quand je constate également que, malgré l’incertitude qui plane sur l’avenir immédiat du hockey français, de nombreux clubs se sont quand même lancé à nouveau dans des recrutements tout azimut soit de renforts étrangers, soit de joueurs français. Mais j’aimerai bien savoir à quel prix ? Certainement au rabais ! Car si je prends par exemple le cas d’un club qui évolue cette saison en Division 1, sa masse salariale s’élève actuellement à 159 000 euros au total. Or, l’aide des partenaires privés de ce club représente 100 000 euros. Et si cette aide venait à baisser ? « On navigue à vue » m’a confié son président…
 
Le gros problème qui risque de se poser avec le plus d’acuité pendant la prochaine saison est surtout celui des aides financières qui permettent aux clubs de survivre. En effet, cette manne indispensable et souvent vitale, risque de diminuer fortement car les collectivités locales (région, département, agglomération, communes) devront très certainement faire un choix en soutenant d’abord en priorité les entreprises de leur secteur qui sont en difficulté. Dès lors, à quelle hauteur vont être les prochaines subventions pour le hockey sur glace ?
 
D’autre part, la très grande majorité des partenaires privés qui soutiennent les clubs de hockey sur glace français sont des petites ou des moyennes entreprises (PME) qui ont été malheureusement victimes elles-aussi d’un arrêt brutal et prolongé de leurs activités. Du coup, elles devront peut-être diminuer, voire même parfois interrompre à contre-cœur, leurs aides à nos clubs qui patinent déjà sur une glace très fine prête à se rompre au moindre défaut de trésorerie.
 
Et pour terminer ce panorama pas très réjouissant, il ne faut pas oublier également que de nombreux clubs français ont dû annuler au mois d’avril ou au mois de mai leurs traditionnels tournois locaux, qui sont parfois internationaux dans les petites catégories, et qui permettaient également d’apporter un revenu supplémentaire dans les budgets. Je n’oublie pas non plus les stages privés qui risquent d’être également annulés au cours de la saison estivale si les restrictions concernant les regroupements devaient rester très strictes. Là encore, les ressources additionnelles de certains entraîneurs seront durement impactées.
 
Reste enfin à savoir ce que la FFHG, qui a déjà un budget de fonctionnement modeste (6 millions d’euros) compte-tenu du petit nombre de clubs (125) et de ses licenciés (22 000), pourra faire pour aider à sa façon l’ensemble de ses clubs affiliés. Elle pourrait éventuellement sursoir provisoirement sur l’augmentation du prix des licences qui devait augmenter selon un plan établi sur cinq ans. Par ailleurs, on sait déjà que certaines ligues réfléchissent également à des solutions comme celle de l’Île-de-France qui a décidé de baisser de 25 % le coût des cotisations de ses clubs et de rallonger les délais de paiements.
 
Alors, à cause de cette pandémie du Covid-19 qui a déferlé autour de toutes les patinoires de l’hexagone, y aura-t-il dans les prochains mois des conséquences plus ou moins graves pour le hockey sur glace français ? On peut malheureusement le craindre. Il faudra se battre et se résoudre sans doute à des économies drastiques. Mais je reste malgré tout optimiste quant à la capacité de nos clubs pour surmonter cette épreuve malgré les difficultés qui s’annoncent. Car tous les amateurs de hockey sur glace, qu’ils soient joueurs, dirigeants, arbitres ou supporters, ont dans leur sang un autre virus, qui est tout aussi contagieux et tout aussi virulent, capable de lutter contre l’adversité : celui de la passion pour ce sport ! Et cet amour inconditionnel pour le hockey, rien ne pourra l’arrêter, quitte à faire des concessions  parfois contraignantes.
 
 


 
 
 
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Réactions sur l'article
 
sebd76 a écritle 22/04/2020 à 12:20  
Merci pour votre tribune. C'est toujours agréable de vous lire... Même si j'aurais préfère des bonnes nouvelles
Bon courage
 
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