Prendre le Taureau par les cornes !

Entre l’ambiance habituellement festive des déplacements, et la tension issue des résultats précédents (série de 7 défaites en cours), les cœurs balançaient dangereusement. D’une aire d’autoroute à l’autre, ceux qui boudaient, d’un coup chantaient, encourageaient les autres en inversement.
Depuis longtemps, une réelle tension était présente dans le groupe, pour la première fois, elle s’exprimait entre joueurs, en petits comités, en messe basse, mais aussi en encouragements, en clin d’œil. Aller défier les Taureaux de Feu à dix joueurs et un gardien, ce n’est plus du hockey, c’est de l’opération commando ! ! !
D’autant que la vilaine blessure subie par Eric DUPIEUX #39 de Limoges au match aller sur la glace de la rue Louis Blanc était encore dans toutes les mémoires. Et malgré la sportivité des limougeauds pendant la fin de ce match, beaucoup craignaient un accueil froid pour ne pas dire autre chose.

Les minibus arrivaient à la patinoire des Casseaux, vers 16h30. L’équipe déballait le matériel, prenait possession du vestiaire, et le Radio CD crachait les premières notes de Thunderstruck. Mais ce samedi là, point de solo de guitare mimé, peu de cris au rythme de la musique, à défaut d’être pesante, l’ambiance est lourde. Inutile de dire que chacun pense à la terre promise, à la victoire à la fin de cette partie. Le vestiaire est presque silencieux, c’en est presque étrange. Seul le portier chante, bizarre qu’il est lui…
Les joueurs partent s’échauffer ensemble, un ballon, un bout d’herbe, et les voilà sous la surveillance du Coach en train de faire monter les mécaniques en température.
De son côté le cerbère est resté au vestiaire, comme d’habitude. Il exécute quasi religieusement son échauffement rituel, étirements, footing sur place, talons – fesses, quelques abdos, quelques pompes, chauffer le cou, les épaules. Interdiction pour lui de connaître à nouveau une mauvaise entame de match comme la semaine passée à domicile contre Poitiers. Le dos et les adducteurs sont soignés pour réduire au maximum les risques de blessures. Encore trois matches…
La concentration monte. Quand les joueurs arrivent, le gardien est déjà à moitié équipé, en sueur.
Certains joueurs le regardent, ils le connaissent déjà bien, c’est bon signe, visage fermé, l’excitation de l’arrivée fait place à la concentration…
Les joueurs discutent entre eux, le portier est prêt, bien avant tout le monde, il entre dans son monde, celui qui n’appartient qu'à lui, il met son masque, et devient même peut être quelqu’un d’autre….
Serviette sur la tête, il est déjà dans son but. Seuls lui parviennent de l’extérieur, les coups amicaux dans les bottes.

Sirène, « Messieurs, On y va », balance le coach. Ce Messieurs fait toujours sourire, cette équipe ressemble à tout sauf à des Messieurs, mais ça fait partie de l’avant match.

Monter sur la glace, pour l’échauffement, glace bizarre, les joueurs ont l’impression qu’elle est très très fine et au milieu, un half-pipe de snowboard. J’exagère, à peine… Le cerbère porte par dessus son maillot de match, un seyant marcel orné du logo du club, des signatures des joueurs, et un message de soutien à Eric DUPIEUX.

Echauffement, Pierre Jean SERVILLE échauffe le portier, inhabituel, les deux peinent, l’un peu habitué à ce rôle, l’autre perturbé par ce nouveau partenaire. Et comme par hasard, les adducteurs se réveillent à droite puis à gauche, mais surtout à droite. La belle concentration s’envole, l’appréhension monte, gagne du terrain… Aïe, non pas encore. Profiter du temps qu’il reste pour revenir dans un match pas encore commencé. Se jeter, tenter le papillon malgré les adducteurs, au moins on sera fixé, et ça passe, une fois deux fois, ça marche, les adducteurs se taisent, tant mieux. Série de shoots, histoire de faire monter le palpitant comme il faut, et là la bon gros slap qui prend la clavicule, et forcément pile poil entre deux protections, la douleur est fulgurante. La crosse tombe, le bras aussi. Petit patinage de côté pour éviter la rincette. C’est douloureux mais rien de cassé, y retourner de suite, comme après une gamelle en vélo. Les garçons hésitent, il insiste, encore deux séries de shoots, allez y !! Sirène, retour aux vestiaires.

Au vestiaire, le coach ne dit mot, plus la peine, les joueurs savent, pas besoin d’en rajouter. Les regards deviennent fuyants, nerveux. Le portier s’adressent à ses co-équipiers. « Prenez des tirs ras de glace, pas forcément puissants, prenez le cadre, cadrez vos shoots, sur les rebonds ou les déviations, il peut se passer quelque chose. » Ils disent oui, mais l’entendent ils au moins ? ? Qui sait, peut être bien quand même un peu.
Nouvelle sirène, cris de guerre, Mathieu au H.A.C, les autres reprennent en chœur ! ! Une fois deux fois en route.
Petit présent à Eric DUPIEUX, le blessé de l‘aller, le marcel dédicacé, et une bouteille de potion magique normande.
Direction le filet, inspection de la zone, de la glace, Mathieu fait le slot, une autre coutume. Calé au fond du filet, re cri de guerre, 300, ça fait penser au Ahou des spartiates ! ! !
Coups de poing, coups de têtes entre co-équipiers qui sont autant d’encouragements avant la mêlée…

Signe de l’arbitre, ok de la tête, et c’est parti…

Très vite les visiteurs du soir prennent le jeu à leur compte et acculent les Taureaux de feu dans leur zone défensive. Pierre Jean SERVILLE #12 a retrouvé sa hargne et sa vitesse, il est servi à par Félix FREBOURG #18 et trompe Alban PRADEAU le portier limousin. 00 – 01 à 02’17’’ ! ! c’est le come-back de l’entame de match, la botte secrète des havrais ! ! !

Maintenant le portier sait ! Il sait qu’il va falloir qu’il les maintiennent devant.

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Le jeu s’équilibre, mais les limougeauds contrent vite et bien. Ca semble bien être leur tactique.
A 06’09’’, Péji SERVILLE #12 récidive, au terme d’un effort solitaire, il double l’avance des siens. 00 – 02.
C’est le moment où, avec une avance de deux buts, les havrais relâchent la pression. Et ce n’est pas aujourd’hui qu’il nous feront mentir. Les Dock’s se relâchent, et à 14’08’’, sur un tir presqu’anodin, une déviation propulse mollement le palet hors de portée du portier vêtu de bleu. Kévin LEGER #87 posté devant le slot, dévie le tir de Damien TAUTER #71 lui même servi par John Henry PERE #14 et marque.01 – 02 à 14’08’’.

Peu avant la fin du tiers, PJ SERVILLE #12 complète son tour du chapeau, toujours sur une passe de Félix FREBOURG #18, pour amener le score à 01 – 03 à 18’50’’. Un but en supériorité numérique, suffisamment rare pour être signalé.

Le premier tiers se termine sur ce score, pas immérité tant Le Havre domine territorialement. Cependant, les charge du taureau de feu sont peu nombreuses, mais à chaque fois très dangereuses.

Dans le vestiaire havrais, le coach connaît ses troupes, et leur demande de commencer un nouveau match à zéro partout, d’oublier la petite avance de deux buts. Le portier prévient, ils sont vexés, ils vont revenir avec la rage.
Le coach sort quelques instant et revient « Il a pas une surfaceuse à pédales, il a déjà fini » et se reprend. « Messieurs, on y va »
Cris de guerre, coups de poings, de boules, encouragements.

Tous pour l’attaque, l’attaque pour tous ….

Ce deuxième est celui de tous les dangers, la petite avance de deux buts ne suffit pas, et souvent elle pose même problème aux jeunes Dock’s qui tentent de gérer mais n’y parviennent pas. Recommencer un match, repartir de zéro.

Engagement, Pierre Jean SERVILLE #12 sert Antoine KEISSER #3 qui va battre le portier limousin, et 04 à 01 pour les visiteurs à 20’36’’. 36 secondes pour un but.

Le portier peut crier, appeler au sérieux, au travail, mais déjà les visages ont changé, instantanément, l’ambiance est à la fête, à la victoire, trop vite, trop tôt ! ! !
Les taureaux sont vexés, et se ruent à la charge vers le but ciel et marine.
A 25’03’’ Thomas JACQUINET #9 marque en solitaire, il tire au but dans un angle improbable, le palet tape le poteau, la botte du gardien et finit au fond. 02 à 04 ! !
Dans la foulée, les havrais concède un contre, le palet poussé un peu loin est poke–checké par le gardien, loin de son but, Cyrille FRIBOULET, #21 attentif relance sur Félix FREBOURG #18 qui crucifie le portier local. 02 à 05 à 26’29’’.
Et là, le match devient fou ! ! Le speaker pourrait se lâcher sur « Mais c’est dingue ! ! ! »
Les attaques prennent le pas sur les défenses, les portiers eux, prennent l’eau de toutes parts.
Trente secondes plus tard, Aurélien CARMONA #12 accepte la passe de Thomas JACQUINET #9 et ramène sa troupe à deux longueurs. 03 à 05 à 27’00’’.
A 28’42’’ Romain VARIN #10 transforme la passe de Maxime FREBOURG #20 en or, pour un 03 à 06 de folie. A nouveau trois buts d’avance, pour combien de temps.
Disons une vingtaine de secondes.
29’ tout rond, Charles WERNER #18 marque sur une offrande de John Henry PERE #14 pour ramener le score à 04 à 06.
Petite accalmie sur la glace, histoire de laisser le temps à la table de marque de laisser refroidir les stylos ;o)

Mais Limoges n’abdique pas, et les largesses défensives havraises vont finir pas se payer cash, après quelques « miracles », le gardien du temple maritime cède à nouveau.
Profitant d’une prison pas évidente infligée à Yoann ROUSSEL (parce que Yohan c’est allemand, alors que Yoann c’est breton ! !) pour une obstruction bien sévère, Charles WERNER #18 sert Thomas JACQUINET #9 qui trompe la dernière sentinelle de la porte océane et ramène les limougeauds à une longueur.05 – 06 à 34’23’’ ! !
Les défenses sont à la rue, les gardiens déconcentrés.

A tel point que 38 secondes plus tard à 35’01’’, Antoine KEISSER #3 sert Maxime FREBOURG #20 qui trompe une nouvelle fois Alban PRADEAU pour un 05 à 07.
Engagement, les havrais sont déchainés, KEISSER reprend son rôle de faiseur de jeu, il envoie, le petit FREBOURG, Félix sur orbite, qui n’a plus à déjouer le portier adverse. 05 à 08 à 35’44’’. Ouf, à nouveau trois buts.
On devine les deux portiers à bout de souffle, sans une once de concentration, tout en sachant que leurs arrêts seront de plus en plus déterminants, mais rien n’y fait…

Effectivement, rien n’y fait, en supériorité numérique, John Henry PERE #14 et Benjamin ROCHETTE #54 orchestre le power play et offrent à Aurélien CARMONA #12 le sixième but des locaux. 06 à 08 à 36’42’’.

Les havrais s’agacent, et si c’était mauvais signe.

Une minute plus tard, à nouveau en power play, Thomas JACQUINET y va seul, la défense havraise est amorphe, le gardien pas plus vaillant. 07 à 08 à 37’43’’.

Sentant son équipe au bord de la rupture, sentant qu’une égalisation limousine sonnerait sûrement le glas de son escouade, le coach havrais, Jean Pierre SERVILLE prend son temps mort. Et remotive ses troupes, notamment son gardien qu’il ne ménage pas. Vexé, celui ci retourne au charbon avec hargne. Et le coach espère aussi que ce temps mort freinera la forte charge du Taureau de Limoges.

La fin du tiers sera plus calme et se terminera sur un 07 à 08 plein de suspens.
De retour au vestiaire, le portier havrais prend la rincette de son coach, puis s’enferme sous sa serviette, retrouver ses moyens.
Le discours est simple au possible, repartir à zéro et tout donner, absolument tout, pour n’avoir aucun regret. Le risque est de taille à dix la fatigue se fait sentir.
Sirène, cris de guerre, encouragements. Tous repartent d’un pas vaillant, bien décidé à arracher cette partie.

Urgent d’attendre…

Y’a pas, quand on leur dit qu’on recommence un match, ils repartent toujours de la même manière ! !
A 41’48’’ Maxime FREBOURG #20 accepte la passe de Camille DICQUEMARE #16 et envoie le palet au fond du filet pour redonner deux points de priorité. 07 à 09 !

La suite du dernier tiers verra l’ambiance monter d’un cran que la glace, les arbitres un poil trop tolérants depuis le début de la partie, sont à plusieurs reprises à deux doigts de perdre le contrôle du match. Les deux équipes redoutent de commettre l’erreur fatale. Chacune guette l’autre.

Les havrais gagnent du temps, le palet derrière leur buts, en attente du pressing des locaux. Et quand le pressing arrive, passe latérale, puis retour au filet. On dirait du foot, mais hors de question de perdre ce match !!!

Aussi le portier havrais en plus guider sa défensive, appelle au calme, à ne pas répondre aux provocations. Et pourtant, ce sont souvent les cordonniers les plus mal chaussés. Le cerbère aura maille à partir avec le corps arbitral.

Auteurs de plusieurs beaux sauvetages, le gardien du temple havrais va encore plier. Thomas JACQUINET #9, sert Aurélien CARMONA #12 qui trompe le portier en bleu. 08 à 09 à 55’15’’, tout est relancé. Sur ce but, le portier s’emporte un poil contre l’arbitre, coup de crosse sur le masque, et autres joyeusetés sont évoquées, le zèbre, têtu comme un âne ne revient pas sur sa décision et avertit le gardien, encore un mot et….
Le portier ciel et marine ravale sa colère, et retrousse ses manches, la fin de match va être chaude, très chaude. Et de sa performance dépendra le sort du match.

Les équipes se neutralisent, les havrais hésitent à enfoncer le clou, les limougeauds à se jeter à corps perdus, échaudés qu’ils ont été par les contres fulgurants de la paire SERVILLE – KEISSER.
A une minute quinze de la fin, on sent le portier local prêt à quitter son filet et à piquer un sprint pour rejoindre son banc. Antoine KEISSER #3 part seul, personne n’y croit, ni les havrais, ni les locaux, le portier maritime peste sous son masque, « passe, mais passe bon sang » qui évolue en « shoote, shoote ». Mais KEISSER ne passe pas, ne shoote pas, il poursuit sa revue d’effectif de la défense limousine et trompe Alban PRADEAU pour la dernière fois du match. 10 à 08 pour les visiteurs à 58’44’’.
A part quelques escarmouches dans la zone havraise, les Taureaux se sont faits à l’idée de la défaite et n’attendent plus que le buzzer final.

A la sirène, les visiteurs se tombent dans les bras. « J’avais oublié la saveur de la victoire » lâche Félix FREBOURG. Le gardiens peut lever les bras au ciel. Ils y sont.

De retour aux vestiaires, surprise !! Les escort – boys de Limoges étaient là, en attente. Contrôle antidopage. Une formalité pour quatre des six tirés au sort. Les deux derniers mirent près de deux heures à faire leur petit pipi dans le flacon.

Que retenir de cette partie ?

Côté Limoges, l’équipe semble en perte de vitesse, déjà à l’aller le jeu était basé sur le contre, mais ce samedi 14 mars ce fut encore plus flagrant. Contraints de combler un déficit d’effectif avec des joueurs de Loisirs, les Taureaux ne crachent plus de feu.

Côté havrais, sans parler de score, ou de gestion de la partie, l’essentiel est là : la terre promise, enfin, le parfum de la victoire est revenu à leurs narines.
Enfin !! Deux points qui permettent d’abord d’effacer le douloureux moins un infligé par l’autorité fédérale suite au forfait pour le match à Anglet !!!
Quoi d’autre ? Pas grand-chose, la bonne entame de match semble de retour, et répétées sur les trois tiers, s’il vous plait. Par contre, l’indiscipline a encore couté trois buts aux Dock’s, et le relâchement défensif coupable du second tiers n’a pas porté à conséquence parce que les limougeauds ont traversé la même « maladie » au même moment…

Les havrais ont démontré tout le sens de l’expression « Prendre le taureau par les cornes », comme les limougeauds ont illustré le nouvel adage, ne pas parader avec les oreilles et la queue du taureau avant de l’avoir complètement tué.

Alors, Jean Pierre SERVILLE, en tant que Coach du Havre que dire de ce match ?

Jean Pierre SERVILLE : « Je dirai très beau résultat , surtout à 10 joueurs et 1 gardien contre trois lignes et deux gardiens, ça fait du bien. Enfin une victoire, c’est bon pour le moral, Un super match très angoissant, avec beaucoup de collectif sur les deux lignes. La motivation était là, l’envie de gagner aussi et pour une fois on n’a pas galopé après le score. Au 1er tiers on domine 3 à 1, par contre au 2ème, beaucoup de buts, de la folie, un peu de relâchement de chaque côté, on le gagne 6 a 5 et au 3ème Le Havre se reprend et on fini 10 à 8 ! »

Un second match pour ton fils Péji SERVILLE à la pointe de l’attaque après sa blessure en début de P-O :

JPS : « C’est mon fils, mais je dois bien reconnaitre que Pierre Jean a apporté une bouffée d’oxygène dans le premier tiers, 2 buts et une assistance. Et un autre en début du deuxième tiers. Son association sur la première ligne avec Félix FREBOURG et Antoine KEISSER fonctionne bien. »

Plus globalement au sujet de l’équipe :

JPS : « Je dois avouer que j’ai trouvé une super ambiance dans l’équipe ,et un gardien qui sort un beau match dans le premier tiers, une petite perte de concentration dans le deuxième, mais qui a su vite se ressaisir dans le 3ème. Il a pris conscience que ce match se jouerait sur les arrêts des gardiens en fin de match.
Christophe a assuré en toute fin de match. Bravo.
Pendant le second tiers, les 2 + 10 à Yoann ROUSSEL ont fait très mal à l’équipe, car c’est un de nos piliers en défense. De plus, il me semble qu’il n’y ait pas la moindre faute, mais bon, c’est le sport.
Tous les joueurs ont fait leur match, pas toujours tous en même temps, mais on a su éviter l’égalisation de Limoges ce qui nous aurait fait très mal. »
« Je suis content. »