Au bout du suspense…
Certes il s’agissait d’un match sans enjeu, certes les qualifications étaient acquises pour les deux équipes, certes les fêtes de fin d’année ne sont pas loin, mais il ne faut pas oublier que les confrontations normando – bretonnes sont souvent explosives, il ne faut pas plus oublier que la seconde place derrière Orléans, ce n’est pas rien ! !
Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour un match à suspens, notamment la météo, et là, au moins normands et bretons étaient d’accord, la pluie est universelle.
Quittant leur Normandie natale sous la pluie, les Dock’s arrivaient dans leur terre d’adoption du jour, sous la pluie ! ! ! Aucun changement, sinon la découverte de la belle patinoire rennaise, arborant fièrement sa devanture vitrée, ses jeux de lumière et ses deux pistes…
| Philippe Couyere (Archives) | | Une fois n’est pas coutume, les havrais se déplaçaient à trois lignes, et enregistraient encore une fois un retour. Cyrille FRIBOULET absent des glaces depuis trois saisons effectuait son come-back au sein de l’offensive ciel et marine. Doté d’un solide gabarit, d’une bonne expérience, d’un caractère fort et d’une voix puissante, il est clair que « Nounours » pourrait bien être un apport non négligeable à cette jeune équipe.
Pendant que les Dock’s s’échauffaient en toute décontraction, sur un inédit tennis – ballon, les locaux s’en allaient en footing. Regardant ses troupes s’ébrouer bruyamment, le coach havrais, Jean Pierre SERVILLE, trahissait déjà quelques inquiétudes, à peine arrivé, il avait été accosté par les rennais s’enquérant de la présence des numéros 12 et 3 en attaque et du 22 devant le filet.
L’échauffement sur glace fût aussi classique pour les bretons que pour les normands. A ceci près qu’en toute fin de warm – up, le portier havrais rencontrait un palet malicieux, qui le frappait à un endroit généralement qualifié de très sensible chez la gente masculine ! ! Lâchant crosse et gants , le portier se roulait au sol, devant l’inquiétude de son équipe, puis tentait de sautiller sur place, phase très pratique avec l’équipement ! ! respirer, penser à respirer, se tenir droit, se redresser quand la douleur invite à se rouler en boule ! ! !
Ca allait mieux, presque mieux, série de shoots de la bleue pour se remettre, ça semble reparti…
Sitôt l’échauffement terminé, salut, début de match.
Monsieur DUFAURET Bruno arbitre du match, assisté de Gilles PRIGENT lançait le puck devant une petite centaine de spectateurs acquis à la cause bretonne.
Dire que l’entame de match est un atout des maritimes ne trahit aucun secret tant cela semble être une spécialité des artilleurs de la Porte Océane.
A 00’47’’, Antoine KEISSER prenait sa chance de loin et trompait le portier rennais. 00 à 01.
A 4’40’’, les havrais évoluant à 03 contre 4 chipaient le palet, Matthieu RAS #13 servait Romain VARIN #10 qui s’en allait mystifier le cerbère breton. 00 à 00.
Les questions bretonnes posées au coach havrais avant le match, prenaient tout leur sens. La tactique était simple, bloquer PJ SERVILLE et Antoine KEISSER et bombarder la cage de Christophe HAEST, dans l’espoir de semer le trouble chez ce gardien encore inexpérimenté.
Non content de son premier but, Romain VARIN #10 signait le doublé à 13’59’’, profitant du travail des deux roséicolis* de l’attaque havraise, Antoine KEISSER #3 et Pierre Jean SERVILLE #12 et amenait le score à 00 – 03 pour les visiteurs.
Traditionnellement, les Dock’s mettaient les mains en haut du guidon et relâchaient l’effort alors que les Cormorans semblaient manquer d’air et que c’était certainement le moment de tuer le match.
Les rennais, vexés d’être ainsi malmenés dans leur Blizz, se rebiffaient et se ruaient à l’assaut de la forteresse maritime. A 15’48’’, Romuald BAUDUCEL #4, lancé par Loïc PIERRE #17 lançait une énième fois au but, le départ du shoot masqué, la sentinelle havraise s’inclinait. 01 – 03.
A peine deux minutes plus tard, Adrien RAFFI #18 toujours sur un service de Loïc PIERRE #17 propulsait le palet dans le filet havrais et permettait à ses coéquipiers de revenir à une longueur. 02 – 03.
Les havrais se remettaient au travail et poussaient à nouveau dans le bon sens, et ça payait.
A 18’24’’, Fabien BOUILLOUX #18 partait seul au but, balancé, il bénéficiait d’un tir de pénalité qu’il concrétisait avec élégance. 02 à 04.
Le score n’évoluera plus jusqu’à la première pause, les rennais poursuivant leur feu nourri sur la cage bleue, les havrais procédant en contre.
Dans la sirène, PJ « TAZ » SERVILLE #12 continuait son geste et infligeait une boite inutile à Matthieu RENOULT #10 qui se rebiffait. Devant ces comportements l’arbitre décernait dix minutes de repos forcés à chacun des belligérants
Si les havrais ont dominé ce premier tiers, il n’en ressort pas moins qu’ils ont déjà montré des signes inquiétants de nonchalance. Le discours du coach était limpide ici si on lâche on va perdre, je voudrais cette seconde place pour Noël ! !
De retour sur la glace, les rennais prenaient clairement le match à leur compte et multipliaient les raids et les shoots au but. Et la pression payait, les havrais jouant sur les talons s’inclinaient à 25’20’’ sur un but en supériorité numérique de Alexandre QUINCET #94 pour un 03 – 04.
Les pénalités se multipliaient de part et d’autres, ce match sans enjeu se tendait et les arbitres faisaient preuve d’intransigeance.
A 34’28’’, Antoine « Chipper » KEISSER #3 redonnait de l’air aux siens. Il acceptait une offrande de Camille DICQUEMARE #16 et amenait la marque à 03 à 05.
Loin de se décourager, les Cormorans repartaient de l’avant et à 38’52’ Hugo MARION #12 assisté d’Adrien RAFFI ramenait les bretons à une longueur. 04 – 05.
La seconde pause arrivait sur ce score serré, et le coach havrais avait bien du mal à mobiliser ses troupes déjà tournées vers les fêtes de fin d’année.
Dès le retour, l’entraîneur – joueur de Rennes, Christian FERLAND #13 montrait l’exemple, et ramenait le score à parité sur un effort solitaire à 41’23’’.
Remotivés par ce retour, les havrais par l’entremise de Fabien « Magic » BOUILLOUX #18, sur une passe de Félix FREBOURG #8 reprenait une longueur d’avance à 42’59’’. 05 à 06.
A 44’26’’Profitant d’un power play et approchant pour une fois le but havrais, Christian FERLAND #13 assisté de Loïc PIERRE #`et Alexandre QUINCET #94 permettait aux rennais de recoller au score. 06 – 06.
S’en suivait ensuite un échange de pénalités, qui fatiguaient les organismes, autant que qu’elles échauffaient les esprits.
A 53’16, Christian FERLAND, décisif sur cette fin de match sur une passe de Loïc PIERRE #17 offrait une priorité d’un but à Rennes, dans ce qui pouvait bien être le but de la victoire. 07 – 06.
A 56’32’’ une bagarre générale éclatait, les deux clans hormis quelques rares exceptions discutaient joyeusement qui quant à la fraîcheur du poisson, qui quant à la légalité de la charge, qui pour le plaisir et tout ça derrière le but rennais.
Les arbitres quelque peu dépassés, et pour cause, laissaient les esprits se calmer et envoyaient aux vestiaires, les cinq premiers numéros de la feuille de match de chaque équipe. Ce qui avait pour conséquence d’envoyer pour le Havre les quelques rares joueurs n’ayant pas participé à la bagarre. Le Havre prenait son temps mort et réorganisait sa ligne et demie.
Reprenant le jeu dans la confusion, le score semblait acquis, les bretons se dirigeaient vers une seconde place.
A 59’55’’, Jean Pierre SERVILLE tentait le tout pour le tout et sortait son gardien. Pour cinq secondes, oui, vous avez bien lu pour cinq petites secondes.
Rennes prenait son temps mort.
Engagement, palet arraché par les ciel et marine, deux havrais devant le but, le palet arrive à Thomas DOUDET, #14 qui envoie une papinade qui trompait Nicolas BERTHIAU #1, portier breton. 07 à 07 à 59’58’’ ! ! !
Cris de joie, danses sauvages, les punis havrais déjà sous la douche, entendant le ramdam sortent légèrement vêtus et célèbrent eux aussi l’égalisation miraculeuse.
Deux secondes à jouer, retour du gardien, engagement, palet havrais, une, deux sirène ! ! ! !
La seconde place est havraise. Pour un match sans enjeu, la joie havraise et la déception rennaise sont pourtant bien réelles ! ! !
La poignée de main entre les deux clans est sincère et virile. Les deux équipes se retrouveront en play – off.
Et si Le Havre avait marqué un point psychologique sur cette partie ? ?
En conclusion
Le Havre a livré un match à la havraise, un excellent début de match, gâché par une suite moins brillante, ponctuée de fautes défensives et d’errements offensifs, de trop nombreuses pénalités bêtes et inutiles.
Cette fois ci, cependant, l’adversaire est resté à portée et l’égalisation a sonné comme une victoire. Mais comme une victoire, seulement comme. Il ne s’agit pas d’une victoire.
Autre maladie chronique havraise, le power-play, en 11 minutes de supériorité numérique, aucun but, encore une fois, et à peine plus de danger.
Pour Rennes, les schéma tactique semble avoir été presque trop respecté, si le 12 et dans une moindre mesure le 3 havrais ont été muselé, cela a ouvert la porte à des joueurs d’ordinaire plus discret.
Quant à la tactique de bombarder de loin le but maritime, cette pratique a vite trouvé ses limites. Le portier havrais a d’abord pris des risques pour faire des arrêts propres, puis voyant que les Cormorans ne jouaient que très peu les rebonds, il s’est contenté de se faire heurter par le puck.
Les Cormorans paraissaient plus séduisants en début de saison, avec un jeu plus construit.
La première phase est terminée pour ces deux équipes qui se retrouveront avec gourmandise à partir de janvier pour les play - off
* Roséicolis : oiseaux appelés communément inséparables
Les déclarations
Pour Thomas DOUDET, héros du jour :
« Faire sortir le gardien à 5 secondes de la fin ? on était pas mal à y penser. On a fini le match comme on l'a commencé : en jouant avec envie, avec notre cœur et nos tripes...
Sur le dernier but, j'ai demandé a Hugo COLLETTE (#19) de venir en attaque avec moi pour se positionner devant le but et empêcher les ailiers rennais de monter sur nos deux défenseurs. Cyril FRIBOULET (#21) au centre, devait sortir l'engagement pour l'un des défenseurs et finalement le palet m'arrive dessus... Je ne me pose pas de question et je balance une praline qui ,pour une fois, fait mouche!!!
Hier, on a encore jouer comme l'équipe contre qui on joue...on s'adapte toujours au niveau de jeu de nos adversaires même si on est plus fort et je pense c'est une chose qui pourra nous ralentir en play - off car on a un bon groupe.
Une bande de potes qui jouent ensemble depuis pas mal d'années et je pense pas qu'il y ait beaucoup d'équipe comme la notre...
Chacun a contribué a cette fête bretonne. Même si certains joueur avouent qu'ils n'ont pas super bien joués, on est avant tout un collectif, et c'est notre point fort... Pour tout le monde, je tiens a dire merci parce que on s'est vraiment fait plaisir sur le trajet, sur la glace et au retour...
Et encore un bon match de notre gardien qui, je le rappelle, n'a toujours pas de style, mais il arrête presque tout ce qu'on lui balance dessus !!!!
On a fait un bon match sur le fond, mais encore et toujours les même problèmes de prisons idiotes... On a une équipe jeune et donc, les gars répondent du tac o tac aux provocations de joueurs plus expérimentés. Une autre chose qui nous sera nuisible en play - off.
On a assuré la 2ème place de notre poule avec ce match nul, qui peut faire très mal au moral des rennais. »
Selon Jean Pierre SERVILLE, coach havrais :
« Quel match ! ! !
Avec du recul je pense que Rennes a été renseigné par leur transfuge, Pierre ESTIVAL qui nous a quitté pour la Bretagne à la dernière intersaison. Je m’aperçois que les consignes des Cormorans étaient simples : ne pas laisser Pierre Jean SERVILLE (#12) et Antoine KEISSER (#3) jouer et incendier notre but pour déstabiliser notre gardien (#22) ! !
Mais Pierre – Jean a été lucide puisqu’il devient passeur sur ce match, et Antoine, buteur. Et notre gardien a été plus qu’à la hauteur.
Je pense aussi que ces consignes ont été trop strictement appliquées par les Rennais, ils ont concentré leur vigilance sur le 12 et 3, mais du coup ils ont laissé d’autres joueurs libres, qui eux ont saisi leur chance et ont marqué.
Pour les tirs au but, c’est à peu près pareil, ils ont beaucoup tiré, mais finalement, ce n’était pas si dangereux que ça, surtout qu’ils ne sont pas souvent venus jouer le palet sur les rebonds. Notre gardien a pris des risques au début de match pour faire des arrêts propres, puis voyant qu’il était assez tranquille dans sa zone, il a pris moins de risques en se contentant de se faire frapper par le palet. Ils ont beaucoup tiré, mais au détriment d’un jeu plus près du but, plus construit, comme à l’aller.
Les garçons ont fait un très bon échauffement, plein de décontraction d’où le résultat du premier tiers, deux à zéro pour nous après même pas cinq minutes, puis 4 à 2 en fin de premier.
Deuxième tiers là, c’est Rennes qui met la pression , très fort . Pendant ce temps, on cumule les prisons, notamment Pierre Jean (ndr SERVILLE) qui prend dix minutes puis à nouveau deux ! ! !
Troisième tiers , en fin de match, bagarre générale et là, l’arbitre ne se complique pas la vie , les 5 premiers de la feuille de match de chaque équipe sont renvoyés aux vestiaires. Pas de chance pour Le Havre, les deux meilleurs buteurs de la saison sont dedans ! ! On a quand même un peu de chance là dessus, il pouvait arrêter la partie, et c’était perdu pour nous.
A ce moment là, ce n’est pas facile pour le coach, puisqu’il me reste une ligne et deux joueurs sur le banc.
Mais le match est pratiquement fini, et à cinq secondes de la fin, un joueur me dit est-ce qu’on sort notre gardien ? D’habitude, je suis assez conservateur, là, je n’hésite même pas, perdu pour perdu autant prendre notre chance. Et on connaît la suite ! !
On a encore commis trop d’erreurs, dans les phases défensives notamment, des erreurs de relance avec des passes croisées devant le but, on en prend un comme ça sur une interception face au but. Et quelques gris – gris qui ont été tenté devant notre gardien, c’était un match trop serré pour tenter ça. Et notre power – play est toujours désespérément muet ! ! On va travailler tout ça pendant la pause des fêtes.
On a fait tourner l’effectif sans trop se soucier du résultat, mais ce match nul est important, pour le moral surtout. L’envie qui a été démontrée en fin de match fait plaisir à voir. Et conserver la seconde place c’était important pour nous, pour le fun. Et puis notre gardien avait une revanche à prendre sur le match aller, il n’avait pas digéré sa petite performance. Il s’est bien rattrapé.
Je crois que l’équipe en a encore sous le patin et peut livrer de gros matches ».
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