Pour cette seconde rencontre, les blessures avaient décapité le premier bloc offensif tricolore avec les forfaits définitif de Desrosiers (cheville) et temporaire de Meunier laissé au repos (coup reçu au bras la veille?). Le staff tricolore avait donc choisi d’associer initialement Yorick Treille, ultime survivant de l’affaire au nouveaux venus Papa et Raux. Un tel choix peut se justifier car il permet de ne pas toucher aux autres trios, mais cet alignement bricolé en dernière minute allait se révéler bien fragile et conduire l’ami Yorick à rejoindre d’autres partenaires de jeu en cours de rencontre.
En défense, on assistait à l’arrivée de Leveque et à la titularisation de Lhenry théoriquement numéro deux derrière Huet, hiérarchie des gardiens confirmée la veille par Henderson.
| Laurent Lardière | Fort Alamo Allumé |
La France s’en sort bien
Le début de rencontre allait marquer une supériorité autrichienne qui n’allait pas se démentir par la suite. Plus forts physiquement et gagnant globalement le combat de la récupération à mi-glace, les joueurs de Lars Bergstrom allaient proposer plusieurs attaques-défenses et faire le siège du camps français. Si l’on excepte quelques incursions sporadiques dont un bon tir de Fleury à 2"53, il faut bien avouer que l’essentiel des débats consistait en des séries de centres tirs autrichiens à la bleue en angle suivis de renvois de Lhenry et de batailles dans les bandes.
A 7"12, Kaspitz, petit joueur par la taille mais à la très belle vision du jeu qui lui donne quelque cousinage avec les Broz et Doucet de nos contrées fait le tour de la cage et sert Unterlogarrer qui met facilement au fond (0-1).
La défense française paraît naïve sur l’affaire, et le siège reprend de plus belle dans une rencontre à sens unique.
Pourtant, une première pénalité autrichienne à 9"40, puis une seconde à 10"48 va offrir 52 secondes de killing play aux tricolores.
Après une belle frappe d’Hecquefeuille renvoyée par le gardien, Bellemare met au fond et égalise à 11"03. (1-1).
La fin de période voit la France mettre la tête hors de l’eau avec en particulier une bonne frappe de Yorick treille à 12"29.
Pourtant, une première pénalité contre les tricolores permet aux visiteurs de pousser à nouveau jusqu’à la fin de la période.
Tirs 12/6 Autriche
Engagements 15/9 Autriche
Début du récital autrichien
La seconde période reprend avec Schuller qui file au but après un bon service de Setzinger à 21"20, le premier étant stoppé irrégulièrement par Hecquefeuille au four et au moulin ce soir. La pénalité ne donne rien et les tricolores semblent plus dans le coup en jeu de transition, dans une rencontre il est vrai très heurtée et relativement dépourvue de construction offensive.
Pourtant, la France qui reste fragile va craquer à nouveau en infériorité numérique, Werenka trompant Lhenry d’une frappe croisée de l’aile que d’aucun verront comme évitable à 26"22.
L’action suivante va souligner que les équipes qui font partie de l’élite mondiale, même en bas de classement comme l’Autriche, disposent de joueurs capables de faire la différence individuellement à tout moment.
Servi par un véritable missile de Rebek qui arrive juste au dessus de la glace depuis la zone défensive, Setzinger va parvenir à contrôler plein axe alors qu’il est déjà à pleine vitesse, un blocage contrôle parfait à 15cm au dessus de la glace, puis sans ralentir fonce sur Lhenry et le bat d’une frappe croisée à 27"58 (1-3).
Les Autrichiens poursuivront leurs efforts et Baumgarter ratera une reprise cage ouverte à 34"04.
Les français se montreront en fin de période avec une frappe de Roussel à la bleue suivie d’un tir de Fleury sur service de Bellemare qui trouvera le gardien.
Tirs 14/11 Autriche
Engagements 15/12 France
| Laurent Lardière | Kévin Hecquefeuille |
Valse à trois temps
La troisième période reprend avec l’information selon laquelle Igier se serait blessé. De fait, il n’est pas sur le banc et nous ignorons encore si son absence se prolongera ?
La bataille des bandes se fait un brin plus indécise avec des français un poil plus à leur affaire. Un jeu de puissance donne plusieurs occasions à Hecquefeuille dont l’association avec Bellemare figurera parmi les rares satisfactions de la soirée.
Pourtant, les autrichiens vont à nouveau appuyer la où cela fait mal.
A 51"04, une superbe rupture voit Setzinger fixer pour servir ensuite Harand qui lance du revers dans la lucarne française. (1-4).
L’Autriche gère alors les affaires tandis que les français se montrent incapables d’accélérer et de créer quelques décalages significatifs.
A 55"03, Kaspitz sert Raffl qui seul aggrave le score face à un Lhenry dont on est désolé de dire qu’il est passé à côté ce soir (5-1).
A 56"25, Koch manque un contrôle et le palet arrive à vitesse plus que réduite sur le but de Lhenry dont on attend une passe de relance. Pourtant, ce dernier se troue totalement et on se demande encore comment laisse passer l’objet qui termine au fond. Une action digne de figurer plusieurs années de suite dans la rétrospective annuelle des meilleurs ratages sportifs.
Une pénalité autrichienne va permettre à la France de réduire le score à 57"51.
Un lancer du revers de François Rozenthal sur le gardien est repris par Yorick Treille à 59"12. (2-6)
Tirs 10/6 France
Engagements 12/7 Autriche
| Laurent Lardière | Match physique |
Des questions et quelques certitudes
La large défaite concédée par les français face à un adversaire qui ne peut strictement rien espérer d’autre lors de ces mondiaux que de sauver sa tête est inquiétante. Outre l’ampleur du score, c’est bien le déroulement de la rencontre totalement à sens unique qui inquiète grandement. Si l’affaire pouvait passer en début de préparation, une telle prestation à moins de 15 jours du début de la compétition questionne. Offensivement, inscrire un but en double supériorité numérique et un autre durant les dernières secondes face à un adversaire totalement démobilisé ne rassure en rien. Après la bonne prestation de la veille, doit on penser que la France ne peut se passer de Meunier et de Desrosiers? Derrière le trio d’Hecquefeuille qui sait jouer au hockey et qui s’est créé mine de rien pas loin de 50% des occasions, on va trouver les frères Treille auquel vous pourriez ajouter Meunier pour créer un premier bloc qui aurait l’air de quelque chose (avis personnel). Derrière, on est bien désolé mais on a pas vu grand chose avec un bémol pour Rozenthal et Gras. Mention spéciale enfin dans cette affaire pour Fleury dont on se demande bien comment il pouvait être remplaçant au début de la campagne (on est très à l’aise car on l’a plébiscité comme titulaire il y a belle lurette).
Défensivement, les français ont affiché une réelle fragilité que le score illustre parfaitement. Une certaine absence de gabarits préjudiciable à ce niveau valorise Manavian et Quessandier qui font le métier, Amar et Bachet restant également des valeurs sures dans un autre registre.
Du côté du gardien de but, la prestation de Lhenry devrait logiquement bousculer la hiérarchie établie en faveur de Ferhi. Retrouver le premier titulaire face à la Suisse après la rencontre de ce soir serait avouons le une surprise doublée d’une sérieuse interrogation sur l’établissement de la hiérarchie au sein du groupe et même sa cohérence. Tout le monde peut passer au travers lors d’une rencontre et quand c’est un gardien, cela se voit davantage. Le problème est que nous parlons ici de prestations dans le cadre de la préparation à un mondial élite à moins de 15 jours du début. Naturellement, l’arrivée à Berne de Huet répondrait à la question.
Au delà de la conférence de presse de coach Henderson que vous retrouverez sur Hockey hebdo, force est de reconnaître que certains fantômes de joueurs absents planaient sur la salle de presse grenobloise. En effet, les blessures enregistrées cette semaine pausent une nouvelle fois la question de certaines non sélections. Naturellement, un entraîneur doit faire ses choix, prendre des joueurs avec lesquels il se sent à l’aise, et n’a de comptes à rendre à personne sauf à sa fédération sur le sujet. Sauf que lorsque ce même entraîneur évoque logiquement les blessures comme un problème et laisse entendre qu'il ne voit vraiement pas vers qui se tourner qui ne soit déjà dans le groupe ou indisponible, on peut difficilement ignorer certains noms. Il paraît en particulier que la France manque de défenseurs. Nous en dressons une liste non exhaustive de quelques cas et vous laissons vous faire une opinion.
Bordeleau : le joueur en partance de Berne serait quelque peu à court de préparation et aurait la tête ailleurs (traduisez cherche un club actuellement). Il nous semblait que se montrer à son avantage sur la glace d’un mondial était encore le meilleur moyen d’en trouver un ? Avouons quelque chose, on ne comprend pas franchement ce que le staff français a expliqué à la presse Suisse qui a bien naturellement posé la question… et on va demander au joueur de nous expliquer rapidement.
Loïc Sadoun : troisième joueur français de Magnus à l’évaluation avec 43 points, dans le rôle du Réto Von Arx de l’hexagone (spécial clin d’œil pour nos amis suisses).
Aymeric Gillet : le dijonnais est considéré par beaucoup d’observateurs comme l’un des meilleurs défenseurs de Magnus.
Johann Morant : le défenseur de la Chaux de Fond évolue avec un certain Lussier, considéré comme l’un des meilleurs arrières de LNB dans un club qui a terminé second cette année.
La famille Da Costa : entre le meilleur joueur du dernier championnat de Pologne et l’un des meilleurs joueurs de USHL , vous avez deux possibilités, sachant que de nombreuses équipes compteront lors de ce mondial des joueurs encore juniors.
Yohann Auvitu : Il est jeune et alors ? Actuellement en Finlande et considéré comme un prospect sérieux par la presse spécialisée. Ne serait il pas intéressant de donner de l’expérience à ce joueur même en bout de banc plutôt que de prendre un trentenaire de plus ? Si on doit prendre un espoir pourquoi pas lui?
Jérémie Romand : remplaçant avec ses 192 cm et 95 kg, un énergizer un vrai comme disent les anglophones, 21 points pour sa première saison comme titulaire à part entière à Rouen.
Dans le titre de conclusion, nous parlions de certitudes, nous en avons une, si la France joue comme elle l'a fait ce soir, elle terminera dernière de la compétition. On pourra et devra se référer à la rencontre face au Belarus avec les perspectives suivantes.
Un Ferhi à son niveau de champion de France, avec autour de lui une défense plus compacte bien aidée par un soutien du trio offensif peut faire de la résistance. La liste des sélectionnés en défense est-elle définitive, surtout en cas de forfait d'Igier? Certains championnats se sont terminés il y a peu et les joueurs sont encore dans le coup...
Offensivement, la France dispose d'un trio qu'il ne faut pas toucher, celui d'Hecquefeuille, le reste peut être revu en privilégiant la densité physique indispensable à ce niveau. L'apport offensif des arrières doit être plus valorisé, un client comme Amar par exemple ayant souvent prouvé cette année qu'il pouvait en claquer à la bleue. Un duo Treille en première ligne est-il concevable? Nous on pense que oui, tout comme des équipes spéciales composées partiellement de joueurs plus particulièrement sollicités dans ce domaine et disposant ainsi d'une plus grande fraicheur physique en fin de rencontre.
Sans rêver à passer le premier tour ce qui serait clairement un miracle, les français doivent mettre à profit ces trois rencontres pour améliorer leur hockey, et sauver sa peau derrière semble être une motivation suffisante.
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