Après deux heures de voiture, l'équipe de Hockey hebdo en charge de la couverture de cette finale de mondial parvenait à trouver une place tout près de l'entrée de la très belle patinoire de Courchevel. Un trajet un tantinet long pour une compétition qui se déroule une nouvelle fois au coeur des alpes après le centenaire de la FFHG et la finale de la Coupe de la Ligue, une concentration géographique que l'on voudrait moindre la saison prochaine pour permettre à des publics plus nombreux de voir du hockey de haut niveau en France. Pourquoi pas (liste non exhaustive à Nantes, Lille, Cholet, Marseille) et non des stations beaucoup moins peuplées.
| Photo laurent Lardière | Champions du Monde |
Après une compétition marquée par le niveau plus que médiocre de 50% des participants, belges, australiens,chinois et même croates n'ayant que leur courage à opposer en la circonstance, on allait enfin assister à une confrontation qui pouvait se révéler plus compliquée pour une équipe de France qui s'était promenée jusqu'alors. En face, la Corée présentait des références sur cette compétition. On allait du même coup découvrir ces jeunes joueurs et des noms que l'on devrait apprendre à connaître dans les années à venir. Volontaire, appliquée, avec un niveau de jeu homogène (traduisez sans joueur de tout premier plan, mais avec un groupe d'un niveau assez semblable et sans trop de faiblesse), telle était la description qui était parvenue jusqu'à nous.
Jeu de mouvement
Dans la jolie patinoire de Courchevel avec environ 800 spectateurs, l'explication allait prendre dans les premières minutes des allures de course de vitesse, les coréens se montrant à leur avantage avec une volonté visible de créer des ruptures par de belles relances. Plus à l'aise dans le jeu collectif, et parfaitement en place, le pays du matin calme prouvait qu'il savait s'exciter en soirée et testait rapidement Raibon, préféré à Fouquerel lors de cette rencontre.
Les bleus parvenaient à se créer une occasion par Mathias qui manquait son face à face avec Hwang à 3'31, mais la corée allait confirmer son bon début de rencontre en tuant facilement un premier jeu de puissance tricolore.
A 6'16, Lee WJ déviait une frappe à la bleue en attaque défense de Chung et trompait Raibon quelque peu masqué (0-1).
Les minutes suivantes voient le balet rapide se poursuivre avec des français qui réagissent le plus souvent par des actions individuelles, et des coréens qui tentent de construire avec des sorties de zones qui provoquent des ruptures.
Après deux occasions de Perez, Raibon doit à nouveau effectuer plusieurs arrêts à 10'21, les deux formations se rendant coup pour coup.
C'est le moment qui voit alors Dusseau délivrer une superbe frappe juste avant le cercle d'engagement gauche qui trompe Hwang en croisé (1-1).
L'égalisation décomplexe les jeunes français qui finissent plus fort avec un André virvoltant et un Barbero et Arrossamena qui manquent des duels avec le gardien adverse. Bien malin cependant qui peut dire comment l'affaire va se terminer.
| Photo Laurent Lardière | Défense présente |
Corée ko en deux minutes
Après une mélée sans suite devant les buts de Raibon à 21', les accélérations reprennent de plus belle et un coréen se retrouve au sol après un choc qui restera sans conséquence à 26'08.
Les français poussent en jeu de puissance, Nicolas manquant un nouveau duel à 27'35, et l'on commence à se dire qu'il ne faudrait pas que ces grosses occasions ne se paient en fin de rencontre. Le rythme baisse alors quelque peu et va hélas être accompagné d'une blessure grave d'un joueur coréen.
Les tricolores restent un poil plus dangereux et bombardent Hwang qui répond présent, Yoon étant ensuite à deux doigts de tromper Roibon au terme d'un contre bien conduit.
A 31'32, Moisand, un défenseur dont on reparlera justement parce qu'il est capable de faire autre chose que de défendre lance à angle fermé mais le palet est repoussé par Roibon.
Débutent alors plusieurs minutes de domination française qui correspondent au delà des talents des joueurs tricolores à une certaine déconcentration de leurs adversaires.
Bertrand remonte et passe à Moisand qui délivre un super service pour Barbero lancé comme un jet, le genevois trompant alors facilement le gardien coréen décalé sur l'affaire à 32'50 (2-1). Le plus beau but de la rencontre car collectif et proposé sur un rythme très élevé.
A 33'04, Vanwormhoudt trouve Nicolas qui libre de tout marquage pousse dedans face à la cage adverse, les coréens semblant totalement hors du coup dans l'affaire (3-1). Un but qui récompense deux joueurs avec lesquels on devrait aimer évoluer ces prochaines années car travaillant beaucoup et ne délaissant pas les tâches défensives.
| Photo laurent Lardière | Troisième but français |
Les asiatiques ont pris un coup au moral, et vont hélas devoir assister à la sortie d'un partenaire sur blessure quelques instants plus tard. A 33'44, une frappe violente arrive presque à bout portant sur le défenseur coréen qui s'était couché, lequel doit sortir avec son casque visiblement fendu.
la fin de période voit les français manquer de peu le coup de grâce avec un gardien coréen qui fera quelques arrêts de grande qualité.
En France, on a aussi des défenseurs
La dernière période sera la moins intéressante, le rythme étant en baisse et les participants plus fatigués. la bataille est équilibrée. Plusieurs ruptures coréennes sont ponctuées de beaux blocages de palets côté français, et le faux rythme avantage clairement les arrières tricolores qui sont efficaces dans la récupération, un peu moins dans la relance. Si l'on excepte un superbe arrêt de Roibon en extension à 55'60, la corée ne se crée pas trop d'occasions et après un ultime temps mort de sa part à 57'52, les jeunes français peuvent sauter en l'air et fêter dignement leur titre de champion du monde de division 2.
La cérémonie de clôture pouvait se dérouler sereinement, avant que la glace soit occupée par des français festifs, mais trop rapidement soustraits aux quelques représentants de la presse présents et en train logiquement de faire des interviews.
So what?
Avouons le, nous ne connaissions pas franchement une majorité de joueurs français, mais l'impression laissée est plutôt positive. C'est vrai, aucune superstar ou joueur dominant à l'horizon, avec un léger bémol pour André qui sera élu meilleur attaquant et joueur du tournois, mais qui n'a pas forcément fait son meilleur match lors de cette finale. En revanche, un groupe très positif, actif, désireux de bien faire, et composé visiblement d'une bande de copains à l'écoute de leur coach. Aucune attitude négative sur et autour de la glace, aucune prise de bec entre joueurs, cela n'a l'air de rien, mais c'est important pour ce qui les attend à l'étage au dessus. Autre point positif dans un groupe qui ne compte tout de même pas de grands gabarits (aucun joueur au dessus d'1,84), la présence de défenseurs de qualité, ce qui n'était pas toujours le cas en France. Crossman, Moisand, Dusseau et compagnie paraissent ainsi sérieux et solides, avec à chaque fois un plus qui intéresse forcément un entraîneur (frappe de palet pour Dusseau, contrôle de l'adversaire direct pour Crossman qui sait en plus attaquer même si il s'en défend avec humilité, qualité de passe pour Moisand qui par séquence fait office de passeur avec fixation). Notons le match très sérieux de Raibon qui paraît avoir un potentiel certain.
Côté offensif, des arguments également derrière André, mais aucun joueur vraiment en évidence dans la finition. Par contre, des décathloniens avec Perez, Vanwormhoudt, Biscard et autres Barbero qui devraient progresser rapidement ces prochaines années. Le groupe devra ceci dit améliorer son collectif et en particulier les sorties de zone afin de pouvoir prétendre rivaliser avec le second niveau mondial.
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