Les lecteurs habituels des comptes-rendus des rencontres de Grenoble ne trouveront pas dans cet article le schéma habituel qui comporte après une introduction une présentation des trois périodes suivie d'une analyse. Ce choix s'explique par le fait qu'il semble plus pertinent ce soir d'évoquer les contours de la rencontre elle-même que son déroulement qui pourrait se résumer en deux mots simples: déferlante grenobloise. Ceci ne va pas bien naturellement nous interdire d'évoquer ce qui s'est passé sur la glace, mais prenons le pari que de dérouler les 14 buts grenoblois, oui 14...et les 3 de Montpellier n'a pas grand sens, sauf à retranscrire certains beaux gestes et actions, ce que nous ferons indirectement en parlant des joueurs qui se sont illustrés.

L.Lardière

Face à face F.Agnel-L.Krayzel

Déséquilibre digeste ou indigeste?

Pour un regard habitué à voir évoluer Grenoble, la venue de Montpellier pour cette rencontre de 1/4 de finale de Coupe de France avait initialement quelque chose de sympatique. Susceptible de faire mieux à Pôle-Sud que certaines formations de Magnus, et ayant déjà démontré qu'elle pouvait cracher son venin face à Morzine-Avoriaz au tour précédent, la vipère pouvait nous sortir un gros match et offrir ainsi un spectacle de qualité à un public nombreux en cette période de fêtes.

Le problème, c'est que lorsque notre ami Jérome, correspondant de Hockey Hebdo à Montpellier, nous informa la veille de la rencontre que les visiteurs allaient se trouver privés de six éléments clefs, en particulier une majorité de joueurs étrangers repartis au pays pour la fin de l'année. Selon certaines sources, Montpellier aurait souhaité reporter la rencontre mais Grenoble avait refusé du fait d'un calendrier très serré ce qui est en effet le cas. Bref, le genre d'information qui creuse un peu plus la différence de niveau et qui fait craindre un match totalement déséquilibré et sans intérêt. Au petit concours de pronostic d'avant rencontre, et vu la feuille de match qui indiquait seulement 14 joueurs pour la vipère, le plus optimiste en tribune de presse en voyait six ou sept, tandis que votre serviteur avait pronostiqué un score de 12-2 pour Grenoble. Au delà du suspense inexistant, la qualité du spectacle pouvait faire question, avec derrière une mauvaise opération pour les spectateurs occasionnels peu tentés de revenir après cette expérience. De même, si les premiers tours de Coupe de France réservent dans de nombreuses disciplines sportives de tels déséquilibres et disons le désintérêt, l'affiche était ici un 1/4 de finale ce qui questionne sur le niveau du hockey français. Donc avouons-le, hormis la possibilité de voir davantage les jeunes de l'équipe, une soirée qui risquait fort d'être bien longue et à oublier totalement.

Pourtant, au final, avec un score jamais vu à Pôle-Sud depuis fort longtemps (14-3), la confirmation d'un très gros écart entre les deux formations, he bien la soirée à été sympatique. Plusieurs raisons à cela. D'une part, Montpellier est venu jouer avec ses moyens, mais n'a pas fermé le jeu, et n'a pas non plus pratiqué un jeu dur ce qui a conduit à un spectacle assez fluide. D'autre part, la rencontre s'est vue ponctuée de très nombreux buts agréables à l'oeil, et gageons qu'il vaut mieux repartir après avoir vu 17 réalisations plutôt qu'un jeu fermé, défensif, stérile, que nous réserve trop souvent le grand frère football. Enfin, est-ce l'esprit de noël, la présence de très jeunes joueurs sur la glace entre les périodes, une patinoire relativement pleine et joyeuse; en tout cas le sourire était sur tous les visages de la tribune de presse en fin de rencontre.

Young Guns

Que retenir de cette soirée du côté de Grenoble? Le groupe était au complet à l'exception de Manavian et de Hammar qui devraient revenir très rapidement, et a proposé une prestation solide et sérieuse, sans que l'on puisse dire que l'opposition a permi de dépasser le match d'entraînement. C'est mieux que rien puisque les brûleurs n'avaient plus joué depuis Angers soit près de dix jours, avec un bémol pour les internationaux qui avaient croisé le fer le week-end précédent. Cette coupure explique ainsi le temps de glace assez important accordé à deux premières lignes que l'on pouvait supposer davantage ménagées, surtout après le 4-0 initial. Notons que Ferhi était absent ce soir, remplacé par un Normandon qui a connu certaines difficultés explicables en grande partie par son absence de temps de jeu depuis le début de la saison.

L.Lardière

N.Arrossamena inscrit un nouveau but pour les BDL.

On comprendra que l'on ne va pas évoquer les deux premières lignes qui ont fait le travail avec sérieux, ni les arrières habituels des brûleurs qui y sont allés de leurs buts à l'exemple d'un Wallin fidèle à lui-même à la bleue. Citons pour la statistique les 6 assistances d'un Tartari qui aura montré de très belles dispositions dont une passe aveugle superbe à pleine vitesse à Forsander pour un fort joli but.

La satisfaction de la soirée est à trouver du côté des plus jeunes qui ont répondu présents et démontré qu'ils pouvaient prendre une part active aux prochaines échéances. Déjà cité dans nos colonnes pour ses prédispositions à la passe, sa vitesse, et sons sens du but, Raphaël Papa s'est offert ce soir un coup du chapeau de belle qualité, qui l'a conduit à être désigné meilleur joueur de la rencontre. Le garçon semble en pleine progression, et surtout a développé certains automatismes avec ses compères Arrossamena et Crossman en équipe de France ces derniers jours. Une ligne offensive de qualité qui a posé de très gros problèmes à Montpellier, et que l'on aimerait revoir pourquoi pas dès vendredi contre Dijon. C'est clairement le plus sur cette rencontre, et gageons que la confiance gagnée ce soir par le trio pourra servir prochainement à Grenoble.

Du gabari et de la vitesse

Malgré un nombre d'occasion très réduit, avec seulement 19 tentatives dont tout de même trois buts, Montpellier a mis en avant quelques indivisualités. Etudiant à l'université locale, le suédois Sanosjo ne s'est pas imposé par hasard dans cette équipe, et présente un jeu intéressant, tout comme Hotteginre et Cerneau dans le rôle de patineurs rapides et à l'aise techniquement. En défense, Vernikov, Mielonen et Urusev sont pas mal du tout avec des gabarits largement au dessus de la moyenne et un jeu assez sobre qui pourrait ne pas déplaire à des formations au dessus de la D1. Bonne impression laissée par un autre joueur de très grande taille, Jerome Catil, auquel il ne manque peut être qu'un peu de férocité pour sortir du lot. L'ancien mulhousien possède la taille (195cm) et une technique sérieuse. Ajoutez quelques kilos en plus et une présence un poil plus physique et vous obtenez une denrée fort rare sous nos climats en élite: un défenseur de grande taille et lourd sachant patiner.

Mention spéciale enfin au gardien aligné ce soir, Fabrice Agnel, qui a répondu présent et n'a jamais encaissé de but totalement évitable. Certes me direz-vous, à 14 dans la musette, ce n'est pas une grande performance. Vu la défense trop juste, l'absence d'aide défensive des trois attaquants, c'étaient bien une trentaine de buts qui attendaient Montpellier totalement bombardé durant la plus grande partie de la rencontre. Le public grenoblois ne s'est pas trompé en accueillant son ancien joueur par des Babou Babou fort sympatiques qui résument à eux seuls l'excellent esprit de la rencontre, devant plusieurs supporters du viper qui avaient fait le déplacement ce qu'il convient de saluer.

Actuel 5ème de D1, Montpellier a présenté ce soir un visage sportif et positif, et le groupe au complet peut être un client sérieux pour les séries finales. Evoluer dans ces conditions n'était pas évident, ne pas s'énerver, enchaîner sur une bagarre de frustration pouvait être un danger. he bien Montpellier ne s'y est pas laissé prendre, et avouons que c'est une équipe qu'il nous plairait de revoir face à un adversaire de D1.

Calendrier Grenoblois: vers un début de polémique?

 

L.Lardière

R.Papa, auteur de trois buts, élu homme du match coté grenoblois

Au delà de la victoire grenobloise elle-même, avouons que l'évènement de la soirée a bien été certains échanges entre journalistes  ainsi que quelques conversations avec plusieurs acteurs du hockey grenoblois qui montrent une unanimité dans leurs critiques vis-à-vis du calendrier à venir. Grenoble va en effet jouer vendredi à Pôle-Sud face à Dijon, puis dimanche dans les hautes alpes face à Briançon, avant de remettre cela contre les diables rouges mardi en finale de Coupe de la Ligue. Le problème est que Briançon éliminé en Coupe de France n'a pas joué ce soir, ne joue pas samedi puisque sa rencontre face à Morzine-Avoriaz a été anticipée le 13 décembre dernier, et aurait refusé de déplacer sa confrontation de dimanche face à Grenoble. Bilan, Briançon joue deux fois Grenoble en une semaine tandis que Grenoble joue quatre fois durant la même période. Difficile dans l'affaire de cerner les responsabilités des uns et des autres. Si Briançon n'est pas quallifié en Coupe de France, ce n'est pas par calcul, et si les diables rouges ont avancé leur encontre de samedi, doit-on les en blâmer? Les joueurs de Basile ne sont pas non plus responsables du changement de date pour la finale de la Coupe de La Ligue dont la FFHG se serait logiquement fort bien passée. La question qui se pose par contre est de savoir avec quel effectif et dispositions les Brûleurs vont se rendre à Briançon dimanche? Va t'on vers une logique voisine de celle des équipes de football et rugby qui envoient parfois leurs juniors dans de pareilles circonstances, jouent un cran au sessous avec de nombreux titulaires au repos? Peut-on penser que Grenoble va laisser Briançon prendre de l'avance au classement Magnus quand on connaît l'importance de l'avantage de la glace pour le premier lors des séries finales? Enfin, gagner à Briançon 48 heures avant la finale de Coupe de La Ligue serait un message très clair. Dans le même sens, que vont faire les diables rouges à domicile? Jouer à fond, calmer l'affaire au maximum?

Franchement, difficile ce soir d'avoir la réponse même si on a forcément une petite idée, mais la conclusion s'impose d'elle-même: si vous le pouvez, allez voir les deux rencontres entre Grenoble et Briançon car cela risque vraiment de valloir le coup! Pour ceux qui ne peuvent se déplacer, Dijon sera un adversaire intéressant ce vendredi!