Hasard du calendrier, les matchs de cette 21ème journée opposent tous une équipe qui figure pour l’instant dans la zone de qualification aux play-offs contre une de la zone « dangereuse » qui condamne à disputer une poule de relégation. Toutes les rencontres, sauf une : Epinal – Brest. Ces deux clubs dont le seul objectif affiché était de se qualifier pour les play-offs sont sûrement les deux bonnes surprises de la saison régulière : mathématiquement, le contrat est déjà rempli pour les Vosgiens, leader du championnat et restent sur une série de huit victoires de rang. Les Brestois, actuellement sixièmes, se sont hissés sur le podium la semaine dernière, le temps d’une journée. Un succès face à Epinal pourrait les assurer définitivement de disputer les play-offs. Mais pour cela, il faut d’abord battre le Gamyo chez lui dans une patinoire qui affiche à nouveau complet, ce que personne n’a réussi à faire depuis le début de la saison.
L’issue de la rencontre est incertaine. Les deux équipes sont habituées aux matchs accrochés : elles ont gagné neuf matchs chacune avec exactement un but d’avance, ce qui promet une rencontre pleine de suspense.
Arbitres : M. Gremion assisté de MM. Geoffroy et Smeeckaert
Buts : Epinal : ; 56.46 Dominik Fujerik (ass Jiri Klimicek et Ken Ograjensek) Brest : 00.39 Roman Vondracek (ass Michal Dian) ; 54.55 Charlie Doyle (ass Jonathan Avenel et David Bastien )
Pénalités
6 minutes contre Epinal
38 minutes dont 10 à Hujsa et Prosvic contre Brest
Une ouverture du score rapide
Guillaume Meurisse (archives)
Les Brestois refroidissent Poissompré dès la première occasion du match. Derrière la cage spinalienne, Michal Dian parvient à chaparder un palet à Anze Kuralt. Une passe plus tard, Roman Vondracek surprend Hocevar (0’39, 0-1).
Les Spinaliens réagissent immédiatement et, dans les minutes qui suivent, Peca, Le Blond et Farina réussissent à s’approcher de la cage brestoise où Léo Bertein se montre déjà très solide, tandis qu’Hocevar doit repousser un tir de Berthon. Pour une obstruction de Mathieu Gagnon, l’arbitre indique une pénalité différée contre Brest. Le gardien spinalien quitte sa cage et les six joueurs orange construisent le jeu en conservant un long moment le palet avant que la faute soit sifflée (4’02). La première supériorité spinalienne ne donnera pas grand-chose si ce n’est une occasion pour Vojtech Kloz. Les Brestois se dégagent facilement, montrant leur détermination.
Les deux équipes revenues au complet, le jeu d’Epinal se fait plus laborieux. Avec des difficultés pour ressortir de la zone défensive, le Gamyo offre plusieurs opportunités à Quentin Berthon et Jeremie Romand. Un accrochage de Graham Avenel sur Pierre-Charles Hordelalay offre une second power-play aux Spinaliens (13’13), qui bénéficieront même de 44 secondes en double supériorité suite à un faire trébucher sifflé contre Aurélien Greverend (14’29). Gasper Susanj et Dominik Fujerik viendront buter sur les bottes de Bertein. Les Albatros se dégagent et reviennent au complet sans trembler. Les trois dernières minutes du tiers sont largement à l’avantage des Bretons, qui acculent le Gamyo en zone défensive. Hocevar doit sortir un arrêt incroyable pour empêcher Hujsa d’alourdir la marque puis repousse la tentative de Vondracek.
Ce premier tiers fut assez équilibré. Le pressing brestois et le gros travail derrière la cage d’Hocevar ont causé bien des problèmes à la défense spinalienne, amputée de Maxime Moisand, et les Bretons ont exploité chaque erreur d’une équipe spinalienne moins adroite que d’habitude. Le match semble s’orienter vers un duel de gardiens, Bertein, comme Hocevar, s’étant déjà montré excellent. L’ouverture du score précoce n’inquiète pas immédiatement le Gamyo, habitué à courir après le score, mais sera pourtant lourde de conséquences.
Tirs cadrés : 11/13 Les gardiens conservent le score inchangé
Les Brestois profitent de leur première supériorité quand Kloucek est sanctionné pour avoir fait trébucher Vondracek (20’50). Ouellet atteint le poteau et Vondracek le filet extérieur mais les Spinaliens parviennent à se dégager. Peu de temps après, c’est Brest qui se retrouve en infériorité pour un surnombre (3’34). Hormis un tir de Fujerik, Epinal est inoffensif. Trop d’imprécisions permettent à plusieurs reprises aux Brestois de se dégager dès que le palet franchit la ligne bleue.
Le palet va circuler un moment d’un côté à l’autre, sans grosse occasion hormis une percée de Cacciotti (promu capitaine à cause de l’absence de Moisand) repoussée de justesse par Bertein. Brest commence à se montrer dangereux quand Hujsa est pénalisé pour un accrochage sur Susanj et écope, en plus, de 10 minutes de méconduite pour avoir protesté (9’35). Ce nouveau power-play spinalien ne donne rien de plus que les précédents et, une fois revenus au complet, les Brestois manquent de peu d’alourdir le score, mais Hocevar sauve les siens face à Ouellet et Dian. Les Vosgiens ont de grandes difficultés à se dégager de la zone offensive. Quand ils y arrivent, Bertein se montre impérial face aux tirs d’Ograjensek et de Charpentier.
En fin de tiers, une bagarre éclate devant la cage brestoise. Dans la mêlée et après longue discussion, les arbitres sanctionnent Offret côté spinalien et Vondracek et Prosvic côté brestois (17’45). Le jeu reprend à 5 contre 4 mais Epinal peine à nouveau à s’installer. La pénalité de Vondracek est doublée, ce qui permettra au Gamyo de débuter le troisième tiers en supériorité.
Malgré les nombreuses pénalités infligées aux Albatros, le Gamyo, plutôt maladroit, peine à se créer des occasions franches et quand bien même il y parvient, celles-ci sont repoussées par un excellent Léo Bertein. La possibilité d’un succès brestois commence à se dessiner.
Tirs cadrés : 13/9 Epinal se réveille trop tard
L’entame du troisième tiers en supériorité est à nouveau laborieuse pour Epinal. Berthon, pour avoir fait trébucher Hordelalay, esseulé avec le palet au milieu de trois Brestois, offre un nouveau power-play au Gamyo (41’50). Bertein, magistral, s’interpose devant Susanj, Kuralt et Sabatier. Une fois Brest au complet, le palet recommence à circuler d’une cage à l’autre. Brest semble fléchir un peu et commet quelques erreurs. Bertein doit repousser un slap surpuissant de Tomas Kloucek, bien servi par Jan Plch. A nouveau en supériorité après une faute anti-sportive de David Bastien (48’47), Epinal affiche cette fois un visage transcendé. Le palet reste en zone offensive et les Spinaliens sont plusieurs fois tous proches de l’égalisation. Bertein, parfois avec l’aide de son poteau, écoeure un par un les Spinaliens, notamment Kuralt et Kloucek.
Sabatier est sanctionné pour un faire trébucher, ce qui coupe Epinal dans son élan (52’48). Brest s’installe en zone offensive mais n’inquiète pas Hocevar. Pourtant,lorsque la pénalité prend fin, Doyle dévie un slap de la bleue au fond des filets (54’55, 0-2).
A cet instant, le sort de la rencontre semble scellé. Pourtant, Epinal n’a pas dit son dernier mot. Stéphane Barin tente un coup de poker à 3’25 de la fin de la partie en profitant d’un engagement près du but brestois pour remplacer Hocevar par un sixième joueur de champ. Stratégie gagnante puisque Fujerik parvient à pousser un palet au fond des filets dans une forêt de jambes et de crosses (56’46, 1-2).
Dès que l’opportunité se présente, Hocevar sort à nouveau. Il reste 2’43 aux Spinaliens pour égaliser mais ils se heurtent toujours à Bertein et à nouveau au poteau. Après un temps mort à 1’24 du terme, les Brestois dégagent plusieurs fois sans trouver le chemin du but vide, ce qui permet aux Spinaliens de récupérer un nouvel engagement proche du but. Bertein repousse l’ultime tentative de Susanj et laisse exploser sa joie dans les dernières secondes, alors que le palet est dégagé dans le camp d’Epinal.
Les Spinaliens ont affiché un tout autre visage dans les dix dernières minutes de la rencontre, la maladresse faisant place à la malchance. Ce réveil tardif n’a pas suffi à renverser la rencontre et la solide défense brestoise.
Tirs cadrés : 14/5
La rencontre a été très serrée comme on pouvait s’y attendre, et malgré l’ouverture du score rapide, le suspense est resté entier puisqu’il a fallu attendre 54 minutes pour voir un second but. Les Spinaliens, maladroits ce soir et inefficaces sur power-play, doivent laisser la première place du classement à Gap. Les Albatros signent leur dixième victoire par un but d’avance, grâce notamment aux 37 arrêts de Léo Bertein, et rompent l’invincibilité du Gamyo à Poissompré. Ils dépassent Grenoble et Rouen au classement et remontent à la quatrième place. Avec cette victoire, ils deviennent également la quatrième équipe définitivement qualifiée pour les play-offs et engrangent trois points précieux dans la course au meilleur classement possible.
Tonnerre de Brest, d'après Beaudelaire, ce n'est pas le Gamyo est veule et gauche, c'est l'Albatros. Alors comme dirait Totolle où est la vraie vérité ?