Face à la lanterne rouge de Magnus, Grenoble pouvait, ce soir, rendre une copie flamboyante, poussive et même pourquoi pas insuffisante, dernière hypothèse peu crédible avant la rencontre mais qui trouvait quelque relief avec les nombreuses absences enregistrées. Avec, entre autres, Thinel (suspendu), Labrecque, Kalus, et les deux gardiens blessés, avouons que la formation iséroise présentait quelques vides partiellement comblés par l’arrivée du gardien tchèque Horak qui constituait la nouveauté de la soirée. Dans une enceinte de Pôle-Sud très moyennement garnie (2900 spectateurs), pour une rencontre dont le résultat pouvait compter au final si l’on désirait tenter à tout prix d’éviter Rouen en playoffs, avouons que le spectacle proposé a été très moyen. Si l’on a heureusement des joutes sur lesquelles on peut écrire longuement, ce n’est pas le cas de celle-ci . Il reste toutefois quelques réflexions à proposer derrière à une seule journée de la fin de la saison régulière.
Minimum syndical pour l’ouverture du bal
Le début de rencontre voit une domination grenobloise assez brouillonne dans un ensemble au rythme très moyen et sans grand relief. Beaucoup de duels à mi-glace ou dans les bandes proposent des palets plus disputés que contrôlés avec des relances approximatives, lancers contrés mais également facilement captés sans beaucoup d’efforts par les deux gardiens.
Plusieurs tentatives du duo Bouchard-Chouinard trouvent ainsi Pintaric qui rendra une copie assez propre malgré plusieurs buts encaissés.
La première pénalité contre Dijon, à 9’46, va pourtant être fatale aux visiteurs qui ne peuvent rien quand, après une série de passes intéressantes, Harty lutte au sol dans l’axe du but pour faire parvenir le palet à Chouinard qui lance en cage largement ouverte. (1-0)
Dans un jeu présentant peu de relief et, avouons-le, très en dessous de ce que propose Grenoble dans un bon soir, les Brûleurs vont pousser sur la fin de période mais Pintaric, avec une défense plutôt correcte, parvient à repousser l’échéance.
Tirs 14/7 Grenoble
Engagement 17/12 Grenoble
Deux jolis buts trompent l’ennui diffus…
La reprise voit chaque équipe se créer plusieurs occasions en jeu de mouvement, Gutierrez file, pour se voir repoussé facilement par Horak qui restera ce soir énigmatique vu le peu de danger offensif des Ducs, avant qu’Arnaud n’échoue sur un Pintaric qui a vraiment évité à Dijon une défaite beaucoup plus importante.
Après avoir résisté assez facilement en infériorité numérique, les Brûleurs vont poursuivre leur domination mais sans proposer beaucoup de phases intéressantes.
A 27’40, un but est refusé logiquement aux locaux après une intrusion en zone gardien, et même si Dijon est clairement inférieur, le mince avantage grenoblois n’est pas de nature à rassurer.
Et de fait, après avoir résisté en infériorité,
Dijon va égaliser avec un superbe slalom spécial de Riendeau qui se termine avec un duel très facilement gagné face à un Horak un peu lent sur l’affaire à 29’55. (1-1)
La réaction des protégés de coach Terglav est immédiate et se solde par plusieurs attaques défenses qui voient Dijon défendre avec une certaine intelligence.
Pourtant, pour la seconde fois de la rencontre, Dijon va payer cash une infériorité numérique avec une nouvelle réalisation brillante de Bouchard qui met une superbe lucarne depuis la bleue à 35’21, second éclairage après le but de Riendeau pour une période qui reste très quelconque côté intensité et spectacle. (2-1)
Tirs 15/5 Grenoble
Engagements 14/14
Fin besogneuse et hargneuse
La dernière période voit le rythme baisser encore, avec deux équipes qui se créent plusieurs occasions très nettes. Perret manque pas moins de trois duels face à Pintaric qui sort même l’arrêt du match sur un lancer du jeune Grenoblois repoussé en réflexe de la jambière à 45’.
Les deux gardiens répondent sur des tentatives généralement assez faciles à stopper et l’intérêt se résume rapidement à voir si Grenoble va se détacher ou si Dijon, qui n’a que peu d’occasions, peut égaliser.
Finalement, dans une fin de rencontre qui voit pas mal de coups être échangés insidieusement entre les deux équipes, avec un arbitrage qui aurait pu être plus sévère,
c’est Grenoble qui va trouver la solution avec une seconde réalisation de Bouchard qui met dedans au cœur de la mêlée à 55’31, avec une bagarre juste derrière. (3-1)
La fin de rencontre verra Dijon sortir son gardien et Chouinard manquer ce qui semblait un but tout fait, en trouvant un adversaire qui dévie le palet devant la cage déserte.
Tirs 16/6 Grenoble
Engagements 13/8 Grenoble
Quelques précisions et les cinq questions à poser côté Grenoble
Plus en jambes que lors de leur dernier passage à Pôle-Sud, les joueurs de coach Paredes ont lutté ce soir avec leurs moyens et subissent une défaite honorable. Cependant, au-delà de leur prestation, on se demande si l’on ne doit pas remercier les Ducs d’avoir accepté de jouer la rencontre sérieusement ? En effet, la formule adoptée cette année pour les playdown n’incite absolument pas une équipe qui sait déjà qu’elle va y participer à se présenter sérieusement sur la glace face à un adversaire dont elle sait qu’il ira, lui, en playoffs. La formule prévoyant que seuls les points acquis face à des équipes qui disputeront elles-mêmes la relégation étant comptabilisés pour le classement final de fin de saison, pourquoi fatiguer ses titulaires, risquer la blessure ? Pour la beauté du sport et le respect du public, diront certains, et c’est sans doute la volonté de garder le rythme de la compétition qui a conduit Dijon à répondre présent ce soir, mais on peut s’interroger sur les limites d’un tel raisonnement. De même, une équipe mathématiquement sauvée au bout d’un certain nombre de journées de poule de relégation va-t-elle jouer à fond face à un adversaire qui, lui, bataille encore pour s’en sortir ? Quoi qu’il en soit, Dijon a proposé ce soir un ensemble assez homogène, avec plusieurs joueurs en évidence comme Pintaric et Riendeau et il faudra encore compter avec eux lors de l’explication finale. Respectons Dijon qui est venu jouer au hockey et ce n'était pas forcément évident vu le contexte.
Côté grenoblois, varions la formule avec les cinq questions à poser :
1 : Doit-on blâmer Grenoble de nous avoir quelque peu endormis ce soir ?
Pas franchement et ceci pour plusieurs raisons qui vont de la victoire finale incontestable à la qualité des buts, sans oublier la nécessité de gérer les multiples absences. Ceci étant, inutile de dire que, si les Brûleurs proposent une rencontre de ce niveau face à leurs adversaires en playoffs, la série, et du même coup, la saison des Isérois risquent de se terminer plus vite que prévu. On peut regretter que Grenoble ne se soit pas mis plus rapidement à l’abri car on n’a pas l’impression que Dijon pouvait constituer un piège dangereux. On peut penser, ceci dit, que les deux équipes étaient fatiguées ce soir.
2 : Que vaut Horak ?
Le Tchèque reste un mystère après une prestation correcte avec 18 tirs repoussés dont les ¾ n’étaient pas difficiles. Paraissant un poil lent sur le but concédé, il possède une bonne mitaine mais reste une interrogation sur les palets bas. Notons une propension à quitter la cage qui paraît un peu trop aventureuse dans le contexte de la Magnus. Il faudra le revoir face à une équipe plus solide offensivement.
3: Mais qui va jouer les playoffs dans la cage de Grenoble ?
Autre mystère qui va dépendre de l’état de forme respective de Mustukovs et Horak. Le premier patine à nouveau et dit que tout va bien, mais on peut tout de même s’interroger sur son niveau après un tel arrêt et une telle blessure qui peut laisser des traces. Grenoble peut-il risquer une récidive en playoffs et le voir revenir trop tôt ? Clairement non, mais il faudrait mesurer le niveau de Horak pour être fixé, ce qui n’a rien d’évident en si peu de temps
4 : Grenoble est-il diminué avec plusieurs absences ?
Grenoble a un problème à résoudre côté gardien pour savoir qui titulariser et surtout qui est à même de jouer sans blessure récurrente. Après, la perte probable pour le reste de la saison de Kalus est une très mauvaise nouvelle, tandis que Labrecque devrait faire son retour prochainement sans que l’on puisse dire que son absence ait pesé lourdement. Le joueur paraît en retrait par rapport à ses saisons précédentes. Grenoble a réalisé une excellente opération avec la venue d’Arnaud et de Hebar qui complètent bien l’effectif et permettent, sauf surprise, de se présenter en playoffs avec des absences gérées en amont.
5 : Alors c’est Rouen ?
Cela risque d’être Rouen avec une incertitude tout de même sur la dernière journée concernant Angers qui pourrait, en cas de faux pas, se faire dépasser par Grenoble et ainsi affronter Rouen en lieu et place des Grenoblois. Le raisonnement peut aussi s’appliquer à Epinal, mais on voit mal cette équipe perdre ses deux prochaines rencontres puisqu’elle compte un match en moins. La dernière journée verra Grenoble aller à Strasbourg qui devrait jouer le coup pour éventuellement passer Amiens, tandis qu’Angers ira s’expliquer avec Brest sur sa glace, les Bretons n’ayant rien à gagner sur cette dernière rencontre. Notons que Rouen n’est pas à même d’arbitrer là-dessus car le seul enjeu des Normands est de finir avant ou après Grenoble pour bénéficier de l’avantage de la glace, question réglée si les Brûleurs font un résultat en Alsace.