Après les polémiques de la demi-finale de Coupe de France entre ces deux mêmes équipes sur la glace de Pôle-Sud, Rouen et Grenoble se retrouvaient pour une première manche à guichets fermés. Dès l'échauffement des deux formations, on découvrait côté rouennais la présence de Carl Mallette, longtemps blessé, et qui allait donc faire son retour ce soir pour le plus grand plaisir de tous les amateurs de Hockey.
Un résultat logique à la pause
Le début de rencontre peut laisser présager une explication particulièrement physique. La débauche d'énergie est visible et aucun cadeau n'est fait à l'exemple d'un Masa qui peine à se relever après que son casque ait heurté la bande à la suite d'une glissade assez specatculaire à 1"32.
| L'excellent Jean Christophe Salomé | Le but victorieux | Dans un ensemble équilibré, les deux adversaires enchaînent des attaques-défenses. Thinel puis Malette sollicitent Ferhi à 4"40, mais Grenoble paraît un petit cran au dessus en terme d'intensité et d'occasions. Fleury sollicite à son tour Sopko à 6"25, avant que les deux équipes ne bénéficient chacune d'un jeu de puissance. Avouons que Grenoble s'en tire beaucoup mieux que Rouen avec un contre qui pouvait faire mouche à 8"21 alors que les Brûleurs étaient pourtant en infériorité numérique. Impression confirmée ensuite avec un poteau trouvé par Amar à 9"37, son quasi homonyme suédois manquant une cage plus qu'ouverte sur un joli contre à 11"17.
Mais Rouen possède en Desrosiers le meilleur joueur français de la saison, et l'international français va faire honneur à son rang en allant ouvrir le score alors que le Dragon est pourtant en infériorité numérique à 13"05. bénéficiant d'une perte de palet à la bleue, il va filer depuis son propre camps et battre Ferhi d'un petit palet entre les jambes (0-1).
Le coup de froid sur Pôle-Sud est pourtant de courte durée, car sur un centre tendu de Sivic juste devant la cage de Sopko, Rouleau va reprendre et mettre assez facilement au fond face à un Sopko décalé et qui ne peut rien sur le but inscrit à 14"10 (1-1).
La période se termine après un jeu de puissance rouennais assez mal négocié et un brassage à la sirène qui conduira un joueur de part et d'autre sur le banc des pénalités.
La période va globalement à Grenoble qui s'est créé une multitude d'occasions dont un poteau et plusieurs reprises manquées alors que l'essentiel du travail était fait. Avouons que le score pouvait alors être beaucoup plus lours pour Rouen qui souffrait d'un certain déficit en terme de fond de jeu, même si les contres produisaient également plusieurs situations chaudes. Les deux gardiens ayant répondu très positivement, il semblait alors difficile de prédire de nombreux buts même si le nombre d'occasions franches restait très élevé pour une rencontre de ce niveau.
Tirs 14/13 Grenoble
Engagements 12/7 Grenoble
Grenoble laisse passer sa chance ?
La reprise va être marquée par un nouveau coup de boutoir grenoblois et constituer certainement le moment du match qui verra les isérois le plus dominer leur sujet, sans toutefois parvenir à prendre l'avantage.
Une première reprise hors cadre face à un Sopko battu à 22"40 va se poursuivre avec le second poteau de la soirée à 22"49, Rouen poussant ensuite à son tour avec un Pentola qui offrait aux amateurs plusieurs contrôles de palet de toute beauté en pleine vitesse. Pourtant, statistiquement, Rouen aura des frappes sur Ferhi mais assez peu d'occasions après décalage au contraire des Brûleurs qui vont les multiplier.
| Jean christophe Salomé | engagement physique | A 24"16, Forsander puis Hamar vont échouer sur Sopko à bout portant, lequel repoussera en l'air une frappe particulièrement violente, avant de capter en mitaine le genre de boulet pleine lucarne qui en troue plus d'un en magnus. De la très très belle ouvrage!
Autre raté de Masa à 25"25, puis un tir voilé de Fleury difficilement renvoyé, autant d'occasions très franches pour de grenoblois peu efficaces. Un jeu de puissance grenoblois à la suite d'une brassage sans gravité qui enverra curieusement seulement un dragon sur le banc à 26"59 conduira à la principale bagarre de la soirée.
Thinel en contre est touché au visage par la crosse de Bergström à 27"35, les esprits s'échauffant ensuite le long de la bande pour un verdict assez logique à savoir une 2+2+10 pour le défenseur suédois des brûleurs, David prenant 2+10 côté normand pour l'ensemble de son oeuvre dans l'affaire. Cet épisode marque la fin de la tension qui dure entre les deux équipes, lesquelles vont davantage jouer au hockey lors de la seconde partie de la rencontre et ne plus vraiment donner dans les provocations verbales antérieures. L'arbitre de la rencontre ayant de ce point de vue eu un rôle positif en cadrant l'ensemble et contribuant à faire jouer au hockey les deux équipes.
Le festival d'occasions manquées grenobloises se poursuit avec une superbe mitaine de Sopko sur Nilsson, Broz manquant ensuite la cage totalement ouverte à37"36 dans une action qui devrait lui donner la migraine s'il la revoit en vidéo.
Sur un 2x1 rouennais en rupture, Wallin parvient à 38"04 à sauver l'affaire sur un modèle de blocage défensif, et après quelques nouvelles occasions manquées par Grenoble, on en termine avec le sentiment que les joueurs de coach Lusth ont peut-être manqué l'occasion de creuser un écart et que les isérois pourraient le payer très cher par la suite.
Engagements 9/14 Rouen
Tirs 13/14 Rouen
Rouen de retour mais...
Après avoir étés bousculés fortement lors de la période précédente, Rouen va revenir dans la rencontre et dominer Grenoble. Toujours rageurs, les dragons vont progressivement prendre le dessus. Après une énième tentative dangereuse de Doucet sur Ferhi, le capitaine normand étant encore une fois exemplaire sur la rencontre, pour nous clairement le meilleur étranger de Magnus, les rouennais vont avoir la confirmation que la cage grenobloise est vraiment difficile d'accès ce soir.
Sur l'une des actions les plus incroyables de sa saison, Ferhi va sortir trois frappes et reprises à bout portant en particulier sur Doucet en moins de cinq secondes à 44"31. Rouen va bénéficier ensuite de deux jeux de puissance pour tenter d'inscrire un but dont on sent qu'il serait pas loin d'être décisif. Fatiguées, les deux équipes baissent le rythme, ce qui contribue visiblement à assoir l'avantage normand.
Un but rouennais sera logiquement refusé à 48"39, l'arbitre ayant sifflé juste avant, avant que Doucet ne propose un autre festival qui se termine par une nouvelle infériorité des locaux à 49"38.
Grenoble va ensuite enfin sortir un peu et tester à nouveau Sopko qui répond présent. On comprend alors qu'on va tout droit en prolongation, et une dernière poussée Grenobloise peu avant la fin ne change rien.
Tirs 11/10 Rouen
Engagements 9/19 Rouen
A 11 secondes des tirs au but.
| Jean christophe salomé | Terminé |
La prolongation voit une baisse de rythme et les deux gardiens poursuivre un récital qui laisse supposer des tirs au but. Plus dangereux durant les huit premières minutes, Rouen pousse mais ne parvient pas à s'offrir une solution imparable. Pourtant, Grenoble va sortir la tête en toute fin de rencontre pour un dénouement incroyable.
A 11 secondes de la fin, une série de passe en attaque se termine par un service de Broz pour Rouleau venu renforcer l'offensive, et qui va reprendre de volée à environ 45 degrés à droite de la cage de Sopko. La frappe violente crucifie ce dernier et délivre Pôle-Sud en délire à 69"49 (2-1).
Des enseignements ?
Le déroulement de la rencontre et son dénouement confirme l'hypothèse d'une série particulièrement disputée et indécise. Psychologiquement, l'affaire pourrait laisser quelques traces avec une troisième victoire à l'arrachée des grenoblois face à Rouen cette saison. La rencontre a vu les deux attaques se créer de multiples occasions, les défenses ne paraissant pas offrir un rempart vraiment imperméable même si l'abnégation des arrières permet de contenir les affaires. On peut ainsi être surpris du nombre d'occasions franches des deux équipes. Soyons clairs, si l'on avait voulu retranscrire tous les tirs ouverts des deux formations ce soir, vous en seriez à la moitié de l'article et encore. Pourquoi dès lors un score étriqué et pauvre en buts? Essentiellement grâce à deux gros gardiens qui ont fait vraiment un match plein ce soir, mais également par une maladresse dans le dernier geste particulièrement perceptible à Grenoble lors des deux premières périodes, et à Rouen lors de la dernière.
Dans le même sens, on peut être étonné de voir ainsi une demi finale se caractériser par des dominations alternatives souvent très importantes et très longues. Attaques défenses de trois, quatre, cinq minutes avec des frappes multiples et l'impression qu'un but va forcément survenir. le genre de séquence que l'on trouve généralement quand il y a une différence de niveau entre les deux équipes. ici pourtant rien de tel, mais assez peu de temps de jeu équilibré au final. On peut se demander pourquoi? On y verra un jeu plus libéré en attaque avec la certitude qu'aucun but adverse n'est à l'horizon, mais aussi des relances défensives qui constituent clairement le talon d'achille des deux équipes et les rendent à ce niveau encore inférieures par exemples aux voisins helvétiques en séries finales eux aussi.
Après une telle rencontre, aucune certitude n'existe pour les uns comme pour les autres, sinon que les deux effectifs sont en forme et particulièrement les deux gardiens. Dès lors, quelles distinctions peut-on faire entre les deux adversaires?
Rouen dispose d'une attaque toujours dangereuse en jeu de mouvement, mais également en attaque défense même si leur jeu de puissance n'a pas fonctionné ce soir. La tendance à attendre le contre et donc à ne pas faire le jeu peut être une limite, d'autant que les dragons disposent de la qualité collective nécessaire pour offrir un hockey plus créatif. Physiquement, Rouen a semblé moins bien que Grenoble durant la première moitié de la rencontre, mais a semblé finir plus fort. Le fait de tourner à deux lignes, les jeunes disposant de 4-5 passages dans toute la rencontre, pourrait se traduire par un coup de fatigue au terme des secondes rencontres en 48 heures. Défensivement, Sopko étant irréprochable hier soir, certains défenseurs paraissent un peu lents à l'image d'un Virolainen et d'un Carlsson. Offensivement par contre, à l'exception de Malette en rodage, mais que l'on ne serait pas surpris de voir claquer un but très rapidement, l'affaire est exemplaire et les ténors sont présents. Regardez jouer Doucet et desrosiers et vous serez content d'avoir payé votre place. Les joueurs de Vogin ont également moins concédé de pénalités que leurs adversaires . Au final, Rouen va livrer une nouvelle partition ce soir avec des arguments aussi solides que les grenoblois, mais cette fois une nouvelle déconvenue rendrait l'affaire beaucoup plus compliquée.
Grenoble a montré ce soir que gagner les coupes n'est pas la seule qualité du groupe qui dispose d'une armada particulièrement puissante et endurante, la condition physique de l'ensemble parait se situer un poil au dessus des normands sur cette rencontre. La force grenobloise dans cette série est bien ces trois lignes, avec une équation vérifiée sur la rencontre: quand Grenoble parvient à faire tourner la machine à plein régime physiquement, l'équipe se crée plus d'occasions que Rouen. le problème est qu'elle ne parvient pas à transformer ces ouvertures. Avec Rouleau en vedette, les attaquants les plus en vues tels que Sivic ont étés improductifs ce soir malgré un travail de sappe incontestable. Reste des arrières proposant un apport offensif plus important que les dragons, et un gardien intraitable. Vous ajoutez un jeu de puissance et une défensive en équipe spéciale plus convainquants que les rouennais et vous avez de quoi espérer. Au registre du moins bien, quelques pénalités évitables, et bien naturellement ce problème d'efficacité offensive qui pourrait coûter cher si les isérois devaient par exemple craquer deux fois consécutivement.
On a vu ce soir à Pôle-Sud un match de hockey dont le niveau n'avait absolument rien à voir avec le reste de la saison. Il faut s'en réjouir car c'est justement avec ce type de rencontre que le hockey peut progresser auprès du public. Alors on dit vivement la suite et merci messieurs !
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