ROUEN - GRENOBLE : 3 - 4 (0-0 / 1-1 / 2-3)
Un tiers tendu
Dès que le palet fut lâché par le zèbre, Rouen se rue sur son adversaire pour imposer son jeu. Manifestement Grenoble s’y attendait et contre merveilleusement bien par Krayzel qui allume la première banderille sur Sopko (00’45). On sent bien que des deux côtés le match est tendu. La première supériorité du match (exercice favori des deux teams) en faveur de Grenoble ne donne rien, étant sûrement toujours dans ce round d’observation. Trop tendu comme disais plus haut donc pour détendre l’atmosphère quoi de mieux bien sur qu’un pugilat (05’29) qui met aux prises deux joueurs de chaque camp. Le calme enfin revenu c’est Rouen qui bénéficie à son tour d’une supériorité, ou seul un bon tir de Doucet (07’50) sur le côté gauche de l’attaque permet à Ferhi de montrer son talent.
La tension s’évacue doucement et on commence à entrevoir un jeu plus digne de ses deux formations. C’est ainsi que Hammar plein gaz côté gauche file et va trouver sur sa route que la mitaine de Sopko (08’55). Conscient de la tache qui leur incombe, Rouen pousse par la triplette Peltola, Dufournet, Tarantino qui affole la défensive Grenobloise pour un tir du dernier nommé au poteau gauche que Ferhi bloque non sans peine (09’29). Un nouvel avantage numérique s’offre aux Dragons Mallette seul dans le slot (10’29) Doucet sur le côté gauche (10’40) ou encore bien décalé par Peltola une mine de Niskavaara légèrement a côté de la cage (11’00) ne trompe la vigilance d’un Ferhi omniprésent. Toujours avec autorité le gardien de l’équipe de France répond encore présent dans les patins de Bouchard (11’26) et encore en déviant de la jambière un lancé vicieux en pivot de Thinel (12’14).
| Crédit Photo : Stéphanie OUVRY © 2009 | Domination des grenoblois ... sur tous les plans | Voyant ses attaquants en mal de réussite, David se risque mais son tir passe légèrement sur la droite de la cage (13’00). Le pressing des locaux n’a pas été récompensé et les visiteurs ont bien su laisser passer l’orage sans dommage. Attendant la moindre brèche pour placer des contres très dangereux, comme ce superbe une-deux entre Masa et Fleury, pour un tir du Tchèque bien stoppé par la mitaine de Sopko (13’34). Dans la foulée, Rouen n’arrive pas à se dégager, le puck arrive dans la palette de Rouleau qui ne peut convertir la faute à Sopko (13’42). Les deux équipes jouent par période et après une bonne séquence Grenobloise, s’en suit une séquence Rouennaise par Thinel sur un premier lancé (14’43), suivie de Carlsson au rebond (14’45). Si Rouen attaque fort, Grenoble défend juste et bien, attendant sûrement son heure. Un belle action Rouennaise fait grimacer le coach Lusth: Desrosiers s’enfonce dans la défensive, sert Mallette légèrement excentré côté gauche, instantanément glisse plein axe et, lancé, Romand envoie du revers le palet juste a côté du poteau droit, mais à l’extérieur (15’25).
Les espaces sont si peu grands qu’il faut jouer extrêmement juste et surtout sans pression. La moindre erreur peut vite se transformer en situation dangereuse, comme cette nouvelle perte de palet de la défense Rouennaise qui profite au virevoltant Fleury, qui par deux fois frappe à la porte, mais par deux fois Sopko dit non (16’20). Les derniers tours d’horloge voient les isérois jouer avec un de plus mais bien qu’inquiétant la défensive Normande, Sopko n’est jamais pris en défaut voir même très sollicité. L’ultime occasion du tiers est pour Thinel qui en contre ne trouve pas le cadre (19’10).
Un premier tiers ou les deux formations ont les nerfs à fleurs de peau ce qui altéra le jeu d’abord, la tension s’évacuant au fil de minutes le jeu s’en trouva bien plus agréable sans qu’aucune des deux formations ne trouve le chemin des filets. Le mérite en revient grandement aux deux gardiens. Ce tiers est tout bénéfique pour les Grenoblois dans la mesure où ce n’est pas à eux de faire le jeu mais d’attendre et de planter des contres comme ils en ont le secret.
Mises au Jeu :
Doucet : 5 / 8 soit 62,5% - Peltola : 4 / 7 soit 57,1% - Mallette : 3 / 5 soit 60% - Romand : 0 / 1 soit 0%
Rouen : 12 / 21 soit 57,1% - Grenoble : 9 / 21 soit 42,9%
Tirs :
Rouen : 6 tirs à égalité numérique, 7 tirs en avantage numérique ; soit 13 tirs en première période - Fehri 100% d’arrêt. 0 / 2 en avantage numérique.
Grenoble : 7 tirs à égalité numérique, 1 tir en avantage numérique ; soit 8 tirs en première période - Sopko : 100% d’arrêt.
Un tiers ouvert
La problématique Rouennaise à l’aube de ce second tiers est la même, c'est-à-dire mettre un but de plus que Grenoble, donc pas de temps à perdre. Seulement, cette formation iséroise est fort bien en place. N’empêche qu’a cœur vaillant rien d’impossible, alors le trio Doucet, Bouchard, Thinel s’y emploie et presse. Le palet longe la ligne de but sans que personne n’arrive à lui faire franchir la ligne (21’16). Cette fois en supériorité, Rouen se procure la même occasion, mais là encore aucun joueur de Rouen n'est présent dans le slot (21’55). C’est ensuite au tour de Peltola qui, plein axe entre les deux ronds de mise au jeu, adresse un gros lancé qui passe à côté, mais le rebond de la balustrade profite à Tarantino qui va marquer…. non, encore à côté (24’20).
Sans se démobiliser, Grenoble attend et contre, à l’image encore de Fleury qui se heurte au bouclier de Sopko (24’40). Le jeu est quelque peu décousu par les nombreuses pénalités. Rouen se retrouve au cachot mais s’octroie une occasion par Glad qui adresse un tir aussi vicieux que soudain mais Ferhi est toujours vigilant et repousse le tir de la crosse (25’10). Grenoble installe son jeu de puissance. Amar, bien démarqué, lance mais à côté de la cage. Le rebond est profitable à Sivic, mais Sopko répond présent une première fois mais doit s’incliner sur l’essai de Forsander qui traînait (0-1 / 25’45 Forsander ass. Sivic et Amar).
| Crédit Photo : Stéphanie OUVRY © 2009 | Le désarroi de Ramon Sopko après le 3ème but grenoblois | Si l’ouverture du score est dure pour les dragons car plus d’envie, la maîtrise collective Grenobloise est récompensée. Rouen vient d’en prendre un bon coup mais repart à l’assaut, et Grenoble contre toujours par ce diable de Fleury sans pouvoir tromper le portier Normand (27’55). Les prisons succèdent aux prisons et cette fois, c’est Rouen qui va en profiter. Sur une mise au jeu côté droit gagnée par Doucet, le palet se retrouve à la bleue pour Desrosiers, qui toujours côté droit, trouve David. Sa transversale est à destination de Doucet, seul au poteau gauche, qui ne rate pas l’aubaine (1-1 / 32’01 Doucet ass. David et Desrosiers). Cette réalisation redonne de l’allant aux joueurs comme au public et il faut encore tout le brio de Ferhi de se coucher devant Bouchard (32’18).
Ferhi soulage sa formation en intervenant avec autorité sur le palet alors que sa formation souffrait lors d’une pénalité différée (32’57). Sur l’avantage numérique, Rouen a de multiples occasions de faire le break par Mallette (33’58), Peltola (34’55), Romand (34’58), Virolainen (35’03), mais à chaque fois soit par maladresse ou à cause de Ferhi, le palet ne franchit jamais cette ligne fatidique. Pire, Fleury est à deux doigts de redonner l’avantage à sa formation. Seul Sopko le lui empêcha (35’15). Rien de bien signifiant n’est à signaler en cette fin de tiers sauf quelques gestes débiles que je ne commenterai pas.
Encore un période pour rien où aucune des deux formations ne réussi à prendre l’avantage sur l’autre, un tiers ou la partie fut donnée aux portiers des prisons qui ont fort à faire. Tout reste donc possible pour les vingt minutes restantes, en espérant que les dragons ne regretteront pas toutes ces occasions manquées
Mises au Jeu :
Doucet : 9 / 12 soit 75% - Peltola : 3 / 6 soit 50% - Mallette : 4 / 8 soit 50%
Rouen : 16 / 26 soit 61,5% - Grenoble : 10 / 26 soit 38,4%
Tirs :
Rouen : 6 tirs à égalité numérique, 6 tirs en avantage numérique, dont 1 but, 2 tirs en désavantage numérique ; soit 14 tirs en deuxième période dont 1 but - Fehri 92,8% d’arrêt. 1 / 4 en avantage numérique.
Grenoble : 4 tirs à égalité numérique, 4 tirs en supériorité numérique, dont 1 but, 1 tir en désavantage numérique ; soit 9 tirs, dont 1 but en deuxième période - Sopko : 88,8% d’arrêt. 1 / 2 en avantage numérique.
L’efficacité Grenobloise
Pour les deux formations mais surtout pour les dragons, il reste vingt minutes pour faire la différence. Les plus prompts sont les Grenoblois qui confisquent le palet dans les premiers mouvements d’aiguille et Sopko doit intervenir pour faire souffler les siens (41’04). L’action suivante voit une réaction normande par Mallette mais Ferhi est irréprochable (41’14). Rouen essaye de redonner du punch à la rencontre mais, par précipitation, commet des erreurs comme cette relance complètement manquée qui profite à Tartari qui ne peut en tirer profit (43’19).
Grenoble se montre encore présent par Fleury mais Sopko est là tout en laissant un rebond qui ne permet pas à Sivic de conclure (44’44). On sent Grenoble bien plus tranchant dans ses actions et sur une nouvelle erreur de relance plein axe le palet se retrouve dans la palette de Rouleau qui arrive toutes voiles dehors et à dix mètres de la cage, ne se laisse pas prier pour punir Rouen (1-2 / 45’16 Rouleau ass. Masa). Grenoble fort de cet avantage retrouvé veut en finir et Niskavaara supplante Sopko qui ne peut totalement contrôler un tir de Masa (49’04). Mais la sentence survient juste après par Fleury, qui selon moi fut le meilleur joueur de match, suite à un gros pressing de Hammar et Tartari, le palet set en possession du puck plein axe et dos au but mais tel un chat il se retourne rapidement pour lancer entre les jambières de Sopko (1-3 / 50’21 Fleury ass. Tartari et Hammar).
| Crédit Photo : Stéphanie OUVRY © 2009 | Le Fair-Play d'un grand bonhomme : M. Eric Doucet | Les affaires sont bien mal engagées pour les locaux qui réagissent néanmoins de fort belle manière et dans la foulée par Desrosiers. Le tir puissant de David à la bleue côté gauche est stoppé du casque par Ferhi. Le rebond profite à Mallette, en embuscade, qui se heurte une nouvelle fois au portier qui ne peut bloquer, mais Desrosiers lui fait franchir le bout de caoutchouc derrière la ligne (2-3 / 51’10 Desrosiers ass. Mallette et David). Ce retour rapide au score donne un élan aux Rouennais pour tenter de revenir au score. Le public pense à l’égalisation quand Thinel s’en va seul défier Ferhi, mais l’attaquant Canadien tergiverse de trop et tire à côté (52’14). Une supériorité numérique se présente alors pour Rouen qui encore une fois se positionne bien sans trouver la faille.
C’est même l’opposé qui se présente puisque suite à une perte de palet en zone offensive, Rouen se fait contrer par… Fleury, bien sûr, qui donne à Nilsson qui file côté droit. Fleury le suit sur sa gauche pour un deux contre Sopko. A toi, à moi, pour un but imparable de contre à montrer dans toutes les écoles de hockey sur glace (2-4 / 54’39 Nilsson ass Fleury). Joie de courte durée puisque dans la minute qui suit et en avantage numérique, Rouen revient à une unité. Romand fait le tour de la cage par la droite et glisse, posté à la bleue côté gauche Niskavaara qui transmet aussitôt à Peltola qui attend comme un grand au pied du poteau pour propulser le palet au fond des filets (3-4 / 55’28 Peltola ass. Niskavaara et Romand).
Il reste quatre minutes à Rouen pour revenir et à Grenoble pour contrôler. Les dragons croient à cette possibilité quand à trois minutes du terme un nouvel avantage numérique leur est offert. Romand pense y réussir quand sur un bon lancé Ferhi relâche le puck derrière lui qui file, qui file vers la cage mais finalement passe à l’extérieur du poteau droit (58’30). La sortie de Sopko dans le dernier tour de pendule ne changera rien.
Grenoble tient sa finale. Si, pour certains, il ne la mérite pas, j’ai bien dit "certains", il faut reconnaître que les Isérois ont remarquablement mené leur barque. Sans jamais vraiment s’affoler, ils ont su prendre la mesure d’une équipe Rouennais qui se heurta sans cesse à ce mur Ferhi et qui par moment et par maladresse ne trouva jamais les clés du coffre. Néanmoins, malgré la victoire dans la série nette et sans bavure de trois à zéro, les matchs proposés par ces deux belles formations ont régalé le public de connaisseurs. Et les scores d’un but à chaque fois attestent bien du niveau presque identique de ces participants.
Mises au Jeu :
Doucet : 2 / 3 soit 66,6% - Peltola : 4 / 4 soit 100% - Mallette : 8 / 10 soit 80%
Rouen : 14 / 17 soit 82,35% - Grenoble : 3 / 17 soit 77,65%
Tirs :
Rouen : 8 tirs à égalité numérique, dont 1 but, 4 tirs en avantage numérique, dont 1 but ; soit 12 tirs en troisième période dont 2 buts - Fehri 83,3% d’arrêt. 0 / 4 en avantage numérique
Grenoble : 7 tirs à égalité numérique, dont 2 buts, 1 tir en avantage numérique, 3 tirs en désavantage numérique, dont 1 but ; soit 11 tirs en troisième période dont 3 buts - Sopko : 72,72% d’arrêt. 0 / 1 en avantage numérique.
Statistiques personnelles :
Mises au jeu :
Doucet : 16 / 23 soit 69,5% - Peltola : 11 / 17 soit 64,7% - Mallette : 15 / 23 soit 65,2% - Romand : 0 / 1 0%
Rouen : 42 / 64 soit 65,6% - Grenoble : 22 / 64 soit 34,3%
Pourcentage d’arrêt :
Fehri : 36 / 39 soit 92,3% - Sopko : 24 / 28 soit 85,7%
Interview de Damien Fleury des Brûleurs de Loups de Grenoble :
Hockey Hebdo : Bonsoir Damien. Peux-tu nous donner ton ressenti au sortir de ce match et surtout de cette série remportée 3-0 par votre équipe ?
Damien Fleury : Tout d’abord, on est vraiment satisfaits d’avoir sorti Rouen en 3 matchs. Je crois qu’il n’y avait pas beaucoup d’équipes qui auraient parié sur nous, surtout de cette manière. Maintenant, vivement la finale ! Je pense que si on joue comme on l’a fait ce soir, ce sera très dur soit pour Briançon, soit pour Angers. Maintenant, on est vraiment en confiance et on sait de quoi on est capable.
H. H. : En tout cas, ça s’est joué à un but d’écart à chaque match de cette série. Qu’est ce qui a fait que Grenoble soit devant Rouen à chaque fois ? Rouen et Grenoble étaient assez proches tout au long de la saison, ont manqué certains matchs à domicile… Qu’est ce qui a fait que Grenoble, en 3 matchs secs, élimine Rouen ?
D. F. : Je ne sais pas trop. Question d’envie peut-être, de préparation physique. Maintenant, nous étions prêts, tant mieux pour nous. Mentalement, nous étions aussi prêts. On avait vraiment envie de remporter cette série le plus rapidement possible. C’est chose faite. Physiquement, je pense qu’on était un brin au-dessus. On avait 3 gros blocs et tout nous a souri. En tout cas, nous avons hâte de commencer cette finale.
H. H. : Gros défi physique, tu l’as dis, et surtout grosse bataille contre la bande…
D. F. : C’est clair que contre la bande, ce n’était pas facile. Je pense qu’on a montré qu’on était solide, qu’on était bien présent. On va essayer de rééditer cela en finale.
H. H. : Belle saison en tout cas ; Coupe de la ligue, Coupe de France, peut-être le championnat, quasiment le grand chelem pour Grenoble… Qu’est ce que l’on peut espérer pour Grenoble maintenant ?
D. F. : Et bien oui. Nous souhaiter la victoire finale, ce serait parfait. Ce serait historique, notamment avec le match des champions aussi. Nous, joueurs, avons vraiment à cœur de remporter ce championnat, de montrer à tout le monde que nous sommes une grosse équipe.
H. H. : Concernant ta prestation maintenant ; une assistance sur quasiment tous les buts Grenoblois, je pense que tu es fier de toi…
D. F. : Oui, je suis assez content de moi. Il ne faut pas que je me repose sur mes lauriers. Il y a vraiment une grosse finale qui nous attend. J’ai envie de faire le même match que ce soir.
H. H. : Et l’année prochaine ? Ton avenir ?
D. F. : J’arrive en fin de contrat cette année.
H. H. : Est-ce que ton envie est de rester du côté de Grenoble ?
D. F. : Oui, j’ai vraiment envie de rester, surtout s’il y a une coupe d’Europe à la clé, ce serait d’autant plus motivant. On a une équipe superbe, il y a une superbe ambiance. Le staff est génial. La vie à Grenoble est superbe aussi. Je me sens vraiment bien là-bas.
H. H. : Bonne chance pour la finale et à bientôt.
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