Accueil   Editorial   Liens   Stages et Tournois   Boutique   Petites annonces   Partenaires   Nos flash infos  fb  twitter   RSS
 
 
Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric
Hockey sur glace - 103 / DIDIER BARIOZ : UN « ICE MAN » TRÉS SOLLICITÉ ! 
 
Cet ancien hockeyeur est devenu au fil du temps un personnage incontournable dans l’histoire des sports de glace. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, raconte le parcours très étonnant de ce joueur qui s’est rendu toujours indispensable après sa carrière sportive non seulement en France, mais aussi à l’étranger.
 
 

Tribune N°103

 
 

DIDIER BARIOZ : UN « ICE MAN » TRÉS SOLLICITÉ ! 
 



Alors qu’il s’apprête à fêter ses 67 ans au mois d’avril prochain, l’ancien hockeyeur Didier Barioz peut se regarder fièrement dans la glace. Car après sa carrière de joueur qui fut très honorable, cet ex-international s’est reconverti par la suite avec brio comme technicien multicartes qui est très apprécié dans le monde de la glace. J’avoue que lorsque j’ai eu l’occasion de le rencontrer pour la première fois en 1976, lors d’un stage d’été de l’équipe de France junior à Font-Romeu, je n’imaginais pas qu’il effectuerait un si beau parcours et une telle reconversion !
Véritable stakhanoviste de notre discipline, Didier Barioz est devenu en effet un personnage emblématique des sports de glace en collaborant à la fois avec la fédération française de hockey (FFHG) et avec celle de patinage (FFSG).
Ses deux parcours, sportif puis professionnel, furent très complémentaires puisqu’on ne cesse encore aujourd’hui de faire appel aux services de Didier Barioz. D’autant que ce dernier a toujours répondu spontanément « je suis ok sur glace » pour prêter main forte que ce soit avec une crosse entre les mains ou plus tard assis sur une surfaceuse.
Mais, contrairement au titre d’un film célèbre, sa double carrière exemplaire dans notre sport n’a pas été, loin s’en faut, « un long fleuve tranquille » car Didier Barioz a voulu emprunter à chaque fois, avec un réel plaisir, des méandres inattendus et surprenants qui valaient vraiment le détour.
 

TOUT A COMMENCÉ AU CPL DE LYON


Son histoire singulière a débuté en 1968, à l’âge de dix ans à l’occasion de l’ouverture de la patinoire « Charlemagne » de Lyon dont la direction fut confiée à l’époque au regretté Henri Lafit. Ce dernier, en provenance de Chamonix et son fils Lionel, décidèrent de créer une nouvelle équipe de hockey sur glace dans la capitale des Gaules en recrutant des gamins dans le quartier environnant de Perrache. C’est ainsi qu’une seconde génération de bons hockeyeurs fit son apparition en plusieurs étapes dans l’équipe fanion du CPL de Lyon.
A l’époque, Didier Barioz s’est retrouvé embarqué dans l’aventure de sa ville natale avec des jeunes hockeyeurs qui allaient faire parler également d’eux au niveau national comme les deux frères Martin-Lansard, les quatre frères Bansac, le gardien Patrick Dottori, le capitaine très charismatique Jean Masson, Henri Thevenard (futur arbitre), Cyril Colin, Lionel Reby ou encore les deux frères Berthon, sans oublier Didier Pierrefeu et le charismatique Jean-François Prudent.
Pour l’anecdote, le premier entraîneur du CPL, dès l’ouverture de la patinoire Charlemagne, fut le célèbre attaquant international Paul Lang. En effet, ce futur Franco-tchèque, qui jouait jusqu’ici à Chamonix, s’entendait à merveille avec Henri Lafit qui était un admirateur inconditionnel de son jeu. C’est pour cette raison que ce dernier lui proposa de partir avec lui lorsqu’il devint le responsable de la nouvelle patinoire lyonnaise.
Par ailleurs, en 1972, le légendaire entraîneur national Gaétan « Pete » Laliberté décida, sur un coup de tête, de quitter Grenoble qu’il avait pourtant contribué à devenir une nouvelle place forte du hockey sur glace français depuis presque dix ans. En désaccord avec les dirigeants de l’Isère, le célèbre Canadien accepta donc de venir à son tour diriger le club de Lyon. Ces deux monuments de l’histoire du hockey sur glace français servirent de mentors de luxe dans la formation du jeune Didier Barioz et ses coéquipiers.
 

UN EXIL ÉPHÉMÈRE AU CANADA



Il faut noter que Didier Barioz commença à sortir du lot et à se faire remarquer parmi ses camarades puisqu’il fut l’un des premiers du club de Lyon à s’expatrier à l’étranger pour se perfectionner. En effet, à l’âge de 19 ans, il décida de faire d’abord une courte escale de deux mois à Saint-Pierre et Miquelon pour aider les habitants locaux à l’entretien des chalutiers pendant l’été. Puis, notre jeune hockeyeur, qui aimait visiblement l’éclectisme, se rendit à Montréal pour participer à un premier camp d’entrainement à Saint Léonard où il fut malheureusement « viré » comme il le raconte lui-même. Du coup, Didier Barioz se rendit en désespoir de cause à Nicolet, à quelques encablures de la ville de Trois-rivières, pour jouer momentanément au hockey dans une ligue Junior B.
De retour en France lors de la saison 1978-1979, Didier Barioz porta à nouveau le maillot de Lyon. Mais il devint également l’entraîneur du club de Roanne à la demande de François de Segovia qui avait la particularité de cumuler à la fois trois fonctions dans la petite ville de la Loire : celle de président, d’entraîneur et de joueur. On pourrait même en rajouter une quatrième puisqu’il fut également arbitre !
Désirant être épaulé pour relancer le hockey local, il contacta le président du club de Lyon Jean Couttet pour qu’il accepte de lui prêter pendant un an Didier Barioz. Ce dernier devint donc le premier entraîneur du CHR tout en continuant cependant à disputer les matches de championnat de France avec le club du Rhône.
 
Didier Barioz lors de son séjour en Junior B au Canada



CAPITAINE EN DÉSACCORD AVEC SON ENTRAÎNEUR


Ayant traversé à nouveau l’Atlantique pour jouer dans le club universitaire de Laval avec le « Rouge et Or », Didier Barioz retourna en France avant la fin de la saison pour pouvoir effectuer son service militaire obligatoire dans une caserne de Lyon. Ce fut une aubaine car, du coup, il put participer avec ses coéquipiers à deux saisons complètes dans le championnat de France de la Nationale A (Ligue Magnus) puis les deux suivantes en Division 1.
Mais les prémices d’un grand tournant dans sa carrière de joueur se déroulèrent lors de la saison 1983-1985 puisque l’ancien international junior (Didier Barioz disputa un championnat d’Europe à Bucarest avec Philippe treille et Bernard Le Blond sur la ligne) arriva pour la première fois dans la station de Pralognan. Ce ne fut pas un hasard car son cœur était « au bord des lames » puisque sa femme Sandrine était originaire de Pralognan où elle exerçait le métier de monitrice de ski en hiver.  Si ce dernier retourna ensuite jouer dans la ville du Rhône, il deviendra quelques années plus tard un personnage très important dans l’histoire du hockey sur glace dans la Tarentaise, non seulement comme joueur, mais surtout en occupant ensuite les postes très valorisants de directeur de la patinoire de Pralognan puis celle de Courchevel. Je reviendrai plus loin sur ces deux promotions professionnelles de l’ancien numéro 10 local.
Après cette première incursion dans la Vanoise, Didier Barioz prit de nouvelles responsabilités dans le club de Lyon puisqu’il succéda à Jean Masson (qui était l’entraîneur-joueur), mais uniquement comme capitaine de l’équipe senior lyonnaise en 1985.


AVEC SA FILLE BON SANG NE SAURAIT MENTIR !


C’est avec l’arrivée, la saison suivante, de l’entraîneur canadien Robert Millette que la situation s’est rapidement dégradée et que l’histoire du CPL a définitivement basculée, analyse Didier Barioz. « Lors de la deuxième saison, 1987-1988, comme j’étais le capitaine, j’ai eu une très vive altercation avec Robert Millette. Nous en sommes presque venus aux mains ! Du coup, j’ai attendu la fin du championnat en Division 2 avant de mettre provisoirement un terme à ma carrière pour aller fonder une société de bateau-charter à voile à Moorea en face de l’île de Tahiti (toujours cet éclectisme). J’ai bien fait de changer d’air avec mon épouse Sandrine puisque c’est là-bas que ma fille Taïna est née au mois de juin 1988 »
A noter que quelques années plus tard, sa fille Taïna Barioz  (photo ci-contre) deviendra à son tour une sportive de haut niveau puisqu’elle devint célèbre dans l’équipe de France de ski et participa notamment aux Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver en 2010 puis aux Jeux olympiques d'hiver de 2018 à PyeongChang. La géantiste a annoncé sa retraite sportive en 2019 suite à une troisième blessure à un genoux.


PROMU DIRECTEUR DE LA PATINOIRE DE PRALOGNAN PUIS DE COURCHEVEL


Le grand virage de la vie professionnelle de Didier Barioz se produisit en 1990 lorsqu’il devint le directeur de la patinoire de Pralognan. D’autant qu’un an plus tard, le COJO des futurs jeux olympiques d’hiver organisés en France lui proposa d’effectuer une formation test à Zurich en Suisse. Et comme les épreuves test qui se déroulèrent ensuite à Pralognan pour la compétition de curling furent très bonnes, Didier Barioz fut officialisé comme l’un des futurs responsables techniques. C’est ainsi qu’au moment des Jeux olympiques d'Albertville en 1992, la grande compétence de l’ancien hockeyeur français fut très remarquée.
Il faut noter par ailleurs que le club de Pralognan, cher au regretté président Léo Mounier, créa la saison suivante (1992-1993) une équipe féminine qui fut entraînée dans un premier temps par Didier Barioz. Ce dernier, qui est décidément un touche à tout, en profita pour mettre un terme à sa première carrière de joueur.
 

UNE RAPIDE RÉPUTATION D’EXPERT EN GLACE


Dès lors, la réputation et la compétence du nouvel « ice man » français dépassa nos frontières. Parmi ses nombreuses interventions, Didier Barioz encadra notamment les surfaceurs lors du Mondial de hockey sur glace organisés conjointement à Lyon et à Megève en 1990. Au Mondial de Curling à Genève en Suisse en 1993, il fut promu « assistant ice man ». On le retrouvera encore à l’œuvre lors des championnats d’Europe juniors de hockey puis des trois Mondiaux juniors de la discipline qui furent également disputés dans la patinoire de la station de Courchevel (1992, 1999, 2008, 2017).
Il faut noter justement qu’en 1997 la patinoire de Courchevel changea de statut juridique et devint municipale. Du coup, Didier Barioz, jusqu’ici responsable de la patinoire de Pralognan, fut débauché pour prendre la direction du magnifique complexe sportif de haute montagne de cette station baptisé le Forum.
C’est ainsi que Didier Barioz est devenu au fil des années une véritable référence en matière de gestion de plan de glace en France et aussi à l'international. Régulièrement, il est appelé pour former ou encadrer les techniciens glaciers sur les grands événements sportifs internationaux de hockey et de patinage.


Ce fut encore le cas lorsque Didier Barioz fut désigné comme responsable glace lors du Mondial de Patinage artistique à Nice au parc des expositions. Idem à Lyon pour les championnats d’Europe patinage. De plus, en 2006, lors de la création de la FFHG Didier Barioz, décidément sur tous les fronts, fut désigné responsable de la glace pour la première finale de la Coupe de France de hockey sur glace organisée à Bercy.
En 2010, lors des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver, Didier Barioz fut le seul européen habilité à préparer une glace de curling. Cette nouvelle responsabilité de prestige lui permettra par ailleurs d’être consultant pour le hockey et le curling au micro de la chaine sportive Eurosport et de vivre en même temps en « live » les épreuves de ski alpin pour voir sa fille qui participait à ses premiers jeux.
De son aveu, il vit cette expérience comme un grand bonheur. « Ce fut un rêve. Ce n'était pas mon métier mais j’ai pris énormément de plaisir, raconta le directeur de la patinoire de Courchevel. J’ai pu ainsi assister aux courses de ski... »
 

NAISSANCE D’UN TANDEM INSÉPARABLE


 En 2011, le nouveau maire de Vaujany, Yves Genevois, décida d’embaucher Rémy Boehler comme directeur de la célèbre station de l’Isère. Ce dernier allait devenir un collaborateur très important dans le parcours étonnant de Didier Barioz. En effet, son futur complice et ami Rémy Boehler connaissait très bien lui aussi le hockey sur glace pour avoir joué dans le club savoyard de Val Vanoise.
« Après les Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992, j’avais embauché et formé Rémy Boehler dans la patinoire de Pralognan que je dirigeais, raconte Didier Barioz. J’appréciais beaucoup ce joueur de hockey car il a prouvé très rapidement qu’il était un bon technicien, à la fois entreprenant et intelligent. Grâce à ses grandes capacités, il a commencé à faire ses preuves en s’occupant de la patinoire voisine de Méribel pendant deux ans car il voulait être plus autonome. Dès que j’ai su qu’un nouveau complexe avec une patinoire allait se construire à Vaujany, connaissant la valeur de Rémy, je l’ai mis sur le coup et nous avons réussi à le débaucher pour qu’il quitte Méribel et vienne suivre lui-même les travaux de la piste de Vaujany. »


Didier Barioz et Rémy Boehler formèrent dés lors un tandem presque inséparable dans le monde de la glace avec une estime et un respect qui sont réciproques. Comme lorsqu’en 2018, Didier Barioz devint président du Club des Sports de Courchevel logé pour l’occasion dans un nouveau bâtiment qui coûta la bagatelle de 19 millions d’euros construit spécialement grâce à un donateur anglais très généreux, le milliardaire Jim Ratcliff, grand patron du groupe de chimie INEOS.
Lors des JO d’hiver de 2018 à PyeongChang, Didier Barioz, directeur de la patinoire olympique de Courchevel et agent municipal, fut donc à nouveau sollicité pour intégrer l’équipe des « ice men » qui s’occupèrent de la glace en Corée du Sud. Ce fut encore une fois une belle consécration professionnelle pour notre hockeyeur. « Un américain avait été prévu comme ice man en chef, mais à la suite d’un désaccord avec les Coréens, c’est l’ISU qui a proposé le duo formé par Rémy et moi auprès de l’organisation asiatique, raconte Didier Barioz. Du coup, pendant ces jeux olympiques d’hiver notre tandem a dû s’occuper en même temps du patinage et du short track, soit trois patinoires si on cumule les compétitions et les entraînements. »
 


Rémy Boehler et Didier Barioz forment un tandem de « ice men » très sollicité


UN PARCOURS QUI N’EST PAS ENCORE FINI !


L’aventure internationale continua pour Didier Barioz lors des Jeux Olympiques d’hiver organisés à Pékin en 2022. Pendant deux mois, ce dernier et son fidèle acolyte ont eu la grande responsabilité de préparer et entretenir la glace olympique pour le patinage artistique et de la vitesse (short-track). En mars de la même année, Didier Barioz, décidément insatiable, était encore présent et à l’œuvre dans les coulisses lors des Championnats du Monde de patinage et de danse sur glace organisés à Montpellier.
Même s’il a pris désormais sa retraite, l’ancien international junior français ne compte pas interrompre son incroyable parcours puisqu’en 2024, il est devenu président de la société « Objectif Glace » dont le siège se trouve à Pralognan-la-Vanoise et qui est spécialisée dans le conseil formation et événementiel. « En fait, à présent, je suis juste l’adjoint de Rémy Boehler. Nos rôles se sont inversés. Je suis là pour lui donner un coup de main » explique Didier Barioz.
A n’en pas douter, on devrait encore faire appel à ce fameux tandem si efficace de « ice men » pour les prochains Jeux olympiques d’hiver de 2026 à Milan et Cortina. Vu sa grande réputation, Didier Barioz devrait être également en coulisses lors des Championnats du monde de hockey sur glace organisés par la France à Bercy et à Lyon en 2028. Et, pourquoi pas, lors des Jeux olympiques d’hiver qui auront lieu également en France en 2030 dans les Alpes ? Quoi qu’il en soit, comme je l’ai dit en introduction de ma tribune, Didier Barioz peut se regarder dans la glace avec le sentiment du devoir accompli. Quelle incroyable histoire !


 




Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 


 
 
Lieu : Media Sports LoisirsChroniqueur : Tristan Alric
Posté par Christian Simon le 16/01/2025 à 11:00
 
© 2025 Hockeyhebdo.com - Reproduction totale ou partielle interdite sauf autorisation des auteurs.
 
Retour
 
Réactions sur l'article
 
 
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.

     

...Bitte wählen Sie Ihre Sprache... Choose your language in just one click... Choisissez votre langue, clic plus haut...