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Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric |
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Hockey sur glace - 15 / HOMMAGE AUX RENFORTS RESTES EN FRANCE |
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Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l'acteur et le témoin privilégié de l'évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L'Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l'histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s'exprimer régulièrement dans cette rubrique. |
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Tribune N°15
Depuis un demi-siècle de nombreux renforts étrangers ont été recrutés par les clubs français de hockey sur glace. La grande majorité de ces renforts ne sont restés que pendant une courte durée en France car ils étaient avant tout des « mercenaires » totalement assumés. S’ils ont débarqué dans l’hexagone, c’est parce que leur niveau de jeu ne leur permettait pas souvent d’évoluer en NHL ou dans les meilleurs pays d’Europe. Le seul but de ces jeunes hockeyeurs était donc de faire du tourisme tout en gagnant de l’argent avec le hockey avant de retourner dans leurs pays d’origine. Pour ces renforts éphémères la promesse d’un dépaysement rémunéré a été leur seule motivation mais peut-on leur en vouloir ? Ils auraient eu tort de s’en priver ! D’autant que ce sont nos clubs qui les ont attiré en France en leur proposant des contrats.
Toutefois, un nombre beaucoup plus restreint de renforts étrangers ne se sont pas contenté de venir jouer provisoirement en France. En effet, il existe une bonne quarantaine d’étrangers francophiles qui se sont donné comme mission de rester chez nous pour former sur du long terme nos jeunes joueurs. Ces renforts altruistes ont contribué ainsi activement à la progression du hockey sur glace français. C’est la raison pour laquelle certains de ces expatriés ont décidé de rester vivre définitivement en France où ils ont fondé souvent une famille. Notre pays est donc devenu leur nouvelles patrie d’adoption.
Je voudrais rendre hommage d’abord au légendaire canadien Gaétan Laliberté car « Pete » a exercé une énorme influence sur notre discipline, dans différents clubs et en équipes de France juniors et seniors, au point de devenir le père spirituel du hockey sur glace français de l’après-guerre. Son compatriote, Camil Gélinas, fait également partie de ces pères fondateurs qui ont formé avec beaucoup de patience un nombre considérable de jeunes joueurs français. J’ajoute leur ami d’exil Burt Vuillermet, moins connu, mais qui est en quelque sorte le troisième « mousquetaire » de cette époque.
Bien sûr, il faut citer aussi le président actuel de la FFHG, Luc Tardif, canadien d’origine, mais qui a également fait le choix de rester définitivement en France au point d’être naturalisé. Il fut non seulement une grande vedette dans les années 1975-1985 (Chamonix-Rouen-Caen), mais il a écrit ensuite une page décisive dans l’histoire de notre sport en créant en 2006, avec quelques amis, la FFHG, autrement dit la fédération autonome de hockey sur glace.
Comment ne pas citer également Dave Henderson, l’un des rares anglophones devenu « français de cœur », qui ne s’est pas contenté d’être très longtemps le joueur et coach du club d’Amiens. il a été aussi, pendant une durée record de 14 ans, l’entraîneur emblématique de l’équipe de France dont il porta d’ailleurs brièvement le maillot tricolore lors des championnats du monde de Pékin en 1981.
Si le Tchèque Paul Lang fit une apparition beaucoup plus brève comme coach de l’équipe de France, en revanche il n’a pas arrêté de nous enchanter également avec son jeu spectaculaire (Chamonix, Lyon, Villard, Français Volants, ACBB, Viry-Chätillon) avant de prendre une retraite heureuse et bien méritée en Polynésie française. Quant à son compatriote, le regretté Yvan Guryka, souvenons-nous qu’il forma lui-aussi plusieurs générations de hockeyeurs dans le club de Chamonix.
Parmi les renforts étrangers restés fidèles à la France, il y a aussi Guy Fournier qui effectua une brillante carrière de joueur (Viry, Grenoble, Rouen) avant de devenir le manager-général du club phare de Rouen. Il faut saluer aussi la présence à Grenoble du gardien franco-canadien Patrick Rolland qui a réussi une belle reconversion comme directeur d’un centre commercial de la ville de l’Isère. A Bordeaux, il faut rendre hommage également à l’ancien capitaine de l’équipe de France Guy Dupuis, comme à Strasbourg à l’indéboulonnable entraîneur Daniel Bourdages coach depuis 30 ans !
Mais à Reims il y a les trois russes, Vladimir Kovin, Sergueï Gorbouchine et Sergueï Toukmatchev, qui sont restés ensuite dans notre pays pour renforcer plusieurs autres clubs. A Reims, j’ajoute l’ancien coach-adjoint des Tricolores James Tibetts car ce dernier est l’un des rares anglophones qui a préféré rester également en France. Il faut citer aussi Derek Haas et surtout le « globetrotter » Brian Crossman (Montpellier, Nîmes, Avignon, Dijon, Rouen…) qui s’est reconverti à Grenoble comme conseil en communication et management pour "créer un pont entre la France et le Canada".
Le club de Brest est devenu par ailleurs un port d’attache au long cours pour l’ex-tricolore franco-russe André Vittenberg qui dirige deux pressings dans la ville bretonne, tout comme le tchèque Daniel Kysela, devenu cadre dans le groupe alimentaire Doux. De son côté le polonais Kasé Jurek vit désormais à Dijon et son compatriote Christophe Niedzolska à Rennes. Quant au Biélorusse Sergei Toukmatchev, que j’ai déjà mentionné à Reims, il fait actuellement toujours partie du staff des Albatros brestois.
Parmi les canadiens - ou les francos - qui ont fait le choix de rester vivre en France, il y a Pépin Normand qui vit toujours à Megève, Franck Pajonkowski qui, après sa brillante carrière de joueur, s’est reconverti en restaurateur dans la patinoire de Rouen. Mais aussi Serge Messier, le fidèle renfort du club de Clermont-Ferrand qui, après avoir défendu le maillot de Clermont-Ferrand pendant 16 saisons, est resté lui aussi en France comme directeur de la patinoire auvergnate. Ajoutons à ce tableau d’honneur : le regretté Jean-Vital Stinco qui fut longtemps un renfort très apprécié à Tours, à Reims, aux Français-Volants et enfin à Poitiers. Mais aussi David Dostal qui a fait pendant longtemps les beaux jours du club d’Anglet (où il entraîne actuellement) après avoir joué à Rouen et fait un tour à Limoges. J’ajoute que l’entraîneur national espagnol Carlos Gordovil coach de deux clubs français (Caen et Anglet) a gardé un pied-à-terre au Pays basque après avoir dirigé l’équipe basque.
Il convient de saluer également l’aide précieuse de plusieurs autres renforts qui ont fait également le choix de rester vivre longtemps chez nous pour apporter leur aide dans plusieurs clubs comme les frères Simon et Martin Lacroix (Rouen et surtout Angers), le tchèque Jan Reindl (Epinal, Grenoble, Amnéville), le finlandais Ari Salo (Rouen, Briançon, Grenoble, Mont-Blanc), ou encore le slovaque Edo Terglav (Briançon et Grenoble), mais la liste n’est pas exhaustive et j’espère que ceux que je ne citerai pas ne m’en voudront pas !
Je n’oublie pas notamment le « catalan » Guy Galiay, le dunkerquois Harry Perreault, les Polonais André Svitac et Didier Causlovski, l’ancien entraîneur national Zdeneck Blaha (qui vit toujours à Gap), Peter Almasy à Nice, Vladimir Zubkov en Auvergne, mais aussi l’ex-gardien tricolore Petri Ylonen qui s’est reconverti à Toulouse et à Rouen en devenant commerçant, Marc-André Thinel toujours fidèle à Rouen, tout comme l'ex-tricolore Julien Desrosiers qui est parti ensuite à Bordeaux ou encore Stanislas Sutor qui a succombé, pour longtemps semble-t-il, au charme de la ville de Nice.
Je ne veux pas oublier de citer aussi dans cet hommage le coach canadien Richard Jamieson qui a prouvé une grande fidélité à notre pays depuis son arrivée à Tours en 1980. En effet, ce dernier fut ensuite l’entraîneur - et parfois aussi le directeur de patinoires - à Angers, à Dijon, à Colmar, à La Roche-sur-Yon avant de poser ses valises cette année à Castres. Ajoutons à la liste le suédois Christer Eriksson qui est également présent de longue date en France avec des séjours plus ou moins longs à Reims, Tours, Lyon, Rouen, Mulhouse et enfin à Colmar.
Pour conclure, rendons hommage aussi à deux ex-entraineurs nationaux : le suédois Kjell Larsson car il fut pendant huit ans le coach des Tricolores tout comme Heikki Leime qui, après Caen, Amiens, Angers et Chamonix, est resté fidèle à la France. Mais je remercie également trois renforts qui sont certes repartis vivre dans leurs pays d’origine, en laissant toutefois « une partie de leur cœur » chez nous : l'ex capitaine tricolore André Peloffy (Saint Gervais, Mont Blanc, Français Volants, Brest), l’ancien international tricolore Alain Rioux, qui joua un long moment à Viry-Châtillon, et le franco-suisse Jean-Pierre Frutiger (Megève et Dijon) qui a toujours gardé un contact très étroit avec le hockey français.
Il faut reconnaître que c’est grâce à tous ces renforts étrangers, devenus français d’adoption, que notre sport favori a pu progresser au fil des saisons même si aujourd’hui je suis le premier à réclamer paradoxalement une diminution beaucoup plus drastique du nombre des étrangers ! Ce n’est pas contradictoire car je fais une grande différence entre les « mercenaires », autrement dit les renforts éphémères (que je respecte et que je ne blâme pas), et ces renforts étrangers fidèles à notre pays qui ont fait le choix de rester vivre très longtemps chez nous car, dans ce cas, le retour sur investissement fut incontestablement beaucoup plus profitable pour le hockey français.
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Lieu : Média Sports Loisirs | Chroniqueur : Tristan Alric |
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Posté par
| le 25/09/2020 à 11:15 |
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