Avant la crise sanitaire nos clubs étaient soutenus dans les patinoires par des supporters passionnés et bruyants souvent regroupés dans des associations plus ou moins importantes. Ces fans, un peu cocardiers et ouvertement chauvins ont choisi de se faire remarquer en adoptant des noms de clubs téméraires et un peu provocateurs. Mais dans leur très grande majorité les supporters du hockey sur glace ont un comportement correct et manifestent seulement leur enthousiasme en usant leurs cordes vocales pour mettre de l’ambiance. Avec eux un match de hockey doit être une fête !
Toutefois, il est arrivé que des comportements excessifs et trop agressifs ont obligé parfois des clubs à exclure un certain nombre de leurs supporters comme ce fut le cas par exemple dans la patinoire de Roanne en 2014. Mais contrairement au football, où c’est un problème plus grave, le hockey sur glace français bénéficie fort heureusement d’un soutien de supporters beaucoup plus pacifiques qui restent presque toujours corrects. C’est la raison pour laquelle beaucoup de clubs de supporters du hockey, pourtant adversaires sportivement, fraternisent souvent entre eux.
Dans la ligue Magnus, il y a les «
Irréductibles » et les «
T’Hockeys » de Grenoble, «
La Brigade des Pionniers » de Chamonix, les «
Raptors » d’Angers, les «
Dragons noirs » et le «
7e dragon » de Rouen, «
L’Unité diabolique », les «
Endiablés » et les «
Diablotins » de Briançon, les «
Ultras » de Mulhouse, les «
Eagles forts » de Gap (avec la prononciation anglaise, ça donne
ils gueulent fort), le «
Goth’s Squad » à Amiens, «
L'Esprit Boxers » et le «
BlockBoxers » de Bordeaux, «
Les As de la glace » et la «
Tribune k » de Cergy ou encore le groupe des ultras de Nice «
Testa Pelada » que l’on peut traduire par Tête Pelée en langue régionale. L’autre particularité locale est le «
Penna Hormadi » d’Anglet qui désigne en basque un groupe d'amis se constituant en société dans une ambiance informelle et souvent liée à la fête.
Mais la Ligue Magnus n’a pas le monopole de ces sympathiques « ambianceurs », loin s’en faut ! En effet, les clubs évoluant dans les autres divisions sont aussi soutenus bruyamment par des clubs de supporters très fidèles. La liste serait trop longue pour les nommer tous dans cette tribune !
Je cite juste pour l’exemple en Division 1 la «
Harde auvergnate » de Clermont-Ferrand, les «
Fanatics » de Caen, le «
Kop brestois » de Brest, les «
Dark Spartans », «
L’Unité Spartiate » et la «
Spartane Family » de Marseille, «
L’Equipage » de Nantes, les «
Remparts Keepers » et le «
7e Rempart » de Tours, les «
Bisons affûtés » de Neuilly, les «
Generatyon cannibales », les «
Crazy Boys », les «
Vieux D'Monts » et les «
Cannibales Verts » d’Epinal ou encore le fidèle «
Plexicrew » de Dunkerque.
La Division 2 n’est pas en reste en ce qui concerne les clubs de supporters avec «
L’Esprit Volants » de Paris, les «
Givrés » de Reims, les «
Cityzen Fox » de Roanne, les «
Bad Bouk’s » de l’entente Courchevel-Méribel-Pralognan ou encore les «
Go Lynx Go » de Valence.
Quant à la Division 3, les clubs de supporters « fêlés », comme ils aiment se revendiquer, ne manquent pas non plus à l’image des humoristiques «
Lions Sots » de Lyon. Quelles que soient les divisions, ces clubs de supporters, c’est avant tout une histoire de passionnés, d’amoureux du club, de son histoire et de ses valeurs.
Ce qui anime les supporters regroupés dans des clubs, c’est fédérer et dynamiser les spectateurs, faire de belles rencontres et nouer des amitiés qui se construisent autour d’un seul et unique but encourager leurs équipes avec une passion commune : le hockey sur glace. Ces clubs ont pour but de motiver leurs joueurs mais aussi de « réchauffer » nos patinoires avec l’aide des mascottes dont j’ai parlé dans ma tribune précédente, en mettant une ambiance de feu à faire fondre la glace. Bien sûr, je parle du temps pas si lointain où les championnats n’étaient pas encore privés de public comme ce fut malheureusement le cas cette saison.
Mais en temps normal, pour prendre l’exemple du club d’Amiens, dans l’emplacement « O » du Coliseum, les membres du
Goth’s Squad se mettent toujours derrière les buts où ils se font remarquer en entonnant en permanence et à tue-tête des chants et en lançant parfois quelques noms d’oiseaux à l’adresse des hockeyeurs adverses car dans ce cas précis le football n’a pas le monopole de la vulgarité. Mais pardonnons ces excès de langage car « c’est le jeu » et ces invectives graveleuses, ayant pour but de déstabiliser l’adversaire, n’empêchent pas souvent les supporters des deux équipes en compétition de se chambrer ensuite très cordialement autour d’un verre commun pris au bar de la patinoire.
Quand on se penche sur le problème des clubs de supporters qui existent dans le hockey sur glace français, on s’aperçoit que leur durée de vie est souvent limitée et leurs noms changent régulièrement car la cohésion des fans est assez volatile. C’est parfois à cause d’un antagonisme entre des personnes ou à la suite des mauvais résultats du club que les ardeurs et l’enthousiasme se refroidissent. En fait, même s’il arrive que certains clubs possèdent des clubs de supporters ayant une grande ancienneté, en réalité il est dur de fédérer des fans en grand nombre et sur le long terme. En France, le hockey n’est pas aussi médiatisé qu’en Allemagne ou en Suisse par exemple avec leurs patinoires dont les capacités sont beaucoup plus élevées que les nôtres (entre 5000 et 10 000 places).
Les résultats obtenus dans le championnat influent donc beaucoup sur l’engouement, la motivation et la mobilisation des supporters les plus accros. Plus un club gagne de matches et monte dans la hiérarchie, plus les supporters sont nombreux et fidèles. Dans le club d’Angers par exemple, le club des «
Raptors » a été créé en 2004 par Michel et Sylvie Marchais avec sept membres seulement. Mais les Ducs d’Anjou ont disputé l’année suivante un quart de finale prometteur contre Tours. Du coup, malgré leur élimination en quatre matches (avec un duel perdu en prolongation et un autre achevé sur un score nul), le club de supporters d’Angers a terminé la saison avec un total de vingt adhérents. Depuis ce nombre a continué à augmenter au fil des saisons tout en restant un petit club familial (ils sont 65 à ce jour) grâce au parcours ascendant des Ducs et surtout la construction de la nouvelle patinoire qui leur donne un outil attractif supplémentaire.
Les Raptors d’Angers, comme leurs homologues des autres clubs, ne se contentent pas seulement d’encourager leur équipe favorite. Ils sont là aussi pour passer de bons moments ensemble après les matches en organisant des soirées restaurant par exemple. Beaucoup de clubs français ont parfaitement compris l’importance de leurs clubs de supporters qui ne se limitent pas à « amuser la galerie » et cultiver la convivialité mais ils peuvent aussi être un moyen de pression sur leurs dirigeants comme on l’a vu à Amiens avec une grève des chants pour soutenir l’ancien entraîneur Mario Richer ou avec une lettre ouverte aux dirigeants de Grenoble dans le passé. Plus positivement, certains groupes de supporters participent aussi à des œuvres caritatives initiées par leurs clubs.
La vie d’un vrai fan de hockey n’est pas facile avec parfois 40 matches en saison régulière et une majorité de déplacements à plus de 600 kilomètres pour les moins bien lotis. Du coup, avec la restructuration du championnat de la Ligue Magnus qui a entrainé une programmation des matches en semaine, le mardi et le vendredi, beaucoup de supporters ne peuvent pas souvent se libérer à cause de leurs activités professionnelles.
Pourtant, ils sont là ! Du coup, les dirigeants, conscients de leurs sacrifices, essayent de les remercier par des gestes symboliques en organisant par exemple des pots de bienvenue, des petits déjeuners ou des repas avec les joueurs, une fête spéciale pour la fête de noël ou encore un pot de fin de saison. Bref, on soigne le club de supporters que l’on considère à juste titre comme «
le septième joueur » sur la glace. Ses adhérents ne passent pas inaperçus pendant les matches en portant des perruques bariolées, des écharpes et des maillots du club, du maquillage sur le visage tout en faisant un bruit d’enfer avec une petite fanfare improvisée, des cornes de brume, des crécelles ou des chants, agitant également des drapeaux, des banderoles et même parfois des tifos géants. Bref, si vous ajoutez les pom-pom girls, il y a tout l’attirail pour faire « du show dans le froid » !
J’ajoute que l’équipe de France est soutenue également par un club officiel regroupant des fans depuis 2020 surnommé les «
Supporters de France ». Créé par trois passionnés originaires de Lyon (Grégory Cretin, Guillaume Leroy et Isabelle Viot) ce nouveau club de supporters a pour but de suivre et soutenir les Tricolores lors de leurs matches amicaux ou leurs compétitions officielles que ce soit dans l’hexagone ou à l’étranger. Malheureusement, l’annulation des championnats du monde n’a pas encore permis pour l’instant aux « Supporters de France » de se regrouper.