Ce n’est pas sans raison si Pierre-Yves Gerbeau avait choisi le mot «
ambition » pour présenter le programme résolument novateur qu’il compte appliquer avec sa nouvelle équipe de dirigeants fédéraux. Ce cinquième comité directeur dans l’histoire de la FFHG depuis sa création en 2006, composée de vingt candidats (pour moitié nouveaux élus), a été approuvé sans surprise lors de l’assemblée générale élective qui s’est déroulée le samedi 18 juin dans l’Aren’Ice de Cergy.
En effet, l’ancien hockeyeur international, devenu un homme d’affaire reconnu au Royaume Uni, qui est un orateur redoutablement efficace quand il s’agit de faire un bilan à la fois clair sans concession, a fait preuve de réalisme. Il a visiblement séduit son auditoire en annonçant, lors d’un discours d’intronisation volontariste et surtout très détaillé, ce qui devrait être
une véritable révolution de palet pas moins que ça s’il est réellement appliqué.
Après avoir obtenu un large soutien de l’assemblée qui n’avait il est vrai comme choix qu’une seule liste (351 voix pour, 73 abstentions, 24 nuls et 17 contre), l’ex-président par intérim, désormais pleinement investi dans son rôle de leader, a d’abord expliqué sans langue de bois le contexte actuel fragile de notre discipline. A savoir que dans le contexte financier très difficile consécutif à la pandémie du Covid, le hockey sur glace français devra « se refaire la cerise », selon les propres termes imagés de Pierre-Yves Gerbeau car notre sport va redémarrer avec un budget prévisionnel négatif de
148 000 euros qui pourra cependant se réduire, voire se combler, à l’issue des six mois de l’année civile qui restent.
Mais Pierre-Yves Gerbeau a tenu à rassurer tout le monde en précisant : « Nous avons heureusement des fonds propres en garantie. De plus, le prêt de 500 000 euros que la Fédération internationale nous avait octroyé après le Mondial de Paris en 2017, afin de combler le déficit, vient d’être complètement remboursé sur cinq ans. » Le successeur de Luc Tardif n’a pas manqué de souligner également que la FFHG a pris volontairement un risque de trésorerie important pour aider financièrement tous les clubs grâce à un plan de soutien et de relance qui s’est élevé à plus d’un million d’euros. « Croyez-moi ce n’est pas rien car le budget de la fédération s’élève seulement à un peu plus de six millions ! » a-t-il fait remarquer.
Une fois les représentants des 67 clubs présents rassurés (sur un total de 118), le président a voulu « briser la glace » en annonçant les actions prochaines tous azimuts qu’il compte lancer avec les membres de son comité et qui devraient donner un nouvel élan au hockey sur glace français.
L’innovation qui a retenu le plus l’attention et qui a visiblement séduit l’assemblée générale fut la décision encore inédite que tous les membres du Comité directeur nouvellement élus auront désormais l’obligation d’être chacun en relation directe et permanente avec un groupe de
cinq clubs déterminés à l’avance. Ainsi donc les vingt élus couvriront de ce fait peu ou prou presque la totalité des clubs français (20 fois 5) qui ne cessaient de demander une plus grande proximité fédérale.
Pierre-Yves Gerbeau a par ailleurs annoncé une importante série de mesures structurelles comme par exemple la remise à plat de tous les championnats, une réflexion en profondeur de l’arbitrage, une meilleure reconnaissance et valorisation des bénévoles, et la création d’un comité d’athlètes sous l’initiative de l’internationale Lore Baudrit. Mais aussi une action pour développer le hockey sur glace dans les « déserts » français en trouvant de nouveaux territoires puisque notre pays ne compte qu’une patinoire pour 600 000 personnes, ou encore comment mieux accompagner également les clubs pour la formation des joueurs qui reste un problème sensible dans notre discipline. Toutes ces mesures seront à l’évidence un sacré défi dans leur application !
Pour bien faire mesurer l’ampleur de la tâche qui attend les nouveaux élus, Pierre-Yves Gerbeau a martelé que son comité directeur s’engageait fermement à «
faire bouger les lignes » n’hésitant pas à dire devant l’assemblée qu’il allait recentrer les activités institutionnelles notamment celle de la Direction Technique Nationale pour la «
révolutionner ».
Enfin, l’ancien international a tenu à parler d’un projet humain qui lui tiens particulièrement à cœur et qui sera l’un des piliers porteurs de sa mandature à savoir agir tous ensemble dans le hockey sur glace français pour revenir aux valeurs de base indispensables et souvent malmenées qui sont : le respect, la tolérance, le courage, l’esprit d’équipe, l’écologie, la féminisation, le refus du racisme et des violences sexuelles.
Bref, à l’issue de cette assemblée générale élective, où Pierre-Yves Gerbeau a tenu à saluer l’action exemplaire et le travail de fondation « historique » accompli par Luc Tardif lors de ses quatre mandats successifs, on a eu le sentiment qu’une page se tourne désormais tout en ne reniant pas le passé. Avec la volonté manifeste des nouveaux élus d’appliquer une autre politique pour tenter de redonner un nouvel élan au hockey sur glace français. Acceptons-en l’augure ! Mais, j’ose espérer que ce programme baptisé « Ambition » ne sera pas qu’un simple slogan de campagne et se concrétisera rapidement et durablement par des actions vraiment concrètes.
Pour conclure, j’ajoute que le vendredi soir, veille de l’assemblée générale, le nouveau président de l’IIHF, Luc Tardif, a été officiellement intronisé en sa présence dans le
Temple de la Renommée de la FFHG, une fédération qu’il a créé puis dirigé sans interruption depuis 2006. Afin de le remercier de manière marquante et unique pour « l’ensemble de son œuvre », en tant que joueur vedette du championnat de France élite puis comme haut dirigeant national, la fédération avait décidé que Luc Tardif, visiblement très touché par cette décision, serait
la seule et unique personnalité élu cette saison (contre cinq habituellement) dans le panthéon de notre sport. Par ailleurs son nom a été donné désormais au vestiaire de l’équipe de France.
Le moment le plus émouvant de cette cérémonie fut lorsque Luc Tardif fit venir auprès de lui sur l’estrade sa fidèle épouse Dalila et qu’il expliqua, au bord des larmes, que sans elle à ses côtés depuis plus de 46 ans, il aurait été incapable d’accomplir un tel parcours de vie.