- LUXEMBOURG : C’EST HOCKEY EN FRANCE ! -
Depuis dix-huit ans, le « Tornado » de Luxembourg participe au championnat de France de hockey sur glace de la Division 3. En effet, le principal club de ce petit pays frontalier (602 000 habitants) a choisi en 2005 de rejoindre notre pays. Une décision qui peut étonner après avoir évolué dans un premier temps dans le championnat régional allemand de Rhénanie-Palatinat. La présence d’un club étranger dans le championnat de France est à la fois une exception et surtout une grande curiosité.
En effet, loin de se comporter comme des « tornades » sur la glace, les hockeyeurs luxembourgeois, qui reçoivent régulièrement leurs visiteurs sur la belle patinoire de Kockelscheuer construite en 1974, se contentent de jouer en toute modestie uniquement les trouble-fêtes dans la Division 3 française. Inclus régulièrement dans un des groupes de cette compétition, le Tornado de Luxembourg, entraîné par Christer Eriksson, se trouve confronté avec des clubs français de la partie nord de la France comme par exemple cette saison : Annecy, Metz, Strasbourg, Dijon, Châlons-en-Champagne ou Compiègne. Mais ce fut aussi le cas contre Epinal, Dammarie-les-Lys, l’ACBB, Champigny, Reims ou encore Fontenay-sous-Bois.
Concernant le choix d’évoluer dans le championnat de France, plutôt que dans celui de l’Allemagne, Monique Scheier-Schneider, la présidente du club de Luxembourg explique : « Nous avons effectivement joué pendant une dizaine d’années dans la quatrième division allemande. Mais dans la région de la Rhénanie, qui est frontalière avec notre pays, beaucoup de patinoires ont fermé leurs portes et le niveau de jeu avait baissé. De plus, pour continuer à jouer avec les allemands, il fallait se déplacer dans d’autres régions qui sont beaucoup trop éloignées. »
Du coup, en 2005, Monique Scheier-Schneider a contacté le futur président de la FFHG créée un an plus tard, à savoir Luc Tardif et son directeur Eric Ropert, à l’occasion du congrès annuel de l’IIHF. Elle leur a demandé l’autorisation pour que son club puisse rejoindre le championnat de France. Contrairement à l’épisode rocambolesque du club italien de Milan qui avait été disqualifié quelques années plus tôt après avoir joué plusieurs matches dans le championnat de France, le Tornado de Luxembourg put signer cette fois une convention en bon et due forme avec cependant une petite restriction.
« En effet, le club de Luxembourg a le droit de jouer et d’être promu éventuellement dans toutes les divisions françaises, jusqu’en Ligue Magnus. Mais ne pourrons jamais remporter le titre de champion de France ! explique la présidente. C’est écrit dans la convention. Je trouve que c’est juste puisque nous sommes déjà champion du Luxembourg en battant régulièrement notre unique concurrent, le club de Beaufort, qui n’est pourtant pas si mauvais que ça… »
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, dans ce petit pays réputé pour avoir une économie financière florissante, le club de hockey sur glace du Tornado, bénéficie certes de l’aide de la marque Skoda, son principal sponsor. Mais il ne roule pas sur l’or et doit faire attention à la gestion de sa trésorerie. « En ce qui nous concerne, nos joueurs ne sont pas payés du tout, dit la présidente. Ils payent même leurs licences. Toutefois, ils ne sont pas à plaindre car beaucoup travaillent dans des banques ou dans les diverses communautés européennes. Pour eux, jouer au hockey sur glace est avant tout un loisir. »
Depuis sa création officielle en 1987, le Tornado de Luxembourg a été entraîné par des coaches de différentes nationalités. Même s’ils ne ménagent pas leurs efforts sur la glace lors des matches, les hockeyeurs luxembourgeois ont pris visiblement beaucoup de recul avec leur engagement dans le championnat de France qu’ils considèrent avant tout comme une détente.
Il faut noter cependant que de nombreux joueurs du Tornado font partie de l’équipe nationale et s’entraînent tout le long de l’année pour défendre également les couleurs du Luxembourg. « Notre but est de faire perdurer l’histoire du hockey au Luxembourg et de transmettre notre passion pour ce sport aux générations futures. Pour le hockey mineur, nous avons créé une deuxième section indépendante, les Huskies d’Hiversport.
On notera que le « Tornado » est un club autonome, regroupé cependant avec tous les autres sports de glace au sein du Club omnisports Hiversport Luxembourg (CHL).
Concernant Monique Scheier-Schneider, c’est une personnalité importante puisqu’elle fut membre du conseil d'administration de l’IIHF de 2008 à 2012. De plus, elle est entrée au « Hall of Fame » de la fédération internationale.
Ajoutons que, outre l’équipe senior surnommé le « Tornado », le club de la ville de Luxembourg possède également des équipes de jeunes hockeyeurs surnommés les « Huskies » ainsi qu’une équipe de hockey loisir qui a choisi le surnom des « Puckers ». Par ailleurs, le club de Luxembourg possède deux patinoires très proches l’une de l’autres, puisqu’on peut s’y rendre avec des patins aux pieds, une pour les entraînements et l'autre pour les compétitions : la patinoire de Kockelscheuer.
Enfin un dernier rappel historique, c’est en 1969 que la première patinoire du Luxembourg a ouvert ses portes à Beaufort, un petit village au nord dans une région touristique. Au départ, la patinoire de Beaufort était découverte avant d’être équipée d’un toit formé avec une grande toile. C’est en 1970 que la Fédération des Sports de Glace du Luxembourg a vu le jour. La première patinoire couverte a été inaugurée en 1974 à la Kockelscheier. En 1976, la FLHG (Fédération luxembourgeoise de hockey sur glace) a trouvé un arrangement avec la Fédération Allemande. Du coup, les clubs luxembourgeois étaient autorisés à jouer dans la ligue allemande Rhénanie-Palatinat-Sarre-Luxembourg. Le « Tornado » a gagné cette ligue plusieurs fois mais, à cause d’un manque de temps de glace et de sponsors, il ne pouvait intégrer la ligue semi professionnelle supérieure. C’est ce qui explique son intégration au championnat de France à partir de 2005.
Clubs français qui ont disputé un championnat étranger
L’Hormadi Anglet a disputé une saison le championnat d’Espagne
Le club de Croix a disputé une saison le championnat de Belgique
Le club de Charleville-Mézières a disputé le championnat d’Allemagne
St Pierre-et-Miquelon dispute les compétitions en Nouvelle-Ecosse (Canada)
Le club de Valenciennes a participé une saison à la Coupe de Belgique
Le club de Mulhouse a disputé des compétitions en Allemagne et en Suisse
Le club de Colmar a disputé des compétitions en Allemagne
Le club de Strasbourg a disputé des compétitions en Allemagne
Il faut noter qu’au cours de l’année 2000, le club de Font-Romeu tenta d'intégrer, sans réussite, le championnat d'Espagne de Hockey sur glace. « Comme j’avais entraîné le club de Puigcerda, j’avais gardé de bons contacts avec les dirigeants du hockey catalan et espagnol, explique Guy Galiay. Lorsque l’on a déposé notre demande, les six clubs espagnols étaient favorables à la participation de Font-Romeu. Malheureusement, si la fédération catalane a donné son accord, en revanche la fédération espagnole a refusé. Du coup, nous sommes restés chez nous… »
Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
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