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Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric
Hockey sur glace - 64 / L’ÉCRIVAIN QUI ANOBLIT LE HOCKEY FRANÇAIS
 
François-Henri Désérable réussit une deuxième carrière remarquable dans le monde de la littérature. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, lui-même auteur de plusieurs livres de sport, tient à saluer l’apport important de son confrère et raconter le parcours étonnant de cet hockeyeur-écrivain.
 
 

Tribune N°64

 
-   L’ÉCRIVAIN QUI ANOBLIT LE HOCKEY FRANÇAIS   -
 
C’est un événement qui vous a peut-être échappé à l’époque. Il y a tout juste dix ans cette année le hockey sur glace français a fait une intrusion inattendue et percutante dans le monde de la littérature. En effet, jusque-là notre sport se contentait d’offrir des joutes spectaculaires provoquant parfois des « maux » plus ou moins cinglants à ses belligérants à cause de sa rudesse. Mais cette fois, ce sont d’autres « mots » tout aussi frappants, écrits par un hockeyeur plus cérébral que la moyenne, qui lui permirent de franchir un rubicon intellectuel auquel notre discipline pensait ne pas avoir accès. Il est vrai que le hockey souffrait encore d’une image injustement caricaturée laissant croire que ses joueurs étaient trop béotiens et frustes pour prétendre faire partie de l’intelligentsia.

C’est François-Henri Désérable qui a « brisé la glace » au printemps 2013 en délaissant momentanément les vestiaires des « Vipers » de Montpellier avec lesquels il cherchait déjà des histoires pour maitriser des adversaires forts en caractères qui les apostrophaient. Ayant été à maintes reprises en première ligne dans ces combats à crosses tirées, il se lança un nouveau défi en se servant cette fois de son cerveau reptilien pour devenir écrivain à l’âge de 26 ans.
En utilisant cette fois une prose avec une police roman d’une incontestable qualité, l’auteur de cette effraction littéraire devint rapidement un hockeyeur à la page car il a contredit sans préambule cette perception condescendante.
Pourtant, en entrant subrepticement dans la cour des contes pour se livrer à un nouveau jeu d’écritures, sa tentative d’élèvement était incertaine car François-Henri Désérable avouera sans fausse modestie qu’il n’avait jamais étudié les lettres et que ses premières lectures, c'était dans le bus qui l’emmenait au prochain match. Ses brillants succès littéraires prouveront que son destin était écrit à l’avance.

François-Henri Désérable a publié son premier roman lorsqu’il jouait avec les Vipers de Montpellier.
 
En effet, au lieu de perdre son temps à se regarder dans la glace François-Henri Désérable décida de son libre arbitre de se mettre momentanément hors-jeu pour devenir épistolier. Sans doute influencé par son comportement viril comme arrière pendant les matches, il donna cette fois la parole à la défense. D’entrée sa plaidoirie fut brillante avec des écrits très affûtés car ce fut le début d’une évasion réussie depuis le banc des pénalités sur lequel il avait longtemps usé sa culotte. En tentant cette escapade périlleuse pour se livrer à la vox populi avec un beau tour de main, il prit au mot l’écrivain américain Mark Twain qui a dit : « Celui qui ouvre une prison doit savoir qu'on ne la fermera plus. »

Le but de la démarche de François-Henri Désérable, qui ne manquait pas d’audace, n’était plus d’être seulement le sbire d’un territoire délimité sur une piste de glace. Il voulut débuter d’autres paragraphes de son livre de bord en explorant sans dégagement interdit d’autres étendues moins artificielles mais toutes aussi glissantes.
On retrouvera ainsi plus tard notre « glacetrotter », pour le moins imprudent, flirtant avec la ligne rouge en Iran puisqu’il fut arrêté par les Gardiens de la révolution et surveillé de près pendant ses recherches sur des terres persanes qui essayaient de ne plus se voiler la face. Il s’émoustilla également tel un guérillero en Amérique du sud sur les traces de Che Guevara. Il effectua d’autres escapades avec un jeu de pieds bien rythmés puis on le crut un moment disparu après avoir mis un long alinéa dans ses écritures.

Pendant un an, privé d’inspiration à cause d’un chagrin d’amour, notre ami hockeyeur, tombé en panne de sens, eut du mal à redémarrer. Mais ce fut un douloureux moment d’égarement avant de réussir à tourner la page et reprendre sa pêche à la ligne sur son chemin de Canossa. Car François-Henri Désérable, adepte du paginage artistique, est capable de trouver une nouvelle inspiration en citant uniquement de mémoire les numéros exacts des pages de plusieurs livres d’auteurs dont les citations l’aident à avancer.
Au début de ses propres envolées lyriques notre écrivain favorisa plutôt les pleins que les déliés dans son premier manuscrit certainement influencé par l’affrontement brutal du hockey sur glace avant que sa rédaction devienne ensuite beaucoup plus pondérée mais toute aussi inspirée car, comme on le sait, la glace a le grand avantage de pouvoir réfléchir.

En restant joueur, mais également écrivain, François-Henri Désérable effectua ainsi un va-et-vient entre son sport favori et la littérature dans laquelle il put s’épancher par intermittence grâce à un premier ouvrage relatant des temps plus vieux de l’histoire de France puisqu’ils sont survenus après la mort du roi soleil.
Du coup, son écriture de romancier est devenue sa nouvelle crosse de pèlerin en allant directement droit au but sans vouloir forcément tirer la couverture à lui et sans y mettre des gants. Il eut ainsi droit au chapitre dans un milieu que l’on considère pourtant difficilement accessible car un peu trop élitiste.
En s’arrogeant de but en blanc ce nouveau droit d’auteur, François-Henri Désérable a donc permis au hockey sur glace français d’être enfin à la hauteur.

Mais de quel auteur parle-t-on ? Car si le titre de champion de France junior qu’il a remporté en 2006 avec le club d’Amiens était jusque-là son unique fierté en somme, le jeune hockeyeur de Picardie, formé au départ par l’ex-entraîneur national Dave Henderson puis l’ex-capitaine de l’équipe de France Antoine Richer, a prouvé que, sans chausser ses patins, il pouvait également réussir à laisser d’autres belles traces dans son palmarès pour les inscrire sur ses nouveaux papiers d’identité littéraire.
Cette impression, en dehors de la feuille de match, se fit cette fois sur des pages en papier de création puisqu’il s’efforça de rédiger de belles lettres. Je les imagine en forme gothique pour faire référence à la cathédrale Notre-Dame d’Amiens qu’il a longtemps côtoyé avant de monter sur un autre pinacle, celui dans sa nouvelle activité épistolaire.

Photographe - ©Yves Le Guillerm

En effet, lorsqu’il débuta son incursion livresque François-Henri Désérable confia que jusque-là les patinoires, les crosses, les palets et la glace « faisaient uniquement partie du kaléidoscope de sa vie ». Il fallait qu’il ajoute encore une couleur à sa palette mais cette fois beaucoup plus sanguine afin de réussir le nouveau but qu’il s’était fixé.
C’est alors que cet hockeyeur au visage de troubadour juvénile, qui allait mettre en émoi la chanteuse Amanda Lear qui le trouva si « Désirable » sur un plateau de télévision qu’elle aurait bien aimé lui rouler un patin, eut une grande révélation.
Le Picard, qui aimait jusqu’ici uniquement le surgelé, voulut continuer à sortir de la cage en reprenant à son compte l’affirmation d’une célèbre chanson de Jean-Jacques Goldman se promettant avec une véritable rage dedans : « Je m'en sortirai, je me le jure. A coup de livres je franchirai tous ces murs ! »

Au détour d’une interview, celui que l’on croyait être au départ qu’un simple écrivaillon souvent pris en sandwich sur la glace par deux adversaires qui lui servaient sans le savoir de serre-livres, expliqua, avec une coquetterie sémantique et des propos abscons pour le commun des mortels, qu’il avait désormais une autre passion presque inavouable dans ce milieu brut de décoffrage : la philosophie « présocratique ». Diantre mais quèsaco ? Ne cherchez pas dans le dictionnaire car je vous explique !
En d’autres termes François-Henri Désérable avouait s’intéresser à ses heures perdues aux philosophes grecs antérieurs à Socrate. Avouez que pour un hockeyeur lambda étudier Thalès, Archytas ou Protagoras, ce n’est pas commun ! Comme il n’était pas un adepte de la procrastination, le remuant François-Henri eut ainsi l’occasion d’occuper ses loisirs hors glace car, comme l’a dit le romancier roumain Mircea Eliade « les livres nous obligent à perdre notre temps de manière intelligente ».

Son esprit fertile ayant imaginé que son grand-père maternel avait été gondolier à Venise, il joua publiquement de cet atavisme onirique purement fictif car François-Henri Désérable eut très tôt l’esprit taquin, malicieux et voyageur. Bref, c’est un artiste avec une obsession qui résonnait sans cesse dans sa tête comme un acouphène lancinant qui lui intimait « Envole-moi ! » titre de ce fameux tube de Goldman.
Cet hockeyeur à l’âme aussi affutée que ses patins se pencha donc régulièrement sur sa table de marque pour rédiger son premier livre avant de le soumettre au verdict de ses lecteurs qui furent ainsi ses nouveaux juges de lignes.

Lors de ses débuts littéraires, effectués pourtant sans mettre de protections et sans faire de fioritures, il bénéficia d’un bel article promotionnel dans le magazine L’Express qui propulsa son premier trait de plume bien au-delà de la balustrade et de la paroi en plexiglass qui cloisonnaient jusqu’ici son existence.
C’est ainsi que notre joueur romanesque a débuté un nouveau chapitre de sa carrière extra-sportive dans laquelle il put commencer à rechercher et à creuser fiévreusement des filons historiques. Ce fut cet inoubliable vendredi 5 avril 2013 puisque c’est à cette date bien précise que la célèbre maison d’édition Gallimard mit en vente son premier roman qui portait comme titre sanguinolent : « Tu montreras ma tête au peuple ! »

Ayant moi-même publié - beaucoup plus modestement - plusieurs ouvrages, j’ai donc eu envie, par simple curiosité corporative, de découvrir son premier livre qu’il m’a fait l’amitié de me le dédicacer et je ne l’ai pas regretté. Laissant cette fois de côté mes thématiques sportives prosaïques sur le hockey sur glace, je suis entré grâce à lui dans un imaginaire tout aussi captivant d’autant que l’histoire en général est l’autre passion dans ma vie.
Il m’est vite apparu en lisant son premier roman, qu’il écrivit cette fois sans coquille dans le texte, qu’il n’était nullement question à nouveau de « patins et de coups fins ». Pour l’occasion, il a su trancher dans le vif avec le titre de son premier ouvrage puisqu’il évoque la guillotine, une machine impitoyable qui en a raccourci plus d’un sur la place de Grève. Du coup, j’aurais mis moi aussi ma tête à couper que j’allais vivre avec une certaine délectation de la dramaturgie dans ses écrits liminaires et ce fut bien le cas !

Effectivement, François-Henri Désérable raconta de façon originale une période très agitée de l’histoire de France, évoquant à ses lecteurs de passage de nombreuses mises en échec qu’il a su habilement remettre en scène. Elles laissèrent encore un goût amer dans le palais des gourmands de la lecture car les procureurs de l’époque n’infligeaient pas des pénalités majeures pour méconduite mais étaient beaucoup plus expéditifs en ordonnant une mort subite qui provoquait la terreur.
Revivre les derniers instants glaçants de personnages condamnés à un triste sort comme Charlotte Corday, Marie-Antoinette, Adam Lux, Danton, Lavoisier, le Marquis de Lantenac, André Chénier ou encore Robespierre, qui furent presque tous guillotinés pendant la révolution française, étaient l’assurance de revivre rétroactivement cette période implacable.

Je ne fus donc pas étonné que dès la parution de son ouvrage qui est devenu mon livre de chevet, il fit couler beaucoup d’encre notamment dans le port fluvial de Lyon, la ville où il jouait encore au hockey sur glace deux ans plus tôt avant de venir renforcer le club de Montpellier où, dès sa publication, il fut accueilli en héraut et devint le lieu du coup d’envoi de sa deuxième carrière parallèle.
Comme l’expliquait déjà le magazine « Avenir, Lyon » destiné aux lycéens et étudiants rhodaniens avant son transfert dans l’Hérault, François-Henri Désérable faisait partie d’une génération très prometteuse qui allait faire parler d’elle mais pas forcément avec uniquement une crosse de hockey dans les mains.
Ce mensuel visionnaire, qui décida de lui consacrer sa couverture ainsi qu’un long entretien, annonçait fort justement sa future notoriété puisque le titre de l’article le concernant disait de façon prémonitoire : « Sportif mais pas que…Ok ? »

C’est pour cette raison que je prends aujourd’hui au pied de la lettre la phrase de son premier livre prononcée avec un sang-froid effrayant par Georges Danton en montant sur l'échafaud. Concernant l’écrivain François-Henri Désérable, il est clair que depuis son berceau les fées sont là et veillent visiblement sur lui pour qu’il réussisse à capter autant notre attention et nous faire revivre un sang d’encre en tournant avec un plaisir un peu sadique la crosse dans la plaie.
Afin de saluer son talent littéraire de façon métaphorique, je vais donc exhiber à mon tour la tête de ce joueur atypique car sa double carrière de hockeyeur et d’écrivain est effectivement révolutionnaire dans notre discipline ce qui a provoqué parfois des réactions assez drôles.


Photographe - ©Yves Le Guillerm
 
Comme lors de ce fameux match de championnat de la Division 1 à Mulhouse pendant lequel François-Henri Désérable, devenu subitement le plus vipérin des « Vipers » de Montpellier, fut apostrophé par l’arbitre en chef qui lui reprochait son agressivité sur la glace et lui demanda de se calmer en lui disant non sans humour : « Arrête, sinon je vais appeler Aymeric Caron ! ».
Le Head de la rencontre, qui n’avait pas perdu la tête, faisait allusion au récent passage de notre écrivain rebelle dans une émission de télévision animée par Laurent Ruquier pendant laquelle ce critique (devenu depuis député de la France Insoumise) l’avait un peu refroidi concernant son premier ouvrage contrairement à sa consœur Natacha Polony qui l’avait au contraire apprécié.

Il est vrai que notre hockeyeur, avant de raccrocher récemment ses patins, aimait parfois manger de la glace aux marrons car il avoue « Avant chaque match, je dépose mon cerveau au vestiaire. Dans notre sport, il y a deux sortes de joueurs. Moi, je fais partie des violents. Quand on frappe l'adversaire sur la balustrade et que le public applaudit, il y a une jubilation. Lorsque je monte sur la glace, c'est la guerre ! »
Mais, pour cette fois il put garder son esprit même s’il était adepte des règlements de compte à OK corral utilisant des body checks certes beaucoup moins graves que ceux de Tombstone dans l’Arizona en 1881.

Du coup, alors que le public alsacien cria à plusieurs reprises lors du match « On va montrer ta tête au peuple ! » pour essayer de déstabiliser notre écrivain polyvalent, ce dernier fut contraint d’avaler cette fois de la glace à l’avanie.
Mais François-Henri Désérable, à l’image du roi Louis XVI restant impassible face au duc de La Rochefoucauld quand ce dernier lui dit « Ce n’est pas une révolte sire, c’est une révolution ! », fit mine de ne pas se soucier de cette ire collective mulhousienne et préféra rentrer sa tête vilipendée dans le creux de ses épaules afin d’éviter une nouvelle décapitation. Les « Vipères » de Montpellier ont perdu à cette occasion une partie de leur venin et l’écrivain, qui a dû avaler une couleuvre, se retrouva momentanément embastillé sur le banc des pénalités.

Âgé aujourd’hui de 36 ans, François-Henri Désérable a désormais quitté l’âge de glace pour entrer dans son moyen âge et prouver, s’il en était encore nécessaire, que notre sport favori n’est pas définitivement castrateur car il ne vous enferme pas irrémédiablement dans un monde toujours entièrement clos. Pour peu que l’on ait, comme lui, une envie d’évasion et un don évident pour raconter les choses, cette discipline peut vous permettre de ne pas continuer à patiner sur place mais de vous faire avancer beaucoup plus loin à condition bien sûr de vouloir en sortir !
Désirant jouer désormais plutôt sur les mots que sur la glace, notre hockeyeur s’est dit pourquoi s’obstiner à chercher uniquement des crosses quand on peut trouver également sa paix intérieure en se consacrant à la littérature ? D’autant que le bonhomme, qui mesure 1, 85 mètres et pèse quand même 85 kilos, avait certes la ligne mais il représentait déjà un poids respectable dans sa nouvelle activité d’écrivain puisque c’est l’équivalent de 187 livres selon la mesure anglo-saxonne.


Je rappelle que François-Henri Désérable, en gardant sa ligne de conduite d’écrits tôt, a déjà publié au bas mot quatre livres à succès (voir la photo ci-dessus) à commencer donc par « Tu montreras ma tête au peuple » qui évoque une période trouble et implacable de l’histoire de France. Il y a eu ensuite « Évariste » une biographie romancée d'Évariste Galois, prodige des mathématiques. Puis, le hockeyeur picard à l’écriture compulsive, qui rêvait d’écrire de la poésie mais y renonça « pour pouvoir continuer à être lu par le plus grand nombre », se consola en publiant le roman sensible « Un certain M. Piekielny » qui retrace l'histoire de Romain Gary qui a remporté deux fois le prix Goncourt. Enfin sa dernière livraison en date est « Mon maître et mon vainqueur » sorte de roman policier qui lui a permis de faire passer ses poèmes en contrebande selon sa confidence.

Les ouvrages de François-Henri Désérable, aux thèmes très éclectiques, je vous conseille de les lire. Non pas uniquement par solidarité sportive - car cet hockeyeur est des nôtres - mais parce que ce sont de véritables œuvres nées d’un esprit fécond mais qui est dans le crâne d’un gars au contraire intelligent au point que sa tête fut mise à prix. En effet, ses livres valurent à François-Henri Désérable plusieurs distinctions puisque son nom fut cité à de nombreuses reprises comme favori probable lors de sélections pour l’attribution de prix littéraires prestigieux.
Attachez bien la jugulaire de votre casque avant que je fasse l’énumération complète de ses récompenses car loin d’être des écrits vains, ils eurent au contraire un énorme impact !
Ensuite, je reviendrai un peu plus bas sur les débuts de sa carrière comme simple joueur de hockey sur glace.
 

Avec « Tu montreras ma tête au peuple » il remporta en 2013 :
  • Le prix Amic de l'Académie française.
  • Le prix littéraire de la vocation.
  • Le prix Jean d'Heurs du roman historique. Clic, clac, boum et le voilà déjà avec trois distinctions !
Avec « Evariste » il remporta en 2015 :
  • Le prix des lecteurs de L'Express–BFMTV.
  • Le prix Geneviève Moll de la biographie.
  • Le grand prix de l'Histoire de Paris.
  • Le prix du jeune romancier.
  • De plus, il fut nommé révélation française de l'année 2015 au palmarès des meilleurs livres de l'année du magazine Lire.
Avec « Un certain M. Piekielny » il remporta en 2017 :
  • Le grand prix de la ville de Saint-Étienne.
  • Il fut le seul roman sélectionné pour le Prix Goncourt et fut évoqué pour le Prix Renaudot.
  • Choix Goncourt pour la Roumanie.
Avec « Mon maître et mon vainqueur » il remporta en 2021 :
  • Le Grand Prix du Roman de l’Académie française.
Enfin, François-Henri Désérable collabore régulièrement à la revue littéraire Décapage.
 
Concernant le hockey sur glace...


Ce joueur itinérant, que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors de son séjour à Montpellier ma ville natale, a d’abord évolué à Amiens puis dans quatre autres clubs de l’hexagone en commençant par Lyon puis Montpellier, Boulogne-Billancourt (ACBB) et enfin aux « Français Volants » de Paris où il fut un temps le capitaine de l’escadrille en tant que pilote de lignes.
Mais le fils de François Désérable (ancien président du hockey sur glace français et du club d’Amiens) fut donc en beau jour sujet à une véritable révélation après son retour du Minnesota aux États-Unis où il était parti momentanément taquiner le palet de la découverte à l’âge de 15 ans en s’adonnant à sa passion du hockey sous le maillot de Wayzata, une ville de la grande banlieue de Minneapolis.

Toutefois, c’est à dix-huit ans qu’il reçut un coup de foudre littéraire aussi brutal et étourdissant qu’un grand coup de crosse asséné sur son casque en lisant le fameux roman d’Albert Cohen « Belle du seigneur ».
Lors de ce mois de février 2005 inoubliable pour lui, notre futur écrivain fut fasciné par le contenu de ce livre, un roman sur une passion qui s'autodétruit entre le flamboyant Solal et Ariane, une jeune femme de la grande bourgeoisie genevoise. Depuis que cet ouvrage reste gravé à jamais dans sa mémoire, François-Henri Désérable a donc réalisé que, finalement, il n’y avait pas que « le sport d’équipe le plus rapide du monde » dans sa vie et qu’il aimerait bien lui aussi jouer avec les mots.

Ce défenseur, qui rêvait plus jeune de devenir joueur professionnel et de pouvoir évoluer un jour dans la NHL, un échec qui fut « le drame de sa vie », décida au grand désespoir de sa mère de mettre un terme à sa thèse de doctorat en droit, une option qu’il avait uniquement choisie à l’époque parce que la faculté se trouvait juste en face de la patinoire d’Amiens. Happé par un désir irrépressible d’écrire, il interrompit également momentanément son itinérance sportive pour devenir en quelque sorte, au fil de ses nombreux voyages à travers le monde, le nouvel « émissaire » du hockey sur glace français.
Car si le chanteur Jean Ferrat disait avec beaucoup de poésie dans une de ses chansons que « Picasso tient le monde au bout de sa palette », François-Henri Désérable le tient aussi avec la palette de sa crosse.


Photographe - ©Yves Le Guillerm
 
Malgré son incursion très remarquée dans la littérature, ce dernier reste toutefois un adepte toujours fidèle et passionné de hockey sur glace qu’il a réellement dans la peau puisqu’il s’est fait tatouer sur le côté droit le numéro 17 en chiffre romain en hommage à l’ex-international Michel Breistroff décédé lors d’un crash aérien aux Etats-Unis en 1996. Bref, il a attrapé un hockey qui ne le quitte plus car, dit-il, « c’est un des rares sports où on est applaudi quand on fait mal à quelqu’un !»
François-Henri Désérable, sous ses airs de petit ange à la mèche rebelle et de jeune premier, est visiblement un peu masochiste qui aime bien participer à « la castagne » sur la glace, comme le titre du célèbre film dans lequel jouait la star Paul Newman.
Il cite également parfois dans ses nombreuses interviews littéraires la phrase du fameux cinéaste Alfred Hitchcock qui expliqua un jour : « Le hockey sur glace est un savant mélange de glisse acrobatique et de Seconde Guerre mondiale. » Une belle comparaison à imprimer et à encadrer avec du papier glacé !

Comme l’ancien hockeyeur de Nîmes Hervé Darmenton, qui est devenu le dessinateur officiel des albums de Lucky Luke (sous le pseudonyme Achdé), après le décès de Morris son créateur en 2001, François-Henri Désérable, est donc le deuxième artiste de notre corporation à avoir pris des chemins de traverse inattendus pour donner également à notre discipline, grâce à son talent d’écrivain, ses lettres de noblesse. Notre sport favori a pu ainsi passer d’un modeste anonymat à un élitisme public plus valorisant donnant de l’espoir à la nouvelle génération qui est beaucoup plus cérébrale qu’on le pense. Pour preuve, j’ai vu à plusieurs reprises des livres de poche tomber parfois par inadvertance hors des sacs des joueurs dans certains vestiaires où les universitaires étaient en surnombre sur la glace.

J’avoue une fois encore mon admiration devant l’écriture captivante de cet auteur prolifique et insatiable dont les livres ont été traduits dans de nombreux pays étrangers comme la Roumanie, l’Espagne, l’Italie, la Bulgarie, la Russie et aussi, bien sûr la Suisse où, preuve de son talent, il a non seulement conquis les Romands férus de ses romans mais aussi les Alémaniques.
Mais ce qui me fascine le plus, c’est l’ambivalence comportementale de cet hockeyeur décidément imprévisible qui n’hésite pas à reprendre à son compte et avec un malin plaisir la citation de Boris Vian qui a dit : « Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée ! ». Il estime que quand on est un auteur lyrique qui vise l’exaltation, on peut se permettre parfois une mythomanie récréative quitte à leurrer momentanément son monde.

L’exemple le plus frappant se déroula lors de son séjour épique dans la Bibliothèque nationale de France à Paris. A cette occasion François-Henri Désérable raconta avec un aplomb très persuasif qu’il avait repéré sur une plaque collée au bas d’une statue de Voltaire, une petite inscription qui disait : « Ici repose le cœur de Voltaire ».
Notre écrivain expliqua à qui voulait l’entendre avoir pris la décision insensée de desceller le socle et de voler le cœur de son illustre confrère !
Bien sûr cet incroyable outrage n’eut jamais lieu sinon dans son imagination, mais il avait réussi son bel effet convaincant puisque même le serrurier et les gardiens de la BNF vinrent quand même vérifier, le cœur battant, si l’intégrité de la statue avait été respectée ! Voltaire aurait beaucoup ri de cette blague de potache puisque dans sa satire « Les Cabales » le célèbre philosophe a écrit : « L’intérêt que j’ai à croire une chose n’est pas une preuve de l’existence de cette chose. »

C’est pour cette raison que je prends également au pied de la lettre le titre que François-Henri Désérable a choisi pour son quatrième livre. Même s’il ne prétend pas, par une autre assertion avoir eu un lointain aïeul canadien qui s’appelait à l’origine « des érables », cet hockeyeur un brin taquin et blagueur, qui aime bien le sirop savoureux de ces arbres, reste malgré tout à mes yeux, par son imagination créatrice et sa poésie sous-jacente, mon maître et mon vainqueur dans le domaine de la littérature.
Pour la raison que je trouve la plus essentielle : celle d’avoir réussir la prouesse d’anoblir avec talent le hockey sur glace français grâce à sa notoriété que lui a donné depuis dix ans la publication de ses ouvrages. Et aussi grâce à une de ses citations qui explique mon admiration pour cet hockeyeur quand il dit : « La littérature sort les gens du tombeau. Il n’y a que l’art qui puisse ainsi ressusciter les morts. »

Le philosophe Friedrich Nietzsche a dit un jour « la vie sans musique serait une erreur », je complète ce bel énoncé métaphysique en ajoutant à mon compte que le hockey sur glace français, sans les livres de François-Henri Désérable, serait un malentendu.

 



Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 

 
 
Lieu : Media Sports LoisirsChroniqueur : Tristan Alric
Posté par Christian Simon le 16/03/2023 à 11:00
 
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Réactions sur l'article
 
sam ouraille a écritle 02/04/2023 à 08:36  
Effectivement nous pouvons constater beaucoup de métaphores, on ne peut que féliciter l'auteur de cette tribune pour sa prose, une écriture dans un langage plutôt châtier. Une petite remarque sur le secteur du livre en France, après une certaine morosité ces dernières années, les mangas, les BD voire les romans tirent le secteur vers le haut depuis quelques temps, malheureusement la lecture sur support papier ne fait pas encore partie des moeurs ou des coutumes pour beaucoup et c'est bien dommage !
Crew007 a écritle 28/03/2023 à 11:14  
L'auteur de cette tribune a été visiblement très inspiré en nous offrant, pour notre plus grand plaisir, un florilège de métaphores avec des double-sens et des jeux de mots très astucieux.
Le mélange des termes entre le hockey sur glace et la littérature m'a fait beaucoup rire comme lorsqu'il dit concernant l'écrivain originaire d'Amiens que le Picard aimait jusqu'ici uniquement le surgelé...
Autre bon moment de lecture quand l'auteur dit que l'écrivain représentait déjà un poids respectable dans sa nouvelle activité de romancier puisque c’est l’équivalent de 187 livres selon la mesure anglo-saxonne...
Bref, ce long article est un réel plaisir à lire avec des double-sens hilarants dans presque chaque ligne. De plus, la double carrière de François-Henri Désérable méritait bien un éloge aussi réussi !
 
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