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Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric
Hockey sur glace - 69 / LA RÉVOLUTION DE PALET DE GERBEAU
 
Le président de la FFHG veut changer le système de formation des joueurs dans le hockey sur glace français. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, a recueilli ses explications qui témoignent de la volonté d’un homme et d’une équipe déterminés à bousculer les habitudes.
 
 

Tribune N°69

 
-   LA RÉVOLUTION DE PALET DE GERBEAU   -
 
La ville de Londres nous as-t-elle envoyé un homme providentiel ? Qu’on aime ou pas Pierre-Yves Gerbeau, il faut reconnaitre, sans faire preuve de complaisance à son égard, que depuis sa nomination il y a cinq ans, d’abord comme vice-président exécutif de la FFHG, puis comme président en exercice, l’ancien international tente de faire « bouger les lignes » dans nos patinoires. Ses méthodes de management, très innovantes, et son franc-parler qui n’est pas toujours politiquement correct, provoquent inévitablement des réactions en tous genres. Mais sa marche en avant à pas forcés, un peu à la hussarde, va-t-elle permettre au hockey sur glace français de sortir enfin par le haut et en finir avec son anonymat médiatique ?

L’avenir nous le dira. Quoi qu’il en soit, cet homme d’affaires, spécialiste de reprise d’entreprises en difficulté et patron d’un projet de parc d’attraction colossal, essaye visiblement de mettre son expérience professionnelle au service de notre de discipline devenue aux yeux des journalistes les moins impliqués un peu trop « exotique ».
Du coup, Pierre-Yves Gerbeau se lance parfois dans des déclarations qui peuvent paraître sportivement saugrenues mais qu’il assume totalement. Comme celle qui concerne l’équipe de France senior masculine lorsqu’il dit avec une étonnante conviction qui peut paraitre volontairement un peu provocante :
« A long terme notre objectif, c’est que notre sélection nationale soit dans les huit meilleures nations du monde plutôt que dans les seize qui forment actuellement les deux groupes du Mondial élite. Oui, c’est bien l’objectif ambitieux que mon équipe dirigeante a porté lors des dernières élections fédérales. J’assume que c’est un vrai changement, je peux même dire une révolution ! »

Lors de sa prise de fonction, l’entraîneur national Philippe Bozon avait déclaré à juste titre : « Je veux dans ma sélection des joueurs qui viennent uniquement pour mouiller le maillot ! ». Evoquant ce souhait fort louable, je fais observer au président de la FFHG que lors du dernier Mondial à Tampere cela resta un vœu pieux puisque ce ne fut visiblement pas le cas. Notamment lors des cuisantes défaites concédées contre la Suède (4-0), les Etats-Unis (9-0) et l’Allemagne (5-0). Pierre-Yves Gerbeau n’élude pas ces défaillances.
« Il y a bien sûr ces trois raclées qui ont pu choquer par leur ampleur. Mais c’est surtout dans les matches de chiffonniers décisifs qu’on fait un blocage psychologique. Sans parler d’un manque évident de discipline avec les trois expulsions de Texier contre l’Autriche, Claireaux contre le Danemark et de Farnier contre l’Allemagne. Cependant, il faut quand même temporiser l’analyse car notre sélection tricolore, qui a réussi malgré tout à se maintenir dans l’élite mondiale, et c’était l’essentiel, est désormais formée par des jeunes dont la majorité à moins de 23 ans. Je vais vous surprendre, mais malgré les apparences ma plus grande satisfaction lors de ce Mondial, c’est l’esprit collectif de ce groupe que j’ai vu. »
Avant d’ajouter cependant un dernier tacle :
« Il faut résoudre le problème de nos gardiens de but car il nous manque un titulaire vraiment dominant comme ce fut le cas à l’époque avec Fabrice Lhenry et Cristobal Huet. »

Alors, quelles solutions propose Pierre-Yves Gerbeau pour que nos équipes nationales ne soient plus systématiquement dans une situation d’urgence lors de leurs divers championnats du monde ? Comme ce fut notamment le cas pour les juniors U18 qui ont été relégués cette année et pour leurs aînés qui ont eu une fois encore très chaud à Tampere ?
« Je vais être très clair concernant nos jeunes U18. Il ne faut pas se chercher des excuses. Nous ne sommes pas contents du tout car ce fut un véritable naufrage ! Il va falloir recadrer sérieusement les choses... Ceci dit, la solution se trouve dans une refonte beaucoup plus globale du mode de formation du hockey Français et nous sommes en train justement de la mettre en place comme je l’expliquerai lors de l’assemblée générale. »

Même s’il accepte de lire des critiques parfois sévères sur les réseaux sociaux, « qui viennent souvent de la part des yakafokon qui pensent avoir la recette miracle » dit le président de la FFHG, ce dernier n’apprécie visiblement pas qu’on accuse son équipe fédérale d’immobilisme et de gérer uniquement les affaires courantes sans perspective à long terme.
« Faut arrêter avec ça ! Nous avons totalisé cette saison pas moins de 30 heures de visioconférences avec 60 clubs qui ont participé à nos débats. Vous appelez çà de l’immobilisme ? Je crois que les gens ne se rendent pas encore bien compte que l’on va assister à un véritable changement de notre système. Pour devenir beaucoup plus performant, notamment au niveau international, nous allons mettre en place un tunnel de performance dans lequel nos hockeyeurs devront passer systématiquement. Pour faire très court, en 2024 il y aura quatre pôles espoirs qui accueilleront les 80 meilleurs joueurs français U18, c’est-à-dire Grenoble, Rouen, Angers et le regroupement HC74. Notre démarche est le résultat d’une stratégie bien pensée. Il faut créer dans notre discipline beaucoup plus d’adversité et d’émulation pour que nos joueurs ne soient plus apeurés au niveau international. Donc, en plus de ces quatre pôles espoirs, il y aura bien sûr l’apport indispensable de toutes les autres structures de formation de nos clubs. »


Interrogé par ailleurs sur l’annonce de l’arrivée inattendue du club des Spartiates de Marseille dans la Ligue Magnus la saison prochaine, Pierre-Yves Gerbeau répond :
« La perte du club de Mulhouse est une tristesse dramatique pour nous car c’est un fief important qui disparait du haut niveau. Je sais que beaucoup de gens critiquent actuellement cette promotion de Marseille en arguant du fait que le club a fini uniquement dans le bas de la Division 1 et qu’il bénéficierait d’un passe-droit. Sans parler du fait que les deux fils de Luc Tardif sont aux principales commandes sportives. Du coup, ça jase et on élabore des scénarios totalement fantaisistes. Alors, je vais être une fois de plus très clair. J’ai été élu avec une gouvernance d’une transparence totale. Oui, je reconnais que c’est déplorable d’être obligé d’aller chercher le onzième de la Division 1 mais ceux qui étaient devant au classement ont refusé la promotion. J’ai d’ailleurs dit à Epinal le champion de France cette saison de se structurer le plus vite si possible. C’est emmerdant mais nous n’avons pas pu faire autrement car avec seulement onze clubs dans la Ligue Magnus il y avait une perte économique importante. Là où je suis tranquille comme Baptiste, c’est que les dossiers concernant cette affaire ont été validés dans les règles par les différents organismes de contrôle. Il y a eu des procédures complètement transparentes. La « maison de verre », comme vous l’aviez demandé dans une de vos tribunes concernant notre fédération, elle est là. Personne n’a été pris en traitre. Je suis donc d’une sérénité extrême ! Il faut maintenant que le hockey sur glace français reprenne sa marche en avant avec une nouvelle politique et en ayant des ambitions qui peuvent paraître pour le moment un peu trop ambitieuses. »

 

TEMPLE DE LA RENOMMEE DE LA FFHG 2023

Personnalités

Denis Perez
Guy Dupuis
Alain Vignais
Lydie Breton
Céline Parmentier

Bâtisseurs

Thierry Chaix
Dominique Durand
 
Comme depuis sa création en 2008, Tristan Alric sera chargé de présenter les carrières des différents élus lors d'un dîner de gala qui se déroulera la veille de l'assemblée générale de la FFHG qui aura lieu le samedi 17 juin à l'Aren'ice.
 

 
 


Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 

 
 
 
Lieu : Media Sports LoisirsChroniqueur : Tristan Alric
Posté par Christian Simon le 10/06/2023 à 11:00
 
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