- LA FFHG EST AMBITIEUSE MAIS ÉCONOME ! -
Le « menu » de l’assemblée générale de la FFHG, qui s’est tenue le samedi 17 juin dans l’Aren’Ice de Cergy, a été comme prévu très copieux. Mais il fut captivant et a retenu l’attention de tout le monde compte tenu des nombreux changements - certains que l’on peut qualifier d’historiques - qui avaient été annoncés par nos dirigeants fédéraux. D’autant que ces derniers étaient venus rendre leur copie et la soumettre au vote des présidents de clubs après plusieurs mois de réunions préparatoires très studieuses.
Pour que mon compte-rendu soit digeste, je vais tenter de résumer le plus brièvement possible les principales décisions qui ont obtenu une grande adhésion puisqu’elles ont été actées, il faut le noter, à l’unanimité lors de cette assemblée générale annuelle.
Pour poursuivre ma métaphore culinaire, je vais commencer à mettre d’abord en appétit mes lecteurs avec divers « amuse-gueules » offerts d’entrée aux 60 présidents de club amateurs ou professionnels qui avaient fait le déplacement jusqu’au siège fédéral de Cergy.
Premier amuse-bouche dégusté par l’auditoire : la FFHG a annoncé qu’elle vient d’établir un record historique en enregistrant un total de 23 377 licenciés ce qui lui a permis de rattraper, puis de dépasser largement, la baisse de moins 15 % qui avait été provoquée par la pandémie mondiale de la Covid.
Par ailleurs, le président Pierre-Yves Gerbeau, qui a joué avec conviction le rôle de maître d’hôtel, a fait savoir que deux importantes personnalités de l’arbitrage issues de la NHL, Pierre Racicot et Stéphane Auger, viendront aider la FFHG à mettre en place un nouveau plan d’action dans le domaine qui concerne plus spécialement nos referees dès la fin de cette année.
Côté finances, la dernière addition a pu être réglée et ne boudons pas notre plaisir puisque la FFHG a dégagé dans son exercice comptable un bénéfice - certes très modeste - mais bien digeste de 4650 euros alors que dans la fédération avait fait voter un budget négatif de 150 000 euros.
Pour poursuivre ces agapes verbales, le président a annoncé avec une satisfaction non feinte une fréquentation en hausse générale des spectateurs lors des matches de hockey sur glace disputés dans les quatre niveaux de nos championnats de France, à savoir la Ligue Magnus, la Division 1, la Division 2 et la Division 3. Ce nouvel engouement public s’est traduit selon les divisions par une augmentation des ventes de billets entre 17 % et 22 %. Ce constat confirme que même si le hockey sur glace est encore considéré en France par certains observateurs un peu condescendants comme un sport « exotique », le taux de sympathie à son égard et surtout son attraction ne se dément pas dans nos diverses patinoires. Sans parler de la finale de la Coupe de France à Bercy qui rencontre chaque fois un très grand succès populaire.
Côté médiatisation justement, un domaine qui reste la préoccupation de notre sport, la FFHG vient de faire appel comme consultant à Arnaud Simon ancien directeur général d’Eurosport France pour améliorer la plateforme de streaming ainsi que la production technique sur la Ligue Synerglace Magnus. A cela il faut ajouter l’augmentation de mise en place de caméras automatiques dans les patinoires de la Division 1 et de la Division 2. Le but est de permettre à terme que la FFHG puisse proposer sa propre production clé en mains au lieu de devoir payer, comme c’est le cas actuellement, 270 000 euros par saison pour diffuser du hockey sur glace sur la chaîne Sport en France créée en 2019 par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF).
Enfin, un nouveau sponsor « textile » a été annoncé au sein de la FFHG avec l’arrivée de la marque danoise Hummel un équipementier sportif danois basée à Aarhus au Danemark. Elle est spécialisée dans les articles de sport, notamment jusqu’ici pour le handball et le football. Ce nouveau partenaire assurera désormais l’habillage hors glace de nos divers joueurs et joueuses de niveau international.
Toutefois la marque CCM, leader mondial de l’équipement de hockey sur glace, représentée en France par Christophe Ville, a renouvelé son partenariat pour les quatre prochaines années et la société I.C.E. de l’ex-international tricolore continuera donc à apporter son aide logistique en tant qu’équipementier officiel. Tout comme la fidèle société Daikin qui reste un partenaire principal de la FFHG et de l’équipe de France.
Passons maintenant à des « mets » beaucoup moins digestes puisque la président Gerbeau n’a pas caché que notre discipline vient de subir une érosion de son partenariat, notamment concernant le sponsor officiel Synerglace de la Ligue Magnus qui a réduit son aide en diminuant sa participation. Toutefois, la société dirigée par Philippe Aubertin reste fidèle à ses engagements malgré un contexte économique moins favorable.
Une autre annonce qui a donné un petit goût amer au palet : l’augmentation du coût de la location du siège fédéral situé dans l’Aren’ice de Cergy avec une charge supplémentaire dû au coût de l’énergie de 140 000 euros car la fédération n’est pas propriétaire des lieux.
Bref, si Pierre-Yves Gerbeau se montre résolument optimiste pour l’avenir, il a voulu jouer malgré tout la transparence complète en annonçant que le budget prévisionnel de la FFHG risque d’être éventuellement négatif dans le prochain exercice avec une perte estimée à 350 000 euros si on n’y prend pas garde car la marge de manœuvre de la fédération est étroite avec un budget global de fonctionnement qui s’élève à un peu plus de 6 millions d’euros seulement.
« Heureusement, il n’y a pas le feu au lac ! a rassuré Pierre-Yves Gerbeau. Nous ferons en sorte de trouver des solutions pour ne pas être à nouveau en déficit même si la situation financière de la FFHG nous oblige à faire des économies et mettre un coup d’arrêt provisoire à certains investissements. »
La promotion 2023 du Temple de la Renommée avec, de gauche à droite, Céline Parmentier, Lydie Breton, Denis Perez, Dominique Durand, Alain Vignais et Guy Dupuis. Il manque juste Thierry Chaix parmi les sept membres intronisés.
UNANIMITÉ POUR MODIFIER LES CHAMPIONNATS
Mais le sourire est vite revenu sur les visages des présidents de clubs lors du plat de résistance avec les annonces ambitieuses pour ne pas dire spectaculaires faites conjointement par Pierre-Yves Gerbeau, Rodolphe Intsaby puis la DTN Christine Duchamp. En effet, ces derniers ont présenté avec force de détails le grand projet élaboré en amont pour garantir le développement du hockey sur glace français jusqu’à la fin de la mandature qui interviendra en 2026.
Il faut noter que ce projet, qui fut longtemps débattu et conçu après plus de 110 heures de travail et de visioconférences avec 60 clubs, a été approuvé à l’unanimité ce qui est une performance à mettre au crédit de tous les protagonistes engagés dans cette grande réforme.
Pour résumer ce projet, sans se perdre dans les divers détails assez complexes, je compare son organigramme à un vaste réseau d’une grande gare ferroviaire avec de nombreuses lignes de parcours (sportifs dans le cas du hockey) qui se rejoignent parallèlement avec des arrivées plus étalées dans la saison sur leurs différents heurtoirs.
Autrement dit, à compter de la saison 2024-2025.
La FFHG décernera au total le nombre impressionnant de 52 trophées chaque fin de saison ! En effet, un trophée sera automatiquement décerné à tous les clubs qui auront fini en tête de la saison régulière avant que ne débutent les diverses séries finales à l’issue desquelles le trophée traditionnel du champion national sera remis au vainqueur et cela dans toutes les catégories.
Par ailleurs des « aiguillages » supplémentaires - pour reprendre l’image ferroviaire - seront créés afin de valoriser le hockey sur glace amateur pour que tous les joueurs puissent continuer à jouer jusqu’à la fin du mois d’avril avec également une récompense sportive sous la forme d’un trophée comme objectif motivant.
Il y aura aussi parallèlement une nouvelle compétition à 3 contre 3, baptisée « La fête du hockey », qui regroupera dans un même lieu plusieurs équipes. Les féminines auront également l’occasion de jouer une compétition annexe avec ce format réduit.
Dans ce nouveau projet concernant les divers championnats de France, la Division 1 comprendra seize équipes, la Division 2 vingt équipes divisées en deux poules de dix et la Division 3 comprendra entre 28 et 36 clubs au total.
L'évolution à 16 clubs de la Divivion 1 à l'issue de la saison 2023-2024 se fera selon une formule transitoire, à savoir :
- 2 montées de la D2 à la D1 + le vainqueur du barrage 14ème de D1 vs 3ème de D2
- 3 montées de la D3 à la D2 + 1 descente de la D2 à la D3
A noter que c’est la Division 3 qui sera l’objet des plus gros changements. En effet, il y aura un groupe unique regroupant tous les clubs engagés à ce niveau mais, détail important, toutes les équipes ne se rencontreront pas systématiquement. Car le calendrier de la nouvelle formule favorisera les matches « géographiques » et il se basera sur le principe suivant : 16 matches en aller-retour pour toutes les équipes engagées et il pourra y avoir jusqu’à trois matches possibles contre un même adversaire avant les play-offs selon la configuration locale du championnat. Ceci pour étoffer le calendrier mais aussi pour éviter à un club de Division 3 d’effectuer de longs déplacements coûteux comme, par exemple, un Anglet-Brest (832 kilomètres) ou un Wasquehal-Brest (760 kilomètres).
A noter enfin que le Trophée fédéral qui concerne le hockey loisir reste identique dans son déroulement mais en parallèle il y aura désormais la mise en place d’un calendrier de tournois loisirs régionaux sans classement avec un total de six à huit rencontres. Par ailleurs, les féminines, en plus du championnat de France habituel à 5 contre 5, auront une compétition supplémentaire à 3 contre 3 et il n’y aura plus d’équipes féminines de ligues.
Quant au Para-hockey deux titres seront en jeu dans la saison : celui du championnat (dont ce sera la troisième édition) et celui de la Coupe de France.
Je laisse le dernier mot de conclusion au président Pierre-Yves Gerbeau qui a confié : « Cette assemblée générale a été un moment très important pour présenter un bilan de nos actions et surtout valider nos plans stratégiques. L’unanimité des clubs pour soutenir cette grande réforme est une grande fierté pour tous nos dirigeants nationaux car nous avons échangé et travaillé de manière extrêmement intense avec l’ensemble de nos clubs et les parties prenantes sur ces réformes. Pour moi cette assemblée générale est à marquer d’une pierre blanche devant un tel consensus car elle a été une étape de validation cruciale qui va nous permettre de faire encore avancer le hockey sur glace français. »
Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.