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Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric
Hockey sur glace - 75 / LIGUE MAGNUS : UNE CRÉATION TRÈS FRAGILE !
 
Plusieurs clubs de la Synerglace Ligue Magnus ont connu des problèmes financiers ces dernières années qui jettent un doute sur l’avenir de ce championnat élite. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, rappelle la chronologie des faits pour ne pas mésestimer le problème et éviter si possible un danger réel dans l’avenir.
 
 

Tribune N°75

 
 
-    LIGUE MAGNUS : UNE CRÉATION TRÈS FRAGILE !    -

Pour commencer par un point positif, je rappelle que c’est au mois de septembre 2004 que notre championnat de France professionnel a adopté définitivement son nouveau nom officiel de « Ligue Magnus ». Une décision qui fut sans nul doute nécessaire et très perspicace ! En effet, on se souvient des nombreux noms provisoires que l’on avait vu défiler auparavant sur un rythme soutenu concernant le championnat de France senior élite. Des changements incessants qui désorientaient le grand public et les médias.
Avant la Ligue Magnus il y a eu d’abord le fameux « Super 16 » qui en réalité ne réunissait que 15 clubs seulement ! Mais auparavant, on a eu droit aussi à la « Division élite », la « Ligue Elite », la « Nationale 1 A », le « Championnat Elite », la « Nationale 1 », la « Ligue Nationale » et la « Nationale A »…
Le premier nom adopté dans l’histoire du championnat de France senior, qui fut au siècle dernier la « Première Série », aura eu le grand avantage de rester le même de 1907 à 1973, soit pendant une durée de 66 ans !

Bref, l’adoption de l’appellation « Ligue Magnus », qui faisait volontairement référence à la Coupe Magnus, fut une belle avancée sur le plan de la communication car on savait désormais de quoi il s’agissait concernant le championnat de France senior élite.
Mais l’urgence de la nouvelle FFHG lorsqu’elle devint indépendante en 2006, fut surtout de stabiliser avant tout les finances et les structures de la nouvelle Ligue professionnelle qui est la « vitrine » sportive de notre discipline.
La création d’une Commission de contrôle indépendante pour valider les clubs avant le début de chaque saison, fut là encore une décision très constructive pour éviter les dérapages et les excès.

Puisque nous avons aujourd’hui une expérience et un recul de 20 saisons au total concernant notre championnat professionnel, force est de constater que l’équilibre et la continuité de la Ligue Magnus s’avèrent toujours délicats. C’est pour cette raison que dès le début de ma collaboration avec le site Hockey Hebdo (au mois de février 2020), j’avais choisi comme titre de ma deuxième Tribune une question volontairement provocatrice qui disait : « Une ligue professionnelle est-elle viable ? »
Mon interrogation reste à mon avis toujours d’actualité même si je dois nuancer aujourd’hui mon interrogation.


Evolution des logos de la Ligue Magnus depuis sa création en 2004
 
Entendons-nous bien, je parle ici de la viabilité en France d’une véritable ligue professionnelle de hockey sur glace digne de ce nom ! Car en tant qu’observateur attentif du hockey sur glace français depuis un demi-siècle, mais surtout depuis les 20 saisons qui viennent de s’écouler sous l’appellation définitive de « Ligue Magnus », je continue à penser que notre championnat professionnel, qui n’a cessé d’être victime de plusieurs convulsions à répétition, est une création encore très fragile dont l’avenir reste toujours délicat, même si je croise les doigts pour sa réussite.

Pour ceux qui ont la mémoire courte, je rappelle l’expérience avortée et traumatisante de l’ancienne « Ligue Elite » professionnelle indépendante qui a dû s’interrompre après seulement quatre saisons d’existence entre 1997 et 2001. Je raconterai d’ailleurs un jour en détail les raisons de cet échec survenu dans des conditions assez rocambolesques.
Mais en attendant, pour ne pas reproduire la même erreur avec notre deuxième ligue professionnelle qui est actuellement en fonctionnement, et pour prouver la raison de mes inquiétudes actuelles sans tomber dans un catastrophisme excessif, je vais être obligé de retourner « la crosse dans la plaie » de mes lecteurs en évoquant ci-dessous des faits chronologiques que l’on doit toujours garder en mémoire.


  DES CONVULTIONS À RÉPÉTITION   


2005 : CLERMONT-FERRAND SE SABORDE

Cette année-là, le nouveau championnat de France de la « Ligue Magnus » s’avéra être une rude épreuve pour la vaillante équipe senior de Clermont-Ferrand qui termina la saison régulière à une discrète treizième. Décidément ce fut une saison de triste mémoire puisque le grossissement inexorable du déficit et le manque de soutien financier des collectivités locales finirent par avoir raison de l’énergie déployée par l’ancien président Didier Triouleyre. Ce dernier sera contraint, la mort dans l’âme, d’arrêter les frais et de dissoudre le CAHC après treize ans d’existence. En effet, le Clermont-Auvergne Hockey Club déposa son bilan au cours du mois de mai 2005, suite à la liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand, au regard des graves difficultés financières connues par le club qui avait un déficit de près de 200 000 euros.


2005 : LE CHAMPION ET LE FINALISTE DÉCHUS !

Un an avant la création de la FFHG indépendante, l’ancienne Autorité Exécutive du Hockey Français (AEHF) annonça en 2005 qu’elle invalidait le dossier présenté par le club de Mulhouse, pourtant sacré nouveau champion de France, car il présentait un passif supérieur à 250 000 euros. Quelques jours après, le montant du passif s’alourdit encore à cause d’une pénalité de 50 000 euros infligée à Mulhouse pour son dépassement de la masse salariale. C’est ainsi que le roman noir de l’été 2005 s’acheva par une fin désolante puisque la décision finale tomba comme un couperet, à savoir que le club de Mulhouse, champion en titre, fut rétrogradé en Division 3.

Pour couronner le tout, on apprit au mois de juin 2005 que le club de Tours, autrement dit l’adversaire de Mulhouse en finale, ne serait pas validé également en ligue Magnus pour la saison suivante à cause d'un passif financier trop important et pour non-respect des conditions budgétaires d'engagement de la saison écoulée. Ce fut un véritable coup de tonnerre qui retentit dans le petit monde du hockey sur glace français.
La commission fédérale de contrôle ayant posé comme condition au maintien du club de Tours en Ligue Magnus que son président Jean-Marie Bonneau et son trésorier Jean-François Paillet démissionnèrent, le 30 juin 2005 ces derniers ne voulurent pas aller jusqu’à l’épreuve de force et ils quittèrent donc leurs fonctions. Toutefois, les garanties envoyées par la mairie de Tours pour couvrir le déficit de 220 352 euros ne suffit pas à éviter la rétrogradation.


2006 : AMIENS DUREMENT SANCTIONNÉ

La mue professionnelle du club d’Amiens s’effectua en 2006 non sans quelques difficultés. Pour avoir dépassé la masse salariale autorisée et avoir remis son dossier à la Commission de contrôle fédérale avec près de deux mois de retard, le Hockey Club Amiens Somme fut condamné à 5600 euros d’amende et, surtout, à six points de pénalité. Suite à cet incident, le 15 septembre 2006, Christophe Laboureau préféra jeter l’éponge et son prédécesseur Patrick Letellier reprit à nouveau la présidence des Gothiques qui ont réussi depuis à retrouver fort heureusement une plus grande stabilité.


2007 : ANGLET QUITTE LA LIGUE MAGNUS

Alors que le club d’Anglet venait de fêter sa dixième saison professionnelle (Ligue élite, Super 16 puis Ligue Magnus), au court de l’été 2007, l’Hormadi subit un terrible coup du sort. Un redressement de l’URSSAF et surtout une menace de redressement fiscal, due à des comptes « perdus » et donc à des preuves manquantes, eurent raison de la place forte du hockey sur glace basque qui fut rétrogradés en Division 3 ce qui permit au club de Reims d’être repêché à sa place. Le plan de sauvetage annoncé, qui prévoyait que l’équipe senior d’Anglet puisse continuer à jouer en Division 1, avec des joueurs entièrement bénévoles et dévoués à l'Hormadi, ne suffit pas à convaincre la Fédération. Il faudra attendre jusqu’en 2018 pour que les « hockeyeurs des sables » reviennent dans la Ligue Magnus.


2007 : DIJON PREMIÈRE TURBULENCE

Cette année-là, la Commission Nationale de contrôle de gestion de la FFHG décida de reléguer le club de Dijon en Division 3, ce dernier ayant peiné pour fournir divers justificatifs financiers. Mais après de nombreux rebondissements, les Ducs furent réintégrés in extrémis dans la Ligue Magnus. Le grand espoir international Anthony Guttig, qui avait patiné tout petit sur les traces de son père et de son oncle, décida de rentrer au bercail après s’être aguerri avec les jeunes du club de Reims. Il ne s’attendait certainement pas à retrouver dans son club d’origine une situation aussi compliquée.
En effet, c’est avec trois semaines de retard que les joueurs de Daniel Maric entamèrent le championnat de France avec, de surcroît, une sanction de neuf points de pénalité au classement.
Toutefois, le club, qui fut soumis à un suivi budgétaire mensuel, fut contraint de se séparer de trois de ses renforts slovaques : le défenseur Lukas Martinka et les attaquants Jiri Jelen et Marian Ondracek. Le montant de leur transfert avait été jugé incompatible avec le déficit du club qui s’élevait à 55 000 euros.


2010 : LES DIABLES DE BRIANÇON DANS LE ROUGE

Les Diables des Hautes-Alpes eurent beau effectuer un parcours sportif exempt de tous reproches, en 2010, lors du lancement de la saison, les soucis financiers récurrents faillirent provoquer une relégation en Division 3. En une saison, le déficit officiellement annoncé n’était plus de 90 000 euros. En effet, à la fin de la saison sportive précédente le club dévoila lors de la présentation de ses comptes à la CNSCG un actif net négatif de 240 000 euros… Inutile de dire que le club de Briançon dut donner des garanties solides à la FFHG et accepter d’être sanctionné pour pouvoir continuer.
L’équipe du nouveau président Sébastien Sode, qui avait repris les rênes du club au mois de juillet (avec le soutien de Luc Rougny et des actionnaires de la SASP Grand Briançonnais Hockey), avait été réintégrée de justesse en Ligue Magnus après avoir été exclue de la Coupe de France et du match des champions.
On connait la suite, le club de Briançon a évoqué à plusieurs reprises les années suivantes son désir de se retirer de la Ligue Magnus sans pour autant s’y résoudre.


2014 : UNE AMENDE AUSSI POUR ANGERS

Suite à la décision de la commission fédérale d’appel, concernant le retard de règlement de l’engagement pour la saison, le président du club d’Angers, Michaël Juret, souhaita apporter quelques précisions : « Notre club doit s’acquitter de différents frais à la fédération, notamment les frais d’engagements et les participations des licences. Le club a réglé partiellement 7 000 euros sur 20 330 euros des frais d’engagements, ainsi que la totalité des sommes dues pour les licences, environ 30 000 euros comme les autres années. La fédération a décidé d’envoyer le club d’Angers devant la commission de discipline de première instance suite à cette dette non réglée au début du championnat. Le club d’Angers a ainsi été condamné à régler la somme de 13 330 euros avant le 13 février, sous peine d’exclusion du championnat. »


2014 : VILLARD-DE-LANS JETTE L’ÉPONGE

Lors du coup d’envoi de la saison 2014-2015, les obligations imposées par la professionnalisation progressive de la Ligue Magnus n’étaient plus compatibles avec la structure associative de Villard-de-Lans qui a donc renoncé à y poursuivre son activité. Le Bureau directeur de la FFHG a alors entendu Louis Smaniotto, président nouvellement élu de Villard-de-Lans, qui présenta les objectifs sportifs et financiers de son association pour une participation au sein de la Division 2.
L’ancien président Daniel Huillier qui finançait le club déclara : « Le Comité Directeur acte que la structuration de la Ligue Magnus exigée par FFHG et les coûts engendrés ne seront plus compatibles avec nos moyens financiers et nos structures actuels. La structure associative d’aujourd’hui ne correspond plus au cahier des charges décidé par la FFHG, le passage en société sportive devient obligatoire, assorti d’un manager général, une secrétaire à plein temps, un staff médical identifié, un préparateur physique identifié, bref d’une structure professionnelle ! Une page d’histoire se tourne, mais le hockey Villardien va continuer d’exister. »


2015 : LE DÉBUT DE LA FIN POUR ÉPINAL


Après analyse du dossier et après avoir entendu les explications du club d’Epinal, le Bureau Directeur de la FFHG prit les décisions suivantes : le club spinalien fut sanctionné d’une interdiction de participation à la Coupe de France 2015-2016. Par ailleurs, le club d’Epinal se vit infliger un de retrait de trois points en Ligue Magnus correspondant aux points attribués en cas de victoire obtenue dans le temps réglementaire. Il était précisé que ces trois points furent déduits du nombre de points obtenus lors de la saison régulière 2015-2016 du championnat de Ligue Magnus.
On connait la suite puisque deux ans plus tard la SASP Gamyo Epinal se déclara en faillite et le club disparut du championnat professionnel de la Ligue Magnus.


2016 : GRENOBLE FORTEMENT SECOUÉ

A la fin du mois de mai 2016, le club de Grenoble publia un communiqué dans lequel on pouvait lire : « La SASP GMH 38 tient à préciser qu’après un entretien préalable à la présentation de ses comptes auprès de la commission de contrôle et de gestion de la FFHG, cette dernière a constaté l’existence de difficultés financières liées à différents contrôles fiscaux et sociaux qui sont toujours en cours. Dès lors la commission de contrôle et de gestion a décidé de placer la masse salariale de la SASP sous contrôle pour la saison 2016-2017… »
Le Bureau directeur décida à l’unanimité de renvoyer l’ancienne Présidente en exercice au moment des faits reprochés, Mme Carrel-Magnan, devant la commission disciplinaire de première instance pour dissimulation de pièces officielles ayant faussé l’analyse de la situation financière réelle du club. Il décida également de sanctionner le club d’un retrait de six points dans le championnat de la Ligue Magnus pour la saison 2016-2017, et de sanctionner aussi le club d’une interdiction (avec sursis) de participation à la Coupe de France pour une durée de deux ans.


2016 : BREST RESTE EN RADE

Au début du mois de juin 2016, le site internet de la Fédération française de hockey sur glace créait l’étonnement en publiant un communiqué officiel dans lequel on pouvait lire : « La FFHG a reçu ce jour un courrier co-signé des présidents de l’association et de la SASP des Albatros de Brest, dont copie à Mr Le Maire de Brest, informant la fédération que ce club renonce à participer à la Ligue Magnus pour la saison 2016-2017, pour laquelle il s’était sportivement qualifié. Le club de Brest demande par ailleurs à la FFHG, en conséquence, de permettre à son équipe d’intégrer une autre division. Il exprime également son souhait de voir cette équipe être inscrite en Division 1 pour la prochaine saison. La FFHG prend acte du retrait du club de Brest de la Ligue Magnus, et des demandes qui en résultent. »
Brest avait du mal à suivre car il était le deuxième plus petit budget de la Ligue Magnus. Malgré sa trésorerie de petit poucet (957 000 euros, dont 294 000 de masse salariale), il avait tenté sa chance en Bretagne, une région où le hockey sur glace apparaîtrait presque incongru.


2017 : CHAMONIX QUITTE LA FUSION AVEC MORZINE

L’histoire retiendra que le club de Morzine-Avoriaz fut promu dans la cour des grands au mois de septembre 2004, au moment même où le championnat de France élite fut baptisé pour la première fois « Ligue Magnus ». Avec un budget global de 900 000 euros, le HCMA n’était pas mal loti. Outre la gestion du bar de la patinoire qui leur assurait un supplément de recettes, les dirigeants des Pingouins s’appuyaient sur un tissu local de 250 partenaires. Leur aventure en Ligue Magnus durera 13 ans avant d’être obligés de faire une entente avec Chamonix pour survivre.
Mais la fusion régionale entre le club de Chamonix et de Morzine fut très éphémère dans la Ligue Magnus puisqu’elle ne dura qu’une seule saison. Le club de Chamonix, aux trente titres de champion, s’était allié pendant l’été 2016 avec la station de Morzine-Avoriaz pour former des nouveaux « Pionniers » soi-disant plus solides financièrement. Malheureusement, l’union entre les deux stations de la Haute-Savoie, trop distantes géographiquement pour fidéliser un public, tourna au fiasco. L’équipe issue de la fusion ayant fini bonne dernière, elle fut reléguée sur fond de tensions entre dirigeants. Du coup, la commune de Morzine a décidé de s’en désengager et seul le club de Chamonix reprit le flambeau un peu plus tard en élite.


2017 : CETTE FOIS DIJON DISPARAIT

Déjà en 2015, la Commission fédérale d’appel obligea le club de Dijon à payer une amende de 15 600 euros pour non-respect de son budget prévisionnel et s’acquitter d’une dette de 24 000 euros contractée auprès de la FFHG.
Le verdict tomba deux ans plus tard, le 29 juin 2017 : les Ducs de Dijon ne furent pas validés par la CNSCG pour le maintien du club en « Saxoprint » Ligue Magnus.
Le Président Fabien Geantet sortit enfin de son silence le 5 juillet suivant, lors d’une conférence de presse ouverte également aux joueurs et aux supporters du Club en compagnie d'Olivier Ritz, président de l'association du DHC pour le Hockey mineur pour annoncer la mauvaise nouvelle. Fabien Geantet estima que la nouvelle formule de la Saxoprint Ligue Magnus était trop difficile à supporter financièrement et que la structure des Ducs était insuffisante. La FFHG décida d'interdire la participation du club de Dijon au championnat de la Division 2 comme il le souhaitait ainsi qu’à la Coupe de France.


2018 : BORDEAUX A SON TOUR SANCTIONNÉ

A cause d’un déficit financier creusé la saison précédente, en 2018 le club de Bordeaux s’est vu d’abord interdire de participer à la Ligue Magnus par la Commission de suivi et de contrôle de gestion. Mais au cours de l’été, suite à l’audience de conciliation qui s’est déroulée à la fin du mois d’aout au CNOSF, la validation du club des Boxers de Bordeaux en Ligue Magnus fut confirmée.
Le club girondin fut validé sous condition de la signature d’un Contrat d’objectifs financiers mettant en place un contrôle rigoureux du club par la CNSCG.
Les Boxers furent également sanctionnés sportivement avec un retrait de neuf points au classement de la phase régulière de la saison 2018-2019 de la Ligue Magnus ainsi qu’une interdiction de participer à la Coupe de France de hockey sur glace 2018-2019 avec sursis.


2019 : LE CLUB DE LYON DISPARAIT

L'été 2008 avait été déjà très agité dans les couloirs de la patinoire Charlemagne. Comme l'année précédente, avant le coup d’envoi de la saison, la validation du club de Lyon fut très problématique en Division 2. Relégués par deux fois par la Commission de contrôle fédérale, les Lions ont fini par être repêchés par la commission d'appel. Cette décision, de sauver le club rhodanien, entraîna à l’époque la démission des membres de la Commission de contrôle qui se sont sentis lésés et n'acceptèrent pas que leur jugement de spécialistes puisse être inversé en appel par une commission constituée de dirigeants.
Or, dix ans plus tard, en 2019, la FFHG a décidé de ne pas à valider à nouveau la SASP LHC les Lions en Ligue Magnus qui fut cette fois effective à cause d’une gestion financière très « problématique », voire condamnable, qui obligea la troisième ville de France à évoluer plus modestement en Division 3.


2023 : MULHOUSE QUITTE LA LIGUE

Le 17 mai 2023, le club de Mulhouse, endetté de près de 300 000 euros, publia un communiqué alarmiste intitulé « À toute la famille du hockey mulhousien… ». Ce texte disait : « Si nous venons vers vous aujourd’hui, c’est le cœur serré, car le moment n’est pas aux réjouissances. Malgré les efforts menés depuis la fin de la saison pour nous permettre d’aligner sereinement notre équipe des Scorpions en Synerglace Ligue Magnus la saison prochaine, force est de constater que nous n’y arrivons pas. Le cœur nous pousse toujours à relever les défis, même les plus difficiles et c’est ce que nous faisons depuis plusieurs années. Mais cette fois, la marche semble trop haute. » En effet, à la suite d’une décision judiciaire, le club de Mulhouse fut contraint de se retirer pour la deuxième fois de la Ligue Magnus.


2023 : CERGY-PONTOISE RAPPELÉ À L’ORDRE

Juste avant le coup d’envoi de la saison actuelle, les Jokers de Cergy-Pontoise ont été lourdement sanctionnés par la Commission nationale de suivi et de contrôle de gestion en leur infligeant neuf points de pénalité et une amende de 15 000 euros. Toutefois, dans sa mansuétude, la CNSCG a allégé la sanction en accordant au club du Val-d’Oise, victime d’un déficit de plus de 340 000 euros, trois points avec sursis. Par ailleurs, il n’a pas eu à payer son amende qui fut assortie également de sursis.
Cette sanction fut motivée pour : « un non-respect des mesures d’encadrement avec un capital propre inférieur au capital social et un résultat financier déficitaire à l’issue de la saison. » Suite à ce constat préoccupant, la fédération a donc imposé aux Jokers « une reconstitution des capitaux propres à hauteur de la moitié du capital social au plus tard le 30 avril 2025 avec un résultat intermédiaire a minima de 189 000 euros au 30 avril 2024 »

 
   AU TOTAL SEIZE CLUBS ONT JETÉ L’ÉPONGE !


Lorsque l’on consulte la liste des clubs français qui ont évolué dans la Ligue Magnus entre 2004 et 2023, on s’aperçoit que 16 clubs au total ont tenté leur chance dans notre championnat professionnel avant de renoncer à poursuivre l’expérience. Ce fut le cas de Clermont-Ferrand, Dunkerque, Epinal, Dijon, Morzine-Avoriaz, Mulhouse, Tours, Villard-de-Lans, Caen, Mont-Blanc, Saint-Gervais-Megève, Neuilly-sur-Marne, Brest, Strasbourg, Lyon et la fusion Chamonix-Morzine.
Dans la grande majorité des cas la raison fut principalement financière et structurelle car la création d’une SAS professionnelle exige un cahier des charges très contraignant financièrement que ces clubs n’ont pas été capables d’assumer sur le long terme. Mais ce fut aussi parfois à cause de gestions « aventureuses » pour ne pas dire irresponsables et répréhensibles par la loi.
Je rappelle par ailleurs qu’à la fin de la saison dernière les neuf premiers clubs de la Division 1 ont tous refusé de monter dans la Ligue Magnus après le retrait de Mulhouse ! Il faut donc essayer de comprendre la raison de ce renoncement massif.

 
    LA FAUTE À QUI CES ÉCHECS RÉCURRENTS ?  


Si je rappelle dans cette tribune tous ces problèmes ce n’est pas par masochisme ! J’ai bien conscience que ce n’est pas bon pour l’image du hockey sur glace français de souligner à nouveau ces problèmes. Mais doit-on pour autant faire comme si rien ne s’était passé en mettant sans cesse « la poussière sous le tapis » ? Peut-on ignorer cette situation précaire en se disant à chaque fois « dormez tranquille, tout va bien » ?
J’ai bien conscience que le président de la FFHG, Pierre-Yves Gerbeau, ainsi que tous les membres élus de son nouveau Comité directeur font ce qu’ils peuvent pour maintenir en vie la Ligue professionnelle Synerglace Magnus car elle doit impérativement continuer à être la « vitrine » attractive pour notre sport favori.
C’est une question de survie médiatique ! Comme c’est le cas aussi au niveau international de la présence de l’équipe de France dans les championnats du monde élite, mais également aux Jeux olympiques, ce qui n’est malheureusement plus le cas pour les J.O. d’hiver depuis 2002.

Après le dernier épisode en date qui concerne le cas du recadrage financier drastique du club de Cergy-Pontoise, mon but est de mettre en exergue aujourd’hui qu’au-delà de la dure réalité économique de notre sport favori en France, c’est avant tout certains présidents de clubs - mais heureusement pas tous - qui doivent garder en tête qu’une bonne gestion d’une association, qui plus est sous la forme professionnelle, ne peut pas être une improvisation ou une partie de poker au niveau de la trésorerie. Un dirigeant responsable doit faire preuve au contraire d’anticipation et d’une grande rigueur financière.

Fort heureusement, je le répète, la plupart des présidents de clubs, actuellement en fonction, sont beaucoup moins « aventureux » que certains de leurs prédécesseurs. Toutefois, si l’hécatombe à laquelle nous avons assisté il y a quelques années s’est interrompue après des faillites en série, que doit-on penser après les quatre rechutes que l’on a observé récemment dans la Ligue Magnus ?
Les non-validation ou mises en liquidation judiciaire, de Dijon en 2017, d’Epinal en 2018, de Lyon en 2019 en fin de Mulhouse en 2023, prouvent que le danger existe toujours lorsqu’on tente un pari risqué sur le plan financier. La dernière preuve en date fut donc le cas des Jokers de Cergy-Pontoise qui ne doivent leur maintien en vie que grâce à un plan d’accompagnement exigé par la Commission Nationale de Suivi et de Contrôle de Gestion fédérale qui veille au grain.

Alors oui, je repose la question sous-jacente en forme de piqure de rappel : notre ligue professionnelle est-elle en danger ? Bien sûr, je ne le souhaite pas. Mais, reconnaissez qu’à force de « colmater les brèches » et de sanctionner régulièrement des clubs qui se mettent en péril, on ne peut pas écarter cette éventualité.
Pour l’instant, je dis avec une prudence sémantique dans le titre de ma Tribune que c’est une « création très fragile ». En effet, objectivement, notre Ligue Magnus continuera à exister malgré ces dérives regrettables, mais elle n’a pas encore été suffisamment consolidée alors qu’elle fête ses vingt ans d’existence sous sa dernière dénomination.

Vous allez dire sans doute que j’enfonce une fois encore des portes ouvertes et on me reprochera peut-être de jouer les oiseaux de mauvais augure pour faire le buzz. Malheureusement, c’est une réalité incontestable et je pense qu’il est nécessaire de rappeler cette exigence élémentaire à certains. Ma conviction avait été corroborée par le président Luc Tardif lui-même avant son départ pour diriger l’IIHF. Personne ne peut nier que sa parole compte puisqu’il était encore le trésorier de la Fédération internationale lorsque ce dernier m’avait alors confié : « Globalement les clubs français se comportent bien même s’il y en a toujours qui ne peuvent pas s’empêcher de tenter le diable… »

Je suppose que Pierre-Yves Gerbeau son successeur, qui est semble-t-il un homme d’affaire averti, doit penser la même chose. Mais la responsabilité des erreurs de gestion que j’ai évoquée chronologiquement plus haut - qui jettent une crainte pour la solidité de la Ligue Magnus - incombe entièrement à ces quelques présidents de clubs fautifs qui ne peuvent s’empêcher de faire parfois de la surenchère financière sans se soucier de l’avenir de leur club.
Pour le coup, sans vouloir faire preuve de complaisance à son égard, on ne peut rien reprocher à la FFHG qui se contente finalement de jouer uniquement le rôle ingrat du « gendarme » par le biais de la Commission nationale de suivi et de contrôle de gestion pour assurer la survie de son championnat professionnel.

Je laisse la conclusion à mon confrère Marc Branchu, également historien de hockey sur glace,  car il partage mes inquiétudes concernant la fragilité de la Ligue Magnus. Ce dernier a fait récemment une analyse identique concernant le championnat professionnel en disant :« Les anciens du hockey français commencent de plus en plus à comparer la Ligue Magnus actuelle à la situation qui prévalait jusqu’en 2002. A savoir, une Élite qui avait fini par mourir car restreinte à un petit nombre de clubs puissants que personne ne voulait rejoindre, et une Division 1 qui se satisfaisait de cette situation en se vivant comme un championnat sain et confortable, un petit entre-soi du samedi soir. Ce serait un retour en arrière difficilement justifiable pour les dirigeants fédéraux, car cela remettrait en cause plus de vingt ans de travail, destinés normalement à sortir de cette ornière. La Ligue Magnus a heureusement évolué depuis cette époque et la comparaison peut paraître injuste, mais il faut s’assurer qu’elle le reste et que les prédictions funestes ne se réalisent pas… »


 




Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 

 
 
 
Lieu : Media Sports LoisirsChroniqueur : Tristan Alric
Posté par Christian Simon le 02/11/2023 à 11:00
 
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