- GROSSE TEMPÊTE DE GLACE À LA FFHG ! - |
Deux événements inattendus et spectaculaires viennent de secouer très fortement l’équipe dirigeante de la Fédération Française de Hockey sur Glace. En effet, au cours du mois de décembre 2023, on a appris
l’éviction de la Directrice Technique Nationale, l’ancienne hockeyeuse
Christine Duchamp, qui était en poste depuis maintenant cinq saisons (2018).
Presque simultanément, la FFHG a annoncé également la
mise à l’écart immédiate du président de la Commission Arbitrage et Règles de Jeu (appelée plus familièrement la CARJ), l’ancien hockeyeur
Fabrice Hurth, qui dirigeait pourtant nos arbitres au niveau national depuis un long mandat de quatorze ans (2010).
C’est donc une véritable « tempête de glace » qui vient de souffler un froid glacial au sein de nos instances fédérales. Comment expliquer la survenue de cet happening soudain très spectaculaire ? En décidant de briser la glace avec perte et fracas, la FFHG ne veut plus visiblement « patiner sur place », mais au contraire continuer à aller de l’avant en essayant de se donner un second élan quitte à être obligée de trancher dans le vif.
C’est pour cette raison que deux hauts responsables de l’organigramme fédéral viennent donc d’être écartés sans ménagement. Du coup, au moment où débute la nouvelle année 2024, Christine Duchamp a été forcée de prendre la clé des champs tandis que Fabrice Hurth s’est heurté à son bilan qui était également très critiqué. Que va-t-il se passer désormais après ces deux coups de théâtre retentissants ?
On se souvient qu’au mois de juin dernier, lors de la dernière assemblée générale de la FFHG, le président Pierre-Yves Gerbeau avait annoncé clairement la couleur en parlant d’une véritable «
révolution de palet » concernant la politique de son nouveau Comité directeur. En utilisant ce jeu de mot habile le président a probablement fait sourire de nombreux observateurs qui trouvaient cette annonce imagée sans doute un peu trop prétentieuse. C’était bien mal le connaître !
Force est de constater que l’ancien hockeyeur international, installé à Londres depuis le début des années 2000, n’a pas traversé la manche pour faire de la simple figuration. « J’ai vendu mes sociétés et je suis désormais le président du hockey sur glace français à plein temps ! confie-t-il. Mon passé d’entrepreneur me permet financièrement d’être un bénévole très actif sur tous les terrains. »
Comme il l’avait annoncé, Pierre-Yves Gerbeau vient donc de lancer de façon impitoyable une véritable
révolution de palais - dans le vrai sens du terme cette fois - en prenant ces deux décisions radicales en accord avec tous les membres de son nouveau Comité directeur.
Le slogan de la ville de Cergy-Pontoise est bien explicite avec la mise à l’écart récente
de Christine Duchamp ainsi que de Fabrice Hurth. Portraits ci-dessus.
LA DIRECTION TECHNIQUE NATIONALE
Après une entrevue récente avec la directrice des sports au ministère, Pierre-Yves Gerbeau a donc mit un terme au mandat de l’ancienne DTN, non sans saluer son passé sportif. « Humainement, ce ne fut pas une décision facile à prendre, mais il y avait urgence ! dit-il. Nos budgets fédéraux, concernant la haute performance, le développement et la formation de nos internationaux, n’ont cessé d’augmenter bien au-delà de ce que nous donne le gouvernement.
Quand j’ai appris le 15 décembre dernier qu’une subvention ministérielle de 125 000 euros ne tomberait pas, il fallait réagir vite et fort car nous avons déjà 350 000 euros de fonds propres dans le rouge ! Or, Christine Duchamp n’est pas arrivée à se remettre en cause, c’est-à-dire faire la même chose avec un contexte plus restrictif. Comme dans ce secteur la fédération tourne comme ça depuis vingt ans, nous avons décidé de piloter désormais la direction technique de la FFHG en direct en attendant une date pour lui trouver un intérimaire puis faire ensuite un appel à une candidature. Mais, cette fois, il n’est pas question de chercher un successeur dans la famille du hockey sur glace ! Je vais être clair, le prochaine DTN, homme ou femme, sera obligatoirement issu de
l’extérieur de notre discipline. »
LA COMMISSION ARBITRAGE ET REGLES DU JEU
La deuxième « tempête de glace » est venue balayer aussi brutalement le domaine tout aussi sensible concernant l’arbitrage. En effet, après la mise à l’écart de Fabrice Hurth l'ensemble des prérogatives de la Commission Arbitrage et Règles de Jeu (CARJ) sont placées désormais sous la direction des deux québécois issus de la NHL,
Stéphane Auger (gestion des arbitres) et
Pierre Racicot (plutôt la formation des arbitres). Du coup, la CARJ est devenue maintenant une coquille vide jusqu'à la prochaine assemblée générale de la FFHG pour des raisons statutaires. Après la dissolution de l’ancienne LNAF, qui était « un état dans l’état » jugé trop indépendant à l’époque, nos arbitres, qui sont pourtant passés désormais sous la responsabilité directe de la FFHG, sont à nouveau secoués fortement dans leur structure propre.
Les arbitres de la NHL, Stéphane Auger et Pierre Racicot, sont désormais au chevet de
l’arbitrage français qui en a bien besoin.
« Même si humainement Fabrice Hurth est un bon gars, il a fait le mandat de trop ! explique sans détour le président. Ma seule frustration, c’est que je lui avais demandé de prendre une autre fonction au sein du Comité directeur, mais il a voulu continuer dans le domaine de l’arbitrage pour achever selon lui son travail. Or, il s’avère qu’il est urgent de remettre à plat le problème de nos arbitres qui n’ont visiblement pas assez d’émulation et une évaluation qui laissent à désirer pour rester gentil dans mes propos. La saison dernière fut déplorable concernant le niveau de nos arbitres, on était dépassé ! C’est pour cette raison que j’ai demandé un audit pendant six mois qui a été effectué par deux arbitres canadiens. Leur enquête sur le terrain a été financée pour 60 % par les clubs de la Ligue Magnus, 20 % par ceux de la Division 1 et 10 % par les clubs de Division 2. »
LE DEFICIT FEDERAL
Si, comme le dit le slogan officiel de la ville de Cergy-Pontoise, l’Aren’ice est à présent « une terre de glace et de feu ». Le froid et le chaud soufflent en effet en permanence sur le hockey sur glace français qui, selon le président lui-même, aura comme prévu et à coup sûr un déficit inévitable de
350 000 euros à la fin de la saison en cours. Il convient en effet de rappeler que la FFHG n’est pas propriétaire de son siège, mais simplement locataire, à hauteur de 450 000 euros par an si on cumule le prix des heures de glace, celui des bureaux ainsi que l’organisation de plusieurs stages ou tournois internationaux dans la patinoire du Val d’Oise.
Lors de l’assemblée générale de la FFHG, au mois de juin dernier, une autre annonce avait donné un petit goût amer au palet : l’augmentation du coût de la location du siège fédéral avec une charge supplémentaire dû au prix revalorisé de l’énergie de 140 000 euros…
LA MEDIATISATION
Le hockey sur glace français doit se battre également dans un domaine très difficile, celui de sa communication pour ne pas rester un sport « exotique » pour reprendre une expression devenue hélas une réalité pour le grand public.
Là encore, Pierre-Yves Gerbeau est bien décidé d’engager ce combat crucial à la hussarde : « La chaîne de télévision sur le web
Sport en France est en fin de contrat cette saison, dit-il. Un appel d’offre a été lancé par la FFHG et je veux être optimiste. En effet, nous avons été surpris car on croyait qu’il y aurait seulement cinq ou six réponses seulement. Or, pas moins de 16 candidats se sont positionnés pour retransmettre le hockey sur glace français. Nous venons de faire appel comme consultant à
Arnaud Simon, ancien directeur général d’Eurosport France, pour améliorer la plateforme de streaming ainsi que la production technique sur la Ligue Synerglace Magnus. Dans les différents lots que l’on a mis sur le marché, il y aura notamment la diffusion de 20 matches de la Ligue Magnus plus les finales championnat et Coupe de France. Notre but est de permettre à terme que la FFHG puisse proposer
sa propre production clé en mains au lieu de devoir payer, comme c’est le cas actuellement, 250 000 euros par saison pour diffuser du hockey sur glace sur la chaîne Sport en France créée en 2019 par le Comité national olympique et sportif français, autrement dit le CNOSF. »
MOBILISATION GENERALE !
Bref, comme on le voit, notre discipline est engagée désormais dans un nouveau combat à crosses tirées sur tous les fronts, notamment sur le plan vital à la fois financier et sportif, pour pouvoir avancer, quand ce n’est pas pour espérer simplement de survivre. Le hockey sur glace français, n’est certes pas encore sorti de l’auberge. Mais, il y a cependant plusieurs échéances à court et à moyen termes qui lui laissent un espoir de retrouver un second souffle. Comme son retour éventuel aux jeux olympiques d’hiver en Italie en 2026 (ce qui met une pression majeure à Philippe Bozon en fin de contrat), sa candidature pour organiser le Mondial de 2028 et surtout la désignation déjà effective de la France pour organiser les J.O. d’Hiver de 2030.
Avec son franc-parler et ses méthodes volontairement non conventionnelles, Pierre-Yves Gerbeau, ainsi que les nouveaux membres de son Comité directeur, dont certains n’ont pas hésité également à le soutenir pour susciter un véritable électrochoc, le hockey sur glace français sortira-t-il enfin de cette ornière ?
Les partenaires ne se bousculant pas pour l’instant à l’entrée de la patinoire de Cergy où est installée la FFHG, les divers médias étant également plutôt frileux et en attente de résultats internationaux beaucoup plus probants avant de remettre en lumière notre discipline, le défi du président s’annonce énorme !
Mais ce dernier croit dur comme fer à sa réussite à son poste stratégique, comme lorsqu’il fut un brillant chef d’entreprise de l’autre côté de la manche. J’ai donc envie de lui dire avec prudence : « Knowing you, I want to believe in you. But we must not dream too much cause the work will be hard ! »