Lors de l’assemblée générale annuelle qui s’est déroulée samedi dernier dans l’Aren’Ice de Cergy-pontoise, la Fédération française de hockey sur glace avait ostensiblement affiché sur un grand écran son slogan qui est révélateur de sa détermination en forme de jeu de mots : « Révolution de palet ». On pourrait s’étonner à priori de cet optimisme ambiant un tantinet excessif en forme de méthode Coué puisque le commissaire aux compte mandaté par la société KPMG a confirmé ce qui avait été annoncé dès la fin de la saison dernière, à savoir un résultat d’exercice déficitaire de 303 268 euros. Mais dans le nouveau budget prévisionnel de la FFHG pour la saison 2024-2025, il est prévu d’obtenir un rééquilibrage des comptes avec même un excédent de 10 000 euros.

 

Le Directeur technique national par intérim depuis le 23 mars, Jean-Patrick Thirion, (photo ci-contre) qui vient de l’athlétisme, a parlé de son côté de mesures d’économie à hauteur de 125 000 euros imposées cette saison et n’a pas caché à l’assistance « qu’il y allait de la survie du hockey » ni plus ni moins. Mais la glace n’est pas menacée de fondre pour autant.
Car le président Pierre-Yves Gerbeau, (photo ci-dessus) qui a confirmé « un suivi budgétaire très strict », a cependant redonné le moral aux 60 présidents présents à cette AG (sur un total de 112 clubs) en expliquant que : « malgré le marasme économique, on voit la lumière au bout du tunnel car la FFHG est en train de passer un cap de maturité avec en perspective très positive trois grandes échéances sportives à venir avec éventuellement les Jeux olympiques de Cortina en 2026, mais surtout le Mondial de 2028 à Paris et Lyon puis les J.O. d’hiver de 2030 organisés en France. »

Bref, les problèmes financiers actuels sont en fait des « coûts leurres » qui cachent un avenir beaucoup plus optimiste. C’est vrai que le chantier historique qui vient de s’ouvrir dans le hockey sur glace français laisse effectivement entrevoir rapidement des jours meilleurs. D’abord avec l’application d’un groupe de réformes très ambitieuses programmées sur ces six prochaines années très riches sportivement.
Parmi celles-ci, on trouve une réforme révolutionnaire de l’arbitrage qui a adopté un nouveau mode de formation avec l’aide de deux arbitres canadiens issus de la NHL, Pierre Racicot et Stéphane Auger. Mais également une modification importante de leur rémunération avec désormais un forfait fixe qui sera expérimenté au cours de la saison prochaine.
Par ailleurs, la Division 1 passera à l’arbitrage à quatre referees sachant que ces derniers devront déclarer leurs revenus issus du hockey sur glace s’ils vont au-delà de 6500 euros. Toutefois, en dessous de cette somme, nos arbitres garderont leur statut de bénévoles.

 

L’annonce de la FFHG, rendue publique à l’issue de la saison qui vient de s’achever, a remonté le moral de l’assistance puisque le hockey a battu un record historique de 25 324 licenciés (salué par le Ministère des sports). D’autant que le Président Pierre-Yves Gerbeau a eu visiblement beaucoup de plaisir à préciser que le hockey sur glace est devenu désormais le deuxième sport de salle en France juste derrière le basket ajoutant : « Bien sûr, nous devons rester vigilant mais le bateau a quitté le port et il navigue en traçant sa route. »
Par cette métaphore, le président a voulu expliquer joliment que ce dernier tient bon la barre et compte bien s’amarrer solidement aux trois grands objectifs sportifs que j’ai énuméré plus haut. Il faut déjà que l’équipe de France masculine, dirigée désormais par Yorick Treille réussisse à remporter le tournoi de qualification olympique qui se déroulera à la fin du mois d’août à Riga en Lettonie face, dans l’ordre chronologique, à l’Ukraine (29 août), la Slovénie (30 août) et la Lettonie (1^er septembre).
« Compte-tenu de ces grandes échéances qui s’annoncent, nous allons prendre notre bâton de pèlerin pour vendre le hockey » a confié le président. La tâche sera capitale car il y a des grands rendez-vous de l’histoire qu’il ne faut surtout pas manquer ! J’y reviendrai dans une de mes tribunes après la pause pour les vacances d’été.

 

En effet, Arnaud Simon, (photo ci-contre) ancien directeur général d’Eurosport France, a été recruté pour promouvoir le hockey dans les divers médias en améliorant notamment la plateforme de streaming ainsi que la production technique sur la Ligue Synerglace Magnus. Il a entre les mains un cahier des charges qui prévoit la sélection des candidats et leur accompagnement lors des négociations avec la plateforme OTT mais aussi les chaines nationales.
On peut raisonnablement penser qu’avec la perspective des nouveaux championnats du monde de hockey sur glace qui seront organisés du 12 au 28 mai 2028 à l’Accor Aréna de Paris et à la LDLC Aréna de Lyon, la FFHG ne manquera pas d’atouts pour séduire et convaincre les divers médias de l’audiovisuel, surtout avec l’aide de deux célèbres « ambassadeurs » qui sont Cristobal Huet et Antoine Roussel.

La FFHG compte également pouvoir obtenir des partenaires étatiques « car si nous ne sommes pas olympiques, on n’existe pas ! » a insisté le Président Gerbeau mettant ainsi une pression supplémentaire au nouvel entraîneur national masculin Yorick Treille qui a succédé récemment à Philippe Bozon.
Mais avec les J.O. d’hiver de 2030 dans le sud-est de la France (la confirmation sera faite cet été lors des jeux de Paris) l’espoir de se refaire une santé médiatique et financière reste vivace. D’autant que deux grands projets sont en cours à Chamonix et à Nice avec la construction de nouvelles pistes de glace qui sortiront de terre de façon vertueuse puisqu’elles deviendront les 2^e et 3^e dans le monde avec un bilan carbone zéro juste derrière la patinoire norvégienne d’Oslo déjà existante.

 

Autre information à retenir de cette assemblée générale annuelle de Cergy, le 50^e anniversaire du hockey sur glace à Saint-Pierre-et-Miquelon qui a fourni un grand nombre de joueurs internationaux de renom comme ce fut le cas de l’ancien capitaine de l'équipe tricolore Arnaud Briand, le gardien de but Patrick Foliot, Yannick Goicoechea et Henri Lahiton.
Mais pour bien mesurer l’importance de l’apport considérable de nos compatriotes qui ont traversé l’Atlantique pour venir jouer en France je peux citer aussi (de mémoire en retenant mon souffle) : les frères Gilles et Garry Roulet, Bruno Kerhoas, Mathieu Briand, le gardien Quentin Kello, Valentin Claireaux, Gary Leveque, Nicolas Arrossamena, Maurice Tillard, Bernard Turpin, Roger Hayes, Albert Telechea, Guy De Arburn, Pierre-Marc Janil, Franck Teletchea, Cyril Leveque, René Plaa, Jean Lebars, Pierre Fitzpatrick, Claude Janil, Jean-Marc Pannier ou encore Tommy Leveque qui furent pour la plupart des renforts précieux du club de Caen en métropole.

Pour fêter l’anniversaire de nos compatriotes de Saint-Pierre-et-Miquelon, ces derniers ont demandé de participer exceptionnellement à la Coupe de France lors de la saison prochaine. Pour se faire, les dirigeants du hockey sur glace de l’archipel, situé au sud de l'île canadienne de Terre-Neuve, ont proposé de prendre en charge les frais de déplacement et de séjour lors du premier tour de la compétition pour pouvoir jouer chez eux à domicile avec un club de la Division 2 au début du mois d’octobre prochain.
Ayant obtenu l’accord des présidents présents à l’AG de Cergy, un tirage au sort sera organisé avec seulement les clubs de Division 2 qui seront capables d’aller de chez-eux jusqu’à l’aéroport de Paris. A noter qu’ensuite, c’est le club de Saint-Pierre qui se déplacera en France s’il parvient à se qualifier pour les tours suivants de la Coupe de France.

 

Pour conclure sur les informations que j’ai glané lors de cette assemblée générale, à noter également l’obligation d’accéder à la Ligue Magnus professionnelle lorsqu’un club sera multi champion de France de la Division 1 et la présence de deux gardiens de but JFL (joueur formé localement) en division 2.
Par ailleurs, le championnat de France féminin passera de 12 à 18 équipes et il n’y aura pas d’alliance en catégorie senior. Mais l’annonce qui a provoqué des applaudissements nourris, c’est que la prime des hockeyeuses internationales sera désormais identique à celle des garçons en cas de qualification dans le but de continuer à accélérer la féminisation du hockey sur glace français.

Enfin, suite à une directive gouvernementale récente, la FFHG doit se conformer à diverses modifications très rapidement dans son fonctionnement sous peine de voir se faire retirer sa délégation ministérielle. Elles prévoient notamment l’arrivée dans son équipe dirigeante fédérale de représentants des arbitres, de sportifs de haut-niveau et des représentants des entraîneurs. Le nombre des mandats du président de la FFHG est limité désormais à trois maximum (Luc Tardif en a totalisé cinq entre 2004 et 2022). De plus, d’ici deux mois le Comité directeur devra décider si le président sera rémunéré pour accomplir sa fonction sachant que Pierre-Yves Gerbeau a refusé jusqu’à présent. Enfin, le Comité directeur passera donc de 20 à 24 membres en comptant les quatre nouveaux représentants imposés et la Commission du haut niveau doit comprendre à parité égale trois hommes et trois femmes ainsi qu’un dirigeant du para hockey.
A noter enfin que dans la nouvelle promotion 2024 du Temple de la Renommée de la FFHG, ont été intronisés Franck Pajonkowki, Jean-Philippe Lemoine, Virginie Bouetz-Andrieu et Déborah Iszraelewiz. Dans la catégorie spéciale des « Bâtisseurs », c’est la Famille Pousse qui est entrée également dans le panthéon puisque pas moins de quinze membres de la même famille sont concernés par le hockey sur glace !