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Hockey sur glace - Paroles d'Arbitres
Hockey sur glace - Interview :Arbitrage à quatre
 
Peu de sujets concernant l'arbitrage ont déclenché ces dernières années autant de commentaires que celui relatif au passage à 4.
 
 
L'arbitrage à 4, traduisez l'apparition d'un second arbitre comme en LNH ou KHL, est une évolution majeure de l'arbitrage pour le hockey français. En s'alignant sur les principes des plus grandes ligues, la France franchit une étape indispensable à son développement. Pourtant, derrière cette avancée, on trouve encore beaucoup de questions et interrogations. Afin de contribuer à les lever, nous avons posé nos questions à Messieurs Bliek et Barbez, arbitres de Magnus.



On sait que la NHL pratique depuis longtemps l’arbitrage à 4, c’est également le cas en KHL désormais, à quand remonte la volonté de l’IIHF de généraliser l’arbitre à 4 ?


Damien Bliek : «Il y a 5-6 ans, quand l’IIHF a vu les bénéfices du système à 4 que la NHL a mis en place et qu’elle a vu le nombre de blessés augmenter d’année en année. Donc l’IIHF a pris des mesures, c’est-à-dire durcir la sévérité, et de mettre un arbitre de plus car ils se sont rendu compte que le jeu lui-même avait évolué et qu’il était devenu plus technique et rapide pour un seul arbitre et que, du coup, il ne pourrait pas TOUT voir. Ainsi on a pu voir, il y a 5-6 ans, de l’arbitrage à 4 arriver, notamment à la finale de la Continental Cup à Grenoble, où les plus grands arbitres d’Europe ont pu officier.»

La présence de deux arbitres suppose une hiérarchie, comment est-elle définie et quelles sont les prérogatives du premier arbitre, disons par rapport au second ?

Nicolas Barbez : «Il n’y a aucune hiérarchie entre les 2 arbitres.»
Damien Bliek : «Je dirai même qu’il doit y avoir une certaine complicité, une entente, voire une osmose, pour que tout se déroule parfaitement. Car les joueurs auraient beaucoup de mal à pouvoir s’adapter à l’arbitrage à 4 si jamais les deux Head n’avaient pas la même ligne de pénalité et la même ligne de conduite durant le match.
Nicolas Barbez : « Chacun des 2 arbitres peut à tout moment appeler une pénalité à n’importe quel endroit de la glace.»

En France, comment cette forme d’arbitrage a-t-elle été préparée, quelles formations ont suivi les arbitres ?

Damien Bliek : «Il y a eu deux de nos collègues qui sont partis au camp d’entraînement d’été à Viromaki en Finlande, pour un camp spécialisé sur l’arbitrage à 4, et ils ont pris des notes, des vidéos et des documents pour pouvoir ensuite nous les diffuser.»
Nicolas Barbez : «Oui, nous avons étudié des vidéos, mais aussi une pratique lors des stages nationaux en amont de la saison mais la meilleure formation reste la pratique lors de matchs avec un superviseur dans les tribunes.»
Nicolas Crégut (Archives)
Nicolas Barbez

Quelles sont aujourd’hui les choix de la FFHG en la matière, dans quelles divisions, et sur quelles fréquences trouve-t’on un arbitrage à 4 ? Pour les Coupes et phases finales, qu’en est-il ?

Nicolas Barbez : «La rapidité du jeu se faisant d’année en année, la fédération est consciente que l’arbitrage doit évoluer en même temps que notre championnat. Que notre championnat ne peut pas évoluer sans une évolution de l’arbitrage.»
Damiens Bliek : «Pour les années précédentes, il n’y a eu que les finales, (CdF, CdL et championnat) et les matchs internationaux de l’équipe de France Sénior. Pour cette année, chaque équipe de Magnus aura un match à domicile en système à 4, plus les demies et finales du championnat, ainsi que les finales des deux Coupes.»

Comment d’éventuels désaccords entre les deux arbitres sont-ils gérés ? Par exemple, un but est inscrit, pour l’un des deux arbitres, d’un shoot du patin, le second n’est pas d’accord et les deux juges de ligne ne savent pas ?

Damien Bliek : «Les désaccords sont gérés directement sur la glace et en un laps de temps le plus court possible. On essaie de confronter nos points de vue pour en parler brièvement pour ensuite prendre une décision ensemble et la plus cohérente possible. Pour le cas du shoot avec le patin, il y aura toujours un arbitre mieux placé que l’autre, c’est-à-dire près de l’action du joueur.»
Nicolas Barbez : «Un désaccord ne peut pas avoir lieu entre 2 arbitres. Si un arbitre est certain de sa décision et que l’autre pense le contraire mais n’est pas sûr, la décision sera donnée par celui qui est certain. Il est très peu probable qu’il y ait de désaccord.»

L’arbitrage à 4 change-t’il quelque chose pour les juges de ligne ? Ont-ils moins de travail de conseil auprès de l’arbitre principal puisqu’il n’est plus seul ?

Damien Bliek : «Oui, il y a quelque chose qui change radicalement pour eux, ils ne monteront plus à la cage lors d’échappée ou de contre-attaque pour valider ou non un but, pour la simple et bonne raison qu’il y a déjà un Head en place. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont moins de travail et ils ont toujours un travail de conseil si jamais les deux Head leur demandent.»
Nicolas Barbez : «Tout à fait, à 4, les 2 arbitres couvrent l’avant et l’arrière du jeu. Donc, à 4, les deux Head voient les actions dans le jeu et hors du jeu. Les juges de lignes n’ont pas moins de travail mais recentrent leur attention sur leurs missions.»

Quelques mots sur les placements des deux arbitres ? Sur les phases arrêtées et lors du déroulement du jeu ?

Nicolas Barbez : «Pendant le jeu, un arbitre est dans la zone où se trouve le palet, en zone d’attaque, et l’autre est en zone neutre à l’arrière du jeu. L’arbitre en zone d’attaque est plus centré sur le palet, l’arbitre à l’arrière plus sur les évènements extérieurs au porteur du palet. Lorsque l’équipe à la défense va devenir l’équipe à l’attaque lors d’un contre, leurs rôles s’échangent mécaniquement (celui à l’avant devient arbitre arrière / celui à l’arrière devient arbitre avant).»
Damien Bliek : «Les deux arbitres entourent le jeu pour leur permettre d’avoir toujours tous les acteurs du jeu en visuel, et d’avoir aussi son collègue en visu, c’est pour cela que vous remarquez que les Head patinent beaucoup plus en marche arrière.»
Nicolas Barbez : «Et, lors des arrêts de jeu, chacun des 2 Head a une mission en fonction de son placement au moment du coup de sifflet.»
Photographe : Emily Simon
Damien Bliek

Cela fait, nous semble-t’il, 2-3 ans que des essais et développements de l’arbitrage à 4 ont lieu en France, quel bilan peut-on en tirer sur le plan de l’efficacité, nombre de fautes sifflées etc…

Damien Bliek : «Malheureusement pour nous, nous n’avons pas encore pu faire de statistiques pour comparer les matchs en système à 4 ou en système à 3 au niveau des pénalités ou autre. Il n’y a pas encore eu assez de matchs pour permettre ce genre d’action. A partir de cette année, nous allons pouvoir le faire, vu le grand nombre de matchs en système à 4. Par contre, nous pouvons remarquer que les matchs se déroulent un peu plus rapidement ou tout au moins ont une fluidité plus accrue. De plus, nous remarquons aussi qu’il y a moins de discussions entre joueurs et arbitres. Et enfin, nous sommes beaucoup moins dans la trajectoire du palet et des joueurs, vu que nous les encadrons.»
Nicolas Barbez : «Une chose est certaine : avec l’arbitrage à 4, on trouve de moins en moins de « tricheries » non sanctionnées. Par exemple, à 4, les fautes à l’arrière du jeu sont plus souvent sanctionnées parce qu’elles sont vues. Je dirai même que les joueurs répondent moins hors du jeu car ils se savent surveillés par l’arbitre arrière. Donc l’arbitrage à 4 est gagnant pour tous : pour les arbitres, c’est plus confortable, plus simple, moins stressant et l’on fait moins d’erreurs et, pour les équipes, qui peuvent mieux s’exprimer dans un cadre plus juste et équitable, ça favorise les équipes propres qui jouent du beau hockey.»

L’arbitrage à 4 suppose plus d’arbitres, n’est-ce pas un problème fondamental pour le hockey français que de trouver davantage d’arbitres ? Même question sous l’angle du financement ?

Damien Bliek : «Au niveau humain, chaque sport est en manque d’arbitres, et le hockey en fait aussi partie. Le fait de rajouter un arbitre nous oblige à renforcer nos plans de détection pour former les arbitres de demain.»
Nicolas Barbez : «Oui, compte tenu du nombre d’arbitres évoluant en Magnus aujourd’hui, l’arbitrage à 4 de façon systématique ne pourrait se faire sans la venue de quelques jeunes collègues prometteurs. Le coût de l’arbitrage à 4 par rapport à l’arbitrage à 3 (s'il est bien pensé) reste minime : je suis convaincu que ce que recherche les présidents de clubs, les joueurs, les coachs est un arbitrage cohérent, avec le moins d’erreurs possibles afin de favoriser le jeu.»
Damien Bliek : «Au niveau financier, il est clair qu’il faut rajouter l’indemnité d’un arbitre en plus, c’est pour cela que les Head de Magnus ont décidé de baisser leurs indemnités en play-off pour permettre l’arbitrage à 4. Ainsi, aussi bien les clubs, la fédération et les arbitres jouent le jeu pour permettre l’évolution du hockey sur glace.»

Quels sont les projets et perspectives concernant l’arbitrage à 4 ? Va-t’il être un jour généralisé en Magnus, essayé en D1 par exemple ?

Damien Bliek : «Pour permettre de généraliser l’arbitrage à 4, il faut plus d’arbitres, en clair s’il faut un arbitrage à 4 pour chaque match de Magnus, il faut absolument 5 arbitres en plus, que l’on prendrait en D1, qu’il faudra aussi remplacer en D1 et ainsi de suite. Donc au niveau humain, il est assez difficile de pouvoir le mettre en place à l’heure actuelle.»
Nicolas Barbez : «L’arbitrage à 4 sur certains matchs est devenu nécessaire. Ce que l’on souhaite tous est de pouvoir, en fonction du niveau du match prévu, avoir la possibilité d’arbitrer à 4 et ce sans avoir à faire valider le système par une dizaine de réunions fédérales.»

Avez-vous eu des retours des joueurs et entraîneurs concernant l’arbitrage à 4 ? Ce système est-il considéré comme plus performant par les acteurs ou le bilan est-il plus mitigé ?
Damien Bliek :
«On n’a pas encore eu de retour officiel aussi bien des coachs, des joueurs ou des superviseurs. Je pense que l’on aura un retour lors de la réunion en Janvier lors de la finale de la coupe de France entre les entraîneurs et les arbitres à Bercy.»
Nicolas Barbez : «Non, pas encore de retour officiel, mais je vais vous répondre par une question : pensez-vous qu’un professionnel du hockey puisse vous expliquer que la performance à deux est moins bonne que seul ? Ou une équipe a-t-elle plus de chances d’être performante sur la glace à quatre ou à cinq joueurs?»

L’arbitrage à 4 entraîne-t’il des changements pour les joueurs en terme de seuil de tolérance, communication sur la glace ? Sont-ils davantage surveillés et sanctionnés ?

Damien Bliek : «En ce qui concerne le seuil de tolérance, non il n’y a pas de changements, car nous essayons d’avoir le même durant le match et à tous les matchs.»
Nicolas Barbez : «Les joueurs se sentent plus surveillés forcément, il y a deux paires d’yeux au lieu d’une seule, mais ils ne sont pas plus sanctionnés s'ils respectent les règles du jeu. L’arbitrage à 4 a une très grande importance pour l’équipe nationale et ses joueurs puisque tous les matchs internationaux sont arbitrés à 4. Si l’équipe nationale ne prend pas conscience qu’il y a un arbitre derrière eux qui visualise l’ensemble du jeu, ils pourraient être déstabilisés lors des championnats du monde, et plus sanctionnés que les équipes qui en ont l’habitude.»



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Lieu : Média Sports LoisirsChroniqueur : Laurent Labrot
Posté par Christian Simon le 17/11/2011 à 13:50
 
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